Comment l’hydrologie régénérative veut faire revenir l’eau dans les vignes
Co-gérant de PermaLab, bureau d’étude basé dans la Drôme, et co-président de l’association Pour une hydrologie régénérative, Simon Ricard accompagne les viticulteurs et les collectivités en appliquant les trois grands principes de l’hydrologie et agriculture régénératives : des arbres, des sols couverts et tout ce qu’il faut pour retenir l’eau. Explications.
Par Julie Reux Le 31 janvier 2024. Vitisphere
« L’irrigation de la vigne n’est pas à proscrire. Mais ça doit rester complémentaire d’une approche de régénération des écosystèmes » pointe Simon Ricard. – crédit photo : Julie Reux
V
ous reprenez, pour expliquer l’hydrologie régénérative, l’expression « Il faut cultiver la pluie ». Expliquez-nous ce que ça veut dire pour vous.
Simon Ricard : L’inspiration vient de Masanobu Fukuoka, pionnier de l’agriculture naturelle au Japon*, avec cette phrase : C’est dans un désert américain, que je réalisais soudain que la pluie ne tombe pas des cieux ; elle provient du sol. La formation des déserts n’est pas due à l’absence de pluie ; mais plutôt, la pluie cesse de tomber parce que la végétation a disparu. » Il n’y a pas que le climat qui impacte l’occupation des sols. L’occupation de nos sols a un impact sur le climat. Ce sont des compréhensions émergentes du cycle de l’eau.
Quel rôle joue la végétation dans le cycle de l’eau ?
L’évapotranspiration des plantes produit une part variable autour de deux tiers des précipitations continentales. Un cycle de l’eau fonctionnel est entretenu par la végétation, et une goutte d’eau, avant de retomber à la mer, peut retomber plusieurs fois sur le sol. Un cycle dysfonctionnel, en revanche, s’installe avec la dévégétalisation : l’eau retourne trop vite à la mer, ce qui provoque sécheresses et inondations, les deux faces d’une même pièce, la dégradation du cycle de l’eau par celle de l’occupation des sols.
Quelles applications concrètes en tirer pour un viticulteur ?
Il s’agit de restaurer les sols dégradés, pour restaurer le cycle de l’eau, en s’appuyant sur un triptyque eau-sol-arbres. D’abord, un sol vivant et couvert. Rappelons que 15cm de sol peuvent stocker 250 m3 d’eau ! Ensuite, des arbres et des plantes pérennes, la vraie clé pour le long terme. Pour tout ça, les outils à utiliser sont ceux de l’agriculture de conservation, la culture sur sol vivant et non travaillé, l’enherbement et les couverts végétaux, mais aussi la gestion holistique du pâturage Et enfin, le plus souvent oublié, la gestion de l’hydrologie, avec une prise en compte des chemins naturels et artificiels de l’eau, pour favoriser le ralentissement, l’infiltration et, ultimement, le stockage de l’eau.