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THAÏLANDE

DESCRIPTION DU PAYS

BANGKOK. Source: Vyacheslav Argenberg. Wikipedia.org

LA THAÏLANDE VUE D’AILLEURS

LA THAÏLANDE EST UN PAYS qui avant 1938 s’appelait le Siam.  Situé en Asie du Sud-Est, entouré par la Birmanie, la Malaisie, le Cambodge, le Laos. Vajiralongkorn (Rama X) depuis 2016 est le 10e souverain de la dynastie Chakri qui règne depuis 1782. C’est une monarchie constitutionnelle depuis 1932, le roi est chef de l’État, des Forces armées, partisan de la religion bouddhiste et défenseur de toutes les confessions.

Le Siam n’a jamais été colonisé aux XIXe et XXe siècles comme ses voisins.

Ce pays a deux points communs avec la France, la superficie et la taille de la population sont presque semblables ; et les deux ont été des acteurs alliés des Etats-Unis au XX° siècle dans la Guerre Froide, l’un dans lepacte de l’OTAN en Europe, l’autre avec un équivalent, l’OTASE créé en 1954 en Asie, qui siège à Bangkok. L’Etat envoya des troupes en Corée, au Vietnam, dans le cadre du containment (« l’endiguement ») organisé en Asie contre l’énorme Chine et la menace communiste que la  guerre d’Indochine avait  fait craindre depuis 1946.  Et il fut impliqué dans des opérations clandestines de la CIA au Laos et au Cambodge. L’ASEAN fut fondée ensuite en 1967 avec dix autres pays d’Asie du Sud pour faire barrage aux mouvements communistes. En 1973, il y avait 12 bases militaires américaines dans le pays, 550 avions de combat et des milliers de soldats stationnés pour soutenir à l’époque les États-Unis au Vietnam.

              Le pays est constitué d’une large partie continentale avec au centre la plaine alluviale du plus grand fleuve thaïlandais (Chao Phraya), région la plus dense et région agricole la plus riche. Bangkok est située près du fertile delta du Maenam Chao Phrayaau. Tout autour, des massifs montagneux à l’ouest qui longent la frontière birmane, culminant à 2 595 mètres et à l’est une autre chaîne, qui culmine à 1 270 mètres ; le tiers oriental du pays c’est le plateau de Khorat, bas et aride, bordant la vallée du Mékong. Se prolonge par la péninsule malaise partagée avec la Birmanie et la Malaisie, bordée d’étroites plaines côtières. Le climat est tropical, avec une saison sèche et une saison des pluies (mousson). La température varie généralement entre 25 °C et 35 °C en moyenne.     

              Le premier royaume connu sur le territoire thaïlandais fut le royaume de Funan au 1er siècle de notre ère, le plus puissant de la région à cette époque, il  dura jusqu’au Xe siècle, puis tomba  sous l’allégeance du royaume des Khmers, les invasions et dominations étrangères se perpétuant jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

 En 1283  avait été  inventé l’alphabet thaï. Au XIV° le bouddhisme theravāda devint religion officielle et un nouveau code légal fut   instauré, demeuré en vigueur jusqu’à la fin du XIXe.  Fin XVIII° le premier roi de la nouvelle dynastie Chakri   avait fondé fonde une nouvelle capitale, Bangkok, sur la rive de la Chao Phraya. Au XIXe siècle, le Royaume-Uni et la France grignotèrent le pays, à la fois territorialement sur ses marges, et dans sa souveraineté. Au total, le Siam  perdit 456 000 km² durant le règne de Chulalongkorn (1868 à 1910).

Chulalongkorn (1868 à 1910) Source: By unknown – Pirasri Povatong published the original image at the courtesy of Malakun Na Ayutthaya, the inheritor of the photo, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=116046919

Avec les voisins, des relations anciennes et des conflits, avec la Birmanie entre le XVIe et 1939-1945.  Et en 2010, un conflit  pendant deux ans suite aux combats entre  armée  birmane et l’armée de libération des Karen. Avec le Vietnam : multiples guerres aux XVIIIe et XIXe siècles. Avec le Cambodge depuis le XIIIe siècle nombreux conflits et en 1431, la Thaïlande  avait pris le contrôle d’Anghor.

Par l’effet du Traité anglo-siamois de 1909 l’ancien royaume de Patani devint partie intégrante du royaume de Siam, sous la forme de quatre nouvelles provinces : Pattani, Yala, Narathiwat et Satun.

Aligné sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1945 l’équilibre entre le pouvoir royal, l’armée, et le camp démocratique reste précaire, pas moins de 20 coups d’État qui ont été tentés ou réussis par les forces armées jusqu’à la première décennie du XXIe siècle.  Le  crime de lèse-majesté  vaut  plusieurs dizaines d’années de prison. En 1972, des centaines ou plus de 3000 (?) paysans, soupçonnés de soutenir la rébellion communiste, sont massacrés  par les forces armées  dans le Sud.  En 1973, des manifestations d’étudiants et de des centaines de milliers de citoyens à Bangkok aboutissent au départ du dictateur militaire (70 ou  300 tués? ), la Thaïlande s’ouvre à l’une des rares périodes démocratiques de son histoire. L’armée intervient En 1976, à Bangkok, des militants d’extrême droite ultraroyalistes, appuyés par la police et par l’armée, ouvrent le feu sur une manifestation d’étudiants de gauche. (46 ou une centaine de tués). Le même jour, l’armée conduit un putsch, avec l’assentiment du roi. En 2006 l‘armée prit le pouvoir par un coup d’Etat et déclare l ‘« état d’urgence généralisé ». En  mai 2014  l’armée instaure la loi martiale et la censure sur le territoire ;  organise une lutte acharnée contre  toute forme d’opposition.  En 2010 et entre 2013 et 2015, se développent  les luttes entre les « jaunes » ( couleur du roi , une élite urbaine, conservatrice, hostile à la démocratie dite « à l’occidentale » et fervente partisane de la monarchie) et les « rouges » (classes les moins aisées, séduites par les mesures de lutte contre la pauvreté, favorables au maintien de la démocratie et de moins en moins favorables à la monarchie),  bloquant le pays et en particulier la capitale Bangkok pendant des mois avec des manifestations de rue et des violences. En octobre 2016, Rama X devient le nouveau roi. Les clivages persistent, entre principalement des riziculteurs et les pauvres, et les élites de Bangkok, dont les généraux au pouvoir. Le républicanisme est considéré comme un crime de lèse-majesté et est passible de quinze ans de prison.

                    Au XX°, la longue guerre du Vietnam menée par les E-U. légua deux héritages à la Thaïlande, le tourisme de masse d’abord,  qui à partir du milieu des années 1980  joua un rôle majeur dans le développement économique.  Le second legs de la guerre du Vietnam fut la prostitution. En effet plus de 3 millions de soldats y passèrent, 7 bases américaines transformées en secteurs R&R (« Rest & Recreation »), quartiers rouges, bars, salons de massage, plus de 50 000 soldats stationnés  qui  passent aussi leurs permissions,  et de gros investissements des EU sont réalisés : transports, infrastructures. Après le départ des troupes américaines, le pays devint célèbre pour sa population accueillante, ses belles plages. En 2019, la Thaïlande accueillit près de 40 millions de touristes (9e rang mondial, 11,4 % du PIB) ; lors du tsunami de fin 2004 qui ravagea la côte sud-ouest la majorité des centaines de morts étaient des étrangers.  Les destinations  touristiques sont bien connues :  Chiang Mai, parc d’Ayutthaya, station balnéaire de Pattaya, Bangkok, provinces méridionales de Phuket, de Phang Nga, de Krabi et de nombreuses îles dans le golfe de Thaïlande et dans la mer d’Andaman, comme celles de Ko Samui et de Koh Phi Phi, et des monuments. L’artisanat traditionnel aimante les touristes : les récipients céladons bleu-vert, les nattes tressées à la main, les bougies sculptées. Mais revers de la médaille : un désastre environnemental dans des lieux victimes de leur succès comme l’île de Phi Phi Leh, le surtourisme se traduit par la surabondance des bateaux à moteur, la diminution de la couverture corallienne de plus de 60% en un peu plus de 10 ans ; des montagnes de déchets dans les zones touristiques, les eaux usées rejetées dans les cours d’eau ou dans la mer sans être traitées, des forêts polluées, des problèmes d’eau potable, la destruction d’espaces naturels. Longtemps restreinte au tourisme balnéaire, les responsables souhaitent attirer les touristes vers les vestiges archéologiques du nord.

Phuket. https://commons.wikimedia.org/

                       La Thaïlande est une puissance économique régionale, en 2015, elle est la seconde plus grande économie de l’Asie du Sud-Est, après l’Indonésie, à preuve, environ 2,8 millions d’immigrés légaux et illégaux, dont des expatriés occidentaux.  Les Japonais y ont investi et provoquent une industrialisation rapide dans les années 1980 et 1990.  Et le gouvernement  pilote et soutient  selon la conjoncture internationale.  C’est un des » Nouveaux Pays Industrialisés », ( NPI) , il est membre de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC). L’industrie (39,2 % PIB), fortement exportatrice, (électronique, sous-traitance mécanique, chimie, papier, agroalimentaire) est le principal poumon économique du pays, loin devant le tourisme. Elle attire de nombreuses multinationales. L’agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, furent la base de son économie. En effet, avec en moyenne trois récoltes par an est souvent deuxième exportateur mondial de riz après l’Inde mais est sensible aux fluctuations des cours mondiaux ; exporte aussi des  crevettes d’élevage et  des produits issus de la canne à sucre.

                La population compte 68,3 M (2017) dont environ 75 %   sont d’ethnie thaïe ; 14 % sont des Chinois. Les familles thaïes d’origine chinoise, qui ne sont qu’environ 6 % de la population, contrôlent la plupart des secteurs économiques du pays ; 3 % sont  des Malais, et il y a des groupes minoritaires : les Môns, les Khmers et les diverses tribus des collines, au  nord-est et  les populations proches des Lao qui  perdent leur identité ethnique. Selon le rapport du Crédit suisse de 2018, 1 % de la population détient 66,9 % de la richesse du pays. Le pays souffre d’une  fracture rurale-urbaine et  des pans entiers de la société  sont confrontés à l’exode, à la massification du secteur informel, à l’absence de protection sociale ou aux difficultés d’accès à l’éducation et aux services de base.

La langue officielle, parlée par au moins 85 % de la population, est le thaï, proche des deux dialectes lao ; la seconde langue maternelle est le chinois. L’anglais est la seconde langue administrative et la langue commerciale, parlé en seconde langue par 3 500 000 locuteurs.

                La Thaïlande est profondément imprégnée par la religion officielle le bouddhisme theravāda.  Les moines pratiquent l’ascétisme et tous les matins  vont mendier leur nourriture auprès des habitants. Il existe aussi  une grande pérennité des croyances animistes (amulettes magiques, culte domestique rendu aux « esprits du lieu »). La minorité musulmane (4,6 % de la population) vit principalement dans le Sud, près de la frontière avec la Malaisie.   Une grande part des arts est au service des représentations traditionnelles du bouddhisme et de ses dérivés. Le théâtre classique, le Khon était joué uniquement par des hommes, il mélange jeu d’acteur et danse où la musique joue un grand rôle.

Les us et coutumes d’un pays bouddhiste sont signalés aux visiteurs : ne pas serrer la main ou faire la bise, ne pas tourner le dos aux statues du Bouddha, ne pas toucher la tête (considérée comme la partie la plus sacrée du corps y compris celle d’un enfant, éviter d’aborder les sujets liés à la politique, interdiction de fumer, de vapoter sauf dans des lieux précis ; pendant l’hymne national  bi- quotidien se tenir debout, interrompre ses occupations, s’arrêter; respecter  la vénération envers le roi et la famille royale ; laisser sa place à un moine, se déchausser à l‘intérieur. Utiliser une cuillère pour boire une soupe plutôt que boire directement au bol.

La cuisine thaï très parfumée  rencontre un succès international croissant. La sculpture des fruits et des légumes est un art.

                  Le poète le plus connu est  Sunthorn Phu, l’écrivain majeur du XXe siècle Chote Praepan plus connu sous le nom de Jacob et l’écrivain multi-récompensé (Prix des écrivains de l’Asie du Sud-Est et Artiste national de Thaïlande) Saneh Sangsuk.

Sunthorn Phu. By Anoyama – Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=82262872

                   – La Thaïlande possède le record du nom de ville le plus long de la galaxie : la capitale Bangkok  depuis  2022 s’appelle  en effet : Krung Thep Maha Nakhon («  La grande cité des anges, grande ville, résidence du Bouddha d’émeraude, ville imprenable du Dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, riche dans l’énorme Palais royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville offerte à Indra et construite par Vishnukarn »).

                 -Le pays est vice-champion du monde du nombre des coups d’Etat : 19 dont 12 réussis par l’armée depuis 1932, le dernier en 2014, mais loin derrière la Bolivie ( 188).

                 -C’est ou c’était le pays des éléphants d’Asie que touristes vont voir dans le parc national de Kao Yai. A l’état sauvage leur nombre  a chuté à environ 2 000 à 3 000 individus.

                 -Les Thaïlandais ont inventé un sport de combat (cinq rounds de trois minutes, précédé par une « danse » rituelle de gestes codifiés) une variété de boxe, le Muay-thaï, art martial ancestral, le muay boran (boxe traditionnelle) et le krabi krabong (pratiqué avec les armes). Sport national et   marché lucratif en Thaïlande. 

                  -Le terme siamois désigne les « jumeaux conjoints », il provient de Chang et Eng Bunker, deux jumeaux nés au Siam (aujourd’hui la Thaïlande) en 1811. Soudés au niveau de la taille, ils mirent à profit leur anomalie anatomique pour gagner de l’argent et devinrent des vrais  phénomènes de foire en Europe, aux  Etats-Unis, le Canada et à Cuba.

                   -Le nom scientifique du chat siamois   est Felis catus.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Le vin thaïlandais est souvent décrit sous la dénomination de « Les Vins de Nouvelle Latitude » car la Thaïlande se situe entre les latitudes de 5.77o et 20.43o Nord, en dehors donc de la fourchette de 30o-50o, où se situent les principaux vignobles du monde. Le début de la viticulture date du milieu des années 1990 et elle s’étend aujourd’hui sur 166 hectares (412 acres) qui produisent environ 1 000 tonnes de raisins, transformés par 9 domaines viticoles, qui par an produisent environ 800 000 bouteilles. La gamme comprend des vins tranquilles secs et moelleux, ainsi que des vins effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle.

Siam, le principal producteur de vin de Thaïlande, exporte environ 50% de sa production soit 250 000 bouteilles vers le Royaume-Uni, la Croatie, la République Tchèque, l’Équateur, la Hongrie, le Japon, la République de Corée, le Luxembourg, la Malaisie, les Pays-Bas et la Norvège. En juillet 2020, la Thaïlande a doublé ses importations annuelles de vins à 120 millions de bahts (3,3 millions d’Euros).

La consommation de vin par personne s’élève à 0,93 L en 2022.

HISTOIRE

De longue date, il existe un consensus : la viticulture et l’élaboration du vin de qualité ne peuvent se faire qu’entre les latitudes 30o et 50o Nord ou Sud.

Dans cette zone, la plage de températures diurnes relativement large (en particulier dans les zones à « climat plus frais ») est optimale pour produire des niveaux de sucre et d’acide qui permettent de transformer les raisins en vin de qualité. Dans cette zone tempérée se trouvent à la fois les producteurs traditionnels de « l’Ancien Monde » (France, Italie, Espagne) et les principaux producteurs de vin du «Nouveau Monde» dont les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud le Chili et l’Argentine.

Les trois dernières décennies ont été marquées par un changement majeur, le pays s’oriente vers une croissance globale rapide de la production et de la consommation comme dans le Nouveau Monde. Cette même période a vu l’émergence (ou la réémergence dans certains cas) d’une série d’autres producteurs de vin, ce que certains ont qualifié de producteurs de vin du « Tiers Monde ». Ces pays, situés en grande partie sous les tropiques ont poussé l’expansion de la viticulture et de la vinification au-delà de ses limites environnementales traditionnellement acceptées, même si la viticulture existe depuis longtemps dans certains pays hors des latitudes acceptées, compte tenu de facteurs géographiques qui atténuent les facteurs climatiques liés à la latitude (Bolivie, Afrique du Sud, Pérou en particulier). Les exemples de ces nouveaux pays viticoles incluent des pays proches ou traversés par le tropique du Cancer (Inde, Chine) et du Capricorne (Équateur, Paraguay). Ces nouveaux pays viticoles incluent aussi des territoires comme Tahiti, Hawaï, le Bhoutan, l’Asie du Sud-Est continentale, y compris le Vietnam, le Myanmar, le Cambodge et la Thaïlande.

Le cépage de table français, le malaga banc a été introduit pour la première fois en Thaïlande depuis la France en 1685 … avec une demi-douzaine de bouteilles de bordeaux, en cadeau de Louis XIV au roi Narai le Grand. La consommation de vin reste cependant l’apanage des classes supérieures et la vinification du raisin n’apparaît en Thaïlande que dans la seconde moitié du XXe siècle.

À la fin des années 1950, deux cépages (chenin blanc et syrah) ont été testés pour leur adéquation au climat thaïlandais. Apparemment, les premières plantations ont été menées sous la direction du roi, qui a lancé un premier projet exploratoire de vinification. Mais on doit au docteur Chaijudh Karnasuta la paternité de la viticulture et du vin thaïlandais, il a installé le vin thaïlandais sur des bases commerciales.  Ce Thaïlandais a dirigé pendant plusieurs décennies une entreprise de construction avant de décider de lancer la viticulture dans son pays en 1991 sur les hauteurs de Phu Rua, au Nord-Est dans la province de Loei (prononcé l’œil).

Narai le Grand. Par Clestur sur Wikipédia anglais, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/

Le plus grand producteur de vin de raisin de Thaïlande, aujourd’hui, Siam Winery, a été fondé en 1986 par Chalerm Yoovidhya (inventeur et fondateur de la boisson énergisante Red Bull). Initialement axé sur la production de « wine coolers » (boisson alcoolisée à base de vin et de jus de fruits) Siam s’est lancé dans la production de vins tranquilles dans les années 1990.

La plupart des neuf vignobles actuels de Thaïlande ont été établis à la même époque, bien que certains (Silverlake et Shala One) soient plus récents.

Cette explosion de l’activité viticole en Thaïlande dans les années 1980 et 1990 reflète celle d’autres producteurs de « nouvelles latitudes » en Asie. Le développement des vignobles en Chine et en Inde, par exemple, s’est également effectué rapidement à cette époque. Château de Loei est le résultat d’une recherche approfondie d’une altitude plus élevée, moins humide pour cultiver les vignes. Les vignobles existants, qui sont présents du nord au sud du pays, sont généralement situés dans les zones climatiques les moins humides et tous sont situés dans des zones dont microclimats influent sur le potentiel de la viticulture. Celle-ci s’est développée pour des raison différentes. Certains (comme Alcidini) ont été établis par le propriétaire après l’achat d’un terrain pour des raisons autres que viticoles (dans ce cas, pour une retraite à la campagne). D’autres étaient plus planifiés, Siam, par exemple, consacra des recherches considérables à sa sélection du site des collines de Hua Huin. PB Khao Yai, GranMonte et Château des Brumes ont été choisis en partie en raison de l’altitude, et aussi pour leur proximité avec Bangkok.

Source: wikipedia.org

La faible rentabilité (l’activité est en fait, toujours déficitaire ) générée par la seule production de vin est une caractéristique commune du modèle commercial des domaines. Les acteurs de la filière se plaisent à répéter qu’il n’y a actuellement aucun profit à réaliser avec le vin thaïlandais. Cela oblige tous les producteurs à lier leur production à d’autres entreprises associées à l’œnotourisme tels que les centres de villégiature, l’hébergement et les restaurants. Pour certains, qui font partie de grands empires commerciaux (PB Khao Yai, Château de Loei et Siam), les pertes sont absorbées par les autres entreprises du groupe.

Tous les viticulteurs thaïlandais, quelle que soit leur taille, ont développé leur production en s’appuyant sur la technologie et le savoir-faire européen ou celui des antipodes. Village Farm et ses vins du Château des Brumes sont produits par une équipe viticole française. Lorsque leur propre saison est mauvaise, ils utilisent en fait du jus de cabernet sauvignon français importé pour assembler des jus et augmenter leur propre production. Car le vin thaïlandais n’a pas à être élaboré uniquement avec des raisins cultivés en Thaïlande.  D’autres s’appuient sur une expertise plus spécialisée avec, par exemple, le Dr Richard Smart de renommée internationale qui fournit de temps à autre des conseils viticoles d’experts dans un certain nombre d’exploitations de Khao Yai.

Les producteurs de vin thaïlandais ont été touchés par l’accord de libre-échange de l’ANASE (AFTA)[1], mis en œuvre en 2010, qui a réduit les droits d’importation et les droits d’accise sur le vin importé d’autres pays de l’ANASE d’environ 360 % à 200 %. Un précédent accord de libre-échange signé entre la Thaïlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande avait déjà réduit le droit d’importation sur le vin de 60 % à environ 20 %.

Source: Château de Loei

Cependant, l’expertise viticole thaïlandaise se développe. Nikki Lohitnavy de GranMonte est la première œnologue thaïlandaise formée à l’étranger, diplômée de l’Université d’Adélaïde spécialisée en viticulture et avec une expérience de travail dans des vignobles au Portugal, en Afrique du Sud, en France et en Australie. La famille Lohitnavy qui dirige GranMonte a l’intention de prouver que du vin de qualité peut être élaboré en Thaïlande par des professionnels du vin thaïlandais à partir de raisins cultivés en Thaïlande. Pareillement, au Château de Loei, Mae Chan, Siam, Shala One et PB Khao Yai, il y a des vignerons ou viticulteurs actuels qui se sont formés auprès de vignerons français ou allemands (en Thaïlande et/ou en Europe) pendant plusieurs années, mais qui sont maintenant assez confiants pour gérer les vignobles ou la production de vin (ou les deux) eux-mêmes.

Les producteurs de vin thaïlandais sont également activement impliqués dans le développement d’une expertise régionale et mondiale dans la production de vin tropical. En novembre 2011, Chiang Mai a accueilli le 3e Symposium international sur les vins tropicaux, un événement de sept jours impliquant 50 présentations avec des conférenciers et des participants issus d’un large éventail de pays producteurs de vin tropicaux et tempérés, notamment le Myanmar et le Vietnam voisins, la France, l’Allemagne, l’Australie, Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’ Inde et la Thaïlande.

En 2014, la Thai Wine Association (TWA) est créée. C’est un organisme d’autorégulation qui distingue la Thaïlande de nombreux producteurs de vin de « nouvelles latitudes ». Elle vise à « établir une norme pour les vins thaïlandais ». Les membres de l’association effectuent des tests et en rendent compte pour s’assurer que les normes minimales de production de vin et d’étiquetage concernant la provenance des raisins, les niveaux de SO2 des variétés, les niveaux d’acidité volatile et l’étiquetage de la teneur en alcool sont respectés par ses membres. Un voyage annuel est effectué par tous les membres dans la propriété de chacun pour y voir les processus, les normes et partager les innovations. Dans le passé, l’association a également promu la production de vins de qualité à base de raisins locaux, organisé des séminaires et des dégustations indépendantes de vins thaïlandais, promu la culture du vin et de l’oenotourisme dans le pays lors d’événements de marketing international, elle fait pression et négocie avec le gouvernement pour améliorer les conditions des producteurs de vin thaïlandais.

Kathrin Puff. Vinificatrice au domaine de Siam. Source: Kathrin Puff

En 2015, les droits d’importation ont été éliminés ce qui pénalise les vins thaïlandais qui ont des coûts de production élevés.

Les vignerons thaïlandais commercialisent activement leur vin, s’appyant sur l’argument qu’ il est particulièrement adapté à la cuisine asiatique épicée et le « vin thaïlandais pour la cuisine thaïlandaise » est devenu un slogan de marketing courant. Une grande partie du marché d’exportation est stratégiquement dirigée vers les restaurants thaïlandais à l’étranger. Le Royaume-Uni en est le plus grand importateur, car il compte environ 1 200 restaurants thaïlandais et plus de 50 pubs thaïlandais. Et en Thaïlande une culture émergente du vin prend forme. Le vin est apprécié par une classe moyenne croissante de jeunes Thaïlandais urbains, éduqués et qui généralement voyagent. Des bars à vins et des restaurants ouvrent à Bangkok, même si la plupart proposent des vins importés plutôt que des vins produits localement. Les producteurs de vin thaïlandais se plaignent régulièrement du manque de soutien du gouvernement à cette industrie émergente, un facteur qui freine sa croissance. Ils opposent souvent leur propre situation à celle de l’Inde, où le gouvernement est très favorable à l’industrie viticole émergente, aidant même à établir des centres de recherche viticole.  Les principaux obstacles à la croissance future de l’industrie du vin en Thaïlande sont les taxes et l’insécurité qui règne sur la propriété foncière. Créer une culture du vin au sein de la classe moyenne grandissante du pays nécessite au minimum de proposer un produit équivalent à un prix moins cher. Cela ne peut être réalisé dans le cadre du régime fiscal actuel du gouvernement. L’histoire montre qu’une étroite collaboration sera nécessaire entre les secteurs du privé, des universités et le gouvernement pour effectuer des changements. Là où les viticulteurs cherchent à promouvoir la consommation de vin dans le cadre du « mode de vie des gens de la classe moyenne instruite », les traditions religieuses dominantes, qu’elles soient bouddhistes ou islamiques, encouragent l’abstinence de sa consommation. Alors que les producteurs promeuvent le vin comme un bienfait pour la santé, les autorités thaïlandaises considèrent la consommation d’alcool comme un grave problème de santé publique.


[1] L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEANa) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d’Asie du Sud-Est. Elle a été fondée en 1967 à Bangkok (Thaïlande) par cinq pays: Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour et Thaïlande dans le contexte de la Guerre Froide. Il s’agissait de faire barrage aux mouvements communistes dans la région, comme en Indonésie en 1965 et aux pays communistes dont l’énorme Chine, de développer la croissance et le développement et d’ assurer la stabilité dans la région. Le microscopique Brunei les rejoignit le 8 janvier 1984. Le Viêt Nam entra en 1995, suivi du Laos et de la Birmanie le 23 juillet 1997 et du Cambodge le 30 avril 1999. Environ 98% des droits de douane entre les pays membres sont supprimés ou du moins réduits.

CLIMAT

Le climat de la Thaïlande est influencé par les vents de mousson qui ont un caractère saisonnier (la mousson du sud-ouest et du nord-est). La majeure partie du pays est classée comme climat de savane tropicale ddan la classification de  Köppen. La majorité du sud ainsi que la pointe orientale de l’est ont un climat de mousson tropicale. Certaines parties du sud ont également un climat de forêt tropicale humide.

La Thaïlande est divisée en trois saisons climatiques. La première est la saison des pluies ou de la mousson du sud-ouest (de la mi-mai à la mi-octobre), qui est causée par le vent du sud-ouest venu de l’Océan Indien.  La zone de convergence intertropicale (ZCIT) et les cyclones tropicaux contribuent aussi aux précipitations, août et septembre étant la période la plus humide de l’année. Le pays reçoit une quantité annuelle de précipitations moyenne de 1 200 à 1 600 mm (47 à 63 po). La deuxième saison est   l’hiver ou la mousson du nord-est qui se produit de la mi-octobre à la mi-février.  La troisième saison est l’été ou la saison de pré-mousson qui s’étend de la mi-février à la mi-mai.  En raison de leur position à l’intérieur des terres et de leur latitude, le nord, le nord-est, le centre et l’est de la Thaïlande connaissent une longue période de temps chaud, où les températures peuvent atteindre jusqu’à 40 °C. C (104 °F) de mars à mai. Les températures peuvent descendre   en dessous de 0 °C (32 °F) dans certaines régions en hiver.  Le sud de la Thaïlande est caractérisé par un temps doux toute l’année avec moins de variations diurnes et saisonnières des températures grâce aux influences maritimes.

La Thaïlande fait partie des dix pays du monde les plus exposés au changement climatique. En particulier, il est très vulnérable à l’élévation du niveau de la mer et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Climat actuel

Climat futur

SOL

Montagnes et de collines occupent environ les deux cinquièmes du pays dont la pente empêche généralement l’agriculture.

Les sols de la majeure partie du pays sont peu fertiles, en grande partie à cause du lessivage dû aux fortes pluies. Les différences entre les différents types de sol sont le résultat de différences dans le matériau de la roche-mère, des variations dans la quantité de précipitations, la durée des saisons humides et sèches, le type de couverture végétale et d’autres facteurs naturels. En général, les sols caillouteux et peu profonds caractérisent les reliefs vallonnés et montagneux du Nord. De grandes parties de cette zone montagneuse étaient traditionnellement utilisées par les peuples des collines pour la culture itinérante. Les Lua (également appelés Lawa) et les Karen cultivaient pendant de courtes périodes, puis laissaient la terre en jachère pendant de longues périodes, ce qui permettait la repousse de la forêt et la restauration de la fertilité des sols. Cependant, en raison de la pression démographique, d’autres groupes n’ont parfois pas suivi cette pratique. La culture principale de nombreux peuples des collines était le riz pluvial ; le maïs était une culture secondaire importante. Les Hmong, les Lisu et certains autres peuples des collines cultivaient le pavot à opium comme culture commerciale, mais cette activité entraînait des implications importantes pour la stabilité interne ainsi que des répercussions internationales majeures. Les autorités thaïlandaises, avec une aide internationale substantielle, ont redoublé d’efforts dans les années 1980 pour rediriger les paysans vers d’autres cultures, notamment le tabac et le café.

De nombreux habitants des basses terres du Nord pratiquaient également la culture itinérante dans les zones de collines situées non loin au-dessus des vallées. Les vallées avaient généralement de meilleurs sols, certains d’une fertilité assez élevée ou modérée, qui étaient principalement utilisés pour la culture du riz irrigué. Là où la pression démographique se faisait la plus forte, les zones les plus élevées étaient souvent orientées vers la culture itinérante pour compléter la production des basses terres. La culture principale était généralement le riz pluvial, bien que d’autres cultures aient également été pratiquées .

Des limons sableux peu profonds couvrent une grande partie du plateau de Khorat. Leur fécondité généralement faible explique en partie le faible niveau économique de la région. Les sols le long des principaux fleuves sont plus fertiles et des limons alluviaux de haute fertilité accompagnent le cours du du Mékong. Les sols des basses terres couvrant environ un cinquième du nord-est (quelques 3,5 millions d’hectares) avaient été convertis en riz paddy.

La zone rizicole de la plaine centrale et le delta du Mae Nam (fleuve) Chao Phraya ont des sols argileux de fertilité élevée à modérée. Basse et plate, une grande partie de la zone est inondée pendant la saison des pluies. Les zones plus élevées sur les bords de la plaine sont généralement des sols bien drainés de fertilité élevée à modérée qui se prêtent à une culture intensive. Ces terres sont largement utilisées pour le maïs et la canne à sucre. Parmi les autres sols très utiles figurent les sols argileux et limoneux bien drainés dans certaines parties de la péninsule où l’hévéa est cultivé.

La taxonomie des sols de l’USDA montre que 80% des sols de la Thaïlande sont des acrisols.  

RÉGIONS VITICOLES

La Thaïlande compte 4 régions viticoles distinctes avec un sol et des conditions climatiques différentes : la Région Nord, la vallée de Khao Yai, le delta de Chao Phraya,  et les collines d’ Hua Hin. Pour en savoir plus sur les régions viticoles de Thaïlande, cliquez sur le lien suivant:THAILANDE RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Le cépage le plus planté en Thaïlande est la syrah et pour les blancs, le malaga blanc, un cépage de table d’origine française. Offert en cadeau au roi de Narai le Grand en 1685 et utilisé pour la cuve lors du développement de l’industrie viticole thaïlandaise dans les années 1990. Pour en savoir plus sur les vins Thaï, cliquez sur le lien suivant: THAÏLANDE CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

il n’y a pas de règlementation officielle pour la viticulture et l’élaboration du vin. Il existe cependant une règlementation volontaire des membres de l’Association des Vins Thaï et les exploitations viticoles sont soumises à une évaluation indépendante. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation du vin Thaï, cliquez sur le lien suivant: THAÏLANDE LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION