CRÈTE Π.Γ.Ε. (IGP )

La Crète  (où Zeus est né) est la plus vaste des îles grecques   et elle forme une barrière naturelle entre la mer Égée et la mer de Libye. La colonne vertébrale de l’île  est montagneuse, elle mesure  256 kilomètres  d’est en ouest et   60 kilomètres du nord au sud. Seul un petit pourcentage de l’île est plat principalement le long des côtes.  Au centre de la Crète entre Rethymno et Heraklio se situe le mont Psiloritis qui culmine à 2 456 mètres  et l’on trouve 2 autres sommets à plus de 2 000 mètres.
Les villes les  plus importantes se situent au nord de l’île qui est divisée en quatre préfectures qui sont d’ouest en est : Chiana, Rethymno, Heraklio et  Lasithi.
La Crète est l’une des premières régions à avoir développé la culture de la vigne à l’époque de  la civilisation minoenne entre 2 700 et 1 200 av.J.C. et son histoire suit plus ou moins celle de la Grèce   qu’elle rejoint officiellement en 1913. Son développement d’après-guerre fut plus rapide que celui de la Grèce continentale grâce à  l’agriculture et  au tourisme  qui en sont les deux moteurs.
Le climat n’est pas aussi chaud que sa latitude le suggère et Santorin a une température de 2° C  supérieure à celle de la Crète, le sud est plus chaud que le nord car  la chaîne montagneuse qui sépare l’île en  deux  empêche les vents chauds venus d’Afrique de pénétrer le nord de l’île. Les montagnes sont vitales pour la viticulture car elles  permettent  aux viticulteurs de planter en altitude même  si le vent peut être problématique à la floraison.
L’encépagement de l’île est de 7 680 hectares  selon le Ministère de l’Agriculture  mais il existe de nombreux vignobles non déclarés et on estime la superficie  de la vigne au double du nombre d’hectares que celui  qui est fourni par les autorités. La Crète abrite environ 15% de la viticulture du pays. La préfecture de Heraklio compte 3 457 hectares, celle de Chiana 1 531 hectares, Rethymno 1 513 hectares et Lasithi 1179 hectares. La Crète possède  7 AOPS dont 5 dans la préfecture de Heraklio, les deux autres se trouvent dans la préfecture de Lasithi.

Photo
VIGNOBLE DE CRÈTE: needpix.com

Les 5 AOPs d’Heraklio sont Dafnes pour les rouges secs et doux, Archanes pour les rouges secs, Peza pour les blancs et rouges secs,  Chandakas-Candida  (de loin la plus large AOP) pour les blancs et les rouges secs. La malvasia  Chandakas-Candida   est réservée aux blancs doux.
Les sols de l’île sont en majorité calcareux  avec une forte proportion d’argile dans de nombreux terroirs. Les versants sont moins riches que les plaines et il existe peu de parcelles où les sols sont aussi infertiles que dans les Cyclades.
L’eau est abondante pour une région méditerranéenne, les massifs élevés étant  une source importante du précieux liquide, ce qui facilite la viticulture. Le phylloxéra est arrivé sur l’île en 1972 avec pour conséquence la destruction de nombreuses vieilles vignes en particulier des variétés mandilaria, liatiko et kotsifali qui donnent des résultats médiocres avec les jeunes vignes.
Les régions les plus touchées sont Archanes et Peza et la lente pénétration de l’aphide donne un peu de temps aux viticulteurs pour replanter sur des souches résistantes comme le 110 R et le 41B.
La qualité des vins de  la Crète est intimement liée à son histoire, la viticulture crétoise   a   abordé le XX° siècle dans un très mauvais état et le breuvage le plus populaire de l’île était le Tsipouro, une eau-de-vie de vin.
Le vilana et  le kotsifali sont  les principaux  cépages pour les blancs et le mandilaria  et le liatiko pour les rouges. Mais cette dernière décennie de nouveaux cépages ont fait leur apparition et le vidiano est devenu le cépage en vogue sur l’île et le muscat de spinas, un clone de muscat est aussi en odeur de sainteté. La malvasia candida, dont on dit qu’elle est originaire de l’île car candida  (île de Candie) désignait la  Crète en latin. Les nouvelles  variétés qui ont aujourd’hui été reconnues commercialement sont le thrapsathiri et le romeiko.
​Comme dans beaucoup d’autres régions viticoles, le regroupement des viticulteurs en coopératives était inévitable, en Crète on en compte  six, un nombre particulièrement élevé  sur une superficie relativement réduite. Mais les coopératives poussent les producteurs à la quantité plutôt qu‘à la qualité. Dans les années 1950 et 1960, un certain nombre de grands producteurs vinrent s’installer en Crète ce qui donna aux viticulteurs une alternative aux coopératives mais il fallut attendre les années 1990 pour que les producteurs décident de faire leur vin eux-mêmes et que la qualité s’améliore.

Wine barrels in Rethymno, Crete (Greece) in 1911. Source: American Association of Wine Economists AAWE

Inside the Evolution of Crete’s Wine Industry. SevenFifty Daily