MICHIGAN (ÉTAT )

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PRÉSENTATION DE LA RÉGION VITICOLE

L’État du Michigan se situe entre les latitudes de 41° et 49° nord, donc dans une zone de culture possible de Vitis vinifera, mais les particularités climatiques de cette région ont incité, jusqu’à une époque récente, à la production de vin avec des hybrides, plutôt qu’avec des Vitis vinifera.

Le Michigan est le quatrième plus grand État viticole d’Amérique, avec plus de 5 560 hectares de vigne (13 500 acres) de vignobles, mais on estime que 1 350 hectares (3 336 acres) sont réservés à la culture de raisin de cuve  et que transforment plus de 233 établissements vinicoles commerciaux (2023) et qui produisent  environ  12 000 000 de litres ( 3.17 millions de gallons américains) de vin.

Le Michigan compte cinq American Viticultural Area (AVAs).

HISTOIRE

Antoine de la Mothe Cadillac plante les premières vignes en 1702 dans sa colonie qui deviendra plus tard Détroit, mais l’industrie n’a véritablement démarré qu’au milieu des années 1800. Inspiré par les vignes situées le long de la rivière Raisin, dans le sud-est du Michigan, Joseph Sterling plante un vignoble dans le comté de Monroe en 1863 et ouvre le premier domaine viticole en 1868. D’autres ont suivi, et une industrie a émergé avec une production suffisante pour se classer au troisième rang derrière la Californie et New York en fin 1800.

Antoine de la Mothe Cadillac . Source: CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/

Le succès s’est poursuivi pendant des décennies jusqu’à ce qu’une interdiction de l’alcool à l’échelle de l’État en 1918 et une interdiction nationale en 1920 ( la Prohibition) mettent fin à l’industrie.

Le Michigan est le premier État à ratifier l’abrogation de la prohibition en 1933 et des établissements vinicoles commencent à ouvrir dans la région de Détroit. Le Michigan s’est avéré idéal pour la production de vin. Il y avait des vieux vignobles qui avaient été utilisés par « Welch’s », une industrie sucrière dans l’État, mais l’ industrie de l’alcool n’avait jamais cessé à Détroit. Plusieurs entrepreneurs ont sauté sur l’occasion, implantant des vignobles dans le sud-est du Michigan, plaçant ainsi l’État au troisième rang pour la production de vin, une place qu’il occupera pendant des décennies.

En 1934, le « Border City Wine Cellars » déménage de Windsor, en Ontario, à Détroit et change son nom pour devenir « Meconi Wine Co. », puis déménage à « Paw Paw » et change son nom pour « Italian Wine Co. » puis « St. Julian Winery ». Aujourd’hui, « St. Julian » est le plus ancien domaine viticole en activité du Michigan.

St. Julian Winery. Source: https://www.stjulian.com/

Les vignerons de l’État créent le « Michigan Wine Institute » en 1938 pour soutenir la croissance de l’industrie du vin avec des efforts de promotion, de recherche et de lobbying.

Une industrie viticole puissante s’établit dans le sud-ouest du Michigan dans les années 1940, là où la plupart des établissements vinicoles de l’État ont déménagé pour se rapprocher des vignobles proches du lac Michigan. Les préférences des consommateurs évoluent du sucré au sec en raison de l’influence des soldats de la Seconde Guerre mondiale revenant d’Europe.

En 1950, L’État du Michigan supprime les frais de licence de 5 000 $ (5 500 Euros) et autorise les établissements vinicoles à produire des vins à plus forte teneur en alcool. Ce changement classe ces vins comme des vins fortifiés plutôt que comme des produits distillés et permet de les vendre dans les épiceries plutôt que dans les magasins d’alcools contrôlés par l’État qui existaient à l’époque. Il en résulte une augmentation de la production de vin.

Angelo Spinazzé de « Bronte Champagne and Wine Co. » élabore le premier vin sec de l’État en 1962 avec du Baco Noir, un cépage hybride franco-américain.

Dans les années 1960, Bronte est le premier du pays à mettre en bouteille « Cold Duck », un best-seller immédiat, inspiré d’un barman du Detroit, Pontchartrain et qui mélange  du vin mousseux avec du vin rouge. Ernest Gallo, copropriétaire de E & J Gallo Winery en Californie, interroge le vigneron à ce sujet et produit sa propre version, « André », encore bien connue aujourd’hui.

1970, Bernie Rink enflamme l’industrie du nord du Michigan lorsqu’il plante des hybrides franco-américains pour démarrer « Boskydel Vineyard ».

Un changement dans la loi de l’État en 1972 augmente le montant que les établissements vinicoles doivent payer aux producteurs de raisins pour bénéficier d’un allégement fiscal indispensable. Il en résulte la fermeture de la plupart des établissements vinicoles de l’État.

En 1974, contre l’avis d’experts, Ed O’Keefe plante le premier vignoble européen de vinifera à grande échelle dans l’État et ouvre plus tard le « Château Grand Traverse ».

La même année, Le Vidal Blanc de « Tabor Hill » est servi à la Maison Blanche pendant la présidence de Gerald Ford. C’est le premier vin du Midwest jamais servi lors d’un dîner d’État à la Maison Blanche.

Dans les années 1980,  De nombreux nouveaux établissements vinicoles ouvrent leurs portes et quatre zones viticoles américaines sont créées : Fennville (1981), Leelanau Peninsula (1982), Lake Michigan Shore (1983) et Old Mission Peninsula (1987).

Le « Michigan Grape and Wine Industry Council » (remplacé plus tard par le « Michigan Craft Beverage Council ») est créé en 1985 par la législation de l’État pour assurer la recherche, l’éducation et la promotion des raisins et des vins de cuve du Michigan. Peu de temps après, le « Michigan Wine Institute » est dissous.

Dans les années 1990, treize établissements vinicoles supplémentaires ouvrent leurs portes dans tout l’État.

À partir des années 2000 de nouveaux établissements vinicoles ouvrent leurs portes dans tout l’État, y compris dans la région de « Tip of the Mitt », la cinquième AVA de l’État créée en 2016 au sommet de la péninsule inférieure.

CLIMAT

Le Michigan a un climat modéré et plus humide que celui de certains autres États du centre-nord. Les Grands Lacs refroidissent les vents chauds de l’été et réchauffent les vents froids de l’hiver. Les plages des températures dans les villes de l’extrême nord et de l’extrême sud du Michigan ne diffèrent pas excessivement., les températures les plus élevées en janvier se situent généralement autour de −6 ° C (20 ° F), tandis que températures les plus basses oscillent autour de −15 ° C (5 ° F) en juillet.  Les températures sont en moyenne 24 °C (70 oF) et les basses environ 11 °C (50 o F). Le Michigan a des précipitations annuelles moyennes d’environ 760 à 965 mm (30 à 38 pouces ). La partie la plus humide de l’État se trouve au sud-ouest, où se situent les vignobles du sud de l’État, avec des précipitations diminuant vers le nord-est. Alpena, dans le nord-est de la péninsule inférieure, où se situent certains vignobles du nord de l’État, est l’un des sites les plus secs des États-Unis, à l’est du fleuve Mississippi. La durée de la saison de croissance varie d’environ deux mois dans la péninsule supérieure à près de six mois près des lacs dans la partie sud de la péninsule inférieure. Les phénomènes météorologiques violents, tels que les tornades, sont rares et se limitent généralement à la fin de l’été.

SOLS

En 1990, le Michigan a déclaré le sable de Kalkaska comme sol officiel de son État. Il est relativement peu fertile en raison de sa nature acide, mais néanmoins abondant. Bien qu’il soit l’un des plus de 500 sols présents dans le Michigan, le sable de Kalkaska, ainsi nommé d’après l’un des 29 comtés dans lesquels il est présent, couvre près de 5 % de l’État. On le trouve dans la moitié supérieure de la péninsule inférieure, ainsi que dans la majeure partie de la péninsule supérieure. Le mouvement des glaciers a transformé les sols du Michigan au cours de centaines de milliers d’années en till glaciaire. Depuis lors, les sols ont subi de nombreux changements pour soutenir à la fois les forêts, les zones humides, les prairies, les dunes, les marécages et l’agriculture humaine. En fait, sans le sable de Kalkaska, les forêts de conifères du nord du Michigan n’existeraient peut-être pas. Ce sont en général des sols pauvres et acides qui conviennent à la viticulture.

RÉGIONS VITICOLES

Le Michigan compte cinq American Viticultural Area (AVA), qui sont des zones désignées par le gouvernement fédéral où les vins produits présentent des caractéristiques similaires qui les distinguent des autres régions. Des qualités telles que le type de sol, le climat, etc. peuvent jouer un rôle dans les vins qui en résultent.

Pour qu’une AVA apparaisse sur l’étiquette d’un vin, au moins 85 pour cent des raisins du vin doivent provenir de cette région. Le seuil est abaissé à 75 pour cent pour l’inclusion d’un comté ou d’un État sur l’étiquette. Ces étiquettes indiquent aux consommateurs que les vins qu’ils achètent sont élaborés à partir de raisins cultivés dans le Michigan.

Les AVAs de l’État sont les suivantes :

Fennville AVA

Lake Michigan Shore AVA

Old Mission Peninsula

Leelanau Peninsula

Tip of the Mitt

CÉPAGES

La culture de Vinifera est une industrie florissante et en croissance dans l’État du Michigan (MI), aux États-Unis. L’industrie a consacré beaucoup de temps, de fonds et d’efforts à promouvoir la croissance et l’émergence de nouveaux producteurs. Plus précisément, les raisins de cuve Vitis vinifera, cultivés dans le Michigan depuis les années 1970, ont connu une expansion rapide et des investissements de la part des producteurs débutants et chevronnés. Cependant, historiquement, le climat du MI a présenté un défi pour la culture en raison des basses températures de saison de croissance, des saisons de croissance courtes et des précipitations excessives au moment de la récolte. Au fil du temps, deux facteurs clés ont conduit l’industrie vinicole de MI à surmonter le climat difficile. Premièrement, comme le montre la littérature, des changements climatiques ont été constatés, en particulier depuis la fin des années 1980, conduisant à des conditions de culture plus favorables. Deuxièmement, les producteurs de MI se concentraient traditionnellement sur la culture de V. vinifera, qui est sensible aux basses températures hivernales et ils ont sélectionné des régions moins vulnérables de l’État tout en se concentrant également sur les techniques de protection de la vigne.

L’analyse de la littérature indique que même si le Michigan a un climat frais pour la production de raisin, les variables ayant un impact sur la productivité, la phénologie, la récolte et la qualité globale du raisin sont similaires à celles qui affectent d’autres régions viticoles du monde, comme les DJC (Degré Jour de Croissance). Les régions viticoles sont parfois classées suivant l’indice de Winkler selon les modèles de DJC cumulatifs (Amerine et Winkler, 1944). La somme de températures ( les DJC tout au long de la saison de croissance est standard pour la classification de Winkler et donne cinq classifications, la plus élevée (classe 5) ayant > 2 222 DJC et la plus basse (classe 1) ayant < 1 389 DJC.  Mais de telles classifications avec des plages et des durées saisonnières définies peuvent masquer des détails critiques pour la croissance de la viticulture dans l’État du MI. Grâce à l’analyse des tendances, on peut montrer que les changements climatiques et le calendrier de ces changements sont d’une importance cruciale pour la culture des vinifera. En plus des DJC, l’analyse des tendances sur les températures de surface du sol, les températures hivernales, le nombre de DJC et les précipitations souligne en outre que MI se situe dans la « zone de transition » pour la culture des vinifera. Le changement des régimes climatiques a, au fil du temps, accru l’adéquation du MI à la culture de vinifera et a permis à la culture de s’étendre pour soutenir plusieurs autres cépages de vinifera. La vinification dans l’État du Michigan se développe activement à mesure que des groupes viticoles, des experts agricoles et d’autres font pression pour l’expansion de l’ activité .

Les trois catégories générales de cépages sont cultivées pour la production de vin dans le Michigan :  les lambrusques, les Vitis vinifera les variétés mixtes, qui ont des contributions génétiques de V. vinifera et d’une ou plusieurs espèces amérindiennes (V. riparia, V. rupestris, V. aestivalis, V. lincecumii, V. longii, etc.).

Les principaux Lambrusques sont le Niagara et le Concord. Les hybrides sont représentés pour le blanc avec l’ Aurore, ​ le Cyuga blanc, le Chardonel, la Traminette, le Seyval Blanc, le Vidal blanc,  l’Horizon, le Melody et pour les rouges le Baco noir, le  Chambourcin, le  Ravat Vignoles et le Cascade. Les principaux Vitis vinifera cultivés sont pour le blanc :  le riesling et le chardonnay, le gewürztraminer, le pinot gris et petit manseng  et pour le rouge : le pinot noir, le cabernet franc, le merlot  et le tannat. 

LÉGISLATION

La législation fédérale s’applique et les vins d’AVA doivent contenir 85 % de raisin de l’État. Quand un comté ou l’État est mentionné, cette proportion passe à 75 %.