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BIÉLORUSSIE

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

Square de la Victoire à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Source: https://www.pxfuel.com/

LA BIÉLORUSSIE VUE D’AILLEURS

         La Biélorussie est un pays dont le nom fait l’objet de débats et même de polémiques. La Biélorussie ou le Bélarus ?  C’est le même pays qui a deux noms. Le choix du toponyme prend — en russe — une connotation politique par la chute de l’URSS, « Biélorussie » peut être perçu comme russe ou soviétique, « Bélarus » comme nationaliste ou indépendantiste. Dans les atlas jusqu’au début du XXe siècle on trouve des traductions françaises : Russie blanche ou Ruthénie blanche. Le pays fait partie du foyer d’origine des langues slaves.  Deux langues officielles : russe, biélorusse.

              Ce territoire fut autrefois inclus dans de grandes puissances : la Rus’ de Kiev, le grand-duché de Lituanie, la République des Deux Nations, l’Empire russe. Il fut finalement l’une des républiques de l’URSS dont il devint indépendant lors de sa dislocation en 1991. En 1994, Alexandre Loukachenko fut élu premier président de la République, poste qu’il occupe encore en 2023. Les relations avec la Russie sont très étroites, notamment par la langue et le système économique ; en 1997 : le traité d’union russo-biélorusse envisage une union politique et monétaire. En 2010 Biélorussie, Russie et Kazakhstan ont formé une union douanière. L’arrivée au pouvoir de V. Poutine en 2000 freine le processus de rapprochement avec la Biélorussie, à cause de ses mauvaises relations avec Loukachenko, notamment sur la question des prix du gaz russe. Le pays continue néanmoins d’être un allié de la Russie, mais le projet d’union politique et monétaire n’a cependant pas beaucoup avancé.  A cause peut-être de relations conflictuelles avec les anciens pays membres du pacte de Varsovie devenus membres de l’Union Européenne, mais aussi avec les guerres du Caucase.

              La Biélorussie mesure 207 600 km² – un peu moins que   le   R.U.-. Enclavé, sans accès à la mer ouverte, a des frontières directes avec Lettonie, Lituanie, Pologne, Russie et Ukraine. Le pays est une plaine basse, à 159 mètres d’altitude en moyenne, culmine au Mont Chauve (mont Dzerjinski) à 345 mètres. Il possède une des plus vastes régions marécageuses ou humides d’Europe occupant ainsi presque un tiers du territoire (le marais du Pripiatt) et plus de dix mille lacs (le plus grand, le lac Naratch mesure 79,6 km²). Au nord : climat rigoureux, terres pauvres, densité de la population très faible ; au sud s’étendent les vastes marais de Polésie, une dépression marécageuse presque inhabitée.

La montagne Dzerzhinskaya, près du village de Skirmantava, est le point culminant de la Biélorussie (jusqu’en 1958, la Montagne Sainte. Source: Par Pmisk — s://commons.wikimedia.org/

   Le pays est couvert à 40 % de forêts, abritant la dernière forêt primaire d’Europe, inscrite au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO, refuge d’espèces animales disparues du reste de l’Europe (nombreux mammifères… ours, bison). Elle servait dès le XVe siècle de terrain de chasse à l’aristocratie russe, puis durant la période soviétique, elle devint une zone protégée, vitrine de la politique écologique du régime, ainsi au début des années 1990, le pays retrouve sa surface forestière du début du siècle (En 1945, n’occupait plus que 25 % du territoire). La forêt appartient à l’État, et de nombreuses zones sont protégées efficacement. Le pays compte 9 453 881 habitants. Près de 3 millions de Biélorusses vivent à l’étranger principalement (États-Unis, Canada, Russie, Ukraine, Pologne et Israël)

Les grandes villes du pays sont Minsk (la capitale), Homiel (anciennement Gomel), Hrodna, Mahiliow, Brest (anciennement Brest-Litovsk), Vitebsk et Babrouïsk. La densité, 46 hab/km² y est une des plus faibles du continent.

             Le désastre à partir de juin 1941 : la Biélorussie est envahie par l’armée allemande. 90 % de la population juive du pays anéantie, villages chrétiens incendiés, otages civils pendus ou fusillés, femmes et enfants inclus, grandes villes presque détruites, population décimée à hauteur de 25 %. Minsk est reprise en juillet 1944 par les troupes soviétiques, puis l’ouest peu de temps après. Environ 98 % du patrimoine et des monuments historiques du pays sont détruits.

              En 1945, à l’ONU qui est créée, l’histoire a retenu le souvenir d’une brève négociation de marchands de tapis entre deux chefs d’Etat. La Biélorussie devient comme l’Ukraine membre de la nouvelle organisation, trois voix donc pour l’URSS à l’Assemblée générale de l’ONU, récompense concédée par les Alliés pour l’effort de guerre exceptionnel du pays (URSS : 21 millions de morts). Staline propose alors de doter chacune des 15 républiques socialistes soviétiques d’un siège, F.D. Roosevelt propose alors d’en faire autant… pour chacun des  48  États des États-Unis. L’affaire en resta là.

              Lors de l’indépendance, quand l’URSS se disloque, en 1991, la Biélorussie comme la Russie adopte l’économie de marché, mais dans un cadre dirigiste (oxymore ?) et limite la privatisation dans l’industrie et l’agriculture.  Le secteur agricole ne représente que 8 % du PIB (en 2020) mais procure une certaine autonomie alimentaire. Le gouvernement maintient un système agricole collectivisé, dans la tradition soviétique. Il conserve un système d’État-providence avec la gratuité de l’éducation et de la santé et un important service public de proximité, 50 % des salariés le sont dans les entreprises publiques. Les inégalités y sont moins fortes qu’en Russie et qu’en Pologne.

               Tout va bien donc ? Non, le pays pâtit d’une exécrable réputation :  pour la plupart des médias occidentauxil est souvent considéré comme une dictature, au minimum comme un régime autoritaire. Loukachenko est élu en 1994 ; il fait adopter une nouvelle constitution après un référendum, appuyant sa politique sur la nostalgie du communisme ; renforce le pouvoir présidentiel, allonge la durée de son mandat de deux ans. L’opposition dénonce la répression, des arrestations, quatre disparitions, une mort mystérieuse entre 1999 et 2 000.

          L’opposition conteste les résultats des élections notamment en 2020, dénonce la répression, se manifeste par des défilés, des grèves massives. Depuis octobre 2005, tous les seize du mois, manifestations silencieuses aux chandelles. L’organisation Zubr ( Bison, emblématique du pays) créée en 2001, revendique une certaine filiation avec les Serbes de Otpor très actifs contre Milosevic et les Ukrainiens de Pora, actifs dans la « révolution orange »..                

                     Donc depuis des sanctions pleuvent de l’UE et toutes les instances européennes, des EU, du Canada et du Royaume-Uni à la suite de l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenko en 1994, les relations bilatérales se détériorent. En 2006, l’OTAN décide de « réévaluer son partenariat » avec le Bélarus ; l’OSCE quitte le pays en 2011, l’ONU crée en 2012 la fonction de « rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme ». Le Conseil de l’Europe rejette la candidature en raison de son maintien de la peine de mort. Des interdictions de visas contre 170 personnalités, des sanctions pour des secteurs-clés de son économie (potasse, tabac, produits pétroliers raffinés), le gel d’importants avoirs financiers et économiques, l’embargo sur les armes. Donc sur 180 pays la Biélorussie est classée 146e pour la démocratie, 157e pour la liberté de la presse, ennemi d’Internet en 2012 pour  l’association Reporters Sans Frontières.  En 2016, l’UE décide, à l’unanimité de lever la quasi-totalité des sanctions européennes, sauf l’embargo sur les armes reste en vigueur, pour une période de douze mois, de même que les mesures restrictives à l’encontre de quatre personnes liées aux disparitions non résolues de deux opposants. Puis abandonne ces sanctions. En mai 2021, le régime détourne un avion de la compagnie Ryanair effectuant un vol d’Athènes à Vilnius et survolant la Biélorussie, afin d’arrêter un passager opposant politique.

L’l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 provoque le renforcement des sanctions, notamment occidentales, contre le pays car il sert de base arrière à de nombreux mouvements de troupes russes, certains affirment que la Biélorussie est devenue un pays vassal de la Russie. Après 26 ans au pouvoir, dans son sixième mandat présidentiel (depuis 2020), le président Alexandre Loukachenko tient bon la route, un nouveau référendum constitutionnel a lieu en février 2022.  Et en 2023 lors de la rébellion du groupe paramilitaire Wagner, le président déclare avoir négocié avec Evgueni Prigojine. Les négociations finissent par aboutir à la fin de la rébellion.

       Il  y a 37 ans, la Biélorussie a été frappée par une catastrophe. Les radiations de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986 ont atteint la partie orientale de la Polésie, de même que le Nord de l’Ukraine. Le pays (qui ne possède aucune centrale nucléaire) reçoit environ 70 % des retombées radioactives. Deux millions de Biélorusses, dont beaucoup d’enfants, vivent dans les zones contaminées. L’extrémité sud-est de la Polésie, à cheval sur la Biélorussie et l’Ukraine, doit être évacuée par les populations et ne redeviendra habitable sans risque de maladies que dans plusieurs siècles voire plusieurs millénaires selon le degré de la toxicité.

Tchernobyl.Source: https://pxhere.com/

       Et la Bérézina dans tout ça ? Et la France dans tout ça ?  Un souvenir paradoxal de l’épopée napoléonienne dans la mémoire/histoire de France ressurgit ! Le nom de cette rivière est fréquemment utilisé pour caractériser une déroute, une défaite catastrophique, alors que cette bataille en novembre 1812 entre l’armée française de Napoléon Ier et les armées russes durant la retraite de Russie est considérée comme une victoire militaire. L’empereur se trouve bloqué devant la rivière, nommée Bérézina, infranchissable, n’étant pas entièrement gelée.  L’armée a connu de grosses pertes, à cause du froid et de la famine. Et la bataille de la Bérézina est restée, dans la mémoire collective française comme « le symbole le plus marquant de la campagne, et le souvenir qui en est conservé est surtout celui de la retraite et de l’épreuve humaine qu’elle a représenté. Travaillant dans l’eau glacée, les pontonniers construisent deux ponts, la Grande Armée franchit la Bérézina  le 26 novembre malgré l’opposition des trois armées russes.

la Grande Armée franchit la Bérézina. Source: Par Janvier Suchodolski — www.pinakoteka.zascianek.plmnp.art.pl, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La Biélorussie se situe entre 56°10′ et 51°16′ de latitude nord, en dehors donc des latitudes considérées comme viables pour la viticulture, mais le changement climatique rebat les cartes et le sud du pays commence à devenir plus favorable, plus hospitalier pour la culture de la vigne.  Au cours des siècles la culture de la vigne a été pratiquée sur le territoire de la Biélorussie par l’aristocratie puis périclita. Aujourd’hui elle est réduite à un seul vignoble de 70 hectares au domaine de Pinsk.  Mais il existe un réel engouement chez les viticulteurs amateurs qui rivalisent d’ingéniosité pour mener à maturité quelques ceps de vignes là où ils le peuvent. Le pays produit et consomme aussi environ 300 millions de litres de vins de fruits soit environ 4 litres par habitant.   Les Biélorusses semblent être passés maîtres dans l’art de produire des boissons alcoolisées faites maison : le samogon ( du russe samogón, littéralement « distillé soi-même » ), les plus populaires sont le vin, ou les alcools de substitution. Dans le pays, les boissons préférées sont la vodka, la bière, le vin de fruits, le vin de fruits fortifié et le vin sec. Aujourd’hui, la majorité des vins sont importés de Moldavie, premier fournisseur de vin, suivi de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne ou de l’Ukraine. La boisson traditionnelle en Biélorussie est le kvas, dont on retrouve des traces dès le Xe siècle.  Kvas signifie levain et c’est la réponse biélorusse à la bière sans alcool. Brassée à partir de pain de seigle noir, de levure, d’herbes, d’eau et de sucre. Elle titre aux alentours de 1% Vol. Les Biélorusses achetaient du kvas par seau dans des remorques à tonneaux dans les rues de Minsk à l’époque de l’URSS.

En 2001, la vodka représentait 48 % des boissons alcoolisées consommées par les Biélorusses.

HISTOIRE

À la fin du XIIe siècle, l’Europe était divisée en deux grandes zones religieuses et culturelles de part et d’autre de la rivière Bug , à l’ouest les catholiques dominent et à l’est les orthodoxes et byzantins. Et la Biélorussie d’aujourd’hui est dans une position unique : ces deux influences s’y sont mêlées.

La culture de la consommation des boissons alcoolisées s’est formée très tôt sur le territoire de la Biélorussie-Lituanie sous l’égide des monastères catholiques. Ils produisaient principalement de la bière, de l’hydromel et de la vodka pour la consommation interne et pour la vente. À cette époque, la bière, brassée par les catholiques, n’était pas classée comme boisson alcoolisée, car le pourcentage d’alcool qu’elle contenait était très faible (2 à 3 %). C’était une bière de fermentation au degré alcoolique faible, rafraîchissante, vive et légère.

Lors de l’annexion par l’Empire russe en 1793, il y avait plus de deux cents monastères catholiques romains sur le territoire. Presque tous avaient leur propre brasserie, et dans la plupart des cas, il y en avait plus d’une. Le plus souvent, des paysans ou des brasseurs embauchés y travaillaient et les moines aussi, mais moins souvent.

Les volumes de production étaient impressionnants. Par exemple, 8 cuves et 20 tonneaux de bière étaient utilisés pour le brassage de la bière dans le monastère cistercien de Vistich, et en 1829, 160 seaux de vodka, 120 seaux de boisson au miel et 20 gallons de vin français étaient stockés dans le monastère basilien de Berezvech.

Image de l’église basilienne Saint-Pierre et Paul les Apôtres de Berezvech avant la Seconde Guerre mondiale. Photo d’Adam Wislocki. Bibliothèque Narodowa, F.63136/II. Source: https://www.researchgate.net/

La bière, l’hydromel, le vin, la vodka et d’autres boissons étaient utilisés non seulement dans les monastères masculins, mais aussi dans ceux des religieuses. La bière, par exemple, était utilisée comme boisson ou comme ingrédient dans la cuisine, notamment consommée dans les soupes à la bière qui faisaient alors partie de l’alimentation habituelle. Cette boisson populaire remplaçait également une eau de mauvaise qualité.

Des notes sur les types d’alcool et leurs utilisations du mitan du XIXe siècle ont été conservées. Au monastère des Trinitaires de Vilnius le prieur note: « les moines reçoivent une pinte de vodka avant le déjeuner et le dîner. » Les moines qui ne boivent pas de vodka reçoivent du thé le matin et souvent un verre de vin avant le dîner. Aux fêtes et aux dîners funéraires, il y a de la bière forte, et parfois du punch avec du bon rhum. Bien sûr la consommation d’alcool a pour but avant tout de faciliter la digestion….

Les enseignants et les étudiants buvaient de la bière dans les séminaires théologiques. En 1844, le recteur par intérim du Séminaire théologique de Minsk envoie un rapport à l’évêque, dans lequel il note que « l’un des principaux produits alimentaires du séminaire est la bière, qui, surtout pendant le jeûne, est consommée en quantités assez importantes, mais à prix coûtant, son achat grève considérablement le budget du séminaire ». À cette occasion, il demande la permission d’établir sa propre brasserie au séminaire afin de réduire ses dépenses.

Après les soulèvements du XIXe siècle, des vagues de fermeture de monastères commencent. Parallèlement, au milieu du XIXème siècle, une campagne anti-alcool est lancée au sein de l’Église, et des « confréries de sobriété » voient même le jour. Entre 1811 et 1861, les brasseries des monastères sont soumises à une taxe d’accise pour le brassage de la bière. Les moines qui essayent d’éviter des impôts supplémentaires s’exposent à des problèmes. L’inspection d’État dénonce le peuple bernardin de Kretyna pour production illégale de bière. Ayant résolu le problème et se tournant alors vers le gouverneur, l’évêque local écrit plus tard : « les moines, qui étaient tous déjà presque pieux (sic!), soudainement privés de l’usage de la bière, se trouvèrent dans une position assez difficile ».

Vers la fin du XIX ème siècle sur le territoire de la Biélorussie, sur près de deux cents monastères catholiques, il n’en reste que trois. Parallèlement à la destruction des ordres monastiques et des monastères, la tradition du brassage monastique a également été détruite. Cette page de l’histoire du pays a disparu à jamais.

La consommation et la production d’alcool n’étaient pas confinées à la seule sphère monastique. Selon une coutume bien établie, chaque paysan biélorusse du XVIII e siècle devait boire une certaine quantité de vodka, communément appelée sivuhai (25-35 degrés), et de la bière dans la taverne de son maître pendant un an. Ceux qui ne buvaient pas, selon la « Propination » (une loi tacite sur la consommation forcée de boissons alcoolisées), devaient payer son prix complet ou la différence entre la quantité prescrite et consommée. Les magnats et la noblesse buvaient du champagne, du vin et de la bière. Par exemple, en 1780, à la veille de Noël, 1 500 bouteilles de champagne, 300 bouteilles de vin du Rhin, 200 bouteilles de vin bourguignon, 100 bouteilles d’arack et 3 tonneaux de bière anglaise sont livrés à Niasvizh.

Château de Niasvizh. Wikipedia.org

Chaque noble s’efforçait de surpasser ses voisins en termes de consommation alimentaire et de boissons alcoolisées.  À cette époque, se développe un riche rituel de la table. Les scientifiques pensent que la consommation d’alcool a toujours été discrètement encouragée par les autorités, car c’est une puissante source de revenus et il est plus facile de gérer une « société d’ivrognes ». Les bénéfices de la vente de  » sivukha  » ( une boisson alcoolisée forte de mauvaise qualité) produit dans une brasserie locale et vendu dans sa propre taverne s’élevaient parfois à la moitié du capital total du maître. À l’époque de l’URSS, les droits d’accise sur les produits alcoolisés représentaient près d’un tiers du budget de l’URSS.

La culture du raisin ne peut pas être qualifiée de culture complètement étrangère en Biélorussie et elle a même une histoire assez longue. La vigne a commencé à être cultivée sur les terres biélorusses dès Bona Sforza[1], au XVIe siècle. Ce sont la reine de Pologne et la grande-duchesse de Lituanie (qui, avant son mariage, portait le titre de princesse de Milan), qui ont commencé à développer activement la viticulture polono-lituanienne. Mais les raisins n’étaient cultivés que sur de petits vignobles de domaines riches, donc la consommation de vin n’était pas courante et le vin était principalement utilisé dans les cérémonies de l’Église catholique et othodoxe. Les vins européens importés étaient un luxe que seule la noblesse pouvait se permettre.

Avec la République Socialiste Soviétique de Biélorussie (BSSR) qui est créée en juillet 1920 et la RSS de Biélorussie devenue membre fondateur de l’Union des Républiques socialistes soviétiques en 1922, la viticulture connaît une deuxième impulsion.


[1] Bona Sforza d’Aragona (2 février 1494 – 19 novembre 1557) était reine de Pologne et grande-duchesse de Lituanie.

Bona Sforza.Public Domain, https://commons.wikimedia.org/

Dans les années 1960, sous Khrouchtchev la viticulture s’établit dans les régions de Brest et de Gomel où sont créées des fermes collectives entières spécialisées dans la culture de la vigne.  La production de vin effervescent avait débuté sous l’ère soviétique dans le cadre de la politique du « Champagne pour tous » de Staline (Sovetskoye Shampanskoye). Les premières bouteilles de Champagne (c’est ainsi qu’il s’appelle à l’époque) sortent du domaine de Minsk le 17 février 1978 et 2 000 bouteilles seulement sont produites. Minsk est la seule usine de transformation du vin effervescent. En 2001, le domaine sera rebaptisé « Minsk Sparkling Wine Factory », pour se conformer à la Convention de Paris sur la propriété intellectuelle adoptée en 1883 et qui s’applique alors aussi à la Biélorussie. La matière première, le raisin, ne vient pas du pays mais de la Moldavie, de l’Espagne et de l’Italie. Le domaine produit aussi des vins blancs, rouges et rosés à partir de concentrés en provenance de France, Italie, Argentine, Portugal, Chili et autres pays avec les cépages riesling, sauvignon, chardonnay, cabernet entre autres.

Derrière le Rideau de Fer, les étagères étaient vides mais le champagne était abordable. Source: MICHEL GEORGES HADDAD. https://www.atlasobscura.com/

Aujourd’hui, il n’y a de vignobles industriels en Biélorussie qu’au domaine de Pinsk.

Source: https://www.freeworldmaps.net/

Si la viticulture industrielle reste marginale, les vins de fruits ont le vent en poupe et on estime qu’environ 300 millions de litres de vin de fruits sont produits chaque année en Biélorussie. Au 1er janvier 2005, 89 entreprises biélorusses étaient autorisées à produire plus de 290 millions de litres de vin de fruits par an. En 2005, la consommation de vin de fruits alcoolisés dépassait 4 litres par habitant. Les conserveries, les laiteries, les brasseries et les boulangeries se sont tournées vers l’embouteillage de vins de fruits fortifiés, plus rentable que les autres activités de ces sociétés. Le vin de fruits était le plus souvent importé de Russie et d’Ukraine en raison du manque criant d’équipement de transformation. Depuis janvier 2006, le gouvernement de Biélorussie a interdit l’importation de vins de fruits de l’étranger et les ventes ont chuté passant de 192 millions de litres à 27 millions de litres avant de rebondir à 174 millions de litres. Confronté à une baisse de revenus fiscaux, le gouvernement a augmenté les taxes et le prix moyen d’une bouteille est passée de 1,32 $ à 1,66 $. La faible rentabilité a provoqué l’arrêt de la production de nombreuses entreprises si bien qu’il ne reste pratiquement plus que des entreprises d’État dans ce secteur.

La viticulture se poursuit aussi aujourd’hui grâce aux amateurs qui rivalisent d’ingéniosité pour faire pousser quelques ceps dans leur jardin.

CLIMAT

Le climat de la Biélorussie est très difficile pour la viticulture : une courte saison sans gel (de 140-147 jours dans le Sud-Ouest à 160-170 jours dans le Nord-Est), des étés frais (la somme des températures actives >10 °C est de 1900- 2000 °C au Sud-Ouest et 2400-2500 °C au Nord-Est) ; des températures hivernales extrêmement variables et froides (les températures minimales des hivers critiques atteignent -34 °C à -36 °C dans la région du Sud-Ouest, et -39 °C à -44 °C dans le Nord-Est. Les vignes sont principalement cultivées par des milliers de jardiniers amateurs, ils les cultivent en plein air, protégées par les murs des bâtiments et dans les serres.

Le climat de la Biélorussie est déterminé par son emplacement dans la ceinture forestière de la zone tempérée nord et par le terrain plat ou légèrement vallonné de faible altitude. Selon le système de classification de Köppen-Geiger, il appartient au type continental humide à été chaud (Dfb) avec des hivers rigoureux et pas de saison sèche.

Climat actuel

Climat futur

Ce climat a un caractère nettement transitoire en Biélorussie : les masses d’air doux et humide venant de l’océan Atlantique influencent fortement le temps dans la partie ouest du pays, tandis que vers l’est la nature continentale du climat devient de plus en plus prononcée. Cela se manifeste principalement dans le régime des températures : les hivers rigoureux et les étés relativement chauds se traduisent par des amplitudes thermiques annuelles plus élevées. La capitale Minsk, située à proximité du centre géométrique du pays et ayant un relevé météorologique presque continu depuis 1891, représente bien le climat de la Biélorussie. Selon les normes climatologiques de l’OMM pour la période 1961-1990, la température moyenne à Minsk était de 5,8 °C, juillet s’est avéré être le mois le plus chaud (17,3 °C) et janvier le mois le plus froid (– 6,9 °C).

Les années 1980 ont vu le début du réchauffement du climat de la Biélorussie qui a évolué à un rythme nettement supérieur à la tendance mondiale. La température moyenne annuelle des trois dernières décennies (1981-2010) à Minsk a augmenté de 1,3 °C, dépassant ainsi légèrement 7,0 °C. La température moyenne de juillet de cette période est montée à 18,5 °C. Le réchauffement de l’hiver a été encore plus visible avec des moyennes de janvier s’élevant à – 5,0 °C. La durée de la période avec des températures moyennes journalières supérieures à 0 °C varie entre 240 et 270 jours. La saison de croissance (t≥10 °C) dure jusqu’à 150–170 jours après avoir connu une augmentation récente de 10–12 jours. La somme des températures actives (degrés-jours) pour la saison de croissance s’élève généralement à 2100–2600 °C. Ce n’est pas suffisant pour les cultures plus exigeantes en chaleur (tournesol, maïs par exemple) et à peine suffisant même pour le blé, alors qu’il répond aux besoins modestes du seigle, de l’orge, de l’avoine et de la pomme de terre. La culture des fruits est en grande partie limitée aux variétés de poires, de pommes et de baies résistantes au gel, dont bon nombre sont originaires des forêts domestiques. Les précipitations annuelles moyennes sont généralement suffisantes, s’élevant à Minsk à 677 mm. Il n’y a pas de grandes différences régionales dans ce chiffre. Alors que le réchauffement attendu semble être favorable pour la viticulture, l’adaptation aux conditions plus sèches de la saison de croissance peut présenter un défi pour l’agriculture de Biélorussie.

Avec de tels paramètres climatiques, on peut envisager la maturation de cépages hybrides voire même de Vitis vinifera si les mesures d’enfouissement de la vigne en hiver sont respectées.

SOLS

Les sols de la Biélorussie se sont constitués par l’interaction de plusieurs facteurs dans un climat tempéré et modérément humide avec des niveaux d’eau souterraine pour la plupart élevés. Les sols se sont développés sur une base de dépôts glaciaires et de sédiments alluviaux, éoliens et tourbeux. Les processus de formation du sol les plus courants sont l’accumulation d’humus, la podzolisation, la gleyification et l’accumulation de tourbe. La couverture du sol est très hétérogène. En général, on peut trouver les principaux types de sols suivants dans le pays (Figure 3.10): rétisols – environ 45%, luvisols -19%, histosols -15%, fluvisols -9%, gleysols et stagnosols -9% , ainsi que certains podzols et leptosols.

Le principal processus de dégradation des sols est l’érosion. Les sols érodés représentent environ 10% des terres arables, tandis qu’environ 40% sont menacés d’érosion. Les sols érodés sont confinés principalement aux collines. Les affaissements sont est un danger majeur dans la partie sud de la Biélorussie, où prédominent les sols sableux et tourbeux drainés. L’acidification permanente du sol est causée par le lessivage des sols.

Les sols arables ont un pH inférieur à 5,0 et une faible teneur en humus et la Biélorussie a une proportion relativement élevée de sols tourbeux.

RÉGIONS VITICOLES

Aujourd’hui, il n’y a de vignobles industriels en Biélorussie qu’au domaine de Pinsk. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: RÉGIONS VITICOLES BIÉLORUSSIE

CÉPAGES

L’Institut biélorusse pour la culture fruitière teste de nouvelles variétés de vignes depuis 1935. L’institut possède une grande collection des variétés précoces pour le climat froid. Il comprend environ 300 variétés. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: CÉPAGES BIÉLORUSSIE

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La législation et la règlementation de la production et de la circulation des produits alcoolisés, non alimentaires contenant de l’alcool et de l’alcool non alimentaire datent du 27 août 2008. pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION BIÉLORUSSIE