Retour à la mappemonde
BOSNIE-HERZÉGOVINE

DESCRIPTION DU PAYS

Bosnia and Herzegovina Flag
SOURCE: https://fr.wikipedia.org/
Photo
LA CAPITALE, SARAJEVO. SOURCE:@Bjoertvedt. Commons Wikimedia.

LA BOSNIE-HERZÉGOVINE VUE D’AILLEURS

Photo
SOURCE: http://www1.rfi.fr/

La Bosnie n’est pas un pays, elle est un morceau depuis le Moyen Âge de la Bosnie-Herzégovine, une entité géopolitique commune, un pays d’environ 41 000 km², près de 3,5 millions d’habitants. C’était un des Etats de la Yougoslavie. Il dispose d’un littoral d’une vingtaine de kilomètres sur l’Adriatique. La capitale et ville la plus peuplée est Sarajevo. Le pont latin, datant de l’ère ottomane, fut le théâtre de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, qui servit de prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Son histoire récente est compliquée et tragique.

La Croatie (1991) et la Bosnie (1992) déclenchèrent le processus de désintégration de la Yougoslavie qui se déroula dans la violence. Pendant ces guerres les Serbes ont en général été présentés dans les médias occidentaux comme les méchants de l’histoire, responsables de toutes les tragédies, de l’épuration ethnique…L’Histoire, qui doit se tenir loin des passions est évidemment plus complexe, plus froide que les mémoires parfois concurrentes, comme ici, celles de la Seconde Guerre Mondiale. Elles ont pesé lourd, en particulier la guerre des Serbes, résistants, certains fidèles au gouvernement yougoslave en exil à Londres, avec Mihailović (les Tchetnik), les autres un mouvement multi-ethnique, communiste, les partisans de Tito contre l’armée allemande face aux Oustachis croates d’Ante Pavelić, un mouvement séparatiste croate, antisémite, fasciste, allié du III° Reich qui prit le pouvoir en Croatie de 1941. Ils instaurèrent l’État de Croatie, annexèrent le territoire de la Bosnie-Herzégovine, fondant une dictature particulièrement arbitraire et meurtrière, massacrant Serbes, Tziganes et juifs de Croatie et de Bosnie-Herzégovine. Les partisans de Tito avec l’appui de Churchill l’emportent et vont en 1943 va devenir une République de Bosnie-Herzégovine, un des six Etats d’un futur régime communiste fédéral la Yougoslavie.

En 1991, la dislocation de la Yougoslavie, elle-même liée à la chute des régimes communistes en Europe de l’Est en 1989 va s’accompagner de guerres en Bosnie et en Croatie. En juin 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance. L’armée populaire yougoslave (JNA) sous commandement serbe, appuyée par les para-milices serbes, et les Serbes de Krajina en Croatie, attaquent la Croatie. La même année, un projet de cantonalisation de la Bosnie-Herzégovine (sur le modèle suisse des cantons), où chaque canton se verrait attribuer une ethnicité croate, bosniaque ou serbe échoue.

La Bosnie ne voulant pas participer à un conflit contre la Croatie, déclare sa souveraineté en octobre 1991. Mais la commission Badinter y exige un référendum. Organisé début 1992 malgré le boycott de la plupart des Serbes de Bosnie (1/3 de la population), l’indépendance est proclamée par le Parlement bosniaque en mars 1992. Les trois leaders Izetbegović pour les Bosniaques, Karadžić pour les Serbes et Boban pour les Croates signent l’accord avant qu’Izetbegović ne retire sa signature fin mars 1992 opposé à toute partition ethnique de la Bosnie-et-Herzégovine. La Communauté Européenne suivie par les EU reconnaît l’indépendance. Le pays adhère en1992 à l’ONU, avec la Croatie et la Slovénie.

De leur côté, en avril 1992, la Serbie et le Monténégro, c’est-à-dire les deux seules républiques non-sécessionistes, forment la République fédérale de Yougoslavie, mais elle n’est pas reconnue comme successeur et noyau restant de l’ancienne Yougoslavie (comme ce fut le cas pour la Russie lors de l’implosion de l’URSS), en vertu des conclusions de la commission Badinter.

La guerre commence en avril 1992 avec la proclamation d’indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Elle oppose les Bosniaques, les Serbes de Bosnie et les Croates de Bosnie soutenus par la Croatie. Dès juin 1992, le conflit est internationalisé, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise le déploiement des « casques bleus » en Bosnie-Herzégovine. La République serbe de Bosnie, l’entité des Serbes dirigée par Radovan Karadžić, déclare à son tour, son indépendance qui ne sera jamais reconnue par la « communauté internationale » dont les efforts pour mettre fin au conflit et protéger les populations civiles sont sans résultats, malgré l’envoi de plus de 38 000 militaires aux couleurs de l’ONU.

La Bosnie-Herzégovine connaît trois ans et demi d’une guerre d’agression contre des populations bosniaques, croates et serbes. « Purification ethnique » ou, davantage, enjeu stratégique des déplacements de populations, qui imposent au camp adverse la prise en charge des populations civiles supplémentaires et instaurent un climat de terreur, souvent suffisant pour faire fuir les populations locales avant l’arrivée des troupes ennemies.

En 1992, les Serbes de Bosnie entreprirent un long et violent siège de Sarajevo, la ville fut bombardée et soumise à un blocus complet. Le siège devient une guerre d’usure. Les Serbes de Bosnie commandée par Ratko Mladić , s’emparèrent progressivement des principales villes (en dehors de Sarajevo) et des zones peuplées par des Serbes au début de la guerre ; ils sont accusés d’épuration ethnique contre la population bosniaque.

David Owen et Cyrus Vance proposèrent une partition de la Bosnie-Herzégovine en 10 régions semi-autonomes. Le plan fut approuvé par Radovan Karadžić puis rejeté par l’assemblée des Serbes de Bosnie en 1993. En mars 1994, un accord fut signé entre les dirigeants croates et musulmans de Bosnie, sous la pression des États-Unis envers le président croate Tudjman. En septembre 1995, l’opération Deliberate, force de l’OTAN, menée contre les Serbes de Bosnie permitt la fin du conflit. Il s’achève avec les accords de Dayton le 14 décembre 1995. La guerre aurait fait près de 100 000 morts – dont la moitié sont des victimes civiles- et deux millions de réfugiés.

Pendant cette guerre, les dirigeants ont fait appel à des groupes paramilitaires, comme les Tigres du Serbe Arkan ou les Scorpions. De nombreux combattants étrangers ont participé à cette guerre, notamment des milliers de volontaires étrangers ont rejoint le coté bosniaque, dont des vétérans du djihad mené en Afghanistan contre le communisme, des Turcs et des Saoudiens venant aider les musulmans, des Russes, des Grecs, mais aussi des Français. Des néonazis européens s’enrôlèrent du côté croate ( le gouvernement croate décida de reprendre comme emblèmes les symboles utilisés durant la Seconde Guerre mondiale par l’État indépendant de Croatie, régime fasciste inféodé au Troisième Reich).

Depuis les années 90, le pays est divisé en trois entités autonomes correspondant aux « peuples constitutifs » par la constitution : la fédération de Bosnie-et-Herzégovine (les Bosniaques), la république serbe de Bosnie ( les Serbes) et les Croates, le district autonome de Brčko.

La Bosnie-Herzégovine est candidate à l’entrée dans l’Union Européenne depuis 2016.

Dino Merlin, le musicien le plus célèbre de Bosnie, a écrit les paroles du premier hymne national du pays. Il a commencé sa carrière en tant que muezzin de la mosquée, chantant l’appel à la prière et a ensuite représenté la Bosnie au Concours Eurovision de la chanson 2011. Dino est célèbre dans les Balkans ainsi que dans les pays avec une importante diaspora bosniaque aux États-Unis, en l’Allemagne et en Suède.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Le 8 février 2018, le Ministère des relations  extérieures et des relations économiques écrivait sur son site : « il n’existe pas de données  statistiques officielles sur le nombre et la taille des exploitations agricoles,mais une estimation a été faite sur la base des données préparées par l’Agence des statistiques  du pays ». On   estime que le nombre d’exploitations est d’environ 11 000, dont la plupart sont de petits producteurs qui élaborent des vins pour leurs propres besoins et pour le marché local avec des exploitations de taille variant de 0,001 à 0,25 hectare. La superficie est en constante augmentation depuis 2005, passant de 2 100 ha à 3240 ha en 2011. Au cours de la même période, les rendements sont passés d’environ 5 tonnes par hectare en 2005 à (au moins) 7 tonnes en 2011 (estimation). Cette tendance se traduit par le doublement de la production de raisins de 10 000 tonnes en 2005 à près de 23 000 en 2011  et de 24 150 tonnes en 2016.
Les vins blancs constituent 55% de la production  et les rouges 45%. Des rosés et des mousseux sont aussi élaborés mais en petite quantité. La production se concentre principalement sur les vins de qualité avec les variétés autochtones  žilavka (blanc) et blatina (rouge).
Dans les grandes exploitations, les cépages internationaux ont fait leur apparition. Les exportations  représentèrent  environ 3, 5 millions d’Euros, dirigées vers la  Serbie, le Monténégro, la Croatie et la Slovénie. La Bosnie-Herzégovine importe cinq fois plus de vin qu’elle n’en produit, ce qui pénalise le développement de la viticulture du pays. La consommation annuelle  intérieure est d’environ 5, 6 litres par habitant.

HISTOIRE

 À l’époque préromaine, les tribus illyriennes vivaient  sur le  territoire de l’actuelle  Bosnie-Herzégovine (BiH). Alors que la vigne se répandait en Méditerranée, sa culture a commencé plus tard sur la côte adriatique et s’est étendue  progressivement dans l’arrière-pays. Mais, des graines de vigne ont été retrouvées dans les vestiges archéologiques de l’Âge du bronze ( 2700 à 900 av. J. –C) à Ripac près de Bihac  et à Donja Dolina près de Gradiska en  BiH. En explorant le régime alimentaire des anciens habitants de la Bosnie, Benac (1951) a établi que ses habitants consommaient également du raisin à la fin du deuxième et au début du premier millénaire avant JC. Mais il est évident que ces graines ne proviennent pas de la vigne cultivée, Vitis vinifera qui n’avait pas encore atteint les zones côtières de l’Adriatique.  C’étaient les graines de la vigne sauvage européenne Vitis sylvestris. Il fallut attendre l’arrivée des Grecs  et  l’établissement de leurs colonies dans ces régions pour que se développe la viticulture. Avant cela, les Illyriens buvaient de la bière et un type d’hydromel. La colonisation grecque débute au VII e siècle av. J.-C. le long des côtes, depuis les îles d’Apsoris (auj. Creš) et de Pelagosa (auj. Palagruža) en mer Adriatique.

Photo
STRABON. SOURCE: Par André Thevet: Les vrais portraits et vies des hommes illustres, chap. 35, page 76, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

les Illyriens se sont rapidement familiarisés avec la vigne et le vin grâce aux  Grecs, et sont rapidement devenus producteurs, mais aussi bons consommateurs de vin. L’historien grec Strabon, écrit que le roi Gentius (181 – 168 av.J-C.) ne pouvait pas résister au vin et il  en buvait jour et nuit, tandis que le roi  Agron, célébrant la victoire sur les Étoliens en 230 av. J.-C., mourut d’une consommation excessive de vin. C’était probablement le premier décès connu dû à une consommation excessive. La poursuite de l’expansion de la vigne et l’amélioration de la viticulture ont été grandement aidées par les Romains qui ont occupé cette région à la fin du 3ème siècle avant JC. La vigne a atteint la région illyrienne très probablement par Narona, un grand port de la région de la Neretva. Le vin était produit dans des fermes qui avaient été établies par des soldats romains à la retraite qui  avaient reçu des terres, mais aussi sur de plus grandes fermes et dans les villas dites « rustiques » (vilae rusticae).

Photo
LE ROI GENTIUS. SOURCE: https://www.albanopedia.com/

La culture de la vigne s’est étendue de la Dalmatie à l’arrière-pays où se situe  l’actuelle Herzégovine et plus loin vers la Bosnie, à travers les vallées des rivières Neretva et Trebišnjica et leurs affluents. La vigne a atteint le sud à travers les vallées fluviales avant d’atteindre le nord un peu plus tard. Le nord de la Bosnie, ou Bosniaque Posavina et Semberija,  étaient également des zones viticoles dans les temps anciens, bien que la vigne y soit arrivée plus tard qu’en Herzégovine.
​Les Celtes, qui habitaient ces régions avant les conquêtes romaines, contribuèrent   aussi  à  la culture de la vigne. Après l’arrivée des Slaves dans les régions romanisées de Bosnie-Herzégovine aux 7e  et 8e siècles, la continuité de la viticulture fut assurée.
​Le clergé eut une influence significative en encourageant une culture rapide de la vigne et de la production de vin après avoir baptisé les colons slaves. Comme dans d’autres régions européennes, les monastères et les manoirs étaient des centres de viticulture et de vinification avant l’arrivée des Turcs. Il existe de nombreuses preuves de  la présence de la viticulture au Moyen-Âge en terre d’Hum, ou Herzégovine,   principalement de sources provenant de Dubrovnik. C’est durant cette période que la viticulture s’est probablement étendue de l’Herzégovine à la Bosnie.

Photo
JIRECEK. SOURCE: Ministry of Foreign Affairs of Republic of Bulgaria. https://commons.wikimedia.org/

Jirecek (24 juillet 1854 – 10 janvier 1918, ​ historien austro-hongrois d’origine slave écrit que le vin était la boisson la plus noble des Balkans au Moyen Âge et que les classes supérieures, ou la noblesse terrienne, le conservaient dans des caves souterraines. La viticulture et le vin sont mentionnés dans plusieurs chartes de cette époque, par exemple dans la charte du prince Miroslav à la fin du XIIe siècle et de  Juraj Vojislavic en 1434, et plus tard du plus puissant roi de Bosnie Tvrtko le 1er Kotromanic (1338 – vers le 10 mars 1391), qui a délivré la ville de Suha dans la région de l’actuel Citluk en 1353. Dans cette ville, ses troupes et  son escorte se sont  vu offrir du vin d’Herzégovine. Cette charte et les armoiries du roi Tvrtko sont encore utilisées aujourd’hui comme un tribut  aux  vins d’Herzégovine. Le roi de Bosnie, Stjepan Tomasevic (1438- 5 juin 1463) émit une charte  pour le transfert, entre autres, de la propriété de «6 serfs avec vignobles», dans le village de Buglini (aujourd’hui le village de Buljina près de Konjic), c était la première référence à la vigne dans cette partie la plus septentrionale de l’Herzégovine où la vigne est cultivée avec succès. La culture de la vigne s’est plus que probablement  étendue vers le nord à travers les vallées fluviales dès l’époque romaine ou au début du Moyen Âge. Des motifs de  vigne étaient sculptés dans de nombreuses pierres tombales médiévales dans toute la Bosnie-Herzégovine, indiquant que la vigne occupait  une place  importante dans la vie économique et sociale de la Bosnie médiévale et du pays Hum.

Photo
MÉDAILLE À L’EFFIGIE DE TVRTKO 1ER. SOURCE: Wikipedia.org

Les Ottomans qui occupèrent la Bosnie-Herzégovine dans la seconde moitié du XVe siècle, y trouvèrent  une viticulture très développée  On en trouve la preuve dans les registres (defterler) qu’ ils mirent  en place dans tous les pays dans lesquels  où ils établissaient leur autorité. Ces registres visaient principalement à déterminer les propriétés de l’Empire, les revenus de certaines régions, les impôts et les contribuables. Les Ottomans mettaient à jour ces registres tous les 30 à 40 ans. Ils sont très importants en tant que sources historiques, car ils aident à évaluer les volumes de production de certaines cultures et produits, et ils sont importants pour la viticulture car ils montrent l’expansion géographique de la vigne dans la région de Bosnie-Herzégovine. Ce sont principalement les chrétiens et ceux qui payaient des impôts, ou des dîmes sur la production du moût, qui pratiquaient la viticulture. Les musulmans qui cultivaient la vigne payaient des impôts sur la surface du vignoble, car ils ne produisaient pas de vin mais consommaient du raisin ou le transformaient en d’autres produits. Les recettes des taxes sur les vignobles étaient bien inférieures à celles des taxes sur le moût.
​De ces registres, on peut conclure que la vigne était cultivée dans des zones où elle a disparu depuis longtemps. Ces zones étaient Nevesinje, Rudo, Rogatica, Cajnice et Foca et Gorazde  étaient des zones viticoles de premier plan à cette époque.  À partir de ces  registres cadastraux, on peut aussi conclure que les superficies viticoles n’ont pas été considérablement réduites au cours des 100 premières années de la domination ottomane. Sur la base des taxes collectées sur le moût produit, il est évident que la viticulture était très bien développée en Bosnie aux XVe et XVIe siècles. Toute la vallée moyenne et basse de la rivière Drina était une zone viticole. La plupart des vignobles se trouvaient autour de Visegrad, puis autour de Visoko, Breza, Kakanj, Zenica, donc dans la vallée de la rivière Bosna, mais aussi dans la zone actuelle d’Olovo et de Kladanj. Mais la viticulture diminua  brutalement par la suite et en 1600, les taxes perçues étaient 15 fois moins importantes qu’un demi-siècle auparavant. Cependant  la vigne semble avoir  été entretenue jusqu’à l’occupation autrichienne. ​

Photo
EVLIYA CELEBI. SOURCE: Wikipedia.org

En 1878, les troupes austro-hongroises s’emparent de la Bosnie conformément aux dispositions du Congrès de Berlin. L’occupation impériale dure jusqu’en 1918 lorsque la Bosnie-Herzégovine intègre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu Yougoslavie en 1929. Le général français Anthouard, qui visita la Bosnie-Herzégovine vers 1806, déclara dans son rapport que deux villes viticoles principales étaient Banja Luka et Mostar. Il est évident que la viticulture existait encore dans certains villages catholiques autour de Banja Luka.
Sinon, Evliya Celebi ( 25 mars 1611 – 1682) Turc ottoman et le plus célèbre voyageur de l’Empire ottoman mentionne dans ses récits de voyage la culture de la vigne dans d’autres endroits de Bosnie où il n’y a plus de trace de vignobles aujourd’hui. Décrivant Foca, il dit que «les maisons spacieuses, à un ou plusieurs étages, sont disposées en rangées jusqu’aux berges de la Drina. Ils sont faits de matériaux solides et possèdent des vignobles ». Pour le village  de Nevesinje, il dit que «belles sont les maisons autour desquelles il y a des vignes et des jardins, des sources actives et des cours spacieuses». Selon Celebi, le village de Dabar est un hameau prospère d’une quinzaine de maisons couvertes de plaques de pierre avec des vignes et des jardins.

Photo
LE GÉNÉRAL FRANÇAIS  ANTHOUHARD. SOURCE:   Par Auteur inconnu (art en France) — Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

Le début de l’ère moderne de la viticulture est concomitant  de la domination de l’Autriche-Hongrie qui a été un tournant dans la production agricole de la Bosnie-Herzégovine, tant sur le plan technologique qu’organisationnel. À cette époque, l’Autriche était un État très organisé, quelque peu bureaucratique et centralisé. L’Autriche voyait dans  la Bosnie-Herzégovine une  région  propice à la production de vins de haute qualité, d’autant plus que le phylloxéra menaçait déjà de dévaster les vignobles d’autres régions viticoles de l’empire. Il  introduisit des mesures modernes de traitement, de taille et de fertilisation dans le pays aux méthodes  primitives de production.
C’est à cette époque  que la pratique de la culture de la vigne soutenue par des poteaux a été introduite, ce qui n’était pas le cas auparavant.  Grâce aux mesures et incitations mises en place par les nouvelles autorités, la production augmenta rapidement et doubla en 15 ans. En 1882, la production était d’environ
4 100 tonnes et en 1892 de 9 200 tonnes.
Mais le mildiou arriva en Bosnie-Herzégovine au début des années 1890. En quelques années seulement  la production  se réduisit de manière catastrophique, et elle ne fut donc que de 2 200 tonnes en 1897. Le gouvernement autrichien prit en 1888 la décision d’interdire les importations de plants de vigne en Herzégovine en provenance des pays voisins (Croatie et Serbie), où l’infection par le phylloxéra était déjà présente. Cette décision fut utile, elle ralentît   l’arrivée du phylloxéra en Herzégovine dont  les vignobles  sont restés sains et exempts de phylloxéra pendant longtemps. Cependant, comme la décision ne s’appliquait pas à la Bosnie, le phylloxéra y est arrivé beaucoup plus tôt qu’en Herzégovine.

Photo
LA VIEILLE VILLE DE MOSTAR. SOURCE: https://commons.wikimedia.org/

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la production augmenta régulièrement, et en 1912 il y avait 6 040 hectares de vignes en Herzégovine, alors que la production de vin s’élevait à 12 000 tonnes. Il s’agit d’une multiplication par quatre par rapport à la situation à l’époque de la domination de l’Empire ottoman. Il avait fallu quatre-vingt-dix ans pour atteindre cette taille de vignobles.
À cette époque, il y avait encore de la vigne dans le nord de la Bosnie, principalement dans la région de Banja Luka, et un peu moins autour de Slavonski Brod, Derventa et Bijeljina. Dans la Gazette de Bosnie de 1914,  on pouvait lire  que la production de vin dans la région de Banja Luka augmentait et qu’elle s’élevait à environ 800 hl par an.
Le phylloxéra fit son  apparition  à la veille de la guerre et celle-ci ne permit pas le  renouvellement normal des vignobles qui furent dévastés et la production divisée par deux à la fin de la guerre. En 1926, 90% des vignobles avaient été détruits dans le district de Ljubuški, 70% à Mostar et 80% dans les districts de Stolac. Selon un rapport de Mate Lovrenovic, secrétaire de l’Union des coopératives agricoles croates à Sarajevo, il y avait 2 825 hectares de vieilles vignes et seulement environ 350 hectares de vignes greffées sur des porte-greffes américains en Herzégovine en 1926.
Puis survint la crise économique de 1929 doublée d’une crise des exportations et des ventes de vin. Cela a entraîna un ralentissement du renouveau de la viticulture, de telle sorte que l’Herzégovine ne disposait que de 3 476 hectares de vignobles à la veille de la seconde guerre mondiale. Puis vint la guerre et une nouvelle dégradation de vignobles.
​À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y avait 3 021 hectares en Herzégovine. Donc, moitié moins qu’avant la Première Guerre mondiale. Une nouvelle ère dans la viticulture de l’Herzégovine a commencé dans les années 1950 et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. C’est alors que la nouvelle viticulture a été lancée, fondée sur le productivisme  du modèle communiste de la Yougoslavie, et elle a d’abord commencé comme vignobles coopératifs. C’était l’époque du système de production socialiste, de la formation de grandes fermes communautaires, en fait des fermes d’État, et des investissements rapides dans l’agriculture. La superficie de la propriété privée étant limitée à 10 hectares, les particuliers n’étaient pas autorisés à avoir des plantations, tandis que plusieurs grandes caves étaient nationalisées et continuaient à fonctionner comme des caves d’État.

Photo
LA YOUGOSLAVIE. SOURCE: https://www.icty.org/

Les superficies totales de vignobles en Herzégovine ont également augmenté. En 1975, la superficie du vignoble s’élevait à 5 100 ha, et à la fin des années 1980, elle  s’étendait sur  près de 6 000 ha. La guerre en Bosnie-Herzégovine dans les années 90 (1992-1995) a de nouveau conduit à la stagnation de la viticulture en Herzégovine. L’ancien système communiste d’organisation sociale ayant également disparu, les anciens vignobles d’Hepok ont ​​été transférés de la propriété de l’État à des investisseurs privés.
Mais, la viticulture du pays souffre de plusieurs problèmes majeurs. La fragmentation du vignoble est particulièrement importante et la  grande majorité des parcelles  se situent entre 0,001 et 0,3 hectare sauf pour les anciennes parcelles des propriétés étatiques.
Les sécheresses sont fréquentes en Herzégovine et les vignerons doivent mettre  en place des systèmes d’irrigation par goutte-à-goutte dans les vignobles. Comme il n’y a pas suffisamment  d’eau courante dans la plupart des zones viticoles, les vignerons forent des puits pour atteindre les nappes phréatiques. Il n’est pas rare qu’ils forent à plus de 200 m de profondeur pour atteindre l’eau.  Sans eau, la viticulture du pays  serait compromise et les conditions climatiques sont la cause de la disparition de la viticulture en Bosnie au 19e siècle si bien qu’aujourd’hui on ne peut parler que de viticulture en Herzégovine même si depuis une dizaine d’années  la réintroduction de la viticulture en Bosnie a été engagée avec des fortunes diverses. Le gouvernement de la Bosnie-Herzégovine s’est jusqu’ici largement désintéressé  de ce secteur de son agriculture.

CLIMATS

Le climat de la Bosnie-Herzégovine varie d’un climat continental tempéré dans les basses terres du nord de la Pannonie le long de la rivière Sava et dans la zone des contreforts, à un climat alpin dans les régions montagneuses et à un climat méditerranéen dans les zones côtières et basses de la région d’Herzégovine au sud et au sud-est.
La température la plus chaude mesurée de 1955 à octobre 2020 a été signalée par la station météo de Mostar  en août 2007 avec  43,1°C. L’été le plus chaud, de juillet à septembre, basé sur les 6 stations météorologiques de Bosnie-Herzégovine à moins de 790 mètres d’altitude, a été enregistré en 2012 avec une température moyenne de 23,9°C. Normalement, cette valeur est de 20,2 degrés Celsius. La température quotidienne maximale moyenne à ce moment-là était de 31,6°C. Le jour le plus froid de ces 65  dernières années  a été  enregistré à Sarajevo Bjelave. La température est tombée à -22,2 °C en janvier 2017. Sarajevo Bjelave se trouve à une altitude de 632 mètres. L’hiver le plus froid (janvier à mars) a eu lieu en 1981 avec une température moyenne de -2,2°C. En Bosnie-Herzégovine, il est habituel d’avoir environ 6,0 degrés de plus à 3,9 °C pendant cette période de trois mois.
L’Herzégovine et la région du sud ont un climat méditerranéen modifié, avec des précipitations annuelles situées entre 600 et 800 mm, alors que la région du centre et du nord de la Bosnie ont un climat pannonien ou alpin modifié, avec des précipitations annuelles situées entre 1 500 et 2 500 mm.

Climat actuel

Climat futur

Photo
LES ALPES DINARIQUES. SOURCE: https://commons.wikimedia.org/

SOLS

Le pays est principalement montagneux, englobant les Alpes dinariques centrales. Les parties nord-est atteignent la plaine pannonienne, tandis qu’au sud, elle borde l’Adriatique. Les Alpes dinariques sont généralement  orientées  sud-est nord-ouest et s’élèvent vers le sud. Le point culminant du pays est le sommet de Maglić à 2386 mètres (7828,1 pieds), à la frontière monténégrine.
Les zones montagneuses dominent dans le sud et l’ouest du pays. Les terrains vallonnés sont disséminés dans la partie centrale et au nord. Les plaines sont au nord-est, ce sont les sols les plus fertiles. D’un point de vue topographique, les sols sont divisés en 3 zones :

Plaines ou zones de plaines: (jusqu’à 300 mètres).
Zones vallonnées: (300-500 mètres) et zones vallonnées montagneuses (500-700 mètres)
Zones montagneuses: (au-dessus de 700 mètres), zone méditerranéenne montagneuse: (700-500 mètres). Zones méditerranéennes (au-dessous de 500 mètres).

La Bosnie-Herzégovine est très riche en types de sols dont les caractéristiques sont dérivées de son éventail de géologie, de sa morphologie, de conditions climatiques et d’autres facteurs. Il existe 3 classes générales de sols en fonction de leur géologie, de leur morphologie et de leurs conditions climatiques:
La zone de terre basse, dans la partie nord de B&H, est la plus fertile. Les sols les plus courants sont : podzol, luvisols stagniques, fluvisols, gleysols ombriques et des gleysols eutriques.

La zone vallonnée est plus hétérogène que la zone de plaine en termes de sol. Une partie considérable présente des pentes supérieures à 13%, les processus d’érosion sont très importants et sont exacerbés par une agriculture inappropriée, le manque de mesures de conservation de l’eau et la préférence pour les cultures en lignes (maïs et pomme de terre) sur ces terrains. Les types de sol les plus courants sont: les luvisols chromiques, les cambisols eutriques, les leptosols et les vertisols de rendzic.
Dans la Zone de montagne, des processus d’érosion sont également présents, bien que ces terres soient principalement couvertes de forêts et de prairies. Les types de sols les plus courants sont: les cambisols dystriques et les régosols dystriques, suivis des leptosols et régosols de rendzic.
La Zone méditerranéenne présente des conditions climatiques plus chaudes. Elle  peut accueillir une grande variété de cultures. La culture fruitière et la  vigne sont très courantes  dans ces zones. Les types de sols les plus fréquemment rencontrés sont: leptosols lithiques, régosols, leptosols – leptosols de rendzic, cambisols chromiques, fluvisols dans les vallées fluviales, gleysols umbriques et eutriques dans les champs karstiques.

Dans les marais, les histosols sont souvent présents et ils ont une importance environnementale en tant qu’habitats rares pour les oiseaux.

En résumé, les principales caractéristiques des sols en Bosnie-Herzégovine sont : des  sols acides représentant plus du tiers des terres, une faible  teneur en humus  et un faible niveau des nutriments les plus importants.

RÉGIONS VITICOLES

La Bosnie-Herzégovine est caractérisée par deux grandes régions viticoles: l’Herzégovine et la Bosnie du Nord.  Elles  diffèrent en termes de climat et de composition du sol. La région viticole de Bosnie du Nord a un climat à prédominance continentale et les vignobles sont situés sur des sols podzoliques. La région d’Herzégovine est caractérisée par un climat méditerranéen, et les vignobles sont principalement situés sur des sols de marnes calcaires. Les vignobles d’Herzégovine sont situés à une altitude de 10 à 500 mètres. Pour consulter le détail des régions viticoles et les cartes, cliquez sur le lien suivant: RÉGIONS VITICOLES BOSNIE-HERZÉGOVINE

CÉPAGES

L’encépagement est dominé par les variétés autochtones et celles des Balkans, elles constituent environ 70% de l’encépagement total. Les deux  variétés autochtones bosniaques  sont le blatina pour les rouges et le žilavka pour les blancs. Les grands cépages internationaux sont aussi  représentés dans le paysage viticole. Pour consulter le détail des cépages de Bosnie-Herzégovine, cliquez sur le lien suivant : CÉPAGES BOSNIE-HERZÉGOVINE

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La viticulture et   le vin en Bosnie-Herzégovine sont régis par un ensemble de 3 lois et un accord de « stabilisation et d’association » avec l’Union Européenne. Pour consulter le détail de la législation et de la règlementation, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION BOSNIE-HERZÉGOVINE