SAINT-ÉMILION GRAND CRUS AOP

Vins de Bordeaux

L’APPELLATION

L’appellation Saint-Émilion Grand cru est un vin rouge tranquille sec élaborés le sur le territoire de certaines communes du département de la Gironde avec un cahier des charges plus rigoureux que pour celui de l’appellation Saint-Émilion.

HISTOIRE

Ce site, occupé très tôt par l’homme, voit la vigne arriver probablement lors de l’occupation romaine. Les travaux archéologiques ont mis à jour les vestiges de villas romaines et font du site du Palat, près du château Ausone, la résidence la plus plausible pour le célèbre poète-vigneron dont le souvenir et le nom habitent si fortement ces lieux.

En 1152, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et du roi Henri II Plantagenêt fait passer l’Aquitaine sous domination anglaise. Comme beaucoup de cités, Saint-Emilion, devenue entre-temps un centre très important de vie religieuse avec l’établissement de la Collégiale et de son cloître, voulut acquérir ses droits. Largement confirmés au XIIIème siècle, les droits acquis par la charte de Falaise en 1199 favoriseront un essor considérable du vignoble sous l’occupation anglaise. La création du port de Libourne, en 1269, ouvrira largement la route aux expéditions de vins. L’octroi de nouveaux privilèges par Edouard Ier, en 1289, confirme et étend les prérogatives de la Jurade de Saint-Emilion aux paroisses voisines qui formeront désormais sa juridiction.

A la veille de la révolution, le vignoble de Saint-Emilion est profondément marqué par ses structures foncières, socio-économiques, qui avaient évolué dès la fin du Moyen Âge. Alors que, dans d’autres régions viticoles du Bordelais, on passera directement du système féodal à la constitution de grands domaines viticoles, le Libournais se caractérise par de petites unités d’exploitations. Elles expliquent en grande partie l’extrême morcellement du vignoble actuel.

Au début du XIIIème siècle, la poussée de la demande anglaise et hollandaise entraîne une formidable expansion du vignoble de Saint-Emilion, dont la superficie va doubler dans le premier tiers du XIIIème siècle. On voit apparaître à cette époque, sur les coteaux, des plantations en « règes » (en rangs palissés dont l’écartement est inférieur à un mètre) homogènes avec des cépages adaptés.

Les vins sont déjà issus d’assemblage de différents cépages, les trois principaux étant le cépage merlot N, le cépage cabernet franc N et le cépage cabernet- sauvignon N. Plus anecdotiques, le cépage carmenère N et le cépage cot N (ou malbec) peuvent être associés ainsi que le cépage petit verdot N, à titre accessoire.

En 1884, est créé à Saint-Emilion le premier syndicat viticole de France. Il sera le ferment de la politique qualitative menée depuis sur ce vignoble.
Jusqu’à la Révolution de 1789, ce fut la Jurade qui assura ce rôle. Un siècle plus tard, le vote de la loi du 21 mars 1884, permettant au monde agricole de créer des syndicats professionnels, redonne aux viticulteurs de Saint-Emilion de nouveaux instruments pour défendre et promouvoir leur production.

En 1936, l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Emilion » est définie par décret, sa zone géographique reposant sur les limites historiques de la Jurade de Saint- Emilion.
En 1954, le décret du 7 octobre hiérarchisait quatre appellations sur le même territoire : « Saint-Emilion », « Saint-Emilion grand cru », « Saint-Emilion grand cru classé » et « Saint-Emilion premier grand cru classé ». Le premier classement eut lieu en 1955, complété en 1958, et devant être révisé tous les dix ans.
Depuis 1984, seules les appellations « Saint-Emilion » et « Saint-Emilion grand cru » subsistent, les « crus classés » n’appartenant qu’à cette dernière. « Saint- Emilion grand cru » se distingue de « Saint-Emilion » par des conditions de production plus draconiennes, charge et rendement moindres, plus grande maturité, longue durée d’élevage produisant des vins de plus grande richesse et de plus longue garde.
En 2010, environ 650 producteurs élaborent, en moyenne, 150 000 hectolitres de vins bénéficiant de cette appellation d’origine contrôlée.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Emilion grand cru », identique à celle de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Emilion », est située à l’est de la ville de Libourne, autour de la cité de Saint-Emilion, et est constituée d’un plateau calcaire dominant la Dordogne au sud et limité par le ruisseau de la Barbanne au nord.

Ce territoire s’étend sur huit communes et une partie de la commune de Libourne en Gironde.

Parallèle à la Dordogne, et sa vallée couverte de vignes, se dresse une première ligne de coteaux linéaires, abrupts, et formant des « combes », vallées en forme d’amphithéâtres. C’est dans l’une d’elles, orientée au sud, qu’a été construite la cité de Saint-Emilion, village médiéval calcaire aux toits de tuiles rousses ou grises, ceint de remparts. La corniche culmine à 100 mètres d’altitude, soulignée par les chênes verts de la ceinture dite « méditerranéenne ».

Au centre du vignoble subsiste un plateau calcaire à astéries datant de l’ère tertiaire. Sur ce plateau, on rencontre différents types de sols :

– à l’ouest de la cité de Saint-Emilion, les sols calcaires, peu épais et de texture légère (le plus souvent sablo-limoneuse) ;

– à l’est, essentiellement des sols argilo-calcaires, peu lourds et peu épais ;
– au centre du plateau, une couverture limono-argileuse assez épaisse.
Autour de ce plateau, la molasse dite du « Fronsadais » (oligocène) affleure sur les pentes généralement plus accentuées au sud et à l’ouest qu’au nord. Elle porte, le plus souvent, des sols calcaires, dont la texture est fréquemment argilo- limoneuse.

Le nord-ouest de la zone géographique est couvert par une nappe sableuse (alluvions quaternaires) qui renferme, localement, un niveau sablo-argileux. Par endroits, les sous-sols présentent une teneur en argile extrêmement élevée. A proximité de Pomerol (terrasse de Figeac), on rencontre une série de croupes graveleuses. Au sud (vallée de la Dordogne), des alluvions quaternaires, constituées de graves, sables et limons se répartissent de façon diversifiée.

L’extraction de la pierre a eu lieu de tous temps, laissant un réseau de galeries estimé à une centaine de kilomètres sous Saint-Emilion et les plateaux environnants. Ce réseau est fréquemment utilisé comme chai car la température constante, entre 12 °C et 16 °C, et l’hygrométrie conviennent parfaitement à la conservation des vins.

En poursuivant vers le nord se succèdent des paysages vallonnés aux pentes douces, presque exclusivement plantés de vignes en rangs serrés, ponctués de châteaux ou bâtis anciens en pierre calcaire et de bosquets.

Les vignes sont souvent longées de murs d’enclos, faits de moellons provenant de dérochages de parcelles pour leur mise en culture.

Ce paysage modelé par des générations d’hommes qui veillent depuis des siècles à la préservation et au développement de ce patrimoine est à la fois témoin de l’histoire mais vivant et évolutif, ce qui lui a valu l’inscription en 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de paysage culturel.

La région de « Saint-Emilion » bénéficie du climat océanique tempéré du Bordelais, mais plus continental car située à l’est du département de la Gironde. Les températures sont plus élevées, aux nuances méditerranéennes, dont témoigne la présence de chênes verts. Le climat océanique est imprévisible et accompagné certaines années de quelques dépressions automnales pluvieuses ou, au contraire, d’arrière-saisons chaudes et très ensoleillées

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration, l’élevage et le conditionnement des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département de la Gironde : Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Emilion, Saint-Etienne-de-Lisse, Saint-Hippolyte, Saint-Laurent-des-Combes, Saint-Pey-d’Armens, Saint-Sulpice- de-Faleyrens, Vignonet et Libourne, pour la partie de son territoire limitée au sud par le ruisseau la Capelle et son prolongement jusqu’au chemin vicinal n° 28, par ce chemin jusqu’à la Dordogne et par la voie ferrée Bordeaux-Bergerac.

Clos Fourtet. Source: By Ernmuhl at lb.wikipedia. https://commons.wikimedia.org/

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins et le conditionnement, est constituée par le territoire de la commune suivante du département de la Gironde : Libourne, pour la partie de son territoire qui ne figure pas dans l’aire géographique.

PRINCIPAUX CÉPAGES

cabernet franc N , cabernet-sauvignon N,  carmenère N, cot N – malbec, merlot N , petit verdot N

Les vins sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, carménère N, cot N (ou malbec), merlot N ;

– cépage accessoire : petit verdot N.

Les vins ne peuvent être issus du seul cépage accessoire.
La proportion du cépage accessoire ne peut être supérieure à 10 % de l’assemblage final du lot de vin conditionné.

RENDEMENTS MAXIMAUX

Le rendement butoir est fixé à 55 hectolitres par hectare.

CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

Les techniques soustractives d’enrichissement (TSE) sont autorisées dans la limite d’un taux de concentration de 15 %.

Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 13,5 %.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 5 500 pieds par hectare.
L’écartement entre les rangs ne peut être supérieur à 2 mètres et l’écartement entre les pieds sur un même rang ne peut être inférieur à 0,50 mètre.

b) – Règles de taille.
La taille est obligatoire. Elle est effectuée au plus tard au stade feuilles étalées (stade 9 de Lorenz).
Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes favorisant l’étalement et l’aération de la végétation sur un seul plan de palissage, tout en limitant le nombre de grappes :
– taille en Guyot simple ou Guyot double ;
– taille à coursons (cots) en cordon de Royat ou en éventail ;
– taille à longs bois (astes).
Chaque pied porte un maximum de 12 yeux francs.
Dans tous les cas, le chevauchement des longs bois (astes) est interdit.
c) – Irrigation
L’irrigation pendant la période de végétation de la vigne ne peut être autorisée qu’en cas de sécheresse persistante et lorsque celle-ci perturbe le bon développement physiologique de la vigne et la bonne maturation du raisin.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

Afin de préserver les caractéristiques particulières acquises au cours de l’élevage, et conformément aux usages existants, les vins sont conditionnés en bouteilles de verre chez l’opérateur récoltant les raisins et vinifiant ces vins, ou au sein de l’unité collective de vinification dont les adhérents récoltent les raisins.

Les vins font l’objet d’un élevage au moins jusqu’au 1er février de la deuxième année qui suit celle de la récolte.
Le conditionnement est réalisé au plus tôt le 1er février de la deuxième année qui suit celle de la récolte.

a) – L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Vin de Bordeaux » ou «Grand Vin de Bordeaux ».
Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

b) – L’utilisation des mentions « grand cru classé » ou « premier grand cru classé » est réservée aux exploitations viticoles ayant fait l’objet d’un classement officiel homologué par arrêté conjoint du ministre de l’agriculture et du ministre chargé de la consommation, sur proposition de l’Institut national de l’origine et de la qualité. Il peut être décerné des distinctions (A et B) aux vins proposés pour la mention « premier grand cru classé » compte-tenu de leur notoriété et de leur aptitude au vieillissement.
Les vins qui sont issus de ces exploitations doivent répondre aux conditions de production fixées pour l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Emilion grand cru ». Ne peuvent figurer audit classement que les exploitations viticoles qui répondent aux dispositions du règlement fixant les conditions requises pour pouvoir bénéficier de la mention « grand cru classé » ou « premier grand cru classé », règlement homologué par arrêté conjoint du ministre de l’agriculture et du ministre chargé de la consommation, après avis de l’organisme de défense et de gestion intéressé et sur proposition de l’Institut national de l’origine et de la qualité.
Le classement susvisé est valable pour dix ans à compter de la parution de l’arrêté d’homologation.

CLASSIFICATION DES VINS DE SAINT-ÉMILION

Lire l’article pour un résumé à jour de la classification des vins de Saint-Émilion et de ses aléas : https://fr.wikipedia.org/wiki/Classements_des_vins_de_Saint-Émilion

Dernière modification du cahier des charges : 12 janvier 2018