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BIÉLORUSSIE

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

Square de la Victoire à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Source: https://www.pxfuel.com/

LA BIÉLORUSSIE VUE D’AILLEURS (En préparation)

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La Biélorussie se situe entre 56°10′ et 51°16′ de latitude nord, en dehors donc des latitudes considérées comme viables pour la viticulture, mais le changement climatique rebat les cartes et le sud du pays commence à devenir plus favorable, plus hospitalier pour la culture de la vigne.  Au cours des siècles la culture de la vigne a été pratiquée sur le territoire de la Biélorussie par l’aristocratie puis périclita. Aujourd’hui elle est réduite à un seul vignoble de 70 hectares au domaine de Pinsk.  Mais il existe un réel engouement chez les viticulteurs amateurs qui rivalisent d’ingéniosité pour mener à maturité quelques ceps de vignes là où ils le peuvent. Le pays produit et consomme aussi environ 300 millions de litres de vins de fruits soit environ 4 litres par habitant.   Les Biélorusses semblent être passés maîtres dans l’art de produire des boissons alcoolisées faites maison : le samogon ( du russe samogón, littéralement « distillé soi-même » ), les plus populaires sont le vin, ou les alcools de substitution. Dans le pays, les boissons préférées sont la vodka, la bière, le vin de fruits, le vin de fruits fortifié et le vin sec. Aujourd’hui, la majorité des vins sont importés de Moldavie, premier fournisseur de vin, suivi de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne ou de l’Ukraine. La boisson traditionnelle en Biélorussie est le kvas, dont on retrouve des traces dès le Xe siècle.  Kvas signifie levain et c’est la réponse biélorusse à la bière sans alcool. Brassée à partir de pain de seigle noir, de levure, d’herbes, d’eau et de sucre. Elle titre aux alentours de 1% Vol. Les Biélorusses achetaient du kvas par seau dans des remorques à tonneaux dans les rues de Minsk à l’époque de l’URSS.

En 2001, la vodka représentait 48 % des boissons alcoolisées consommées par les Biélorusses.

HISTOIRE

À la fin du XIIe siècle, l’Europe était divisée en deux grandes zones religieuses et culturelles de part et d’autre de la rivière Bug , à l’ouest les catholiques dominent et à l’est les orthodoxes et byzantins. Et la Biélorussie d’aujourd’hui est dans une position unique : ces deux influences s’y sont mêlées.

La culture de la consommation des boissons alcoolisées s’est formée très tôt sur le territoire de la Biélorussie-Lituanie sous l’égide des monastères catholiques. Ils produisaient principalement de la bière, du miel et de la vodka pour la consommation interne et pour la vente. À cette époque, la bière de tradition catholique n’était pas classée comme boisson alcoolisée, car le pourcentage d’alcool qu’elle contenait était très faible (2 à 3 %). C’était une bière de fermentation au degré alcoolique faible, rafraichissante, vive et légère.

Lors de l’annexion par l’Empire russe en 1793, il y avait plus de deux cents monastères catholiques romains sur le territoire . Presque tous avaient leur propre brasserie, et dans la plupart des cas, il y en avait plus d’une. Le plus souvent, des paysans ou des brasseurs embauchés y travaillaient et les moines aussi, mais moins souvent.

Les volumes de production étaient impressionnants. Par exemple, 8 cuves et 20 tonneaux de bière étaient utilisés pour le brassage de la bière dans le monastère cistercien de Vistich, et en 1829, 160 seaux de vodka, 120 seaux de boisson au miel et 20 gallons de vin français étaient stockés dans le monastère basilien de Berezvech.

Façade de l’église gréco-catholique de la Trinité à Vilnius . Source: By Pofka – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=107214259

La bière, le miel, le vin, la vodka et d’autres boissons étaient utilisés non seulement dans les monastères masculins, mais aussi dans ceux des femmes. La bière, par exemple, était utilisée comme boisson ou comme ingrédient dans la cuisine, notamment consommée dans les soupes à la bière qui faisaient alors partie de l’alimentation habituelle. Cette boisson populaire remplaçait également une eau de mauvaise qualité.

Des notes sur le type d’alcool et son utilisation au milieu du XIXe siècle ont été conservées. Au monastère des Trinitaires de Vilnius le prieur note: « les moines reçoivent une pinte de vodka avant le déjeuner et le dîner. » Les moines qui ne boivent pas de vodka reçoivent du thé le matin et souvent un verre de vin avant le dîner. Aux fêtes et aux dîners funéraires, il y a de la bière forte, et parfois du punch avec du bon rhum. Bien sûr la consommation d’alcool a pour but avant tout de faciliter la digestion….

Les enseignants et les étudiants buvaient de la bière dans les séminaires théologiques. En 1844, le recteur par intérim du Séminaire théologique de Minsk envoie un rapport à l’évêque, dans lequel il note que « l’un des principaux produits alimentaires du séminaire est la bière, qui, surtout pendant le jeûne, est consommée en quantités assez importantes, mais à prix coutant, son achat grève considérablement le budget du séminaire ». À cette occasion, il demande la permission d’établir sa propre brasserie au séminaire afin de réduire ses dépenses.

Après les soulèvements du XIXe siècle, des vagues de fermeture de monastères commencent. Parallèlement, au milieu du XIXème siècle, une campagne anti-alcool est lancée au sein de l’Église, et des « confréries de sobriété » voient même le jour. Entre 1811 et 1861, les brasseries du monastère sont soumises à une taxe d’accise pour le brassage de la bière. Les moines qui essayent d’éviter des impôts supplémentaires finissent par faire face à des problèmes. L‘inspection d’État dénonce le peuple bernardin de Kretyna pour production illégale de bière. Ayant résolu le problème et se tournant alors vers le gouverneur, l’évêque local écrit plus tard : « les moines, qui étaient tous déjà presque pieux, soudainement privés de l’usage de la bière, se trouvèrent dans une position assez difficile ».

Vers la fin du XIX ème siècle sur le territoire de la Biélorussie, sur près de deux cents monastères catholiques, il n’en reste que trois. Parallèlement à la destruction des ordres monastiques et des monastères, la tradition du brassage monastique a également été détruite. Cette page de l’histoire du pays a disparu à jamais.

La consommation et la production d’alcool n’étaient pas confinées à la seule sphère monastique. Selon une coutume bien établie, chaque paysan biélorusse du XVIII e siècle devait boire une certaine quantité de vodka, communément appelée sivuhai (25-35 degrés), et de la bière dans la taverne de son maître pendant un an. Ceux qui ne buvaient pas, selon la « Propination » (une loi tacite sur la consommation forcée de boissons alcoolisées), devaient payer son prix complet ou la différence entre la quantité prescrite et consommée. Les magnats et la noblesse buvaient du champagne, du vin et de la bière. Par exemple, en 1780, à la veille de Noël, 1 500 bouteilles de champagne, 300 bouteilles de vin du Rhin, 200 bouteilles de vin bourguignon, 100 bouteilles d’arack et 3 tonneaux de bière anglaise sont livrés à Niasvizh.

Château de Niasvizh. Wikipedia.org

Chaque noble s’efforçait de surpasser ses voisins en termes de consommation alimentaire et de boissons alcoolisées.  À cette époque, se développe un riche rituel de la table. Par exemple, Dziatlov s’appelait Venise car à chaque banquet, les convives buvaient du vin et du miel, comme s’ils étaient des Vénitiens. Les scientifiques pensent que la consommation d’alcool a toujours été discrètement encouragée par les autorités, car c’est une puissante source de revenus et il est plus facile de gérer une « société d’ivrognes ». Les bénéfices de la vente de  » sivukha  » produit dans une brasserie locale et vendu dans sa propre taverne s’élevaient parfois à la moitié du capital total du maître. À l’époque de l’URSS, les droits d’accise sur les produits alcoolisés représentaient près d’un tiers de la formation du budget de l’Union.

La culture du raisin ne peut pas être qualifiée de culture complètement étrangère en Biélorussie et elle a même une histoire assez longue. La vigne a commencé à être cultivée sur les terres biélorusses dès Bona Sforza[1], au XVIe siècle. Ce sont la reine de Pologne et la grande-duchesse de Lituanie qui, avant son mariage, portaient le titre de princesse de Milan, ont commencé à développer activement la viticulture dans le Commonwealth polono-lituanien. Mais les raisins n’étaient cultivés que sur de petits vignobles de domaines riches, donc la consommation de vin n’était pas courante et le vin était principalement utilisé dans les rituels de l’Église catholique et othodoxe. Les vins européens importés étaient un luxe que seule la noblesse pouvait se permettre.

Avec la République Socialiste Soviétique de Biélorussie (BSSR) qui est créée en juillet 1920 et la RSS de Biélorussie devenue membre fondateur de l’Union des Républiques socialistes soviétiques en 1922, la viticulture connaît une deuxième impulsion.


[1] Bona Sforza d’Aragona (2 février 1494 – 19 novembre 1557) était reine de Pologne et grande-duchesse de Lituanie.

Bona Sforza.Public Domain, https://commons.wikimedia.org/

Dans les années 1960, sous Khrouchtchev la viticulture s’établit dans les régions de Brest et de Gomel où sont créées des fermes collectives entières spécialisées dans la culture de la vigne.  La production de vin effervescent avait débuté sous l’ère soviétique dans le cadre de la politique du « Champagne pour tous » de Staline (Sovetskoye Shampanskoye). Les premières bouteilles de Champagne (c’est ainsi qu’il s’appelle à l’époque) sortent du domaine de Minsk le 17 février 1978 et 2 000 bouteilles seulement sont produites. Minsk est la seule usine de transformation du vin effervescent. En 2001, le domaine sera rebaptisé « Minsk Sparkling Wine Factory », pour se conformer à la Convention de Paris sur la propriété intellectuelle adoptée en 1883 et qui s’applique alors aussi à la Biélorussie. La matière première, le raisin ne vient pas du pays mais de la Moldavie, de l’Espagne et de l’Italie. Le domaine produit aussi des vins blancs, rouges et rosés à partir de concentrés en provenance de France, Italie, Argentine, Portugal, Chili et autres pays avec les cépages riesling, sauvignon, chardonnay, cabernet entre autres.

Derrière le Rideau de Fer, les étagères étaient vides mais le champagne était abordable. Source: MICHEL GEORGES HADDAD. https://www.atlasobscura.com/

Aujourd’hui, il n’y a de vignobles industriels en Biélorussie qu’au domaine de Pinsk.

Source: https://www.freeworldmaps.net/

Si la viticulture industrielle reste marginale, les vins de fruits ont le vent en poupe et on estime qu’environ 300 millions de litres de vin de fruits sont produits chaque année en Biélorussie. Au 1er janvier 2005, 89 entreprises biélorusses étaient autorisées à produire plus de 290 millions de litres de vin de fruits par an. En 2005, la consommation de vin de fruits alcoolisés dépassait 4 litres par habitant. Les conserveries, les laiteries, les brasseries et les boulangeries se sont tournées vers l’embouteillage de vins de fruits fortifiés, plus rentable que les autres activités des sociétés. Le vin de fruits était le plus souvent importé de Russie et d’Ukraine en raison du manque criant d’équipement de transformation. Depuis janvier 2006, le gouvernement de Biélorussie a interdit l’importation de vins de fruits de l’étranger et les ventes ont chuté passant de 192 millions de litres à 27 millions de litres avant de rebondir à 174 millions de litres. Confronté à une baisse de revenus fiscaux, le gouvernement a augmenté les taxes et le prix moyen d’une bouteille est passée de 1,32 $ à 1,66 $. La faible rentabilité a provoqué l’arrêt de la production de nombreuses entreprises si bien qu’il ne reste pratiquement plus que des entreprises d’État dans ce secteur.

La viticulture se poursuit aussi aujourd’hui grâce aux amateurs qui rivalisent d’ingéniosité pour faire pousser quelques ceps dans leur jardin.

CLIMAT

Le climat de la Biélorussie est très difficile pour la viticulture : une courte saison sans gel (de 140-147 jours dans le Sud-Ouest à 160-170 jours dans le Nord-Est), des étés frais (la somme des températures actives >10 °C est de 1900- 2000 °C au Sud-Ouest et 2400-2500 °C au Nord-Est) ; des températures hivernales extrêmement variables et froides (les températures minimales des hivers critiques atteignent -34 °C à -36 °C dans la région du Sud-Ouest, et -39 °C à -44 °C dans le Nord-Est. Les vignes sont principalement cultivées par des milliers de jardiniers amateurs, ils les cultivent en plein air, protégées par les murs des bâtiments et dans les serres.

Le climat de la Biélorussie est déterminé par son emplacement dans la ceinture forestière de la zone tempérée nord et par le terrain plat ou légèrement vallonné de faible altitude. Selon le système de classification de Köppen-Geiger, il appartient au type continental humide à été chaud (Dfb) avec des hivers rigoureux et pas de saison sèche.

Ce climat a un caractère nettement transitoire en Biélorussie : les masses d’air doux et humide venant de l’océan Atlantique influencent fortement le temps dans la partie ouest du pays, tandis que vers l’est la nature continentale du climat devient de plus en plus prononcée. Cela se manifeste principalement dans le régime des températures : les hivers rigoureux et les étés relativement chauds se traduisent par des amplitudes thermiques annuelles plus élevées. La capitale Minsk, située à proximité du centre géométrique du pays et ayant un relevé météorologique presque continu depuis 1891, représente bien le climat de la Biélorussie. Selon les normes climatologiques de l’OMM pour la période 1961-1990, la température moyenne à Minsk était de 5,8 °C, juillet s’est avéré être le mois le plus chaud (17,3 °C) et janvier le mois le plus froid (– 6,9 °C).

Les années 1980 ont vu le début du réchauffement du climat de la Biélorussie qui a évolué à un rythme nettement supérieur à la tendance mondiale. La température moyenne annuelle des trois dernières décennies (1981-2010) à Minsk a augmenté de 1,3 °C, dépassant ainsi légèrement 7,0 °C. La température moyenne de juillet de cette période est montée à 18,5 °C. Le réchauffement de l’hiver a été encore plus visible avec des moyennes de janvier s’élevant à – 5,0 °C. La durée de la période avec des températures moyennes journalières supérieures à 0 °C varie entre 240 et 270 jours. La saison de croissance (t≥10 °C) dure jusqu’à 150–170 jours après avoir connu une augmentation récente de 10–12 jours. La somme des températures actives (degrés-jours) pour la saison de croissance s’élève généralement à 2100–2600 °C. Ce n’est pas suffisant pour les cultures plus exigeantes en chaleur (tournesol, maïs par exemple) et à peine suffisant même pour le blé, alors qu’il répond aux besoins modestes du seigle, de l’orge, de l’avoine et de la pomme de terre. La culture des fruits est en grande partie limitée aux variétés de poires, de pommes et de baies résistantes au gel, dont bon nombre sont originaires des forêts domestiques. Les précipitations annuelles moyennes sont généralement suffisantes, la normale climatique de Minsk s’élevant à 677 mm. Il n’y a pas de grandes différences régionales dans ce chiffre. Alors que le réchauffement attendu semble être favorable, l’adaptation aux conditions plus sèches de la saison de croissance peut présenter un défi pour l’agriculture de Biélorussie.

Avec de tels paramètres climatiques, on peut envisager la maturation de cépages hybrides voire même de Vitis vinifera si les mesures d’enfouissement de la vigne en hiver sont respectées.

SOLS

Les sols de la Biélorussie se sont constitués par l’interaction de plusieurs facteurs dans un climat tempéré et modérément humide avec des niveaux d’eau souterraine pour la plupart élevés. Les sols se sont développés sur une base de dépôts glaciaires et de sédiments alluviaux, éoliens et tourbeux. Les processus de formation du sol les plus courants sont l’accumulation d’humus, la podzolisation, la gleyification et l’accumulation de tourbe. La couverture du sol est très hétérogène. En général, on peut trouver les principaux types de sols suivants dans le pays (Figure 3.10): rétisols – environ 45%, luvisols -19%, histosols -15%, fluvisols -9%, gleysols et stagnosols -9% , ainsi que certains podsols et leptosols.

Le principal processus de dégradation des sols est l’érosion. Les sols érodés représentent environ 10% des terres arables, tandis qu’environ 40% sont menacés d’érosion. Les sols érodés sont confinés principalement aux collines. La déflation est un danger majeur dans la partie sud de la Biélorussie, où prédominent les sols sableux et tourbeux drainés. L’acidification permanente du sol est causée par le lessivage des sols.

Les sols arables ont un pH inférieur à 5,0 et une faible teneur en humus et la Biélorussie a une proportion relativement élevée de sols tourbeux.

RÉGIONS VITICOLES

Aujourd’hui, il n’y a de vignobles industriels en Biélorussie qu’au domaine de Pinsk. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: RÉGIONS VITICOLES BIÉLORUSSIE

CÉPAGES

L’Institut biélorusse pour la culture fruitière teste de nouvelles variétés de vignes depuis 1935. L’institut possède une grande collection des variétés les plus précoces et précoces pour le climat froid. Il comprend environ 300 variétés. Pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: CÉPAGES BIÉLORUSSIE

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La législation et la règlementation de la production et de la circulation des produits alcoolisés, non alimentaires contenant de l’alcool et de l’alcool non alimentaire datent du 27 août 2008. pour en savoir plus, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION BIÉLORUSSIE