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SYRIE

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

DAMAS. Source: Par Bernard Gagnon — https://commons.wikimedia.org/

LA SYRIE VUE D’AILLEURS

LA SYRIE est un pays   de 185 180 km² et d’environ 23 millions d’habitants, situé en Asie de l’Ouest, sur la côte orientale de la Mer Méditerranée, il possède des frontières terrestres avec la Turquie, l’Irak, la Jordanie, Israël, le Liban et une frontière maritime avec Chypre. Revendique 3 territoires : le plateau du Golan, au sud-ouest, occupé par Israël à la suite de la guerre des Six Jours en 1967 et annexé en 1981 ; le Hatay rattaché à la Turquie (depuis 1939), et le Sandjak d’Alexandrette, annexé par la Turquie en 1939 (que Thomas Pynchon l’écrivain américain évoque dans un de ses malicieux  et énigmatiques romans). La capitale et plus grande ville est Damas.

Thomas Pynchon. Source: By Photo presumably taken by « Mr. DiLillo », Public Domain, https://commons.wikimedia.org/

       Durant l’Antiquité, ces pays étaient distinctement la Phénicie, les royaumes d’Israël et de Juda, la province romaine de Judée puis de Syrie-Palestine, l’Assyrie et une partie de la Mésopotamie occidentale. Durant l’Empire ottoman, cette région comprenait les États actuels de Syrie, d’Israël, du Liban, de Jordanie et de Palestine.

Se succédèrent les anciennes civilisations, comme les Amorrites. Dans la ville excavée d’Ebla, dans le nord-ouest, on a découvert en 1975 les vestiges d’un grand empire sémite de 2 500 à 2 400 ans av.J.-C., qui allait du nord de la mer Rouge à la Turquie et jusqu’en Mésopotamie à l’est, où seraient apparues les premières formes d’urbanisation. Damas, une des villes les plus anciennes du monde, fondée au IIIe millénaire av. J.-C a été habitée sans interruption (comme Bénarès et Jéricho). A Mari fut retrouvé un code comparable au Code d’Hammourabi à Babylone. Se succédèrent Cananéens, Phéniciens Hébreux, Araméens, Assyriens, Babyloniens, Perses, Grecs, Arméniens, Romains, Nabatéens…Avant l’irruption de l’Islam la Syrie fut un pays significatif dans l’histoire du christianisme, Paul de Tarse, le futur saint Paul, converti au christianisme sur la route de Damas, établit une Église d’abord à Antioche en Syrie antique (aujourd’hui en Turquie) d’où il partait pour ses voyages de mission… Après l’arrivée des conquérants arabes musulmans, Damas devint la capitale de l’Empire omeyyade qui s’étendait de l’Espagne à l’Asie centrale (661 à 750 ap. J.-C.), puis un nouvel empire fut créé à Bagdad, l’Empire abbasside. Les Croisés y passèrent ( XI°-XIII°).  En 1260, Damas devint la capitale provinciale de l’empire des Mamelouks puis en 1400, fut détruite en grande partie par Tamerlan, puis fut reconstruite, et fut capitale jusqu’en 1516. Une dynastie turque, les Ottomans régna alors sur le pays pendant 4 siècles jusqu’en 1918 (excepté la brève période où l’Égyptien Ibrahim Pacha occupa le pays de 1832 à 1840).

Paul de Tarse. Source: wikipedia.org

       Dans la région, la guerre de 14-18 marque un tournant décisif. Attention, « l’Orient [c’est] compliqué, de Gaulle l’a dit en son temps. Français et Britanniques sous l’égide de la SDN (Société Des Nations, ancêtre de l’ONU)  se répartissent administrativement les provinces  arabes de l’Empire ottoman, déchu, battu, dépecé, confiées en mandats, et  y créent ex nihilo  des pays distincts. La décision prise en 1916, résultait des accords secrets entre Sykes (GB) et Picot (France)de 1916 – retrouvés après la Révolution Russe dans les archives tsaristes-   Les futures frontières seront confirmés par les traités de 1920. En 1919 en vain, les Arabes, comme les Kurdes, les Arméniens, avaient réclamé leurs droits à la Conférence de la paix à Versailles.

  La GB est empêtrée par ses promesses contradictoires faites aux Arabes en échange de leur appui pendant la Grande Guerre contre l’empire Ottoman (Turcs) qui s’est allié aux puissances centrales. Elle leur a promis l’instauration d’un grand royaume arabe. Les Arabes ont rempli leur part (mission de Lawrence d’Arabie), ont chassé les Turcs en 1916, les  troupes  de la GB  s’installent à Jérusalem  et Damas ; c’est la fin de quatre siècles d’occupation turque dans la région. Et donc la GB reçoit en mandat l’Irak et la Palestine qui est divisée en Transjordanie et Cisjordanie. 

La GB a aussi promis   à Hussein Ibn Ali, chérif de la Mecque (descendant du prophète, dynastie hachémite, garde des Lieux Saints depuis 8 siècles) un grand royaume indépendant.  Fayçal fils d’Hussein est chassé de Beyrouth par les troupes françaises et il est placé en 1921 sur le trône d’Irak. Son frère Abdallah lui, est fait émir d’un nouvel état :  la Transjordanie crée en 1923.  Ibn Séoud de son côté a conquis l’Arabie centrale et engagé la lutte contre Hussein, la GB le reconnaît comme souverain d’un État qui prendra le nom d’Arabie saoudite en 1927.

Hussein Ibn Ali: Par Auteur inconnu — http://www.arabianheritagesource.com/altehomepage/page150.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

        Mais, ça se complique encore plus. En novembre 1917 la GB avait accepté l’installation d’un “foyer national juif “ en Palestine (dans une lettre appelée « déclaration Balfour » adressée par le ministre des affaires étrangères britannique à Lord Rothschild). Sur place :  ont lieu dès 1921 les premières manifestations hostiles face aux colons sionistes, qui font en 1929 plus de cent morts. Or, face à la montée du nazisme l’immigration augmente, portée aussi par les rêves progressistes des militants sionistes du Bund. Émeutes, grève générale des Arabes en 1936, répression, la situation est intenable pour la GB qui dès les années 30 pense à déguerpir.                                

        Et ça se complique encore. La France de son côté a reçu en mandat la Syrie, elle met fin à la Syrie historique (les actuels territoires palestinien et israélien) et en extrait un nouvel État, le Liban pour protéger les chrétiens – les Maronites -, amputation vécue comme un échec par les Syriens.  La GB veille au grain et sépare la Syrie de la Palestine pour empêcher la France de s’installer à proximité   de «son» canal de Suez. Une fois chassés les Ottomans, les Arabes étaient entrés à Damas en 1918 et un royaume arabe syrien indépendant fut alors créé. Fayçal, issu de la famille hachémite, frère d’Abdallah bin al-Hussein, en fut le premier et dernier roi. En effet, l’indépendance du royaume cessa après l’occupation du pays par les forces françaises en 1920, ce qui entraîna l’exil de Fayçal en Irak.  La création d’un État côtier d’Alexandrette enclava la Syrie qui de plus, fut divisée entre un État de Damas et un État d’Alep. Et pour ajouter à ce morcellement sont séparés un État du djebel druze au sud et le plateau de la Djézireh, peuplé de Kurdes.  Le nationalisme syrien débouche sur la révolte contre l’armée française qui doit livrer d’importants combats, et bombarde Damas en 1925. En 1930 la République syrienne est constituée sous mandat français. Les premiers pourparlers entre la France et la Syrie en vue de l’indépendance débutent en septembre. Après plus de 2 000 morts l’indépendance s’ensuivra en 1946. De février 1958 à fin septembre 1961, l’Égypte et la Syrie s’unirent brièvement dans la République Arabe Unie.

                     Au XX°, après une série de dictatures militaires instables, Hafez el-Assad, alors ministre de la Défense, prend le pouvoir par un nouveau coup d’État. Son régime qualifié d’autoritaire est structuré autour d’un parti unique le Baas. À sa mort en 2000, son fils, Bachar el-Assad, lui succède et maintient le régime instauré par son père.

Début 2011, les troubles gagnent la Syrie dans le cadre du « Printemps arabe », certains y ont vu la main dès le début de certaines grandes puissances qui voulaient la peau du président (pour les médias occidentaux en effet, Bachar el -Assad figure dans la liste -parfois pittoresque- des chefs d’Etat réputés maudits, avec Kadhafi, Nasser comparé   en son temps à Hitler, Saddam Hussein, Ben Ali, Fujimori…).  L’Etat Islamique en 2014, s’empare de l’est de la Syrie, ainsi que du nord-ouest de l’Irak, et y proclame la restauration du califat.  Et puis la Syrie devient le champ clos, avec l’Irak voisin, où vont intervenir  de multiples acteurs, institutionnels, Etats, partis, et des individus, des volontaires  étrangers  :  les Kurdes syriens -au nord de la Syrie-, des Kurdes Turcs ( PKK)  ; la Russie au côté de l’Etat syrien,  les forces arabes,  une coalition internationale derrière les EU , les troupes syriennes,  l’Iran, La Turquie intervient également militairement : d’abord contre l’État islamique en 2016 et 2017, puis contre « ses » Kurdes du PKK. Octobre 2017, c’est à la chute de Raqqa la « capitale » syrienne de l’EI. Le conflit syrien est devenu à la fois une guerre civile, une guerre confessionnelle et une guerre par procuration. Bilan humain difficile. Depuis mars 2011 500 000 morts ? Villes détruites….

Alep avant le conflit. Wikipedia.org

Alep après le conflit. Source: Par Mil.ru, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/

           L’originalité de la société syrienne, qui se veut un État laïc, à côté des 78 % de musulmans sunnites c’est l’existence des Alaouites (12 %). Leur religion est un mélange, un syncrétisme, d’éléments du chiisme, du christianisme byzantin et de cultes hellénistiques. Cette doctrine de l’Islam chiite, issue du nord de la Syrie, daterait du IXe siècle, vouant un culte à la figure d’Ali, gendre du prophète.  Ils célèbrent des fêtes aussi bien musulmanes que chrétiennes. Aujourd’hui surtout présents dans le nord-ouest, notamment dans la montagne et sur la côte, autour de Lattaquié. La pratique et l’organisation de la religion sont souples, les femmes ne portent pas le hijab, l’alcool est toléré, ni jeûne, ni pèlerinage à la Mecque.  Les Alaouites toujours considérés comme des hérétiques jusqu’au XXe siècle, ont toujours subi humiliations et persécutions, sous les Ottomans, les seuls  tolérés dans les villes étaient les domestiques. En 1920, l’occupant français créa un « Etat des Alaouites » mais dut y renoncer sous la pression des milieux nationalistes. Environ 10 % de la population syrienne est chrétienne (syriaques, grecs-orthodoxes, grecs-catholiques melkites, maronites, assyriens et chaldéens, protestants et catholiques-romains). Il existe une importante communauté arménienne vivant principalement à Alep, rescapée du génocide de 1915 perpétré par les Ottomans. Il y avait des juifs depuis l’Antiquité (mizrahim), puis sont arrivés bien plus tard des juifs (séfarades) fin XVe siècle, après l’expulsion d’Espagne.  Dans la première moitié du XXe siècle, beaucoup ont émigré aux États-Unis, en Amérique latine et en Palestine. En 2021, il n’y avait plus de juifs en Syrie.  Les Kurdes, linguistiquement un peuple indo-iranien, sont environ 10 % de la population.  Et plus de 12 000 Israéliens   vivent dans le Golan, annexé par l’État hébreu.

    L’arabe, dans sa variante dialectale est la langue officielle du pays, il est aussi utilisé au Liban, en Cisjordanie et dans une moindre mesure en Irak et en Jordanie. Et puis des langues des minorités :  arménien, tcherkesse, turkmène, l’araméen (la langue biblique, celle de Jésus-Christ) à travers le néo-araméen occidental au nord de Damas et le touroyo. Le turc est encore présent au nord. Autrefois langue importante, le grec a disparu depuis les années 1950, mais reste une langue historique, langue véhiculaire sous l’Empire byzantin, et son héritage se retrouve à travers les chrétiens grecs orthodoxes. Le kurde   est parlé par plus de trois millions de personnes.

             Avant la guerre, la Syrie attirait des touristes, elle recèle en effet des trésors accumulés par les hommes depuis la plus haute antiquité, des villes historiques comme Damas, des merveilles comme Alep,   de nombreux sites archéologiques, comme le site phénicien d’Ougarit, où fut découvert le premier alphabet du monde, les ruines romaines de Palmyre, la plus importante oasis du désert syrien, le « Krak des Chevaliers », le château fort érigé par les Croisés. Et en complément des stations balnéaires comme Tartous, et des hôtels de luxe,

Ougarit. Source: par Loris RomitoOriginal téléversé par LorisRomito sur Wikipédia italien. — https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5618177

                En août 2015, la destruction à Palmyre des temples de Bêl et de Baalshamin de la cité antique syrienne par l’Etat Islamique suscite une vive émotion dans le monde entier. Ce n’était pas le premier méfait de ce genre : ils avaient déjà détruit plusieurs monuments et œuvres préislamiques en Irak et en Syrie, notamment à Mossoul et Nimroud.

La diplomatie française rappelle que la sécurité des ressortissants français ne peut en aucun cas être garantie en Syrie. L’ambassade de France y est fermée depuis 2012. En cas d’arrestation ou de détention, le respect des droits fondamentaux et la sécurité des personnes ne peuvent être assurés en Syrie.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La Syrie possède une riche histoire de vignobles, de vin, de vinification, viticole ayant été l’un des tout premiers territoires viticoles du monde et un centre de production important avant que la domination islamique de l’Empire ottoman ne réoriente progressivement la production vers le raisin de table.

Selon Bayan Muzher, PhD, chercheur scientifique sur le raisin pour la Commission générale syrienne pour la recherche agricole scientifique (GCSAR), il y aurait environ 46 945 hectares (116 000 acres) de vignes plantées en Syrie. Une grande partie est du type Vitis vinifera, mais ces raisins sont consommés comme raisin de table. La production commerciale de vin avait complètement disparu en Syrie avant que des Libanais, les frères Saadé au XX°n’établissent un vignoble et un domaine viticole, Bargylus, dans la banlieue de Lattaquié dans le nord-ouest de la Syrie en 1997 et y produisent des vins de classe internationale adoubés par les principaux critiques viticoles. La guerre qui éclate en 2011 n’a pas facilité le renouveau mais les frères Saadé ont continué à gérer les activités viticoles à distance et on produit du vin dans chaque millésime. Aujourd’hui, alors que la situation s’apaise, la jeune génération formée dans les vignobles de la Bekaa croit que le renouveau est possible et recherche des opportunités pour le concrétiser.  

En 2021, la Syrie a exporté pour 89 750 Euros de vin. Les principales destinations des exportations de vin syrien sont : le Liban (53 977 Euros), la Belgique (15 560 Euros), le Japon (8 325 Euros), les Émirats Arabes Unis (2945 Euros) et Taïwan (2 243 Euros). En 2021, la Syrie a importé pour 48 030 Euros de principalement du Liban (47 8348 Euros). En 2018, la consommation d’alcool pur par habitant était de 0,4 litre par an par capita. La consommation de vin n’est pas connue, mais elle est négligeable.

HISTOIRE

Dans l’histoire de la domestication de la vigne et de la production du vin, le territoire de la Syrie a probablement occupé une position centrale. Jusqu’en début 2023, on pensait que la domestication de la vigne était apparue dans le Caucase du Sud (la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan modernes) il y a environ 8 000 ans. En Géorgie, qui a beaucoup investi dans la recherche des origine de la viticulture ont été mis à jour cinq fragments d’argile sur les sites de Gadachrili et trois sur celui de Shulaveri qui ont été testés positivement, non seulement pour l’acide tartrique, mais on y  a aussi trouvé d’autres acides organiques (malique, succinique et citrique) qui sont des éléments présents dans le vin. Ces découvertes avaient plus d’un demi millénaire d’ancienneté par rapport à celles qui avaient été d’Hajji Firuz Tepe en Iran. La Géorgie tenait la corde pour être le plus vieux site de production viticole. On pensait donc que la viticulture et la production de vin s’étaient déplacées vers le sud pour atteindre le Levant (Israël, Jordanie, le Liban, la Syrie, les territoires palestiniens et une partie de la Turquie). Mais une large étude basée sur le séquençage génétique de cépages, détenus dans divers pays, et  publiée en début 2003 dans la revue emblématique « Science », montre que deux centres de domestication ont existé et qu’en plus de la Transcaucasie, le Levant a été le deuxième centre de domestication de la vigne et que celle-ci s’est effectuée non pas il y a 8 000 ans mais il y a 11 000 ans. Plus significatif encore, les vignes domestiquées du Levant ont fait leur chemin vers l’ouest avec les populations humaines et par une série d’introgressions (croisements accidentels avec des vignes sauvages) en Europe, elles ont donné naissance aux variétés de Vitis vinifera largement cultivées aujourd’hui. Les vignes domestiquées du Caucase, jusqu’à présent considérées comme les ancêtres des raisins de cuve dans le monde entier, ont donné naissance aux variétés actuellement cultivées en Géorgie et en Arménie, et sont d’origine assez différente, bien que des similarités accompagnant la domestication aient donné aux deux groupes de raisins de cuve des caractéristiques communes. De par sa situation géographique, la Syrie a donc fait partie de l’épicentre de la domestication de la vigne et de la production de vin. Lire: LES ORIGINES DE LA DOMESTICATION DE LA VIGNE ET DES CÉPAGES

Le Dr Patrick McGovern, archéologue au musée de l’Université de Pennsylvanie, avec une jarre en poterie utilisée pour conserver le vin le plus ancien du monde. Le pot était l’un des six trouvés à Hajji Firuz Tepe, en Iran, dans la cuisine d’un bâtiment en brique crue vieux de 7 000 ans. Après fouille, cette jarre a été reconstituée à partir de fragments. Des fragments d’un autre pot ont été testés et se sont avérés contenir des résidus de vin. Différents tests chimiques ont mis en évidence la présence d’acide tartrique, une substance que l’on ne trouve qu’en grande quantité dans le raisin. Le résidu contenait également de la résine de térébinthe, une substance ajoutée au vin comme conservateur. Ce vin a 2000 ans de plus que le vin connu le plus ancien alors.

Les conditions climatiques et géologiques du nord de la Syrie sont particulièrement bien adaptées au développement de la viticulture, les collines et les montagnes offrant les hivers frais et les longs étés chauds nécessaires à une maturation optimale des raisins. Par conséquent, des centres pertinents pour la culture du raisin, la vinification et le commerce du vin ont vu le jour dans cette région, et des preuves textuelles et artistiques indiquent que les vins syriens étaient très appréciés dans l’Antiquité en raison de leur excellente qualité. En conséquence, les anciennes villes commerciales syriennes comme Palmyre ont fait des vins locaux une denrée importante pour le commerce avec les régions proches et lointaines, une activité qui s’est étendue pendant les périodes grecque et romaine.

Sa culture est attestée en Syrie dès l’époque romaine, par les agronomes latins et par Pline et, à l’époque byzantine, par le livre de Droit Syrien qui indique, pour le calcul de l’impôt sur les terres plantées de vignes, un tarif différent de celui qui est appliqué sur les terres plantées d’oliviers ou consacrées aux céréales. Libanios, de son côté, évoque la vente du vin produit en Syrie dans les régions voisines d’Antioche. La viticulture est donc bien attestée en Syrie du Nord, mais l’est-elle précisément dans le Massif calcaire ? Elle est sûre à El Bāra et à Kafr Kerme, c’est-à-dire Kefer Kermīn, en contrebas du Ǧebel Srīr, au Ier siècle de notre ère. Pour El Bāra, en revanche, il existe des preuves qu’elle s’était maintenue au IIIe siècle : l’Histoire Auguste signale que l’Empereur Élagabal en faisait venir à grands frais à Rome et deux inscriptions du Ve siècle, l’une en grec, l’autre en latin, sur un pressoir, l’attestent formellement.

À Mari, en Mésopotamie syrienne (aujourd’hui appelée Tell Hariri), 25 000 tablettes cunéiformes ont été trouvées indiquant un approvisionnement abondant en vin et son importance dans le commerce dans le golfe Persique et la région méditerranéenne de 2 000 à 3 000 a.v.J.C. À Ougarit, une cité-État de l’âge du bronze dans la Méditerranée syrienne, les tablettes cunéiformes documentent la pratique d’une viticulture extensive, d’un commerce international du vin vers 600 a.v.J.C. 20 000 tablettes cunéiformes, qui contiennent les premières références à la viticulture, ont été trouvées dans la cité-état d’Ebla, en Syrie, elles dataient de 300 ans avant notre ère. Elles révèlent cependant que l’offre de vin était limitée et qu’ il était réservé exclusivement à la noblesse.

Vue générale du site archéologique d’Ougarit Ras Shamra en Syrie. 2006 Wikimedia. Gianfranco Gazzetti

Des fouilles archéologiques ont souvent avancé que l’économie du Massif Calcaire, au nord de la Syrie, pendant l’Antiquité tardive (entre les IIIe et VI° siècles A.P.J.C’) était principalement basée sur la production d’huile d’olive. Toutefois, au fil des années, les données archéologiques aont remis en question cette hypothèse. Si certaines installations ne peuvent être interprétées que comme de grands pressoirs à huile, une catégorie particulière de pressoirs à rouleaux en pierre était probablement liée à la production du vin. Les données archéologiques et littéraires indiquent en effet dans cette région une production importante d’un vin doux fait à base de raisins séchés, certainement facilitée par les conditions environnementales très favorables et par une culture des vignes à basse altitude, près du sol.  La Syrie a été conquise par les Arabes en 634-640 : c’est l’époque de la conquête musulmane du Levant : en 635, Damas se rend, ses habitants se voient promettre la sécurité de leur vie, de leurs biens et de leurs églises, moyennant le paiement d’un impôt. Jusque-là, la Syrie était le principal centre du christianisme orthodoxe oriental et le  vin fait partie du rite orthodoxe.

Pressoirs à rouleaux en pierre était probablement liés à la production du vin. Source: researchgate.net

Sous la domination ottomane, la viticulture a continué ainsi que la production de vin. La littérature montre que les autorités musulmanes étaient passées maitre de l’art de l’ambiguïté sur la question de la viticulture, de la production et l de a consommation du vin. Tout au long de l’histoire de l’Islam, le contrôle et la réglementation étaient inégaux et variables, dépendant du dirigeant et de son tempérament ainsi que des conditions politiques et économiques en vigueur. Étant donné la position rigide de l’islam sur l’alcool à savoir l’interdiction de sa consommation, la réforme drastique a cependant souvent a été évitée, la modération a prévalu, les tentatives de restriction ont toujours pris la forme d’interdictions. Et les interdictions n’ont jamais fonctionné (pendant longtemps), en partie parce que les musulmans pouvaient généralement obtenir leur alcool de leurs voisins juifs, chrétiens ou zoroastriens, qui eux étaient autorisés à le produire pour leur propre consommation, en partie aussi parce que l’État toujours insolvable avait besoin désespérément des recettes fiscales que l’alcool générait. Les musulmans, héritiers d’une longue tradition (grecque) dans laquelle l’alcool était aussi un médicament, et profitant du fait que seul le khamr, le vin de raisin, est explicitement interdit dans le Coran, ils ont également trouvé une myriade d’arguments pour justifier et rationaliser leurs habitudes de consommation. L’alcool restait donc à portée de main et les autorités ne ciblaient généralement que l’ivresse publique, fermant les yeux tant que l’alcool ne troublait pas la paix sociale. La consommation d’alcool reste « invisible », même si, à certains égards, elle se fait au grand jour.

Une série de documents ottomans du milieu du XVIIIe au début du XIXe siècle montrent que des pétitions ont été présentées par l’Ordre des Frères Mineurs Capucins, à Galata, à l’État ottoman pour des questions relatives à l’achat et à l’importation de matières premières pour la production de vin ainsi que des exonérations fiscales.

Mais cependant la viticulture va s’orienter vers une culture de cépages de table   et la culture des cépages de cuve va devenir plus rare jusqu’à disparaître.

Ordre des Frères Mineurs Capucins. Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

La France entre 1920 et 1946, la Syrie n’était pas de jure une colonie française, mais un pays placé sous mandat de la SDN, » elle l’administra de 1925 à 1938 et en détacha le Liban. Elle réformeale régime foncier dans certains districts et l’agriculture est encouragée, en particulier dans la fertile Al-Jazirah. Il n’existe pas de document qui indique que la viticulture faisait partie de ce développement ou que la France est essayé de redynamiser l’industrie viticole syrienne.

En 1997, Karim et Sandro Saadé achetèrent 18 hectares de terrain dans la banlieue de Lattaquié à quelques encablures de la mer à une altitude d’environ 990 mètres. Ils plantèrent des vignes et fondèrent leur cave en 2003. Leurs premiers vins sortirent en 2006 et reçurent l’accolade de plus grands critiques vitivinicoles. Mais, en 2011, la guerre éclate et les frères Saadé continuent à gérer le domaine par mail, téléphone, SMS et WhatsApp et ils continuent à produire du vin tous les ans en dépit de toutes les difficultés.

Alors la viticulture et la production de vin peut-elle se construire sur le succès des frères libanais Saadé ? C’est le rêve d’Abdullah Richi, un réfugié syrien et musulman qui est l’un des vignerons de la cave Couvent Rouge à Deir El Ahmar, un village de la vallée de la Bekaa au Liban. Richi était accompagné lors du voyage de reconnaissance par ses employeurs Walid Habchy et Eddie Khoury, qui, respectivement, sont copropriétaires et investissent dans Couvent Rouge. Ils se sont rendus sur un plateau volcanique dans la province de Sweida, à une heure et demie au sud de Damas, dans le but d’aider leur ami.

Utiliser les raisins oubliés de la Syrie pour un retour à la viticulture est la vision de Richi pour l’avenir et son chemin du retour. Sa femme et ses deux filles vivent toujours dans une ville du nord-ouest de la Syrie, et Richi est prêt à rentrer. « Ma vie dépend entièrement de mon retour en Syrie », dit-il. « Une personne peut parcourir le monde, mais à la fin, elle doit retourner dans son pays. Alors que le risque se cache à chaque coin de rue, il est déterminé car la Syrie se rapproche d’un avenir post-conflit qui permet de favoriser une industrie viticole afin que lui et ses compatriotes syriens puissent prospérer. Rêve éveillé ou début de réalité… ?

Karim et Sandro Saadé. Utube Saadè

CLIMAT

En Syrie le est littoral méditerranéen relativement court, environ 110 miles (180 km) entre la Turquie et le Liban. Des baies sablonneuses creusent le rivage, alternant avec des promontoires rocheux et des falaises basses. Au nord de Ṭarṭūs, l’étroite bande côtière est interrompue par les contreforts des montagnes Al-Anṣariyyah du nord-ouest immédiatement à l’est. Il s’élargit ensuite dans la plaine du ʿAkkār, qui continue vers le sud à travers la frontière libanaise. La chaîne de montagnes Al-Anṣariyyah borde la plaine côtière du nord au sud. Les montagnes ont une largeur moyenne de 20 miles (32 km) et leur hauteur moyenne passe de 3 000 pieds (900 mètres) au nord à 2 000 pieds au sud. Leur point culminant, à 5 125 pieds (1 562 mètres), se situe à l’est de Lattaquié. Directement à l’est des chaînes de montagnes se trouve la dépression du Ghāb, une tranchée longitudinale de 64 km qui contient la vallée de l’Oronte (Nahr Al-ʿĀṣī).

La côte et les montagnes occidentales ont un climat méditerranéen avec une longue saison sèche de mai à octobre. Dans l’extrême nord-ouest, il y a de légères pluies d’été. Sur la côte, les étés sont chauds, avec des températures maximales quotidiennes moyennes de 20 oC  (80 oF), tandis que les hivers doux ont des températures minimales moyennes quotidiennes   de 10 oC (50 oF). Ce n’est qu’au-dessus d’environ 1 500 mètres (5 000 pieds) que les étés sont relativement frais. À l’intérieur des terres, le climat devient aride, avec des hivers plus froids et des étés plus chauds. Les températures maximales à Damas et à Alep se situent sont en moyenne de 35 oC (90 oF )  tandis que les températures atteignent des températures minimales moyennes entre 1° à 4 °C (30 – 40 oF) en hiver.

Carte climatique: actuelle. wikipedia.org

Carte climatique future. Source: wikipedia.org

SOLS

En raison de l’aridité, la végétation ne joue qu’un rôle secondaire dans la composition du sol. À l’exception du sol noir de la région nord-est d’Al-Jazīrah, les sols manquent de phosphore et de matière organique. Les sols les plus courants sont divers : argiles et limons (mélanges d’argile, de sable et de limon). Certains sont calcaires (crayeux) ; d’autres, notamment dans la région de la vallée de l’Euphrate, contiennent du gypse. Les sols alluviaux se trouvent principalement dans les vallées de l’Euphrate et de ses affluents et dans la dépression du Ghāb.

Les profils pédologiques sont classés sur la carte selon la taxonomie des sols de l’USDA. Les résultats ont montré que les catégories les plus courantes sont les aridisols, les inceptisols, les entisols, les vertisols, les mollisols et, dans une certaine mesure, les alfisols.

Source. Researchgate.net

RÉGIONS VITICOLES

Les principales régions viticoles sont Homs, dans l’ouest du pays et Sweida. Des raisins sont également produits dans les provinces de Quneitra, Idleb, Tartous et Lattakia. Pour en savoir plus sur les régions viticoles de Syrie, cliquez sur le lien suivant: SYRIE RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

La Syrie est le pays le plus riche du Moyen-Orient en termes d’espèces disponibles (environ 100 variétés réparties sur tout le territoire). Pour en savoir plus sur les cépages de Syrie, cliquez sur le lien suivant : SYRIE CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

L’alcool en Syrie n’est pas interdit comme c’est le cas dans certains pays musulmans. La législation concerne principalement les taxes et les droits dus sur la production de boissons alcoolisées. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation, cliquez sur le lien suivant: SYRIE LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

NOS PARTENAIRES POUR LA SYRIE