VIGNOBLES DE LA CHAMPAGNE
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA RÉGION VITICOLE
Les vignobles de Champagne sont situés à 150 kilomètres de Paris dans le nord-est du Bassin parisien sur les départements de la Marne, de l’Aisne, de l’Aube, et sur quelques communes de Seine-et-Marne et de Haute-Marne. La plus grande partie du vignoble se concentre dans le département de la Marne (70 %), le reste pour 20 % dans l’Aube et la Haute-Marne et pour 10 % dans les départements de l’Aisne et de la Seine-et-Marne.
Le vignoble s’étend sur 34 200 hectares (0,5% du vignoble mondial) qui couvrent sur 3 régions, 5 départements et 319 communes et que se partagent 16 200 vignerons, 130 coopératives et 430 Maisons de Champagne. La région produit en moyenne 285 millions de bouteilles dont 43.9% sont vendues en France et le reste, 56,1% sont exportées vers les États-Unis (34,2 M de bouteille), le Royaume-Uni (29,9 M), le Japon (13,8 M), l’Allemagne (11,1M), La Belgique (10,3 M), L’Australie (9,9 M) etc.
HISTOIRE
L’existence de la vigne en Champagne remonterait au premier siècle de notre ère. Mais, la renommée de Reims nait avec le baptême de Clovis à la cathédrale Notre-Dame de Reims en 496. Le choix du roi des Francs devient un symbole et fait que presque toute la lignée des Rois de France viendra ensuite se faire sacrer en ce lieu. Ces événements rassemblant tous les grands du Royaume donneront lieu à de grands banquets où le vin coule à flots. Dès cette époque, le vin de la région, d’abord tranquille puis mousseux, devient donc le vin du sacre, ce qui contribuera grandement à sa notoriété et à son image de vin mythique.
L’Église va jouer un rôle moteur dans le développement du vignoble de Champagne. L’archevêque de Reims ainsi que plusieurs abbayes de la région sont des propriétaires viticoles importants. Les méthodes culturales, les savoir-faire de vinification se sont forgés sur leurs domaines.
Au-delà de la Champagne, la culture de la vigne devient impossible. La Champagne devient la région d’approvisionnement de tout le nord de l’Europe. Après une période de ralentissement pendant la guerre de Cent Ans, qui dévaste la région, l’essor du vignoble reprend dès la fin du XVème siècle. Au XVIème siècle, le Parlement de Paris vote un édit interdisant aux cabaretiers parisiens de s’approvisionner dans un rayon inférieur à 90 kilomètres autour de la capitale, pour pallier une baisse de qualité chez les vignerons de la couronne parisienne. Une aubaine pour la Champagne, qui se retrouve juste à la frontière de cette aire ! Certains moines comme Dom Pierre Pérignon, moine bénédictin de l’Abbaye d’Hautvillers, ou comme Frère Oudart, de l’abbaye Saint-Pierre-aux-Monts à Pierry, ont joué un rôle déterminant dans l’avènement du Champagne tel qu’on le connait aujourd’hui. À leurs époques, les assemblages de vins se faisaient de manière plus ou moins aléatoire. Dom Pierre Pérignon, en précurseur, voit la complémentarité qui peut exister entre différents vins, différents crus. Il commence alors à pratiquer des assemblages mûrement réfléchis. En résultent des vins plus équilibrés, plus aboutis et de plus grande qualité.
Dans la seconde moitié du XVIIème siècle, la Champagne inventa une nouvelle technique de pressurage douce et fractionnée : c’est une révolution, qui permet désormais d’obtenir des vins blancs à partir de raisins noirs. Les années 1670-1720 marquent un tournant dans l’histoire des vins de Champagne : à partir de cette époque, on choisit volontairement de produire des vins mousseux en Champagne, là où l’effervescence était plutôt spontanée jusqu’alors. Mais ces années marquent aussi une rupture dans l’histoire des vins pétillants au global, pour deux raisons. D’abord, parce que c’est la première fois que sont mises au point des techniques spécifiques pour élaborer des vins effervescents. Ensuite parce que c’est la première fois qu’un vin est produit dans un territoire donné, la Champagne, et identifié comme tel. Jusqu’au Moyen-Âge on parle de « vin de France », englobant tous les vins de manière générique. À partir de 1690, on évoque spécifiquement les « Vins de Champagne ».
En 1685 apparut pour la première fois le bouchon de liège en Champagne. Au XVIIème, l’industrie du verre va petit à petit se transformer et connaître d’importants progrès. Grâce à cela, en 1770, apparaît une nouvelle bouteille de Champagne, en verre beaucoup plus épais et donc beaucoup plus résistante. Ainsi, les bouteilles, qui jusque-là ne servaient qu’au service du vin, commencent à être utilisées pour sa conservation.
Percement de caves à Epernay. À gauche de la photo il y a monsieur l’ingénieur qui surveille les travaux. (Carte postale: collection A. Deloire)
L’effervescence, qui avait auparavant lieu dans les tonneaux et avait tendance à vite s’échapper, se retrouve ainsi emprisonnée dans le flacon. Ce côté légèrement pétillant plait beaucoup à une certaine aristocratie, qui cherche à se distinguer. Cette consommation de vins de Champagne par les élites contribuera à lui donner son image de vin de luxe. Les premiers marchands de Champagne sont établis à Reims, Épernay et Aÿ. Dès le XVIIIème siècle, des Maisons de Champagne voient le jour, spécialisées dans l’élaboration du vin effervescent, qui requiert un réel savoir-faire et des moyens notables. Des noms devenus iconiques depuis apparaissent. Ruinart, Chanoine, Fourneaux, Moët, Vander-Veken, Delamotte, Dubois, Veuve Clicquot, Heidsieck, Jacquesson, …
Nombre d’innovations ont permis d’améliorer petit à petit la maîtrise de l’effervescence. Pendant longtemps, elle dépendait en grande partie de la date du tirage. Le résultat était donc quelque peu aléatoire. Bien souvent, les bouteilles explosaient, occasionnant d’importantes pertes. Ou, à l’inverse, l’effervescence ne prenait pas et le vin restait tranquille… À la fin du XVIIIème siècle, les Champenois commencent à ajouter du sucre au tirage, pour compenser un éventuel déficit. Ou au contraire, à utiliser de vieux vins à la quantité de sucre négligeable pour les mélanger à des vins dans lesquels la quantité de sucre serait excessive. Ensuite, au début du XIXème siècle, des « tables de remuage », appelées aujourd’hui pupitres, sont inventées pour amener le dépôt de lies dans le goulot de la bouteille. Il sera par la suite éliminé par le dégorgement. En 1837, un pharmacien châlonnais du nom de Jean-Baptiste François met au point une méthode fiable pour mesurer précisément la quantité de sucre à ajouter au vin pour obtenir une effervescence optimale. Le taux de casse des bouteilles chute alors drastiquement.
Jean-Baptiste François . Source: https://www.lequotidiendupharmacien.fr/
Quelques années plus tard, la plaque de muselet ou capsule, et son maintien par un muselet en fil de fer sont inventés.
C’est seulement en 1860 que Pasteur met en évidence les levures qui transforment le sucre en alcool et en gaz carbonique. Jusque-là, le processus était mystérieux.
Enfin, en 1884, Armand Walfard, gérant d’une maison de Champagne, invente le dégorgement à la glace. Pour ce faire, le col de la bouteille est plongé dans une solution à environ –27° C, formant ainsi un glaçon dans le goulot qui emprisonne les sédiments qui s’y trouvent. À l’ouverture, la pression interne permet d’éjecter le glaçon en perdant un minimum de vin et de pression. Cette technique est encore utilisée aujourd’hui.
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le vignoble champenois était très vaste, couvrant plus de 60 000 hectares. Mais en 1863, le phylloxéra arrive en Europe. Ce puceron attaque les racines de la vigne et en suce la sève, desséchant ainsi le plant qui mourra. La quasi-totalité du vignoble va ainsi se retrouver détruite. Si en Champagne, on privilégie d’abord l’arrachage systématique des plants touchés, rapidement cette crise va amener les vignerons à se rassembler et à se montrer innovants pour surmonter la crise.
En 1898, les Vignerons et Maisons principales, qui possèdent elles aussi des vignes, prennent conscience de l’importance de protéger leur patrimoine commun. Ils fondent l’AVC, l’Association Viticole Champenoise. Elle va s’attacher à reconstituer le vignoble en greffant la vigne champenoise sur un système racinaire (porte-greffe) américain, résistant à l’insecte. Il préserve à la fois les anciennes qualités de ses vins tout en résistant aux sols crayeux de la région et aux maladies.
Conscients de la valeur que représente le Champagne, les Champenois cherchent dès la fin du XIXème siècle à mettre en place des règles prévenant l’usurpation de leur patrimoine. Ils obtiennent en 1887 un arrêt de la Cour d’appel d’Angers reconnaissant la propriété du mot Champagne exclusivement aux vins issus de la Champagne. Ils demandent en 1905 au ministère de l’Agriculture la délimitation de la « Champagne viticole » et l’exclusivité du nom Champagne aux vins « récoltés et manutentionnés complètement dans la Champagne viticole ». En 1935, le concept d’appellation d’origine contrôlée (AOC) est créé et l’appellation Champagne est reconnue dès l’année suivante, entérinant l’ensemble des règles que les Champenois se sont imposées.
Affiche du champagne Victor Clicquot, Reims, 1923.
Œuvre de Luciano Achille Mauzan (Français 1883–1952), connu comme illustrateur décoratif Art déco. Après une période d’études à l’École des Beaux-Arts de Lyon, en France, Mauzan partage sa vie entre Milan, Paris et Buenos Aires. Source: AAWE.
French WWI soldiers passing by a vineyard where the grape harvest is being brought in. Champagne, 1914. Source: American Association of Wine Economists AAWE.
En 1935, est créée la Commission de Châlons. Elle regroupe à la fois les représentants des Maisons et des Vignerons, pour définir collégialement les règles d’élaboration des vins de Champagne. En 1941, est créé le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, dans le prolongement de la Commission de Châlons. Il concentre encore davantage de pouvoirs pour la défense et la protection des vins de la région.- 2 appellations Grands Crus ont des DGC : Chablis Grand Cru et Corton.
Henri Cartier-Bresson (French 1908-2004) Champagne wine grower, region of Champagne-Ardenne, France, 1960. Source: American Association of Wine Economists AAWE
Madame Clicquot née Barbe-Nicole Ponsardin, alias Veuve Clicquot ou Veuve Clicquot (1777–1866), la « Grande Dame de Champagne » était une productrice de champagne française. Elle reprit l’entreprise vinicole de son mari lorsqu’elle devint veuve à 27 ans. Sous sa direction, l’entreprise développa le champagne précoce en utilisant une technique novatrice. La marque et l’entreprise « Veuve Clicquot Ponsardin » portent toujours son nom.
Les vendanges en Champagne au début du XX siècle ! Il s’agit de vignes en foule…les vignes étaient propagées annuellement par bouturage et échalassées avec des tuteurs en bois, et les ceps étaient certainement francs de pieds. (Carte postale datée de 1917, collections A. Deloire)
CLIMATS, TOPOGRAPHIE ET SOLS
Le vignoble champenois est soumis à une double influence climatique, à la fois océanique et continentale. Une particularité champenoise, que l’on ne retrouve dans aucun autre vignoble français.
Avec l’influence océanique, le vignoble bénéficie de conditions climatiques plutôt tempérées. Il ne fait pas trop froid en hiver, pas trop chaud en été. La température annuelle moyenne est de 11°C.
Pour autant, l’influence continentale peut amener le mercure à chuter brutalement en hiver. On enregistre alors par endroit des températures inférieures à -10°C, entrainant des gelées parfois destructrices. À l’inverse, les températures peuvent grimper en été, faisant parfois éclater de violents orages.
Mais ces conditions climatiques sont aussi bénéfiques pour la vigne, à bien des égards. Le vignoble champenois connaît un bel ensoleillement l’été, propice au développement des grappes. La pluie tombe de manière régulière toute l’année et en quantité modérée : une alimentation en eau presque idéale pour les raisins champenois.
La Champagne Viticole est une région vallonnée. Le vignoble champenois est ce que l’on appelle un “vignoble de coteaux” : les vignes sont majoritairement plantées sur les pentes des collines. La moyenne de l’inclinaison de ces pentes est de 12 %, mais certaines sont très pentues : elles peuvent alors atteindre 59 %… Ce qui peut rendre le travail dans les vignes dificille..
Ce relief se révèle particulièrement propice à l’élaboration du Champagne. Les flancs des coteaux offrent à chaque plant de vigne une exposition au soleil optimale. Ils permettent aussi de laisser ruisseler l’eau de pluie, facilitant ainsi l’écoulement de l’eau.
Il y a 90 millions d’années, les océans recouvrent tout. Des sédiments (dépôts rocheux) charriés par les océans se déposent sur le fond : ils s’entassent sur une épaisseur pouvant aller jusqu’à 200 mètres !
70 millions d’années plus tard, le Bassin parisien, région géologique couvrant la majeure partie de la moitié nord de la France, s’affaisse de manière significative en son centre, sous le poids des sédiments accumulés. Différents types de roches apparaissent alors, par couches successives.
En Champagne, les sédiments affleurants sont calcaires à 75% : craies, marnes et calcaires proprement dits. Ce dernier a la particularité d’être un matériau qui se fragmente, favorisant ainsi le drainage des sols… Ce qui offre des conditions très favorables pour la vigne, qui aura toujours le pied au sec, et donc pour la maturation des raisins.
Même si les sous-sols champenois sont aussi composés d’autres sédiments, la craie reste le matériau de prédilection des vignes champenoises constituée de fragments de micro-organismes marins déposés il y a des millions d’années. Sa forte porosité en fait un véritable réservoir d’eau : 300 à 400 litres au m3. Cela assure à la vigne une alimentation en eau suffisante même lors des étés les plus secs.
De plus, la craie retient l’eau par capillarité, régulant naturellement la vigne dans sa consommation en eau. Cette contrainte exercée sur la vigne favorise l’équilibre entre l’acidité du fruit, le sucre et les précurseurs d’arômes qui seront dévoilés dans le vin à venir.
Source: Nicolas Quille. Crimson Wine Group
PRINCIPALES RÉGIONS VITICOLES
Le vignoble de Champagne s’étend sur les départements de la Marne, de l’Aisne, de l’Aube, et sur quelques communes de Seine-et-Marne et de Haute-Marne.
On distingue 4 régions viticoles majeures comme suit (voir carte ci-dessus):
Côte des blancs
Côte des Bar
Montagne de Reims et
Vallée de la Marne
La carte postale illustre une scène de vendange en champagne (XIX siècle, début XX) avec à l’extrémité des rangs de vigne l’épluchage du raisin, qualité oblige! 😊 Cela n’empêche pas certains de boire un coup ! Ce sont les vendanges et il faut des moments de détente! 😉/ Source: Alain Deloitre.
LA MONTAGNE DE REIMS
La Montagne de Reims est située dans la partie la plus septentrionale de l’AOC Champagne et elle est sans doute la plus célèbre des 4 sous-régions champenoises en raison de trois facteurs. D’abord, c’est là que réside le « cœur » de la Champagne, Reims. Deuxièmement, elle compte plus de sites Grand cru que les trois autres 3 autres régions de la Champagne et elle produit des vins de grande qualité. Géographiquement, la région traverse la montagne de Reims, qui ondule au sud de la ville la plus septentrionale pour laquelle la montagne porte son nom et la capitale la plus au sud de la région Vallée de la Marne, Épernay. Ces deux villes ont une grande importance pour la région, étant les pôles touristiques de l’appellation Champagne. De nombreuses maisons de champagne mondialement reconnues se sont installées dans ces villes pour permettre aux touristes de les visiter. La Montagne de Reims, étant la partie la plus septentrionale de la Champagne, les vignes sont plantés presque exclusivement sur des pentes exposées au sud, ce qui leur permet d’éviter le gel matinal qui affecte gravement la base de la montagne, ainsi que de permettre une exposition maximale au soleil pour favoriser autant que possible la maturation.
Reims est située sur les sommets d’une montagne de craie, que les Romains ont exploitée il y a des siècles pour construire leurs villes. Ce qui restait étaient d’immenses fosses de calcaire vides (connues sous le nom de Crayères) avec une humidité de 60 à 70 % et une température constante et fraîche de 14 degrés ; des conditions de garde parfaites pour un élevage lent et soigné du vin.
Le territoire de la Grande Montagne de Reims s’étendant sur un peu plus d’un demi-tour autour de la colline du Montage de Reims, les conditions de culture diffèrent quelque peu entre les différents villages. Les différences de proportion de cépages et de style deviennent plus nettes si la Grande Montagne de Reims est divisée en quatre parties :
Partie nord, huit villages (dont une partie de la banlieue sud de Reims), tous premier cru. Le pinot meunier est le cépage le plus répandu, suivi du pinot noir.
Partie nord-est, six villages Grands crus. Le pinot noir est le cépage le plus répandu, et il produit ici des vins un peu moins puissants que du côté sud, mais d’une grande élégance.
Partie est/sud-est, quatre villages de Premiers crus parfois appelés la Perle blanche, le chardonnay domine largement.
Partie sud, sept villages dont quatre Grands crus et un Premier cru. Le pinot noir est le cépage le plus répandu et produit ici des vins puissants.
Cette division n’est pas officielle, et seule Perle blanche est une appellation couramment utilisée.
Les vignobles de la Montagne de Reims s’étendent sur 4 155 hectares (10 405 acres) de vignes dont 56,2% sont du pinot noir, 29,6% du chardonnay et 13,8% du pinot meunier. On recense 98 villages dont 10 grand cru (Ambonnay, Beaumont-sur-Vesle, Bouzy, Louvois, Mailly-Champagne, Puisieulx, Sillery, Tours-sur-Marne pour le pinot noir seulement, Verzenay et Verzy), 25 Premiers crus et le reste en AOP Champagne.
Beaucoup des plus grands établissements vinicoles s’installent à Reims pour stocker et faire vieillir leurs vins. A Reims, on trouve les caves de Louis Roederer, Ruinart, Veuve Cliquot, Krug, Taittinger et Mumm. Épernay, d’autre part, se trouve au pied de la montagne le long de la route commerciale de la rivière, ce qui signifie que de nombreuses maisons se sont également installées le long de l’avenue de Champagne : Perrier-Jouet, Pol Roger et le géant Moët & Chandon.
Les village de la Montagne de Reims
LA VALLÉE DE LA MARNE
La Vallée de la Marne est l’une des quatre grandes régions viticoles de la Champagne et elle s’étend de la ville de Tours-sur-Marne à Château-Thierry sur une centaine de kilomètres et couvre deux départements français, la Marne et l’Aisne, jusqu’aux limites de la Seine-et-Marne. L’encépagement s’étend sur 12 149,50 hectares (30 022 acres) de vignes.
La vallée de la Marne suit la rivière éponyme et La plupart des villages sont situés à l’extrémité est de la vallée, autour de la ville d’Épernay. Elle offre un paysage de collines, de petits villages aux rues étroites et sinueuses. Les vignes sont plantées sur les deux rives, cependant celles du côté nord bénéficient d’une exposition sud, sud-est plus favorable.
Sur plus d’une centaine de villages répertoriés dans cette vallée, seuls deux sont classés Grand cru, Aÿ et Tours-sur-Marne. 9 villages sont classés en Premier cru, comme Mareuil-sur-Aÿ, Hautvillers (berceau légendaire de la Champagne en raison de son monastère et de son moine-maître de cave Dom Pérignon), Cumières, Pierry, Mutigny. 109 sont classés en AOP Champagne. Ils doivent leur classement l’importance de la craie dans le sol et le sous-sol champenois. Le chardonnay et pinot noir représentent 16% et 23% de l’encépagement respectivement.
A l’ouest de Châtillon-sur-Marne, la craie est enfouie plus profondément dans le sol. La couche arable est composée d’argiles calcaires et de marnes argileuses. Le pinot meunier est le cépage de choix dans cette région et représente plus de 60% de la totalité de la Vallée de la Marne. Le pinot meunier a longtemps été considéré comme un cépage inférieur au chardonnay et au pinot noir mais il fait aujourd’hui un retour en force. De nombreux vignerons le présentent désormais dans leur gamme. Ils produisent des cuvées 100% pinot meunier, gardent une cuve spéciale pour ses vins tranquilles qu’ils assemblent façon « solera », et ils ont même des pinots meuniers parcellaires. À Baslieux-sous-Châtillon, il existe même un Institut Meunier, entièrement dédié au cépage
Plusieurs grandes maisons de Champagne sont implantées sur ce territoire : Billecart-Salmon ou Philiponnat à Mareuil-sur-Aÿ, Deutz et Bollinger à Aÿ, ou encore Jacquesson à Dizy.
CÔTE DES BLANCS
La majeure partie de la Côte des Blancs est située sur le versant oriental d’une crête boisée qui s’étend de Cuis au nord jusqu’à Bergères-lès-Vertus. Un village sur le « verso » de la même crête, Grauves, est également compté dans la Côte des Blancs, ainsi que des zones autour de trois petites collines : le versant Chouilly du mont Bernon (situé à l’est d’Épernay), la colline de Saran au sud de Chouilly (près de la frontière avec Cramant) et le mont Aimé à la frontière entre Bergères-lès-Vertus et Val-du-Marais. En raison de cette crête, une grande partie du vignoble de la Côte des Blancs est constituée de coteaux orientés approximativement à l’est. Des vignobles plus plats sous les pentes font également partie de la région. Le vignoble s’étend sur 3363 hectares (8309 acres).
Le chardonnay est le cépage phare de la Côte des Blancs avec 97,2% de l’encépagement. Le pinot noir et le pinot meunier représentent 2% et 0,8% de l’encépagement. Une pente orientée à l’est avec une forêt au sommet offre une certaine protection contre le vent et la pluie, et simultanément un bon drainage, ce qui est nécessaire dans les régions viticoles froides et humides. Dans la Côte des Blancs, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser le cépage pinot meunier, plus facile à cultiver, qui domine dans de nombreuses zones plus humides de la vallée de la Marne et au sommet de la Montagne de Reims. En revanche, le territoire manque majoritairement de coteaux exposés sud nécessaires à la puissance du pinot noir, contrairement à la Grande Vallée de la Marne et au versant sud de la Grande Montagne de Reims. Les sols calcaires sont également parfaits pour les vins véritablement minéraux, et le cépage chardonnay contribue souvent le plus à la minéralité d’un assemblage. On recense 43 villages dans la Côte de Blanc dont 6 villages en Grands crus. Il s’agit des quatre villages du centre du territoire, Cramant, Avize, Oger et Le Mesnil-sur-Oger, ainsi que des deux villages du nord du territoire, Chouilly et Oiry et 8 villages en Premiers crus.
Village de la Côte des Blancs
CÔTE DES BAR
Avec 8 105 hectares (20 027 acres), la Côte des Bar représente 23 % de la Champagne, et les 20 dernières années a vu sa surface viticole augmenter de 1 286 hectares (3 178 acres). La Côte des Bar est située dans la partie sud de l’aire de production champenoise, caractérisée par des versants jurassiques reposant sur un socle calcaire kimméridgien. Sillonnée de petites vallées verdoyantes qui rejoignent celles de la Seine et de l’Aube, la Côte des Bars englobe un patchwork de vignobles aux expositions multiples.
Historiquement, l’isolement géographique de la Côte des Bar a remis en question son insertion dans l’appellation Champagne. En 1908, la Champagne viticole était définie dans le département de la Marne et l’Aisne mais le département de l’Aube était exclu.
En 1911, des émeutes éclatent et pour tenter de calmer les Auboises protestataires, le gouvernement désigne l’Aube comme faisant partie de la Champagne mais comme deuxième zone. Enfin, en 1927, une nouvelle délimitation légale de la zone fut tracée, comprenant quelque 35 000 ha ( 85 000 acres) , cette fois comprenant l’Aube.
La Côte des Bar est divisée en deux sous-régions : Bar-sur-Aubois et le Barséquanais. La ville de Bar-sur-Aube au bord de la rivière L’Aube donne son nom à Bar-sur-Aubois, une région luxuriante et plus fraîche avec des collines légèrement vallonnées.
L’aire de production Côte des Bar comprend 64 villages dont 31 du Barsuraubois et 33 du Barséquanais. Il n’y a pas de Grand cru ni de Premier cru.
Le pinot noir représente 82 % des plantations. Compte tenu des similitudes climatiques et géologiques avec Chablis, la dominance du pinot noir ici est peut-être assez surprenante mais la région est aussi la partie la plus chaude de la Champagne.
Le chardonnay, cependant, a gagné du terrain ces 20 dernières années, sa part est passée de 9,5 % à 13,7 %.
La Côte des Bar détient également des petites poches de cépages historiques de la Champagne. Il y a au total 102 hectares (252 acres) de pinot blanc (appelé localement blanc vrai), pinot gris (fromenteau), arbane et petit meslier.
La région doit sa notoriété en partie à la maison Drappier.
Villages viticoles de la Côte des Bar
CÉPAGES PRINCIPAUX
Bien que l’appellation Champagne autorise 7 cépages, trois s’y sont remarquablement adaptés et sont majoritaires : le pinot noir (38%) , le chardonnay (31%) et le meunier (31%).
Selon la nature des sols que l’on retrouve dans les différentes régions du vignoble champenois, que ce soit plutôt de la marne, de la craie ou des sols calcaires, un cépage sera privilégié plutôt qu’un autre : ainsi, on retrouve le chardonnay principalement sur la Côte des Blancs et également sur la Côte de Sézanne. Le pinot noir, lui, est planté plutôt sur la Montagne de Reims, à l’Est de la Vallée de la Marne et sur la Côte des Bar. Le meunier, enfin, se retrouvera sur la partie Ouest de la Vallée de la Marne.
LES AOPs DE LA CHAMPAGNE
CLASSIFICATION DES VIGNOBLES DE CHAMPAGNE
Historique du classement
En 1919, pour uniformiser le négoce de raisins en Champagne, les syndicats de Négociants et Vignerons mirent en place un barème de classification en pourcentage de 32% à 100% selon les crus. Ce pourcentage représentait le prix des raisins payé aux vignerons, 100% représentant le maximum payé aux vignerons.
En 1935, ce classement fut modifié pour empêcher les maisons de négoce de Champagne de tirer les prix vers le bas en rehaussant le minimum d’achat de raisin à 50%. Depuis quelques retouches ont été effectuées sur le classement de ces crus de Champagne en pourcentage. Le minimum de rachat est passé de 50 à 80%. Ce classement a donc fait apparaître 3 catégories : Cru de Champagne (AOC) de 80 à 89%, Premier Cru de 90 à 90% et Grand Cru à 100%.
17 Communes en Champagne Grand Cru
• Communes de la Côte des blancs :
Avize, Chouilly, Cramant, Mesnil-sur-Oger, Oger et Oiry
• Communes de la Montagne de Reims :
Ambonnay, Beaumont-sur-Vesle, Bouzy, Louvois, Mailly-Champagne, Puisieulx, Sillery, Tours-sur-Marne, Verzenay et Verzy
• Communes de la Vallée de la Marne : Aÿ
44 Communes en Champagne Premier Cru
Les villages classés en Premier cru sont au nombre de 44, les raisins qui composent une cuvée doivent être exclusivement issus des parcelles de ces villages pour que la mention Premier cru figure sur l’étiquette, ou d’une parcelle d’un village classé en Grand cru, qui a été déclassée en Premier cru.
Les Champagnes AOP
Cette mention est très utilisée par de nombreux vignerons qui n’ont qu’une partie seulement de leurs terres dans un village classé Grand-Cru ou Premier Cru. Ils correspondent à la majorité du vignoble, environ 68,4 % de la surface totale de la Champagne.
ÉLABORATION DU CHAMPAGNE
Voir: CHAMPAGNE AOP
LES AOP DE LA CHAMPAGNE
EN FORMAT EXCEL
EN FORMAT PDF
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Quelle est la durée maximale de conservation du champagne ?
Source: https://www.caminteresse.fr/
10 ans ? 100 ans ? Pour savoir combien de temps il était possible de conserver du champagne sans que la bouteille ne perde ses bulles, une étude a été menée sur plusieurs millésimes et conditions de conservation. Et plus la bouteille est grande, plus elle se garde longtemps.
Le champagne peut-il vieillir ? La réponse est oui, mais la durée de conservation est plus difficile à donner que celle du vin, en raison du gaz carbonique à l’intérieur de la bouteille, qui crée ses fameuses bulles. Selon les sources, certains disent 3 à 4 ans, d’autres 5 à 10 ans, et selon les bouteilles, cela pourrait aller jusqu’à 30 ans… Pour trancher la question, et savoir enfin combien de temps, maximum, on peut garder du champagne (ou autre vin pétillant) une équipe de scientifiques français, menée par le chercheur CNRS Gérard Liger-Belair, a réalisé des tests. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue américaine ACS Oméga.
Pour bien comprendre pourquoi le champagne ne sera plus bon après une certaine période, il faut rappeler le principe du processus de vieillissement du champagne. Ce qui produit les bulles effervescentes, c’est le dioxyde de carbone, qui a été généré lors de la seconde fermentation à l’intérieur de la bouteille. En effet, la combinaison des levures, du sucre et du vin, a créé des bulles et de l’alcool supplémentaire. Faire vieillir cette bouteille ne va pas seulement faire développer ses arômes (comme pour le vin millésimé, c’est-à-dire qui provient d’une seule récolte et pas de mélange), mais va aussi produire un échappement des bulles de CO2, par le bouchon, qui maintient la pression mais jusqu’à un certain niveau. Au fil du temps il y aura de moins en moins de bulles. Mais, si le champagne est conservé dans de bonnes conditions, que son bouchon est de bonne qualité et…. que la bouteille est grande, alors il pourra théoriquement garder son pétillant jusqu’à 132 ans, selon les scientifiques.
Quelle est la durée maximale de conservation du champagne ?
10 ans ? 100 ans ? Pour savoir combien de temps il était possible de conserver du champagne sans que la bouteille ne perde ses bulles, une étude a été menée sur plusieurs millésimes et conditions de conservation. Et plus la bouteille est grande, plus elle se garde longtemps.
Le champagne peut-il vieillir ? La réponse est oui, mais la durée de conservation est plus difficile à donner que celle du vin, en raison du gaz carbonique à l’intérieur de la bouteille, qui crée ses fameuses bulles. Selon les sources, certains disent 3 à 4 ans, d’autres 5 à 10 ans, et selon les bouteilles, cela pourrait aller jusqu’à 30 ans… Pour trancher la question, et savoir enfin combien de temps, maximum, on peut garder du champagne (ou autre vin pétillant) une équipe de scientifiques français, menée par le chercheur CNRS Gérard Liger-Belair, a réalisé des tests. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue américaine ACS Oméga.
Pour bien comprendre pourquoi le champagne ne sera plus bon après une certaine période, il faut rappeler le principe du processus de vieillissement du champagne. Ce qui produit les bulles effervescentes, c’est le dioxyde de carbone, qui a été généré lors de la seconde fermentation à l’intérieur de la bouteille. En effet, la combinaison des levures, du sucre et du vin, a créé des bulles et de l’alcool supplémentaire. Faire vieillir cette bouteille ne va pas seulement faire développer ses arômes (comme pour le vin millésimé, c’est-à-dire qui provient d’une seule récolte et pas de mélange), mais va aussi produire un échappement des bulles de CO2, par le bouchon, qui maintient la pression mais jusqu’à un certain niveau. Au fil du temps il y aura de moins en moins de bulles. Mais, si le champagne est conservé dans de bonnes conditions, que son bouchon est de bonne qualité et…. que la bouteille est grande, alors il pourra théoriquement garder son pétillant jusqu’à 132 ans, selon les scientifiques.
40 ans pour les bouteilles de 75 cl
Si on peut garder son vin pétillant pendant des décennies, le nombre de ces dernières serait dépendant de la taille de la bouteille : leurs prédictions indiquent 40 ans pour les bouteilles standards de 750 millilitres, 82 ans pour les bouteilles de 1,5 litre (magnum) et 132 ans pour les bouteilles de trois litres (jéroboam, ou double magnum). Au-delà de ce délai théorique, qui est déjà long, le champagne risque de perdre son effervescence, à la lumière de leurs calculs.
Car pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont mesuré les niveaux de dioxyde de carbone dans plusieurs millésimes vieillis pendant plusieurs décennies, afin d’estimer la quantité initiale de dioxyde de carbone qu’avait à l’origine produit la fermentation. Un millésime ancien datant de 1974, soit il y a 50 ans, avait perduprès de 80 % de son gaz. Mais les bouteilles plus grandes encore semblaient mieux conserver les bulles que les plus petites. C’est une question d’oxygénation du vin, qui est limitée par un plus grand contenant.
Sur la base de leurs observations, une formule de calcul peut donc prédire la durée théorique de conservation maximum du champagne vieilli. Mais attention : ces tests ont été menés sur les bouteilles d’un domaine de Champagne-Ardennes en particulier. Il n’est pas certain que la formule s’applique à toutes les bouteilles, et cela dépend en grande partie de la conservation du vin. Il est recommandé dans l’idéal d’entreposer les bouteilles dans un endroit frais et sombre, à une température constante d’environ 10 à 15 degrés.
The Widow Who Created the Champagne Industry. Natasha Geiling November 5, 2013
One Of The Biggest Misunderstandings In Champagne Wine Addressed By A Top Champagne House. Cathrine Todd.
Qui a inventé le champagne ? Par Jacques Dupont. Le Point.
QUI A INVENTE LE CHAMPAGNE ? ENFIN LA REPONSE SUR YOUTUBE
C’est la grande question ! Et c’est le spécialiste du champagne et de la Champagne, Jean-Luc Barbier qui y répond documents à l’appui.
On le sait, depuis deux siècles nombre d’historiens et de médias considèrent que le procureur de l’abbaye d’Hautvillers Pierre Pérignon est « le génial inventeur du Champagne ». On le sait également, plus récemment, d’autres historiens et médias sont tout autant affirmatifs pour attribuer cette découverte aux Anglais. Un examen approfondi du sujet permet de réfuter les arguments avancés par les uns et les autres. Et une enquête minutieuse, à partir des documents disponibles, démontre que l’invention du Champagne est une œuvre collective des Champenois qui ont conçu peu à peu, à partir de la fin du 17e siècle, avec ingéniosité et persévérance, une méthode d’élaboration innovante.
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Strasbourg et docteur d’Etat en droit, Jean-Luc Barbier a été directeur général du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (Comité Champagne) jusqu’en 2014. Co-auteur de l’Atlas Hachette des vins de France et de plusieurs articles juridiques, économiques et historiques sur le Champagne dans différentes revues, il est désormais chargé d’enseignement à l’Université de Reims et président du conseil scientifique de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne-Patrimoine mondial.
Cette épopée de la création du Champagne est un élément constitutif de la Valeur Universelle Exceptionnelle reconnue par l’UNESCO lors de l’inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial.
Moët & Chandon Champagne Épernay. Saurer truck, c. 1910. Source: Moët & Chandon Champagne Épernay. Saurer truck, c. 1910
VIOLENT DECROCHAGE DE LA CONSOMMATION DE CHAMPAGNE EN FRANCE EN 2023
Should You Decant Champagne? It Depends. BY JILLIAN DARA. Wine Enthusiast.
1889 Paris Exposition Universelle des superlatifs avec la Tour Eiffel (le plus haut bâtiment du monde). En guise de spectacle médiatique, le Champagne Mercier a transporté un tonneau de 213 000 btl d’Epernay – tiré par 24 bœufs et 12 chevaux. Mercier détenait les droits sur « Dom Pérignon » – vendus à Moet & Chandon en 1927. Source: American Association of Wine Economists AAWE
The Surprising Science Behind Champagne Bubbles ByPatricia Claus. https://greekreporter.com/
How Long Can Champagne Be Stored? Source: https://www.chemistryviews.org/
Who invented Vintage Champagne
Prix moyens à l’exportation du champagne français vers les principaux marchés en 2023. Parmi les 20 principaux marchés d’exportation, les Pays-Bas, la Belgique et la Suède importent du champagne « low cost » inférieur à 22 €/litre (prix FOB). Les prix moyens à l’exportation vers les Émirats arabes unis (51,19 €/l), Hong-Kong (46,06 €/l) et la Corée du Sud (42,69 €) se situent dans le haut de l’échelle. Source: American Association of Wine Economists AAWE