VIRGINIE (ÉTAT)
PRÉSENTATION DE LA RÉGION VITICOLE
L’État de Virginie s’étend entre les latitudes de 36o et 39o N, donc à une latitude favorable pour la culture de la vigne. L’histoire viticole de la région remonte à 1629 avec les premiers colons, mais la viticulture de l’État a été immortalisée par Thomas Jefferson, qui devintprésident des États-Unis en 1801 et qui tenta infructueusement de cultiver la vigne dans l’État.
L’encépagement s’étend sur plus de 2 000 hectares (5 000 acres) dispersés dans tout l’État que transforment plus de 300 établissements viticoles qui ont produit, en 2022, 81 657 hectolitres (2 157 395 gallons) soit 0, 23 % de la production, soit au 10e rang aux États-Unis.
L’impact économique de l’industrie vitivinicole de Virginie est substantiel ; elle a créé 10 420 emplois et génère 1,73 milliard de $ par an. De plus, les vignobles de Virginie sont devenus une destination touristique de premier plan que plus de 2,64 millions de personnes visitent chaque année. La taille moyenne des exploitations viticoles est de 16 hectares (40 acres)
On compte plus 30 variétés de cépages. La production de raisins rouges et blancs est répartie à parts égales. La majorité des vignes sont plantées dans le nord et le centre de la Virginie,
On recense 8 AVA dans l’État.
Préambule
La Virginie occidentale est le seul État formé à la suite de la Guerre Civile. Tout comme le Nord combattait le Sud du pays, l’Ouest affrontait l’Est en Virginie. Les deux régions formaient un seul État de nom, mais pas de géographie, d’économie, de climat, d’ascendance de ses habitants ou de mode de vie.
La Virginie occidentale est devenue indépendante de la Virginie et a été admise dans l’Union en tant qu’État distinct le 20 juin 1863, pendant la guerre civile américaine. Cette séparation s’est produite en raison des loyautés et des sentiments différents des habitants des régions occidentales et orientales de la Virginie au cours de cette période tumultueuse de l’histoire américaine.
HISTOIRE
La Virginie est riche en histoire, il n’est donc pas surprenant que la pratique de la viticulture et la vinification remontent à 1609, lorsque les premiers colons de Jamestown, dans l’actuel État de Virginie, ont planté des vignes dans le but d’aboutir à une production commerciale dans le Nouveau Monde.
Trois échecs distincts ont marqué l’activité vitivinicole de Virginie depuis sa création. Les premiers colons, les vignerons européens mandatés et même Thomas Jefferson, n’ont pas réussi à surmonter les difficultés, à faire du raisin destiné à la vinification une culture viable sur le territoire de la Virginie.
Les premiers colons sont venus d’Angleterre dans le but de trouver de nouvelles terres pour planter des cultures commerciales, notamment la vigne. Le capitaine John Smith écrivit à propos des vignes indigènes de Virginie, affirmant que les plantes étaient « en grande abondance dans de nombreuses régions et grimpent à la cime des arbres les plus hauts ». Mais ces raisins indigènes produisaient un vin de mauvaise qualité au goût désagréable par rapport à leurs homologues européens.
Le capitaine John Smith. Source: wkipedia.org
Après avoir renoncé à utiliser les vignes indigènes de Virginie, les colons décident d’importer une variété de vignes françaises. En 1619, lors de la réunion de la première assemblée législative du Nouveau Monde, la Chambre des Bourgeois adopta l’Acte 12, qui obligeait tous les ménages de Virginie à planter dix vignes de raisins vinifera importés dans le but de la cultiver et de faire du vin. L’un des premiers colons à suivre, voire dépasser, les exigences de la loi, John Johnson, planta 35 hectares (85 acres) sur les terres actuellement occupées par « Williamsburg Winery ». Plusieurs lois au cours des 50 années suivantes ont tenté de contraindre les colons à cultiver la vigne, mais aucune n’a abouti à long terme.
Après un siècle de tentatives infructueuses des colons pour produire du vin de qualité à partir de raisins indigènes, l’Assemblée générale mandate le Français Andrew Estave, en 1770, le nommant vigneron et viticulteur officiel de Virginie. Estave étudie alors le sol en Virginie pendant deux ans avant de commencer à planter 40 hectares (100 acres) de vigne européenne, Vitis vinifera, à Jockey’s Neck, à l’extérieur de Williamsburg (cette ferme est devenue la Williamsburg Winery en 1983 ). Les efforts d’Estave également échouent, selon lui, parce que les vignes étaient trop fragiles pour le climat de Virginie.
Thomas Jefferson, considéré comme le premier connaisseur de vin des États-Unis, souhaitait avec passion faire de la Virginie un grand État viticole. Avec George Washington, George Mason et environ 25 autres dirigeants influents, Jefferson fonde la « Virginia Wine Company », dont le but était de faire enfin des vignobles une culture viable dans l’État.
En 1773, il cède 2 000 acres de terrain adjacent à sa maison de Monticello au viticulteur italien Filippo Mazzei et travaille avec lui pour planter les vignes européennes Vitis vinifera. Après une étude et des recherches minutieuses, ils rencontrent un certain succès, mais la Révolution américaine ou une invasion de ravageurs anéantissent leurs espoirs. Aujourd’hui, on peut visiter les terrains où Jefferson et Mazzei ont tenté de cultiver les vignes, qui abritent désormais les bien nommés « Jefferson Vineyards ».
L’échec de Jefferson, il ne put établir un vignoble prospère, ne n’entama pas sa passion pour le vin. En 1801, il fut élu président, et il et aurait dépensé 9 000 € (10 000 $) en vin pendant son mandat, ce qui était considéré à l’époque comme une petite fortune.
En 1817, le Dr Daniel N. Norton de Richmond commence à développer les croisements de Vitis aestivalis originaire de Virginie avec des cépages européens. Il développe le cépage Norton, un cépage rouge dont il fait un vin mis en bouteille par la « Monticello Wine Company ». Cette cuvée reçut un prix à l’Exposition universelle international de Vienne en 1873.
Thomas Jefferson, natif de Virginie et grand amateur de viticulture et de vin. By Rembrandt Peale – https://www.whitehousehistory.org/galleries/presidential-portraits, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/
En 1890, la Virginie produisait 17 450 hectolitres (461 000 gallons) de vin, faisant de la Virginie le 5ème producteur de vin des États-Unis de l’époque.
Mais alors que des vignerons comme Norton connaissent leurs premiers succès, plusieurs événements cruciaux et successifs dans l’histoire américaine ont stoppé les progrès de l’industrie vinicole de Virginie : la Guerre Civile, la Prohibition, puis la Grande Dépression. À la fin des années 1930, toutes les vignes de Norton avaient été détruites pour se conformer aux lois de la prohibition et le manque de financement pendant la Grande Dépression n’a pas permis le redémarrage de l’industrie viticole.
Ce n’est que dans les années 1960 que l’on constate en Virginie un regain d’intérêt pour la culture de la vigne et la vinification. En 1976, le vigneron italien Gianni Zonin décide d’étendre son activité viticole à l’international en achetant une parcelle de terrain près de Charlottesville. La famille Zonin produit du vin depuis 1821 et est célèbre en Europe pour sa capacité à vinifier, possédant la plus grande entreprise viticole privée d’Italie.
Gianni Zonin envoie alors un vigneron de sa famille, Gabriele Rausse, en Virginie pour cultiver des raisins européens, comme beaucoup l’avaient tenté avant lui. Mais contrairement aux premiers colons, aux vignerons européens du XVIIIe siècle et à leur ancêtre américain Thomas Jefferson, Rausse voit ses efforts couronnés de succès devenant le premier domaine à planter, avec succès, des Vitis vinifera en Virginie, créant le domaine, aujourd’hui connu sous le nom de Barboursville Vineyards.
Gabriele Rausse. Photo by Sarah Cramer Shields, Edible Blue Ridge
Rausse décide de partager ses connaissances et son expertise, permettant ainsi la croissance et le succès continu de la viticulture en Virginie.
Le tout premier « Virginia Wine Festival » fut organisé le samedi 28 août 1976.
En 1977, la « Virginia Wineries Association », (VWA) fut créée et elle joua un rôle déterminant dans l’adoption du « Virginia Farm Winery Act » en 1980. À cette époque, six établissements vinicoles étaient en activité dans l’État. L’adoption de la loi permet aux fermes de cultiver du raisin, de produire et de vendre du vin dans leurs installations.
En 1980, il y avait 6 établissements vinicoles en Virginie.
En 1984, il y avait 24 établissements vinicoles agréés. En 1985, le Conseil consultatif des vignerons de Virginie (VWAB) fut créé pour encourager l’augmentation de la productivité de toutes les phases de la production de raisin et de vin et parrainer la recherche, l’éducation, la promotion et la commercialisation des vins de Virginie.
On comptait 107 exploitations viticoles en 2005 et aujourd’hui, il y a plus de 280 établissements vinicoles au total dans tout l’État.
Rausse travaille désormais comme directeur des jardins et des terrains de Monticello, et en raison de ses impressionnantes réalisations en matière de vinification, il est connu comme « le père de l’industrie vinicole moderne de Virginie.
L’impact économique de l’industrie vitivinicole de Virginie est substantiel ; il a créé 10 420 emplois et génère 1,73 milliard de $ par an. De plus, les vignobles de Virginie sont devenus une destination touristique de premier plan que plus de 2,64 millions de personnes les visitent chaque année.
Virginia Wine Festival. Source: https://northernvirginiamag.com/
SOLS ET CLIMAT
La Virginie abrite cinq grandes régions physiographiques dont l’altitude varie de zéro à 1 750 mètres (5 729 pieds). Au sein de ces régions géologiques distinctes, le matériau parental des sols de Virginie va des roches sédimentaires aux roches métamorphiques. Les colons ont reconnu l’importance de l’altitude dans leurs activités agricoles. Ils préconisaient la plantation de fruits et légumes sensibles au gel dans des zones permettant un drainage de l’air froid – une pratique toujours suivie par les viticulteurs de Virginie. Les sols de Virginie sont généralement fertiles. Dans le Tidewater, les terres basses de l’estran sont généralement recouvertes de limon, un sol mixte riche en matières organiques. A l’ouest, les loams sableux et les argiles prédominent. Dans le Piémont, les sols argileux et calcaires dominent, et les sols calcaires se trouvent dans les vallées à l’ouest de Blue Ridge.
Le climat de l’État varie en fonction de l’altitude et de la proximité de la baie de Chesapeake et de l’océan Atlantique. Dans le sud-est de la Virginie et sur la côte est, les températures moyennes de janvier sont d’environ 4 °C (40 °F). Les températures de juillet se situent en moyenne d’environ 26 °C (70 oF). Ces températures permettent des saisons de croissance allant jusqu’à huit mois, soit trois mois de plus que celles de l’extrême ouest de la Virginie. Ailleurs dans les régions de Tidewater et du Piémont, le climat continental surmonte l’influence maritime orientale pour produire des hivers plus froids. Dans les montagnes, des températures hivernales de −18 °C (0 °F) peuvent survenir et des nuits fraîches en été suivent des températures diurnes qui restent généralement inférieures à 32 °C (90 °F. Plutôt que d’être dominées par l’hiver, comme c’est le cas dans la plupart des régions viticoles du monde, les précipitations en Virginie sont généralement réparties uniformément tout au long de l’année et varient de 1 150 à 1 370 mm par an. Les chutes de neige varient en moyenne de quelques pouces dans le sud-est à environ 760 mm (30 pouces) dans la montagne. Le nombre de jour sans gel varie de 155 à 199. Les températures moyennes durant la saison de croissance varient entre 17 oC et 20 oC (63-68 oF).
RÉGIONS VITICOLES
Il existe 10 régions viticoles et 8 AVA comme suit :
Source: Virginia Wine
En format Excel
CÉPAGES
Les raisins de Virginie comprennent des Vitis Vinifera comme le chardonnay, le merlot et le cabernet sauvignon mais on trouve aussi viognier, cabernet franc et petit verdot.
C’est le cépage Norton, originaire de Virginie, qui est le cépage signature de la Virginie.
C’est le cépage le plus ancien d’Amérique et il est reconnu pour avoir contribué à sauver l’industrie vitivinicole européenne pendant le fléau qui frappa le vignoble français au XIXe siècle. Certains vignerons talentueux de Virginie s’efforcent de redonner au Norton son importance en tant que cépage indigène de l’Amérique.
Le plus planté est le cabernet franc, avec 260 hectares (645 acres), Le chardonnay suit avec 231 hectares (547 acres) plantés. Le petit verdot compte 184 hectares (455 acres), le merlot 181 hectares (447 acres) et le petit Manseng 72 hectares (179 acre)s. Ces variétés poussent dans des sols composés de fer, d’argile, de sable, de limon et de granite.