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MAROC

DESCRIPTION DU PAYS

Source: Wikimedia Commons

Rabat, la capitale. wikipedia.org

LE MAROC VU D’ AILLEURS

LE MAROC est un pays de  446 550  km² avec des  façades sur l’océan Atlantique  et la mer Méditerranée, de part et d’autre du détroit face à Gibraltar.  

C’est une monarchie, celle de la dynastie alaouite, originaire du Tafilalet (Sud-est du Maroc), d’origine arabe, une des six dynasties qui ont régné sur le Maroc, dont la capitale était Fès,  qui règne depuis le XVIIe siècle. Considérée comme appartenant à  la descendance d’Ali, gendre du prophète Mahomet.

L’histoire  avec  La France :  colonisation et décolonisation  au XX° siècle

En 1912, par le Traité de Fès le sultanat du Maroc devint un protectorat français (comme la Tunisie) après avoir conservé son indépendance contre vents et marées pendant douze siècles ! L’Empire chérifien -nom du Maroc jusqu’en 1957- est cependant administré comme une colonie, comme l’Algérie. Parallèlement est instauré un protectorat espagnol à la même date.

La conquête du territoire ne fut pas pour la France (et l’Espagne) une promenade de santé. Les armées coloniales durent vaincre la résistance des nationalistes emmenés par un jeune chef berbère, AbdelKrim, qui du haut de ses montagnes les défia dans La Guerre du Rif entre 1921 et 1926.  Le futur général Franco partit du Rif  « pacifié » pour accomplir son coup d’État militaire.

Source: non identifiée

 A partir de 1945, la décolonisation s’affirma peu à peu, au Maroc avec l’Istiqlal ( parti de l’indépendance),  et en décembre 1952, les États arabes réussirent à faire inscrire la question marocaine à l’ordre du jour de l’ONU. A l’été 1954, Pierre Mendès France, le président du Conseil mit fin avec courage à la guerre d’Indochine ( après Dien Bien Phu) qui durait depuis 1946.  Pour pouvoir garder l’Algérie, où 1/10° des habitants sont des Français, où une vague d’attentats va déferler à la Toussaint 54, il amorça dans le discours de Carthage des négociations qui aboutissent à l’indépendance de la Tunisie et du Maroc, signée en 1956 avec Mohammed ben Youssef —le  futur roi Mohammed V-. Idem pour les territoires espagnols.

Mais il reste deux enclaves étrangères : Ceuta  et Melilla. Et surtout le conflit jamais réglé de la possession de l’ex- Sahara espagnol.

Une population de  34 millions d’hab.  Les Berbères peuplaient le Maroc avant l’arrivée des Arabes. Ils s’en distinguent par leur langue. Ils sont concentrés surtout dans les régions montagneuses et la zone sud limitrophe du Sahara,  dans l’Anti-Atlas. Sont Berbères  ceux qui parlent Berbère. Eux même se dénomment imazighen (sing.amazigh = hommes libres). Ils se distinguent aussi par des spécificités dans la culture matérielle du quotidien et les pratiques religieuses. Et il y a des distinctions dans la famille linguistique, comme pour les Kabyles. Il existe un amazighe standard  marocain, langue officielle depuis la Constitution de 2011. Et depuis un vote des les députés marocains en 2019, elle est enseignée dans les écoles du Maroc.

Des villes marocaines devenues mythiques attirèrent des gens célèbres, des écrivains et des  intellectuels, Barthes à Rabat,  Y.St-Laurent et Pierre Bergé à Marrakech à  La Mamounia , le prestigieux hôtel des années 1920 aux plafonds peints par Jacques Majorelle), Maurice Ravel, Winston Churchill, Joséphine Baker, Édith Piaf et bien d’autres. En 1947, l’écrivain américain Bowles s’installa à Tanger, où il reçut entre autres Truman Capote, Tennessee Williams et Gore Vidal. Ils furent suivis, au cours des années 1950, Allen Ginsberg et William S. Burroughs.

La Mamounia. Source: wimipedia.org

Les touristes se pressent à Marrakech dont les souks de la médina sont de véritables labyrinthes d’échoppes et d’ateliers artisanaux, organisés par quartiers et par métiers et regroupent plus de 3000 artisans marocains pour une vingtaine de corporations. Les ryads  (demeures urbaines traditionnelles disposant d’un patio central ou d’un jardin intérieur, souvent restaurés),  dans les médinas des villes  attirent les visiteurs..

Trois grands personnages (entre autres).

Tariq ibn Ziyad, né en 670 au Maroc, appelé Tariq ou Tariq le Borgne fut l’un des principaux acteurs de la conquête musulmane de la péninsule ibérique.

 Ibn Battuta né en 1304, d’origine berbère, certainement le plus grand voyageur de tous les temps, aurait parcouru plus de 120 000 kilomètres pendant 20 ans, traversé l’Afrique du Nord, l’Europe et pratiquement toute l’Asie, fait six pèlerinages vers la Mecque. Ses aventures furent racontées par le lettré Ibn Juzayy al-Kalbi dans son ouvrage Voyages (Rihla) dont la page Wikipedia est traduite dans 125 langues.

Mohammed Ben Abdelkrim Al-Khattabi, dit Abd El-Krim, « Le Lion du Rif », après des années de guerre, il décida de rendre les armes, en 1926. Il est condamné à l’exil à La Réunion, s’échappe à l’escale à Suez, et  il  passe la fin de sa vie en Égypte, où il préside le « Comité de libération pour le Maghreb ». Installé au Caire, il mit en œuvre sa stratégie : une lutte armée coordonnée à l’échelle maghrébine. Soutenu par Nasser qui lui accorde des funérailles nationales en 1963, sa dépouille repose au Caire dans le carré réservé aux héros du monde arabe. Toute sa vie durant, il refuse de retourner au Maroc, critiquant « le compromis » des accords de l’indépendance. Ho Chi Minh le nommait « le précurseur, il fut honoré par Mao Tse Toung, Ghandi et Tito, Ernesto Guevara « Le Che » lui rendit visite au Caire en 1959, les surréalistes en France manifestèrent en solidarité avec les Rifains aux cris de « Vive Abdelkrim ». Louis Aragon dit que « Abdelkrim fut l’idéal qui berça notre jeunesse ».

De nos jours, le secteur du tourisme joue un rôle important dans l’économie marocaine ( 6.9 % du PIB). Les recettes représentaient près de 51 % des exportations de services en 2018 et près de 5 % de l’emploi total. En 2018, le pays a enregistré 12.3 millions d’arrivées internationales. 57.5 % provenaient de France, d’Espagne et d’Allemagne, qui restent les trois premiers marchés.

 En France le Maroc est montré du doigt, accusé d’être le principal fournisseur du cannabis ( herbe et résine) pour l’Europe  et la France en particulier. Les principales zones de production (Ketama et Chefchaouen) situées dans la province de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma font vivre entre 90 000 et 140 000 personnes, de la culture à la revente.

Le  Maroc est un pays pauvre, à preuve le taux élevé de la mortalité infantile 21,1/°° ( 3/ °° en France), le  faible taux d’alphabétisation: : 68,5%, et sans doute l‘importance de l’ émigration, estimée à  4,5 millions de personnes. En France c’est la  deuxième plus importante nationalité non-européenne, avec 755 400 personnes.

Deux écrivains très différents :  Mohamed Choukri ( 1935-2003), fils d’une famille marocaine  très pauvre, apprit  à lire à 20 ans,  sans domicile, voleur, contrebandier d’occasion et prostitué ; il écrivit  en arabe classique  « Le pain nu »,  publié en 1973. Ce livre créa le scandale, car il abordait des sujets tabous dans la société nord-africaine de l’époque,  la drogue, la violence, ou la sexualité dont la prostitution. Il fut traduit par Tahar Ben Jelloun, l’écrivain franco-marocain, universitaire, qui lui  reçut le prix Goncourt en 1987 pour « La nuit sacrée ». Le 1er février 2008, il reçoit des mains du président de la République française Nicolas Sarkozy la croix d’officier de la Légion d’honneur en  2007

Mohamed-Choukri. Source: http://discoverymorocco.net/grand-mohamed-choukri-vie-oeuvre/

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La viticulture au Maroc s’étend sur une superficie qui varie selon les sources mais qui se situe aux alentours de 6 500 hectares (il n’existe pas de registre ou casier viticole) pour les raisins de cuve qui produisent environ 300.000 hectolitres de vin, dont plus de 50% de qualité supérieure et la majorité (environ 94%) est consommée localement. Avec plus de 40 millions de bouteilles par an, le Maroc est même parmi les grands producteurs de la région. La région de Meknès embouteille 60% de tout le vin marocain.

La production marocaine est constituée pour 77% du vin rouge marocain, 6,6% du vin blanc et 16,4% du vin rosé et gris. Le vin gris est uniquement produit au Maroc. Les cépages sont à prédominance rhodanienne comme la syrah, le grenache et le carignan mais on trouve aussi du cabernet sauvignon et du merlot. Les vins blancs sont produits majoritairement avec le chenin blanc, le sauvignon blanc, le sémillon et le chardonnay. Le pays exporte environ 15% de sa production principalement vers les États-Unis, le Japon et la Chine et en Europe, vers les Pays-Bas, la France et la Belgique. Le Maroc est également le deuxième exportateur de vin en Afrique après l’Afrique du Sud. Le pays importe 15% des vins consommés, principalement de France (75%) et d’Italie (9%).

En 2018, les Marocains ont consommé 38 millions de bouteilles de vin. La consommation intérieure par capita est de 0,8 litre par an.

HISTOIRE

Le Maroc se trouve dans l’aire de répartition de l’espèce sauvage originelle Vitis vinifera L. ssp. sylvestris (Gmelin) Hegi, dont les cépages  de Vitis. vinifera L. ssp. sativa ont été domestiqués. Des plantes sauvages présumées de Vitis Vinifera peuvent encore être trouvées dans les vallées fluviales des montagnes du Riff et de l’Atlas au Maroc. Avant l’introduction de la viticulture, les baies de raisin sauvage étaient régulièrement consommées comme un fruit par les populations berbères des montagnes de l’Atlas.

On doit l’introduction de la viticulture dans les régions maghrébines aux Phéniciens (1200-300 A.V.J.C.) qui ont développé une culture commerciale maritime grâce au précieux bois de cèdre du Liban qui leur ont permis de construire des navires robustes. Ils ont ainsi étendu leur influence du Levant à l’Afrique du Nord, aux îles grecques, à la Sicile et à la péninsule ibérique.  C’est au IXe siècle av. J.-C., que les hardis commerçants phéniciens, atteignirent les côtes marocaines et notamment le littoral atlantique.  Ils y fondèrent de nombreux comptoirs qui serviront de bases à de nombreuses cités romaines puis arabes (dont les principaux furent Tingis et Lixus, actuelles Tanger et Larache, ainsi que Thymiatéria (Mehdia), Chellah, près de Rabat, Azama et Rusibis, et Cerné, localisée à Essaouira ou plus au sud à Dakhla.

L’expansion Phénicienne. Source: inconnue via Maxime Blondeau

Leur sens du contact et du commerce (encore visible aujourd’hui) leur ont permis de diffuser non seulement leur alphabet mais aussi leur connaissance de la viticulture et de la vinification, y compris la propagation de plusieurs variétés ancestrales de l’espèce Vitis vinifera de raisins de cuve. Les traités agricoles de l’écrivain carthaginois Mago sont parmi les premiers textes les plus importants de l’histoire du vin pour enregistrer les connaissances anciennes de la vinification et de la viticulture. Bien qu’aucune copie originale des œuvres de Mago (Magon) ou d’autres écrivains viticoles phéniciens n’ait survécu, il existe des preuves à partir de citations d’écrivains grecs et romains tels que Columella que les Phéniciens étaient des vignerons et des viticulteurs patentés. Le Carthaginois est considéré comme le plus vieil auteur sur le vin au monde. On sait peu de choses sur ses dates et sa vie, il a probablement vécu au IIe siècle av. J.C. Une partie de ses écrits est rassemblés l’ouvrage dans « De re rustica » (1), (des affaires rurales) en 28 volumes en punique sur l’agriculture, y compris la viticulture. Les Phéniciens étaient capables de planifier les plantations des vignobles en fonction du climat et de la topographie favorables, par exemple de choisir le bon côté de la pente pour les y implanter. Ils produisaient une grande variété de styles de vin différents allant des vins de paille élaborés à partir de raisins secs, un exemple précoce de la retsina grecque, à base de résine de pin comme ingrédient. Les Phéniciens ont également répandu l’utilisation d’amphores (souvent appelées « jarres cananéennes ») pour le transport et le stockage du vin.

(1) Le De re rustica est une réunion des plus célèbres textes laissés par les auteurs latins de l’Antiquité (Caton l’Ancien, Varron, Columelle, Palladius) sur les matières d’agriculture et de vie à la campagne. La première édition du recueil est de Venise en 1472. Il existe diverses éditions incunables de Bologne et de Venise.

À la fin des Guerres Puniques, la région passa sous le contrôle de Rome. Les paysans de ces régions bénéficièrent de conditions favorables, étant obligés de ne payer qu’un tiers de leur récolte aux propriétaires terriens. La législation romaine permettait aux paysans de cultiver des vignes, des oliviers et d’autres arbres fruitiers dans des zones vallonnées qui avaient été abandonnées par leurs propriétaires privés sans payer de loyer les cinq ou dix premières années. La mise en culture de ces espaces a été rendue à la fois possible et nécessaire par l’accroissement considérable de la population qui s’est produit aux Ier  et II e  siècles. Un autre but des lois était d’encourager la culture de la vigne et de l’olivier en Afrique. La culture de l’olivier et de la vigne connut ainsi un fort essor dans des régions déjà cultivées, comme la Byzacena, et dans des régions pionnières en Numidie et au-delà en direction du Tell de Mauritanie. La culture du blé s’inscrit dans le sillage de ces cultures, et dès le IIe siècle la Numidie commença à jouer un rôle important dans l’approvisionnement de Rome. Il semble que l’Empire Romain ait considéré l’Afrique du Nord comme son grenier à graines et se soit concentré sur la Gaule pour le développement de la viticulture qui resta sans doute locale en Afrique du Nord sous l’Empire Romain.

Mais, le vin était suffisamment important pour qu’on le célèbre avec un dieu. Dans les ruines romaines de Volubilis, près de Meknès, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO se trouve une mosaïque qui représente Bacchus, le dieu du vin.

Rome cède la place à l’Empire Byzantin en 333 A.P. J.C., et même si l’occupation byzantine, est perpétuellement menacée par les wisigoths d’Espagne et par celle des Maures, elle va cependant subsister jusqu’à la conquête musulmane du Maghreb au début du VIIIe  siècle.

Mosaïque de Bacchus de Vollubilis. Source: wikipedia.org

Parlant du vin en terre d’Islam, Fernand Braudel le qualifie de « clandestin infatigable ». Clandestin, mais visible. Si l’on se réfère essentiellement à l’époque islamique, depuis Al-Bakri (un historien andalou arabe, 1040-1094) jusqu’aux textes de l’ère précoloniale, il est établi que les gens consommaient du vin. Georg Host, consul danois au Maroc de 1760 à 1768, en atteste : « II est bien connu que, d’après leurs lois, les Maures ne doivent pas boire de vin ni rien qui puisse enivrer, mais ils le font quand même secrètement, certains chez des esclaves chrétiens qui en font commerce, d’autres chez les juifs ; d’autres encore dans leur jardin hors de la ville, pressent le raisin et en laissent fermenter le jus dans de grandes jarres de terre cuite ». La consommation de vins n’était pas uniquement l’apanage des classe sociales aisées.

À Fès, « près du cimetière Sidi Abi Ad-diab, les gens de la basse société avaient aussi l’habitude de s’enivrer ». À la base, en matière de production, les rapports entre paysans musulmans, propriétaires de vignes, d’une part, et juifs et chrétiens, de l’autre, sont bien établis, les premiers fournissant aux seconds les raisins nécessaires pour la production du vin.

Cependant, l’attitude des fuqaha (spécialistes de la jurisprudence islamique) est strictement prohibitionniste. Le vin est considéré comme illicite, diabolique. Pourtant, Le sheikh Al Janawi, orateur à Fès, considère que l’alcool reste licite si le buveur le prend avec modération et garde une conduite raisonnable. Cela illustre bien l’ambiguïté de l’Islam vis et vis de la consommation d’alcool.

Al Bakir. Source: non identifiée

Dans le Maroc portugais (15 août 1415 – 11 mars 1769), les Portugais plantèrent de la vigne lors de leur installation à Azemmour, Safi et El Jadida, préfiguration des vignobles actuels des Doukkala[1].

La domination des Maures sur la région durera jusqu’au début du XXe siècle. À la suite du traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l’organisation du Protectorat français dans l’Empire chérifien (le Maroc), le Nord et le Rio de Oro sont attribués à l’Espagne, tandis que les régions centrales avec leurs villes principales et la côte atlantique où se situent les grands ports reviennent à la France. À cette date, même si la production et la consommation de vin ont toujours été possibles, on ne recense qu’environ 2 000 hectares de vignes au Maroc produisant majoritairement des raisins de table. La population des colons augmenta rapidement et elle passa de 65 0000 en 1911 à 207 000 en 1936. La demande en vin des immigrants dépasse la production locale et le Maroc doit importer 18 millions de litres de vin par an. Les emprunts accordés par le gouvernement aux agriculteurs vont déclencher une furia de plantation de vignes si bien qu’en 1938, la production locale passe de 6 millions de litres à 70 millions de litres. Les importations de vin au Maroc passent de 26 millions de litres en 1922 à 5,5 millions de litres en 1933. Dans les années 1930, on recensait 78 000 hectares de vignes dans le pays. Mais quand la production locale dépassa la demande et que le pays est prêt à développer ses exportations, les marchés étaient déjà saturés de vins algériens et tunisiens, des pays qui avaient aussi pratiqué une politique expansionniste de leurs vignobles. Les exportations de vins marocains n’atteindront au mieux que 15 % de la production du pays entre 1955 et 1964. 


[1] Le territoire du Maroc portugais commençait à Boujdour (Sahara occidental) comprenant ainsi les villes de Agadir (Santa Cruz do Cabo de Gué, en portugais), Essaouira, Casablanca (Anfa en portugais), Safi, El Jadida (Mazagan en portugais), Kénitra et suivait toute la côte atlantique marocaine jusqu’à Ceuta, où il contrôlait la navigation, le passage et les accès de la Méditerranée, au détroit de Gibraltar. Source: wikipedia.org

Vignoble de Doukkali. Source: https://leraisindoukkali.business.site

C’est beaucoup moins que l’Algérie qui exporte 50% de sa production mais le Maroc a été colonisé plus tard, sous le statut du Protectorat, et avait des conditions moins préférentielles que l’Algérie qui elle, était une « vraie » colonie française et dont les vins n’étaient soumis ni aux droits de douane ni au système de quotas imposé aux vins marocains. Dès lors la production française était de retour à la normale après l’épidémie de phylloxera et la France imposa des tarifs d’importation plus élevés au Maroc. Dans un premier temps les vins marocains servaient de vin de coupage pour les domaines français mais la législation française interdit cette pratique en 1930. Cette interdiction conjuguée à la chute des prix, conséquence de la crise de 1929, précipita une dégringolade des exportations. De plus en 1935 et 1937, deux lois furent introduites qui interdirent les plantations de nouveaux vignobles (le Statut Viticole) et la replantation respectivement. Le phylloxera arriva au Maroc en 1935 si bien que le vignoble marocain passa de 26 000 hectares à 18 000 hectares. La deuxième Guerre Mondiale stimula la demande, et la consommation locale augmenta avec l’arrivée des troupes françaises en 1942. Le Statut Viticole fut abrogé et les restrictions de plantation libéralisées. Après la guerre,  la production marocaine augmenta et comme la France avait besoin de vin, un accord fut conclu avec le Maroc en 1948. Et pour annuler les droits d’imporation le roi du Maroc, Mohammed V, autorisa la plantation de 10 000 hectares de vignes en 1943 et de 3 000 hectares en 1953, la surface viticole fut multipliée par quatre et passa de 20 000 hectares en 1946 à 70 000 hectares en 1956, la production fut multipliée par 6 et passa de 30 millions de litres à 200 millions de litres. Le Maroc acquit son Independence en 1956 et la France imposa des droits de douane et la conjugaison de ces droits avec la chute de la demande intérieure, la perte du savoir-faire dans le vignoble et dans la vinification causèrent   l’écroulement de l’industrie viticole marocaine. La France décida en 1967 d’éliminer les quotas préférentiels et les exportations marocaines chutèrent de 170 millions de litres en 1959 à 70 millions de litres en 1968. Le départ des Français causa une diminution de 70% de la consommation intérieure. Les Marocains tentèrent bien de rediriger les exportations vers l’Allemagne, la Côte d’Ivoire et le Sénégal mais à des prix au-dessous des prix de production.  Les vignobles marocains furent repris par la SODEA (Société de Développement Agricole) établie en 1972, ce qui était de facto une nationalisation de la majorité des vignobles marocains. Mais depuis une trentaine d’années, le Maroc semble tirer son épingle du jeu avec une politique nationale favorable et des investissements privés français qui apportèrent non seulement des capitaux mais aussi des compétences vitivinicoles modernes.

Source: non identifiée

Au début des années 1990, à l’initiative du roi Hassan II, le Maroc, avec le soutien des banques et l’octroi de terres pour la viticulture, attira des compagnies comme William Pitters et le groupe Taillan qui commercialisent leurs vins en France. Des terres furent aussi accordées aux investisseurs et aux viticulteurs marocains qui purent ainsi acquérir les chais laissés vacants par les colons rentrés au pays. Le rôle de la SODEA qui contrôlait 60% des vignobles nationaux en 2 000 fut réduit par le gouvernement et la superficie viticole chuta de 20% en six ans de 57 000 hectares et de 46 000 hectares en 2013, et de nombreux vignobles furent convertis en pâturages. Le gouvernement décida en 2008 de louer les terres viticoles de la SODEA et les acteurs privés déjà présents au Maroc en profitèrent pour étendre leur superficie viticole. Les Celliers de Meknès, filiale de Diana Holding, détiennent aujourd’hui 2 500 hectares  et assurent  85% de la production nationale. Le groupe français Castel et Les Deux Domaines sont parmi les producteurs de vin les plus connus au Maroc. Le partenariat entre le secteur privé et l’État devrait permettre au Maroc de monter en gamme d’autant plus que le pays possède des terroirs d’altitude ou proches de la mer pour pouvoir faire face au réchauffement climatique.

Depuis 2011, le nouveau gouvernement d’Abdel-Ilah Benkiran, leader du parti islamiste « Justice et développement », a créé un autre climat politique beaucoup moins favorable à la consommation du vin par les Marocains eux-mêmes. La fermeture des rayons de boissons de plusieurs supermarchés importants et l’augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées de 450 à 500 dirhams par hectolitre a occasionné une baisse importante de la consommation intérieure. En janvier 2013, les ventes ont quasiment diminué de moitié (- 46,14 %) mais la baisse semble avoir été transitoire.

La victoire du Rassemblement national des indépendants (RNI) de 2021 et la déroute du Parti de la justice et du développement (PJD), à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie devrait permettre le retour des conditions plus apaisées pour la consommation du vin au Maroc.

CLIMAT

Le Maroc se caractérise par une grande variété de topographies et de paysages allant des montagnes et des plateaux aux plaines, oasis et dunes sahariennes. Pour cette raison, le pays connaît des conditions climatiques diverses avec une grande variabilité spatiale et intra- et interannuelle des précipitations. Le Maroc est confronté à des régimes pluviométriques irréguliers, à des vagues de froid et à des vagues de chaleur entraînant de plus en plus des sécheresses, ce qui impacte d’une manière significative l’agriculture.

Généralement, trois zones environnementales principales sont reconnues au Maroc.

Les plaines et plateaux côtiers : la région côtière au nord a un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et humides. Les précipitations varient de 800 mm au nord (plaine du Gharb) à moins de 200 mm dans la vallée du Sous au sud.

Les régions montagneuses du Rif et de l’Atlas. Le climat varie avec l’altitude dans les régions montagneuses du Maroc, qui représentent 80 % du territoire. Les régions montagneuses ont des précipitations plus élevées, des températures plus froides et de la neige hivernale là où l’altitude dépasse les 2 000 mètres.

Le désert au sud-est. Cette région se caractérise par la rareté des pluies, des températures estivales élevées et des nuits d’hiver très froides.

Les températures dans les régions côtières oscillent entre 22-25°C en été (JAS) et 10-12°C en hiver. Les températures tout au long de l’année sont considérablement inférieures à cette plage aux altitudes plus élevées des montagnes de l’Atlas. La saison des pluies dure entre novembre et mars, affectant uniquement le nord du Maroc, avec une moyenne de 50 à 100 mm par mois.

L’intérieur du Maroc près de sa frontière à l’est, connaît de fortes variations saisonnières de température, avec des températures moyennes de 25 à 30°C en été chutant considérablement en hiver à moins de 15°C.

Par ailleurs, les conditions climatiques prédominantes au Maroc sont caractérisées par des périodes prolongées de périodes sèches et des périodes humides avec un régime de précipitations irrégulières, associées à de faibles probabilités d’occurrence. La variabilité interannuelle des précipitations est également élevée. Du fait de l’aridité et de la variabilité des précipitations, le Maroc est extrêmement vulnérable à la sécheresse qui représente un phénomène structurel récurrent. Le changement climatique global aggravera les problèmes existants. En effet, le pays fait déjà face à des épisodes de sécheresse plus fréquents, plus intenses et plus longs.

Climat actuel

Climat futur

SOLS

La répartition des sols du Maroc par région s’établit comme suit:

RÉGIONS VITICOLES

Le Maroc est divisé en cinq régions viticoles, elles-mêmes divisées en 14 zones avec le statut d’Appellation d’Origine Garantie (AOG). Il existe aussi trois Appellations d’Origine Controlée et un Premier cru. Pour consulter le détail des régions viticoles du Maroc, cliquez sur le liens suivant: MAROC RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Il existe une liste de 30 cépages autorisés au Maroc pour l’élaboration des vins d’appellation. Le Maroc est principalement un pays de producteur de rouge et le cépage le plus planté est le cinsaut. Pour consulter le détail des cépages du Maroc, cliquez sur le lien suivant: MAROC CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

Les législations du Maroc sont très largement inspirées du modèle français. La législation en vigueur date de 1977 à laquelle sont vens se greffer plusieurs autres textes législatifs définissant les AOGs et les AOCs. Pour consulter le détail de la législation et de la règlementation, cliquez sur le lien suivant: MAROC: LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

NOS PARTENAIRES POUR LE MAROC