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PALESTINE

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

Le mont du Temple, disputé entre Israël et la Palestine. LSource: Par Andrew Shiva / Wikipedia, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/

LA PALESTINE VUE D’AILLEURS

La Palestine est un pays (un État) pour 138 pays (l’ONU compte 193 États membres) et et elle n’est pas un pays pour 58 autres (Amérique du Nord, la plupart des pays d’Europe, Corée du Sud, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande).

Pour la désigner, en 1843, le révérend écossais Alexander Keith utilisa le premier le slogan  célèbre :  « Une terre sans peuple ( = la Palestine)  mais il avait des habitants pour un peuple sans terre  ( = les juifs,  peuple ou religion ? victimes de  pogroms, en butte à l’ antisémitisme).  

La région historique de Palestine correspond aux territoires actuels situés à l’ouest du Jourdain et inclut l’État d’Israël, les territoires palestiniens occupés, une partie du royaume de Jordanie, le Liban du sud et le plateau du Golan.

La Palestine avait vécu sous la présence arabe (638 à 1096) puis  celle des Mamelouks  puis des Ottomans  (1244 jusqu’au XVIIe siècle).

       Au lendemain de la guerre de 1914 l’Empire Ottoman qui s’était allié aux Puissances Centrales, fut vaincu et dépecé.  La France reçut la Syrie en mandat, elle en détacha le Liban puisqu’il y avait des chrétiens. La Palestine elle, fut placée sous tutelle britannique. Dans les années 30, la situation y devint intenable, entre les Arabes sur place et les colons juifs sionistes qui arrivaient de plus en plus nombreux depuis la seconde partie du XIXe siècle depuis les années 30, face à la montée du nazisme.   Les deux parties légitimaient leur présence d’abord par un récit (présence millénaire versus récit biblique), puis par la force.  La puissance mandatrice, impuissante face à la violence annonce son retrait. En novembre 1947 l’ONU – nouvellement créée – vote le partage du mandat britannique en deux États nouveaux : la Palestine   et le nouvel  venu Israël.  Et ils devront cohabiter. Mais entre le vote du plan de partage et la fin officielle du mandat britannique en mai 1948, la Palestine connaît une véritable période de guerre civile entre les communautés juive et arabe, dont la violence ira croissant. Les Britanniques, qui sont censés y garantir la sécurité, préfèrent organiser  leur retrait et n’interviennent que ponctuellement.

Le 30 novembre 1947, le lendemain du vote du plan de partage de la Palestine, les forces paramilitaires juives affrontent les irréguliers arabes palestiniens et les volontaires de l’Armée de libération arabe, tandis que les Britanniques, qui sont responsables de l’administration du pays, l’évacuent. Les forces palestiniennes sont défaites, plusieurs villes mixtes, à l’exception notable de Jérusalem, sont sous le contrôle des forces juives et 350 000 à 400 000 Palestiniens ont déjà pris les routes de l’exode, fuyant les combats ou expulsés de leurs villages par les forces juives, notamment à partir fin mars 1948.

Le 14 mai 1948 à minuit, le mandat britannique sur la Palestine s’achève officiellement. L’État d’Israël est proclamé dans la journée sur une partie du territoire. Au vu de la situation catastrophique des forces arabes, les États arabes voisins, qui contestent la création d’Israël, décident d’intervenir. La guerre israélo-arabe de 1948-1949 débute le 15 mai 1948, au terme du mandat britannique. Après six mois de guerre civile intense entre populations juive et arabe, elle constitue une escalade géopolitique de grande ampleur et oppose Israël, qui vient de proclamer son indépendance la veille, à une coalition arabe de plusieurs pays de la région, politiquement et géographiquement divisés, mal armés.  et tentent d’envahir ancienne Palestine mandataire.  Du 15 mai au 11 juin sans succès après de lourdes pertes, et à bout de force, acceptent la trêve d’un mois demandée par le médiateur de l’ONU.

Les combattants  juifs  supérieurs en nombre de combattants et en armement prennent  le contrôle de toute la Galilée, du sud-ouest de la Samarie, de la majeure partie de la zone côtière, de l’ouest de la Judée jusqu’au secteur de Jérusalem, et enfin du Néguev. Entre 15 mai 1948 et mi-avril 1949, plus de 350 000 Palestiniens prennent la route de l’exode, fuyant les combats ou expulsés des zones contrôlées ou conquises par Israël.

Le 17 septembre,  l’assassinat du  médiateur de l’ONU Bernadotte a  été décidé ,  disent les historiens au plus haut niveau du pouvoir israélien.

Différents cessez-le-feu israélo-arabes sont conclus entre février et juillet 1949. La  guerre israélo-arabe débouche sur la perte pour le futur État palestinien de l’ensemble de son territoire. Or, un Etat sans territoire n’est plus un Etat. En ce sens, la Palestine a perdu son statut d’Etat.

 La solution imaginée, le plan de partage, par les deux États autonomes n’a jamais abouti et au fil du temps s’est de plus en plus éloignée. La question était compliquée d’emblée, et depuis 1947 d’ailleurs la petite région a été secouée par des guerres multiples, (1948,  puis 1956, 1967, 1973, 1980, 1980, 1982…). Et de nombreux épisodes violents tragiques  n’ont pas manqué  ( exodes  forcées  suite aux expropriations,  et  plus tard : des détournements d’avion  de ligne vers Alger,  des Intidada(s)  (guerre des pierres),  des attentats et  des tirs de roquettes ….

Les acteurs qui ont pesé sur le destin de cette petite région du monde sont nombreux, plus ou moins puissants : les populations locales, Arabes palestiniens, et colons sionistes qui arguent chacun d’une présence millénaire, voire biblique, et puis les voisins  arabes  immédiats, et  puis  surtout les grandes puissances, car la région devient aussi  un enjeu dans  la Guerre Froide.

Et au fil du temps, depuis le plan de l’ONU,   la Palestine, c’est-à-dire le territoire des Palestiniens se réduisit comme peau de chagrin,  par l’implantation de « colonies » juives  alors que celui administré par l’État israélien s’étendait. Les cartes successives sont éloquentes.

La zone B : 24% du territoire est sous contrôle civil palestinien et sous contrôle militaire conjoint israélo-palestinien et comprend essentiellement des communes rurales et des villages.

          Et alors qu’en Europe le mur de Berlin est tombé, au Levant, un autre mur, de 700 km est construit qui encercle « les territoires » truffés de colonies israéliennes.

          Et pour ne pas simplifier, un facteur de blocage supplémentaire est toujours brûlant,  Jérusalem, la ville  lors du partage avait été internationalisée, la capitale d’Israël  devint Tel Aviv. en effet  Jérusalem  est une ville sainte pour les trois monothéismes : judaïsme, christianisme avec sa branche orthodoxe, et islam, chacun y possède des lieux symboliques et sacrés.   Des micro-affrontements y sont fréquents.

Y-a-t-il des solutions ?  Plusieurs Etats arabes « normalisent » leurs relations avec l’Etat d’Israël.  La cause des Palestiniens   semble perdue, eux-mêmes se divisant parfois jusqu’au conflit.

Certains pensaient que l’Etat d’Israël  souhaiterait que les Palestiniens se réfugient – tous- en Jordanie….

L’attaque menée par le Hamas à partir de la bande de Gaza le 7 octobre 2023, suivie d’une tuerie fit plus de 1000 morts et l’enlèvement de plus d’une centaine d’otages de tous âges aggrave la tension, réinstalle la guerre dans le territoire d’Israël..

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La viticulture en Palestine est aujourd’hui réduite aux enclaves palestiniennes de la Cisjordanie (West Bank), la bande de Gaza ne produit pas de vin. La Palestine est l’un des pays fondateurs de la viticulture moderne avec les autres pays du Levant dont l’histoire viticole remonte, selon les dernières recherches, à environ 10 000 ans. La viticulture s’est orientée vers la culture de raisins de table depuis la colonisation musulmane au VII°e siècle. L’arrivée massive de colonies juives au XIXe a donné un nouvel élan à la viticulture de la région avec les cépages internationaux qui sont aussi utilisés par les Palestiniens pour élaborer des vins. Cependant, les producteurs palestiniens utilisent aussi les cépages autochtones de la région pour affirmer leur appartenance ancestrale à la terre et la notion de terroir se confond presque aujourd’hui avec la notion de territoire. Il existe de nos joursune douzaine de domaines palestiniens dont la production totale n’est pas exactement connue, mais qui se compte, tout au plus à quelques dizaines de milliers de caisses. Cela représente quelques dizaines d’hectares de vignes pour la viticulture palestinienne.  La production est entravée par des contraintes imposées par les Israéliens sur les zones de viticulture, sur l’eau, sans parler des menaces constantes de colonisation illégale des Israéliens et des contraintes bureaucratiques qui parfois frisent la discrimination.

Les exportations de cette production locale sont aussi entravées par le fait que certains des principaux pays de l’Union Européenne et les États-Unis ne reconnaissent pas la Palestine comme un Etat, les vins doivent être étiquetés Cisjordanie (West Balnk) ou Israéliens.

HISTOIRE

Préambule

La notion de terroir est bien connue dans le monde du vin et elle indique l’appartenance d’un vin à un lieu défini par de multiples facteurs (climat, géographie, sols etc.). En Israël et en Palestine, cette notion est en passe de devenir un critère de suprématie culturelle voire de revendication de certains territoires perdus durant les divers conflits au XX° siècle qui ont émaillé l’histoire récente de la région. Les Palestiniens chrétiens, qui avaient depuis longtemps la maitrise de la viticulture et du vin sur le territoire ont identifié des cépages autochtones et ils ont été les premiers à en faire du vin. Ils signaient ainsi l’enracinement de la culture viticole à la terre mais aussi le renouveau de la viticulture palestinienne. Les Israéliens, un moment pris de court, leur ont vite emboité le pas, car pour eux   c’est l’affirmation qu’ils ne sont pas des colons et ils revendiquernt des liens ancestraux avec la terre. Ils nient que ce sont les Palestiniens qui cultivent les raisins autochtones depuis des siècles dans le cadre d’une tradition vitivinicole chrétienne ininterrompue et que la viticulture israélienne ne s’est développée qu’avec les cépages internationaux -français-. Quant aux juifs israéliens intégristes ils veulent recréer le vin que buvaient Jésus et le roi David [i] et la recherche sur les raisins indigènes restaurera les vins du Saint Temple [ii].


[i] [3] Judi Rudoren, “Israel Aims to Recreate Wine That Jesus and King David Drank,” New York Times, November 29, 2015.

[ii] [4] Shimon Cohen, “The Study That Will Reconstruct the Wines of the Holy Temple,” Channel 7, March 26, 2014.

Pourtant, ces deux populations partagent une très longue histoire dans laquelle la viticulture, la production et la commercialisation de vin ont été centrales.  Les territoires d’Israël et de Palestine appartiennent au Levant méridional qui s’affirme depuis la publication de recherches génétiques récentes (2023), plus qu’un centre de production et de distribution de vin, mais bien davantage comme l’origine de la viticulture moderne. Jusqu’à cette publication, on pensait que le cœur de la domestication de la vigne se trouvait en Transcaucasie (Caucasie du Sud) et que la viticulture avait migré vers le sud dans les pays du Levant. Or, l’ article publié dans l’un des journaux scientifiques les plus prestigieux. (Science) indique que les vignes européennes possèdent des caractéristiques qui s’apparentent à celles cultivées au Levant, y compris les cépages de table. La domestication de la vigne transcaucasienne n’est pas remise en question mais son extension fut limitée. De plus, l’étude repousse la domestication de la vigne à 10 000 ans, soit 2 500 avant la plus ancienne découverte d’unités de production de la civilisation « Shulaveri-Shomu Tepe »   en Géorgie. Même s’il manque encore les preuves archéologiques pour cet intervalle de 2 500 ans   pour étayer cette vaste étude, la génétique est un marqueur difficilement contestable  [i]. La primauté du Levant révélée par cette recherche va sans doute intensifier la quête des cépages autochtones qui auraient pu survivre pour marquer, sans doute , plus psychologiquement que réellement, la souveraineté des populations sur certaines parties des territoires de la Palestine et d’Israël.  Lire: LES ORIGINES DE LA DOMESTICATION DE LA VIGNE ET DES CÉPAGES

La division que l’on connaît aujourd’hui du territoire de la Palestine et d’Israël n’existe pas, bien sûr dans l’Antiquité.  La partie sud du Levant sur le territoire actuel de la Palestine est occupée par le peuple des Philistins au VIIe siècle av. J.-C. Ils s’installent sur la côte allant de Gaza à Jaffa en s’intégrant à la population cananéenne locale (d’où sont issus les populations juives) .   La Philistie semble disparaître en tant qu’en entité politique à la fin du VIe siècle av. J.-C., mais le nom hellénisé sous la domination romaine de  Palestine correspond au Levant méridional.

Le nom de Palestine (Palaistinê) apparaît dans les écrits d’Hérodote au Ve siècle av. J.-C.


[i] Two domestications for grapes. Robin G. Allaby. Science. 2023 Mar 3;379(6635):880-881.doi: 10.1126/science.adg6617. Epub 2023 Mar 2.

Source: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/

Les preuves de la culture de la vigne dans cette région remontent au troisième millénaire avant notre ère et des restes de raisins cultivés datés de l’âge du Bronze ont été découverts à Jéricho, Arad, Lachish, Ta’annek, Bab edh-Dhra’ et Numeria [i].

La relative proximité de l’Égypte ancienne faisait de la Palestine et du pays de Canaan ( = territoires actuels : Israël, Palestine, ouest de la Jordanie, Liban et ouest de la Syrie) un fournisseur privilégié de vin à   L’Égypte au début et à la fin de l’Âge du Bronze  (3300 av. J.-C. – 1200 av. J.-C). Sinouhé [1 ] , l’Égyptien affirmait au XIVe  siècle avant JC : « en Palestine, le vin est plus abondant que l’eau » [ii].  De nombreuses cruches de vin cananéen ont été trouvées dans la tombe d’Umm el-Qaab, un des premiers rois égyptiens (environ 3 100 avant J.C.), à Abydos, en Égypte, et le vin jouait un rôle important dans les banquets de l’aristocratie de l’époque [iii]. Le vin est également utilisé lors des cérémonies sacrificielles juives  pour compléter d’autres offrandes. Les archéologues ont trouvé des preuves de vinification, de stockage et de consommation sur de nombreux sites de fouilles datés de l’Âge du Fer (1200 av. J.-C. – 550 av. J.-C.). Ces fouilles ont démontré que le vin de lÂge du Fer était élaboré dans de grandes exploitations agricoles de taille industrielle et dans de petites exploitations familiales [iv].


[1] Le Conte de Sinouhé ou Roman de Sinouhé est l’une des plus anciennes œuvres littéraires de l’Égypte jamais retrouvée. Son origine est estimée à 20 siècles avant notre ère.


[i] Oded Borowski, Agriculture in Iron Age Israel: The Evidence from Archaeology and the Bible, (Winona Lake, IN: Eisenbrauns, 1987), 102.

[ii] https://ps.boell.org/en/2021/08/21/wine-palestine

[iii] https://academic-accelerator.com/encyclopedia/palestinian-wine

[iv] Wine in Palestine in the 1st Millennium B.C.E. Matteo Carboni

Le conte de Sinouhé. illustrations de ce livre sont de Manon Lessel. Source: http://www.egypte.f1adc.com/le-conte-de-sinouhe.html

La viticulture palestinienne semble également prospérer pendant la période babylonienne (626 av. J.-C. – 539 av. J.-C)  [i]. Comme la Mésopotamie ne dispose ni d’un climat ni d’une géographie propices au développement de la vigne, et que ce breuvage y était tenu en haute estime, les vins sont importés de Palestine [ii]. En Palestine, le vin était consommé dans différentes circonstances, notamment pour des événements sociaux, politiques, religieux et était considéré comme bénéfique pour la santé.

La vinification palestinienne est entrée dans un déclin relatif pendant la période hellénistique (323 A.V.jc- 33 A.V.JC.). Les fouilles de Dothan suggèrent que le vin n’était pas produit dans la même quantité qu’auparavant, en effet à Dothan, aucune cuve n’a été trouvée dans la couche hellénistique. Cependant, trois anses d’amphore rhodiennes ont été trouvées [iii]. Cela suggère que la population locale ne produisait pas de vin, mais l’importait probablement pour les colons grecs. Aux IVe  et IIIe  siècles avant notre ère, les volumes sont considérables,  conditionnés dans des amphores aux poignées estampillées pour indiquer leur provenance. La plupart des jarres provenaient des îles grecques orientales de Rhodes, Cnide, Samos, Kos, et aussi du continent grec[iv].  


[i] Francis Joannès, « Peut-on parler de Palestine antique », Histoire & Civilisations,‎ septembre 2022, p. 98

[ii] MacDonald, What Did the Ancient Israelites Eat?, 23.

https://academic-accelerator.com/encyclopedia/palestinian-wine

[iii] Master, Monson, Lass, and Pierce (eds.), Dothan I, 131-135.

[iv] Stern, Archaeology of the Land of the Bible, 521

Dothan. Source: https://www.bibleplaces.com/dothan/

La production augmente de manière significative au début de la période byzantine (395 à 1453 ap. J.C) et c’est alors que la plupart des grandes presses à vin ont été construites comme en témoigne celle découverte récemment en 2021. Ce complexe vieux de 1 500 ans, situé au sud de Tel Aviv, était capable de produire 2 millions de litres de vin par an qui étaient commercialisés dans toute la région, selon les archéologues [i].

À l’époque byzantine, le vinum Gazetum, ou vin de Gaza, est expédié du port de Gaza à travers la Méditerranée et au-delà. « Le vin de Gaza est un vin blanc doux, de luxe, loué par les poètes et mentionné dans les récits des voyageurs », explique l’archéobotaniste Daniel Fuks de l’université Bar-Ilan. Le vin est conditionné dans des « pots de Gaza » en céramique dont la forme longue et fine les rendait adaptés au transport par chameau et par bateau. Ces jarres ont été récupérées aussi loin qu’en Grande-Bretagne, en Allemagne et au Yémen, ce qui témoigne du large attrait qu’exerçait ce vin. Les Hauts plateaux du Néguev, situés entre 30 et 60 milles à l’intérieur de Gaza, ont longtemps été considérés comme un site probable pour la production du vin de Gaza. Des textes du IVe et au VIIe siècle après J.-C.  décrivent des vignobles et plusieurs grands pressoirs byzantins ont été découverts. Aujourd’hui, une étude archéobotanique menée par Fuks fournit des preuves claires de l’essor et du déclin de la culture extensive de la vigne dans les hauts plateaux du Néguev, ainsi que de son lien apparent avec le commerce du vin de Gaza [ii].


[i] https://www.timesofisrael.com/worlds-largest-known-complex-of-byzantine-winepresses-uncovered-in-israel/

[ii] https://www.archaeology.org/issues/399-2011/features/9105-alcohol-israel-negev-gaza-wine

Avdat sur les Hauts plateaux du Néguev. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Avdat

L’ exportation du vin palestinien commence au début du Ve siècle et se poursuit pendant 2 siècles et demi [i]i. Les découvertes d’amphores palestiniennes dans les territoires étrangers sont substantielles. Elles indiquent que le vin palestinien était exporté vers l’Espagne, la Gaule et même au Pays de Galles. Durant cette période, elles représentaient 45 % des amphores trouvées à Carthage, 20 % à Argos et Marseille au VIe siècle et 16 % à Naples au VIIe siècle [ii]. Au VIIe siècle,  les armées musulmanes consolident leur conquête du Levant. En 635, la Palestine, la Jordanie et le sud de la Syrie, à l’exception de Jérusalem et de Césarée sont conquises. Jérusalem tombe en 638 et le port de Césarée en 640 [iii]. – Sous le domination l’exportation du vin palestinien vers le reste du monde s’arrête, mais la production continue pour la consommation locale comme en témoigne le magnifique pressoir royal retrouvé dans le palais d’Hisham, le 10e califat omeyyade (724-743) [iv] .


[i] [i] https://academic-accelerator.com/encyclopedia/palestinian-wine

[ii] https://en.wikipedia.org/wiki/Muslim_conquest_of_the_Levant

[iii] https://en.wikipedia.org/wiki/Muslim_conquest_of_the_Levant

[iv] https://ps.boell.org/en/2021/08/21/wine-palestine

Source: https://commons.wikimedia.org/

Condamnation religieuse et interdiction constituent deux réalités différentes. La seconde n’a guère de sens sans un appareil coercitif assez étoffé pour l’appliquer, et sa concrétisation rigoureuse a été facilitée par les processus modernes de construction étatique [i]. À mesure que se constitue l’État islamique, la production viticole s’oriente au fil des ans vers la production de raisins de table et certaines variétés de cuve disparaissent peu à peu.

Au XIIe siècle,  les Croisés s’emparent de la Palestine et la demande en vin pour les populations et à des fins liturgiques remet l’industrie viticole en marche. Une immense cave datant des Croisades est découverte sous une maison à Mi’ilya, dans le nord d’Israël en 2019. Les archéologues pensent que Baudoin III, un roi croisé de Jérusalem, a construit le château vers 1150 comme forteresse défensive stratégique et centre administratif pour la vaste seigneurie locale [ii]. La production de vin continuera dans certaines régions bien après le départ des Croisés en particulier à Ramathes (aujourd’hui Al-Ram) abandonné en 1187, mais qui continue à pro duire du vin jusqu’à la fin du XVe siècle [iii]

Deux marches permettaient aux habitants de fouler leurs raisins après les vendanges. Source: Dr Rabei Khamisy, Institut d’archéologie Zinman, Université de Haïfa.

Lors de la victoire des Turcs Ottomans sur les Mamelouks égyptiens en 1517, la région passe sous autorité turque et fera partie de l’Empire Ottoman pendant 400 ans, jusqu’à l’hiver 1917-1918.  Malgré la mainmise turque et musulmane sur la région, les communautés chrétiennes et juives conservèrent une certaine autonomie. Interdite aux musulmans la consommation d’alcool est tolérée pour les chrétiens et pour les juifs.

« Très peu d’Arabes sont des colons productifs de la terre, une activité qu’ils méprisent ; quelques-uns sont  de grands propriétaires qui utilisent des locataires indigènes pour cultiver leurs domaines ; mais en général, ils sont membres de tribus nomades, des soldats et des fonctionnaires qui vivent tous de la jizya (un impôt de capitulation et de protection)  et le kharaj (ou impôt foncier) payés par les peuples occupés en échange de la protection de leur vie et de leurs biens et du droit de pratiquer leur propre religion. Parce que la jizya et le kharaj ne pouvaient être imposés qu’aux non-musulmans, les Arabes avaient peu d’intérêt à convertir les autres populations à l’Islam, une des raisons pour lesquelles la Syrie, la Palestine et l’Égypte resteraient majoritairement chrétiennes jusqu’au mitan du XIIe siècle. » [iv] . La production et la consommation resteront élevées pour un pays sous domination musulmane.


[i] https://journals.openedition.org/remmm/17625

[ii] ttps://www.bbc.com/news/blogs-news-from-elsewhere-49335312

[iii] Prawer, Joshua (1980). Crusader institutions. Clarendon Press. ISBN 0198225369.

[iv] https://fr.wikipedia.org/wiki/Palestine_(État)

La Palestine bénéficie de la prospérité de l’Empire Ottoman au cours du premier siècle de l’occupation ottomane, mais décline lentement à partir du XVIIe siècle [i].

La situation sociale se dégrade durant le  XVIIe siècle en Palestine et comme souvent la réponse des autorités musulmane est de restreindre la production et la consommation d’alcool et de contrôler l’ivresse des populations et les désordres publics.  Les autorités interdisent aux juifs de vendre de l’alcool aux chrétiens et au musulmans [ii].

En 1890 les Franciscains construisent le monastère de Latroun, à 15 kilomètres au sud de Jérusalem, et à côté leur cave.

Cremisan Winery, est un domaine authentiquement palestinien dont les propriétaires sont des Arabes chrétiens. Il est fondé en 1885 à seulement 5 km de Bethléem et à 12 km de Jérusalem [iii]. Le domaine est aussi maison d’instruction religieuse pour la congrégation de la Sainte Famille fondée par le prêtre italien Père Antonio Belloni. Il marque le début de la renaissance du vin palestinien.

La production viticole amorce un changement important au début du XIXe siècle avec l’augmentation des populations juives en Palestine qui passent de 55 000 Juifs pour 560 000 Arabes en 1918 à 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes en 1948[iv].  


[i] Dominique Perrin, Palestine : une terre, deux peuples, Villeneuuve-d’Asq, Presses Universitaires Septentrion, 2000, 346 p. (ISBN 2-85939-603-9lire en ligne [archive]), p. 75.

[ii] https://en.wikipedia.org/wiki/Palestinian_wine#CITEREFBarnay1992

[iii] https://www.cremisanwine.com/cremisan-2/

[iv] (en) Howard Sachar, A History of Israel: From the Rise of Zionism to our Time, 2007 (ISBN 0375711325), p. 118.

Cremisan Winery, Source: https://bethbc.edu/

C’est à partir de 1917 que la Palestine va subir des changements qui vont transformer le pays parfois pour le meilleur, mais souvent pour le pire selon que l’on se range du côté israélien ou palestinien. , 700 000 des 900 000 Arabes palestiniens ont dû fuir ou ont été expulsés des territoires qui sont devenus Israéliens. Les Palestiniens sont aujourd’hui confinés dans la bande de Gaza et en Cisjordanie qui est aujourd’hui un mille-feuille truffé d’enclaves palestiniennes et israéliennes.

L’arrivée massive de juifs a un impact important sur la viticulture et le rabbin Itzhak Schorr fonde un domaine viticole à Jérusalem en 1948. En 1870, le rabbin Abraham Teperbeg créa le domaine d’Efrat dans la vieille ville de Jérusalem. Il fonde aussi un institut agricole à Mikveh près de Jaffa, l’école était financée par l’Alliance Israélite Universelle, une organisation basée en France. Cet institut fut le premier à financer la plantation de cépages européens et il possédait des installations de vinification et un vaste chai. Les Israéliens apportent le savoir-faire, la technologie et les capitaux.

En 1935, l’anthropologue allemand Gustav Dalman remarque que le raisin sauvage existait encore en Galilée et que les Palestiniens l’appelaient « Barrïeh », ce qui signifie sauvage. Il remarque également que les colons importent  des raisins européens tandis que les Palestiniens continuaient à utiliser leurs raisins locaux. À la fin des années 1890, il y avait 150 hectares de vignobles produisant 4 000 hectolitres (106 000 gallons américains) par an [i]. On ne connait pas la superficie du vignoble sous le contrôle des Palestiniens chrétiens à la même époque.  


[i] https://en.wikipedia.org/wiki/Palestinian_wine#CITEREFBarnay1992

C’est en 2008 que le premier vin élaboré avec des raisins autochtones est mis sur le marché par le domaine palestinien Cremisan. La notion de terroir et d’appartenance à un lieu, généralement implicite dans le monde viticole est ici ostensiblement explicite [i]. En 2013, lors d’un concours de vins à Londres, leur assemblage blanc phare « Star of Bethlehem 2011 » composé de Hamdani et de Jan Dali obtient la note la plus élevée décernée (Jancis Robinson MW).  Pas sûr que Jancis Robinson, dont c’était la première dégustation de vin palestinien ait mesuré la portée politique de cette dégustation.  La cave est devenue depuis une destination touristique particulièrement prisée et un monument historique.

En 2014, c’est le tour du domaine israélien Recanati qui met sur le marché le vin étiquette Marawi 2014. Il est produit à partir des raisins indigènes hamdani (également connus sous le nom de marawi). Il est a noter que les israéliens utilisent un nom diffèrent pour le même cépage. Le site journalistique israélien « Haaretz » nommait le Marawi 2014 de Recanati « le vin le plus important de l’année ». Le critique de vin du journal admet que sa sélection a été faite non pas pour sa qualité exceptionnelle, mais pour son caractère unique, culturel et historique. Ironie de l’histoire, alors que le site israélien encense le vin, le raisin provient du vignoble d’un vigneron palestinien « anonyme » de la région de Bethléem.

Mais la viticulture et le vin palestiniens ont l’intention de continuer à affirmer la singularité.

Ashkar Winery est créée en 2010.  La famille Ashkar est originaire d’Iqrit, un petit village de Haute-Galilée. le 24 décembre 1951, le village est  détruit par des explosifs posés par le Génie de l’armée israélienne. Aujourd’hui, Nemeh Askar d’Iqret achète les raisins à un agriculteur juif de son village.

[i] Indigenous Wine and Settler Colonialism in Israel and Palestine. Daniel Monterescu, Ariel Handel Dans : 302 (printemps 2022)


En 2012, le domaine Taybeh Winery   est fondé par Nadim Khoury , un diplômé de Harvard et de l’université Davis, près de San Francisco. Il s’approvisionne en raisins chez Gino Lafi, un viticulteur méticuleux de Birzet qui se situe à 900 mètres d’altitude dans la région.

Ashkar Winery. Source: https://www.ashkarwinery.com/gallery/

Mais affirmer l’identité palestinienne en produisant des vins de cépages autochtones ou internationaux n’est qu’un des éléments de la singularité de la viticulture de la Palestine, encore faut-il les faire connaître en tant que vins palestiniens, en particulier comme dans les grands pays de l’Union Européenne et les États-Unis. Et c’est là que le bât blesse, car la Palestine n’est pas reconnue comme État par l’ensemble de la communauté internationale.  Si aujourd’hui, la Palestine est reconnue par un grand nombre de pays, seuls quelques pays de l’Union Européenne la reconnaissent comme un État (Suède, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie Bulgarie et Chypre).  La majorité des pays de l’Union ne reconnaissent pas l’État palestinien. Même si en 2013, les parlements européen, britannique et français ont voté leur soutien pour une reconnaissance de l’État palestinien, cela n’a pas été suivi par les gouvernements. Quant aux États-Unis, la reconnaissance de la Palestine tient du mirage. Cela veut dire qu’un vin produit par des Palestiniens avec des raisins palestiniens sur le territoire de la Palestine doit être étiqueté au mieux Cisjordanie (West Banks) si le domaine se trouve dans une enclave palestinienne ou Vin d’Israël dans tous les autres cas. Une double peine pour les producteurs palestiniens.

L’histoire rendra-t-elle hommage à la contribution millénaire des Palestiniens chrétiens à la viticulture et au vin ? On peut en douter, car la recherche sur les cépages autochtones est aux mains des Israéliens.  Le Dr. Shivi Drori[ 1] est coordinateur de la recherche agricole et œnologique pour la Samarie et le Rift jordanien à l’université d’Ariel en Israël. Il est plongé dans des recherches sur les variétés locales, qui pourraient transformer le « story telling » du vin mais sans doute plutôt en faveur d’Israël que de la Palestine.

Dr. Shivi Drori. https://winemusings.files.wordpress.com/


[1] Le Dr. Shivi Drori, en plus d’être un universitaire, est propriétaire d’un petit domaine de 3 hectares à Givat Harel,  un avant-poste israélien en Cisjordanie, établi illégalement en 1998 principalement sur des terres privées palestiniennes.  Il se situe à côté du village palestinien de Sinjil, dont les terres ont été « saisies de force par les colons israéliens » afin de construire Givat Harel. La communauté internationale considère les colonies israéliennes en Cisjordanie comme illégales au regard du droit international. Des avant-postes comme Givat Harel sont considérés comme illégaux, même en vertu de la loi israélienne. Source: wikipedia.org

CLIMAT

Le climat des zones côtières dans la bande de Gaza peut être très différent de celui des zones montagneuses en Cisjordanie et à Jérusalem, particulièrement pendant les mois d’hiver.

Gaza a un climat chaud, semi-aride ou méditerranéen avec des hivers doux et secs, et des étés chauds. Jérusalem possède un climat méditerranéen et dans une moindre mesure un climat montagnard. Il est marqué par une forte chaleur et une forte aridité en été. Seuls, quelques mois en hiver sont humides. La neige peut survenir autour de Jérusalem. Jéricho et la vallée du Jourdain au nord de la Mer Morte ont un climat désertique chaud.

Climat actuel

Climat futur

SOLS

Les principaux sols de la Cisjordanie sont de sol de terra rossa. Outre les sols « terra rossa », des sols marneux de montagne et des sols alluviaux sont également présents sur des zones considérables. Les sols marneux de montagne sont formés à partir de marnes crayeuses du Sénonien et de l’ Éocène . Les zones agricoles entourent la région où les agriculteurs de la région cultivent habituellement des comme des raisins, des figues et des prunes. Les sols de la bande de Gaza sont des régosols sableux et des loess.

Source: https://www.fao.org/

RÉGIONS VITICOLES

La viticulture se concentre dans les Hautes terres du centre dans l’enclave palestinienne de Cisjordanie ou, avec les raisins achetés aux viticulteurs israéliens, qui occupent une grande partie de la Cisjordanie. Pour en savoir plus sur les régions viticoles palestiniennes, cliquez sur le lien suivant: PALESTINE RÉGIONS VITICOLES

Source: https://www.fao.org/

CÉPAGES

La vinification des vins palestiniens se fait soit avec des cépages internationaux achetés aux Israéliens soit avec des cépages autochtones cultivés depuis des siècles par les Arabes chrétiens, qui proviennent de l’ enclave de la Cisjordanie. Pour en savoir plus sur les cépages palestiniens, cliquez sur le lien suivant : PALESTINE CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION

Tout comme la viticulture et le vin israéliens, la viticulture et le vin palestinien ne sont pas réglementés. Pour en savoir plus sur le manque de réglementation, cliquez sur le lien suivant : PALESTINE LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION