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JAPON

DESCRIPTION DU PAYS

Public Domain, https://en.wikipedia.org/

TOKYO. SOURCE:https://commons.wikimedia.org/

JAPON: UNE SITUATION GÉOGRAPHIQUE COMPLIQUÉE PAR LE GÉOPOLITIQUE.

CARTE:  Jacqueline Uztarroz, collaboratrice de Terroirs du Monde Education

LE JAPON VU  D’AILLEURS

Le Japon est un petit (2/3 de la France)  archipel (6 852 îles) étroit et montagneux,  couvert de forêts, sans ressources du sous-sol. Le milieu  naturel  est plutôt hostile, victime d’agressions atmosphériques ( typhons, tsunamis) régulières, de séismes  meurtriers et d’éruptions volcaniques. L’espace cultivable est exigu.
Les  grandes villes, la population (densité  supérieure  à 400- 117 en France), les activités portuaires et industrielles  gigantesques  sont entassées dans les étroites plaines côtières de la façade pacifique. Ce littoral est prolongé par de gigantesques terre-pleins artificiels.
Un peuple  de 126 millions d’habitants  qui se vit comme homogène,  ayant été longtemps isolé et fermé au reste du monde. Mais en oubliant  les Aïnous, les membres de la  minorité ethnique du nord  aujourd’hui moins de 15 000;  et aussi les parias de l’intérieur (burakumin ou eta, ), des sortes d’intouchables comme chez les hindouistes ( sujet tabou).
La religion dominante est le shintoisme, un culte national, animiste,  articulé autour de la figure de l’empereur.
Au XIX° siècle, il a été le seul pays d’Asie à refuser la colonisation,  mais a lui-même colonisé Corée et Taïwan. C’est aussi le seul pays d’Asie à s’industrialiser au XIX° siècle.
Vaincu en 1945, il est le seul pays au monde avoir été victime de bombes nucléaires. Avec la défaite, il est brutalement transformé par les occupants  qui  désacralisent l’empereur et écrivent la Constitution, déféodalisent la société et l’économie. Puis l’ancien ennemi de l’oncle Sam est choisi comme allié  et reçoit  le plan Dodge ( = Marshall), face à la Chine communiste devenant la deuxième puissance économique du monde.
Environ 57 000 soldats américains  y sont toujours stationnés en particulier à Okinawa.
Le Japon, dont la population  vieillit et qui est rétif à l’immigration,  est le leader mondial de la robotique, il fournit 52 % des robots industriels du monde et va très vite dans la conception de robots d’assistance, d’aide aux personnes.
Loin des anciennes images  guerrières du passé,  et de la figure de Godzilla, le soft power nippon s’est  déployé dans le monde entier par les mangas et l’esthétique quelque peu mièvre  d’Hello Kitty, qu’on retrouve sur tous les cartables des gamines de tous les continents.
Les Japonais appellent leur pays Nippon  ou Nihon ; pour Marco Polo, et Christophe Colomb qui voulait l’atteindre, il était Cipangu.

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SOURCE: https://www.cerfdellier.com/

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La viticulture pour la consommation de raisin de table est ancienne au Japon mais la culture de la vigne pour la production de vin remonte à l’ouverture du Japon à la culture occidentale sous l’ère Meji dans la deuxième moitié du XIXème siècle. En 2017, la production viticole du Japon était  d’un peu plus d’un million d’hectolitres mais seulement un cinquième de cette quantité provenait de vignobles japonais. L’encépagement total du pays est sujet à caution et varie de 17 600 hectares (Jancis Robinson: The Oxford Companion to Wine) à 30 000 hectares (Wikipedia) qui produisent 200 000 tonnes de raisins  dont seulement 10% sont utilisés comme raisins de cuve.  L’importation  de moûts ou de concentrés de raisins représentait les 4/5 de la production. Les statistiques de la « Japan’s National Tax Agency » indiquent  que 2/3 des vins consommés au Japon sont importés et sur les 3,5 millions d’hectolitres consommés dans le pays, seuls 3,7% sont produits dans le pays et seuls 18%-19% des vins élaborés au Japon le sont avec des raisins japonais. Les exportations de vins japonais sont marginales  avec seulement 580 hectolitres exportés en 2017.
La consommation intérieure est de 3,3 litres par habitant par an. On recense 280 exploitations viticoles dont 80 dans la région de Yamanashi.
Administrativement, le pays est divisé en 8 régions et 47 préfectures et les régions viticoles sont identifiées par les noms  des préfectures.

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SOURCE: Wikipedia.org
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VIGNOBLE DE YAMANASHI, TAILLE EN TANAJITATE.  SOURCE: terroirsdumondeeducation.com

HISTOIRE

L’histoire de la culture de la vigne au Japon semble être plus proche de la légende que de faits historiques réels mais deux théories s’affrontent  sans grands fondements historiques concrets.  La vigne aurait été introduite en l’an 718 par un moine  bouddhiste, Gyoki de haut rang en visite dans la région de Katsunuma qui planta des graines  et ordonna la construction du temple « Daizennji »  et ce sont les vertus médicinales des raisins qui auraient séduit les  religieux japonais locaux. L’histoire ou la légende ne disent pas si ce cépage était le koshu.
Ce cépage signature de la région, serait arrivé à Yamanashi de Chine par la Route de la Soie et aurait proliféré à l’état sauvage pendant longtemps avant qu’un habitant de la région de Katsunuma le découvre, le plante et s’aperçoive que ses grains de raisin sont de grande qualité. Le koshu est un Vitis vinifera que l’on trouve uniquement au Japon.  Il existe cependant plusieurs documents écrits qui attestent de culture de la vigne il y a environ 1 000 ans sans qu’on sache si ce cépage était le koshu.  Il semble  probable que les raisins étaient essentiellement produits pour la table comme c’est encore le cas aujourd’hui.
Il fallut attendre  l’arrivée des missionnaires jésuites portugais pour que la production et la consommation des vins soient documentées par des Européens. Ce n’est qu’en 1868, avec l’avènement de l’ère Meiji que le vin fut officiellement reconnu et sa production encouragée et en 1873 que les premières tentatives commerciales   d’élaboration de vin furent entreprises  à Yamanashi avec de l’équipement utilisé pour la production du saké. On doit certainement cette dynamique  à l’avènement de l’ère Meiji en 1868, lorsque le gouvernement encouragea  pour la première fois la production.
En 1877, la société « Great Japan Yamanashi Wine Company » fut fondée et elle envoya deux jeunes émissaires, Massanari Takano et Rryuken Tsuchiya  se former à la viticulture et  à la vinification en France. Ils y restèrent deux ans et à leur retour, ils commencèrent à élaborer du vin.
​En 1882, le phylloxéra arriva sur l’île, les dommages furent  cependant limités à certaines régions seulement mais l’élaboration du vin périclita par manque d’acceptabilité des consommateurs. Une production de guerre redémarra l’industrie viticole japonaise, certains domaines furent mis à contribution pour produire des vins pour les troupes engagées au combat et il existe encore des vestiges de cette période dans certains domaines.  Il fallut attendre l’après-guerre pour que la production redémarre mais principalement sous la forme de vins enrichis au sucre et au miel car les Japonais avaient du mal avec l’acidité des vins. En 1967, le Japon produisit 33 000 hectolitres de vin enrichi, un pic loin d’être atteint aujourd’hui avec des vins secs donc la production oscille aux alentours de
20 000 hectolitres.

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UNE CAMPAGNE PUBLICITAIRE POUR LE VIN SUCRÉ QUI FIT COULER BEAUCOUP D’ENCRE MAIS QUI MIT LE VIN SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE  SOURCE: Wikipedia.org

​L’accélération de la   consommation intérieure  est concomitante   des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, et de l’exposition universelle à Osaka en 1970. Durant les années 1970 et 1980, l’expansion de l’économie japonaise allait voir l’importation  et la consommation de vin bondir ce qui eut un effet positif sur la production locale et sur le vin japonais fait avec des cépages cultivés localement.
La transition entre la consommation de vins doux en une consommation de vin sec était en cours.  Mais faire des vins compétitifs  sur les marchés internationaux n’est pas une mince affaire sur une île qui renchérit les coûts et avec un climat plutôt favorable;   les  années 1980  furent une période de doute car beaucoup pensaient qu’il était préférable d’abandonner l’élaboration des vins avec des raisins japonais.
Mais les viticulteurs persévèrent et les années   1980 virent l’apparition des cépages internationaux  en particulier, le chardonnay, le merlot et le cabernet qui  furent introduits  dans les principales régions de production, Yamanashi, Nagano et Yamagata,  même si leur culture posa un vrai challenge pour les viticulteurs plus habitués aux hybrides résistants.
Les années 1990 et 2000 fut aussi une période  une réduction importante des taxes et la consommation continua de croître.
​La victoire de  Shinya Tasaki au concours  du Meilleur Sommelier du Monde en 1995  allait accroître le profil du vin et son appréciation dans la culture japonaise. Les bénéfices des polyphénols sur la santé allaient pousser les autorités viticoles à encourager la viticulture et l’élaboration du vin à partir de cépages cultivés uniquement dans le pays. L’absence de statistiques et de données viticoles rend l’évaluation de l’état actuel  de l’industrie viticole difficile mais en 2015, la production fut évaluée à 18 613 tonnes de raisins de cuve ce qui confirme  le pourcentage d’environ  10% de raisins destinés à la cuve et 90% consacrés à la table.
​​Il y a peu de producteurs indépendants sur l’île et l’industrie vinicole est dominée par de larges exploitations comme Suntory qui possède les marques Snaraku et  Manns et  Sapporo qui possède les marques Château Lion, Delica, et Kirin  et qui les distribue au travers de la « Mercian Corporation » qui possède aussi l’étiquette Château Mercian.
​Tous ces gros conglomérats élaborent la majorité de leurs vins avec des moûts importés en vrac et des concentrés de raisins. Les vins élaborés localement avec des produits importés doivent l’indiquer sur l’étiquette. Parmi les petits producteurs qui produisent des vins faits de 100% de cépages cultivés localement, on peut citer Marufuji, Kizan, Katsunuma Jozo, Grace (dans la préfecture de  Yamanashi), Takeda (Préfecture d’Yamagata) et  Tsuno Préfecture de Miyazaki).

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SHINYA TASAKI

CLIMATS ET SOLS

3000 km du nord au sud, des montagnes, des climats parfois extrêmes très variés, avec typhons inclus. Le Japon ne possède pas un climat idéal pour la viticulture avec une quantité de précipitations abondante  (1 700 mm par an), des températures plutôt basses pendant la période de maturation des raisins (18°C en août à Yamanashi), un ensoleillement limité et des typhons qui frappent l’île régulièrement. Vers le sud de l’archipel, le climat est de type subtropical.
Ces conditions ont d’abord poussé les viticulteurs à planter les vignes en pergola ou en taille horizontale appelée »Tanajitate » (棚仕立)  pour permettre aux grappes de se trouver à 1,5 ou 2 mètres du sol pour une meilleure ventilation et une meilleure résistance aux typhons. D’autres vignes sont plantées en Vertical Shoot Positioning (VSP) pour mieux contrôler les rendements. Dans les régions montagneuses  où l’ensoleillement est faible, comme à Tochigi, les vignes sont plantées à flanc de colline et les vignobles sont enherbés pour éviter l’érosion.
Les sols des vallées  sont d’origine alluvionnaire avec des limons sableux et argileux et ils sont plus colluviaux en altitude. L’activité volcanique au  Japon a produit de nombreuses zones  de sols ignés en particulier granitiques comme à  Yamanashi qui possède un sol majoritairement granitique.

Climat actuel

Climat futur

Source: https://www.semanticscholar.org/

RÉGIONS VITICOLES

Le Japon possède 14 régions principales de production ( noms en noir sur la carte) et elles portent le nom de la préfecture dans laquelle elles se trouvent. ​La région principale de production est Yamanashi qui produit 30% des vins du pays suivi de Nagano (23%) et d’Hokkaidō (17%). La superficie totale du vignoble pour les raisins de cuve est estimée entre 1 700 hectares (4200 acres) et 3 000 hectares (7413 acres). Pour plus de détails, cliquez sur le lien suivant: RÉGIONS VITICOLES JAPON

TAILLE EN PERGOLA, YAMANASHI. Source: terroirsdumondeeducation.com

​CÉPAGES

On trouve des cépages internationaux comme le cabernet sauvignon le merlot, le chardonnay et le müller-thurgau,   mais les viticulteurs ont tendance à préférer les cépages qui produisent des raisins de table aux prix plus bas comme le koshu, le kyoho, ou plus récemment le pione, un  hybride obtenu par croisement du kyoho  et de «cannon hall muscat». Les cépages nord-américains comme le Delaware et le Niagara, le muscat de Bailey A,  populaires après la guerre, ont tendance aujourd’hui à disparaître. Pour plus de détails sur les cépages du pays, cliquez sur le lien suivant:  CÉPAGES JAPON

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SOURCE: terroirsdumondeeducation.com

LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION

Ce n’est que le 17 juin 2015 qu’une législation nationale fut introduite pour les vins de l’archipel. Elle est sous le contrôle du « The National Tax Agency » (NTA)  qui règlemente principalement l’étiquetage des vins nationaux et de ceux qui sont élaborés avec des concentrés importés ou des fruits autres que les raisins.
​Le Japon a deux  préfectures qui ont été désignées Geographical Indications pour les vins, Yamanashi (山梨) 16 juillet 2013 et Hokkaido ( 北海道) 28 juin 2018.  Pour consulter le détail de la réglementation, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION JAPON

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