CÉPHALONIE (KEFALLONIA)

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De l’Antiquité jusqu’à la deuxième Guerre mondiale, l’histoire de la Céphalonie fut semblable à celle des autres îles ioniennes. Les Vénitiens  et les Anglais laissèrent leur marque sur la culture de l’île.  Mais en 1953, un tremblement de terre qui fit des milliers de morts poussa une bonne moitié de la population à quitter l’île. La pauvreté, la sensation d’abandon et l’incertitude étaient les maîtres mots de la vie sur l’île. En dépit de ce désastre, la Céphalonie est l’île la plus importante en matière viticole et produit sans doute les meilleurs vins de toutes les îles Ioniennes.
Mais le futur est encore incertain car la production de vin est une activité peu rentable. Il y a de moins en moins de main-d’œuvre alors que l’industrie du tourisme et les migrants envahissent l’île. Pour beaucoup de producteurs l’élaboration du vin est un art de vivre plutôt qu’une activité à rentabiliser.
Le climat de l’île est sans extrêmes. Les pluies y sont abondantes et la période de maturation des raisins est essentiellement sèche.  Mais une  faible pluviométrie ne signifie pas une humidité faible et les vignes sont parfois attaquées par le botrytisme et le mildiou. La taille  traditionnelle en gobelet accentue ce phénomène et  les viticulteurs ont tendance à planter désormais  en VSP (Vertical Shoot Positionning) et la canopée est largement ouverte pour faciliter la ventilation.
​En dépit de sa  superficie  relativement vaste les sols ne sont pas homogènes. Ceux du massif de Ainos sont riches en calcaire ce qui donne à la Robola son élégance. Dans la partie sud-ouest, le calcaire est moins pur et il est mélangé à du sable.  Autour de Lixouri, les sols sont plus denses et argileux.
Les vignobles dépassent rarement un demi-hectare et les rendements moyens sont de 35 hectolitres par hectare pour la robola et de 45 hectos/ha pour les autres cépages. Les deux tiers des vignobles se situent sur les versants et par le passé les vignobles étaient terrassés pour éviter l’érosion en particulier pour la Robola mais le terrassement a tendance à disparaître.
La Céphalonie possède une très belle diversité variétale. La principale variété de l’île (et sans doute des îles Ioniennes) est la robola et l’AOP de Robola de Céphalonie est la plus importante  des îles Ioniennes. La robola produit des vins d’une grande élégance gorgés de fruits citronnés et avec une vive acidité avec beaucoup de profondeur et de dimension.  L’AOP est réservée à  quelques communes spécifiques du sud de l’île et pour des vignobles situés à une altitude de 50 mètres ou plus. Il existe une grande différence avec  la robola d’altitude (300-800 mètres) où le climat est plus frais et le sol plus pauvre.

En plus de l’AOP Robola, la Céphalonie  a 2 autre AOPs, Muscat de Céphalonie AOP et Mavrodaphne de Céphalonie AOP. Le muscat est confiné dans la partie ouest de l’île mais l’appellation Mavrodaphne AOP  est éclatée sur plusieurs parcelles de l’île y compris dans la partie sud d’Ithaque ( Ithaki). Seul le muscat a fait l’objet d’une délimitation. Il y a une décennie de très petites quantités étaient produites et rien n’était embouteillé. Comme seuls les vins en bouteilles ont le droit à l’appellation AOP ces 2 appellations avaient quasiment  disparu.
Mais encore une fois avec  le dévouement  de quelques producteurs, les 2 appellations ont été ressuscitées. Mais il existe différents clones et le mavrodaphne est dominé par le clone tsigelo qui  produit des vins plus chargés en alcool  alors qu’au sud d’Ithaque et au sud-est de Céphalonie, le mavrodaphne est à maturité compète à 12,5%.
L’AOP Mavrodaphne  est une appellation à double tranchant. Elle met en exergue la qualité du vin liquoreux de ce cépage mais elle ralentit l’élaboration de Mavrodaphne sec. De plus, la mévente des liquoreux dans le monde rend désormais  impérieuse ​l ’élaboration de vins secs.
Le muscat de Céphalonie peut être  doux (vin doux) ou  liquoreux (vin naturellement doux), ou vin muté (vin doux naturel) ou muté et de sélection parcellaire (vin doux naturel grand cru).
Le Mavrodaphne est un vin naturellement doux uniquement.
À part la robola, le cépage tsaousi produit des raisins de table et  de cuve,  il  produit des vins citronnés et un peu miellés avec des notes épicées. Peut-être égyptien, ce cépage fut introduit dans un premier temps dans le nord de la Grèce. Il fournit  jusqu’à 70 hectolitres à l’hectare, ce qui est élevé pour la Céphalonie. Le Moschatella est exclusif de la Céphalonie. Il a des arômes et des saveurs muscatés mais il ne fait pas partie de la famille des muscats.
Les autres variétés importantes de l’île sont le goustilidi aussi connu sous le nom de vostilidi ou  goustolidi, un cépage blanc tardif que l’on trouve uniquement en Céphalonie, il  produit des vins maîtrisés en alcool, une belle acidité, et une densité de fruit moyenne.
​À Ithaque, on trouve du thiako blanc et rouge, des cépages, vigoureux, précoces et qui produisent tous les deux de vins hauts en sucre et avec peu de couleur. Thiniatiko est un nom qui porte à confusion et qui pourrait être le nom d’un assemblage plutôt que celui d’un cépage mais des analyses ADN ont révélé que c’était une variante de mavrodaphne.
​Pour mémoire, l’île fut le théâtre du massacre de la division Acqui, connu également sous le nom de massacre de Céphalonie, l’exécution en masse par l’armée allemande des hommes de la 33e division italienne d’infanterie « Acqui »  dans l’île en septembre 1943, à la suite de l’armistice signé entre les Italiens et les Alliés. Entre 1650 et 1900 soldats italiens selon les sources furent exécutés, principalement abattus à la mitrailleuse ou noyés.