Quand on pense aux vins rouges d’Amérique du Sud les plus réussis, les variétés françaises viennent à l’esprit: carménère, cabernet sauvignon, malbec, etc. La beauté des vins sud-américains ne se limite pas à ces cépages nobles et il existe d’autres cépages avec autant d’histoire et un lien plus ancien aux terroirs d’Amérique du Sud comme le vischoqueña (vees-cho-KEYN-ya), un cépage unique à la vallée de Cinti en Bolivie
Très peu d’informations existent en dehors des histoires transmises de génération en génération par les vignerons locaux. La légende dit qu’une diligence voyageant à travers la région, apportait avec elle des vignes spéciales qui étaient considérées comme idéales pour la région. Les voyageurs, arrivés à la rivière Vischoca tentèrent de la traverser, mais leur diligence bascula et les vignes charriées par la rivière furent dispersées sur les berges Une fois plantées, les vignes commencèrent à produire en abondance et les raisins étaient appréciées par les Espagnols pour leurs raisins rouges, qui étaient petits, juteux, aromatiques et à peau fine. Le cépage fut nommé Vischoqueña en l’honneur de la ville et de la rivière par laquelle ils étaient arrivés. Des boutures de ces vignes furent finalement acheminées vers la vallée de Cinti, la principale région vinicole de l’époque. La culture de Vischoqueña remonte à la fin des années 1800 dans la vallée, et il existe encore des vignobles avec des vignes datant de cette époque.

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VIGNOBLE DE CEPA DE ORO, BOLIVIE: SOURCE: https://southamericawineguide.com/

Il y a quelques années, un producteur envoya des échantillons au Portugal pour des analyses ADN qui identifièrent le Vischoqueña comme un croisement entre le muscat d’Alexandrie et un cépage rouge inconnu apporté par les Espagnols (probablement le cépage mission). Les raisins ont l’intensité aromatique du muscat, mais ils produisent des grappes de raisin particulières et incohérentes, parfois avec un mélange de grains rouges et blancs. Ces raisins ont  une peau fine et produisent donc des vins de couleur beaucoup plus claire, ressemblant souvent à du pinot noir, voire à un rosé coloré. Traditionnellement, cette région produisait des vins de style porto, profitant de la maturité qui pouvait être atteinte dans cette région chaude et de haute altitude. Le jus aromatique du Vischoqueña était fermenté puis enrichi avec de l’eau-de-vie locale, créant des vins très aromatiques, doux et puissants qui se conservaient facilement. C’était important car tout le vin de la région était élaboré pour répondre à la demande de la région minière située à Sucre et Potosí, un long et difficile voyage par route.
​Aujourd’hui, les vins de Vischoqueña varient en style, mais sont souvent légers avec des niveaux d’acidité élevés et s’expriment beaucoup sur les fruits rouges frais comme la fraise, la canneberge et la framboise. Ce fruit est généralement équilibré par quelques notes florales élégantes, ce qui normal pour un cépage apparenté au muscat. Certains producteurs commencent à produire des vins rosés frais et vibrants à partir de ce cépage, et constatent que ses arômes délicats, ses fruits frais et sa forte acidité contribuent à faire un rosé complexe et désaltérant. Seuls quelques hectares de ce cépage sont plantés dans toute la Bolivie, mais il y a quelques petites parcelles de vignes qui ont plus de 100 ans qui contribuent à la complexité aromatique des vins. Les producteurs de la région travaillent depuis plusieurs années pour définir une indication géographique (IG) pour la vallée de Cinti, qui identifie le cépage Vischoqueña comme l’un des trois cépages traditionnels de la région. Si cela pouvait empêcher les viticulteurs d’arracher les vignes traditionnelles pour planter des cépages soi- disant plus nobles ou des cépages internationaux, ce serait déjà bien.

LE SINGANI SOUS TOUTES SES FACETTES: fr.wikipedia.org/wiki/Singani_(eau-de-vie)

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