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TURQUIE

DESCRIPTION DU PAYS

ANKARA. Source: By Boubacar Amadou Cisse – Own work, https://commons.wikimedia.org/

LA TURQUIE VUE D’AILLEURS

La TURQUIE est plus peuplée (84,6 M) que le pays le plus peuplé d’Europe (Allemagne : 83), et le plus vaste – avec sa partie      asiatique – du continent après la Russie.

Un passé glorieux :  l’Empire Ottoman, fondé fin XIIIe siècle au nord-ouest de l’Anatolie (actuelle province de Bilecik), par Osman Ier, fondateur de la dynastie, va après 1354, entrer en Europe, conquérir les Balkans, mettre fin à l’Empire byzantin en 1453 par la prise de Constantinople. Aux XVe et XVIe à son apogée, sous le règne de Soliman Ier le Magnifique, l’empire-multinational et multilingue- contrôle une grande partie de l’Europe du Sud-Est, autour du bassin méditerranéen, des parties de l’Europe centrale jusqu’à Vienne assiégée, de l’Asie occidentale, du Caucase et de l’Afrique du Nord. Au début du XVIIe siècle, il comprend de nombreux États vassaux ensuite absorbés, ou autonomes.  Constantinople la capitale est au centre des interactions entre Orient et Occident pendant six siècles.   Après des revers et des réformes au XIXe siècle il devient beaucoup plus puissant et organisé malgré de nouvelles pertes territoriales, en particulier dans les Balkans où de nouveaux États émergent. L’expression « homme malade de l’Europe » s’applique à l’empire. Il s’allie à l’Allemagne au début du XXe siècle, espérant échapper à l’isolement diplomatique, s’engage ainsi dans la Guerre Mondiale du côté des puissances centrales, tout en luttant contre des révoltes arabes en 1916 – 1918 (Lawrence d’Arabie).

Fort comme un Turc :l’ expression remonte au XVI° après la prise de Constantinople par les troupes du sultan Mehmet II en 1453. Face aux conquêtes par leur force, leur courage et aussi leur brutalité et leur cruauté. Le Turc représentait donc à l’époque l’ennemi suprême, l’imbattable.

Après la Première Guerre Mondiale, l’Empire ottoman est occupé par les Alliés, démembré, amputé de ses territoires du Moyen-Orient, divisés entre le Royaume-Uni et la France confiés en mandats (Palestine, Syrie, états du Golfe) par le traité de Sèvres en 1920. La guerre d’indépendance turque commence alors contre les occupants. Les forces turques vainquent les armées arméniennes et italiennes puis grecques qui occupaient la ville et la région d’Izmir, la Thrace orientale et des îles de la mer Égée (actuelles îles de Gökçeada, Bozcaada, Cunda), définitivement chassées hors de Turquie. Donne naissance à l’état actuel de la Turquie.

Le terrible génocide des Arméniens est perpétré d’avril 1915 à juillet 1916, voire 1923, au cours duquel les deux tiers des Arméniens, ainsi que des Assyriens, et des Grecs qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie, périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur.

 Kemal Atatürk crée la Turquie républicaine : Mustafa Kemal Atatürk, né en 1881 à Istanbul, est inspiré par la Révolution française. Patriote pendant la guerre de 14-18 (Bataille des Dardanelles), puis mène la guerre contre les occupants, contre les Grecs, contre le démembrement du traité de Sèvres. Il met en oeuvre une révolution sociale et culturelle, rompt avec le passé impérial ottoman et islamique par des réformes radicales :  instaure la République en 1922, décrète la laïcité dans la Constitution, supprime l’islam en tant que religion officielle, occidentalise, donne le droit de vote aux femmes, remplace l’alphabet arabe par l’alphabet latin et déplace la capitale d’Istanbul à Ankara.  Il est le premier président de la république de 1923 à 1938. Il est « Gazi » (« Le Victorieux »), Atatürk », littéralement le « Turc-Père », le mot « Ata » voulant dire ancêtre. Funérailles nationales en 1938.

Mustafa Kemal Atatürk, 5 August 1921. Source: Domain Public

 En 1974, l’opération « Attila » coupeCHYPRE en deux en riposte aux intentions desmilieux nationalistes grecs qui voulaient la réunion de l’île à la Grèce (Énosis), alors que la minorité turque (18 % de la population) s’y opposait. Les affrontements se multiplient pendant la décennie 60. Des officiers grecs tentent un coup d’État en 1974  contre le président de Chypre Makarios avec un groupe armé. Alors la Turquie intervient militairement au nom des intérêts de la minorité turque, elle occupe le nord de la «ligne verte» ; près de  33 000 soldats, deux aérodromes  de Pinarbasi (Krini) et  Geçitkale (Lefkoniko), s’assure le contrôle de 38 % du territoire. Conséquence : exode brutal dans les deux sens :  de Grecs -200 000 – chassés du nord, de Turcs forcés de s’installer au nord. Depuis la situation s’est figée.

TURQUIE et UNION EUROPEENNE : je t’aime, moi non plus. Le pays est un État tiers associé à l’UE, a signé un accord d’union douanière avec l’UE en 1995.  Est officiellement candidat à l‘adhésion en 1999. Depuis, cette perspective a suscité de vifs débats liés à la taille et à la position géographique du pays, au poids de la religion musulmane dans sa société ou encore à sa position sur la question chypriote. Avec le durcissement du régime de Recep Tayyip Erdoğan ces dernières années, la perspective d’une adhésion à l’UE s’est éloignée, le Conseil de l’UE estimait que les négociations étaient “au point mort” avec Ankara en 2020. Purges et emprisonnements après la tentative manquée de coup d’Etat en juillet 2016, extension des pouvoirs de Recep Tayyip Erdoğan, insultes vis-à-vis des autorités allemandes, néerlandaises ou encore françaises, interventions militaires en Syrie et instrumentalisation politique des flux migratoires. Reprise récente du dialogue entre Bruxelles et Ankara.

Une méchante épine dans le pied du gouvernement turc : dans la région, 30 à 40 millions de personnes dont 15 à 20 millions vivent en Turquie, et puis en Iran, en Irak et en Syrie, ce sont les  Kurdes, leur langue appartient à la famille des langues iraniennes, ils sont surtout musulmans sunnites et ils n’ont pas un Etat à eux. C’était  prévu par le traité de Sèvres en 1920.  Ils sont dispersés dans une vaste région transfrontalière surmilitarisée où sont massées des troupes des Etats de la région.  En Turquie, ils sont discriminés, victimes de répression, présentés comme des « terroristes » à éradiquer, avec  une guerre acharnée contre l’organisation armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classée organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne.  se trouvent en plein centre de cette zone de tensions militaires et d’intérêts économiques et géopolitiques que les Etats régionaux, comme les Occidentaux, n’ont pas envie de sacrifier au nom d’un peuple dérangeant. Le Kurdistan est l’ultime possession de l’Empire ottoman, une portion du « troisième cercle » impérial sur lequel toute concession accordée aux Kurdes est vécue comme profondément douloureuse et traumatisante. Une autonomie culturelle accordée aux Kurdes est jugée inacceptable par la majeure partie des Turcs. Les Kurdes sont pour eux (« ceux qui veulent diviser le pays »). La propagande du nationalisme turc a bien fonctionné : l’honnête Turc affirme encore qu’il n’y a pas de problème kurde dans son pays, mais seulement un problème de terrorisme à annihiler au plus vite.

La Turquie a une importance géostratégique immense pour l’Union européenne, les Etats-Unis, dont elle est un partenaire géostratégique essentiel dans la politique étrangère américaine ; pour Israël qui, depuis l’accord d’avril 1996, celle des autres Etats régionaux, la Syrie, l’Iran et l’Irak, qui ronchonnent de plus en plus face à cet axe Washington/Tel-Aviv/Ankara,  opposent une « Triple Alliance » pleine de dangers, et tissée depuis 1997, entre Damas, Téhéran et Bagdad.

Le turc, langue agglutinante, est parlé en Turquie et à Chypre, il appartient à la famille des langues turques (surtout l’azéri et le turkmène, malgré des différences), il est parlé aussi dans l’ancien territoire de l’Empire ottoman, ( Bulgarie,  Thrace occidentale, Bosnie-Herzégovine, Kosovo,  nord de Chypre,  nord de l’Irak, Macédoine, Roumanie (essentiellement en Dobroudja).   Les Turcs de la Turquie, islamisés vers le XIème siècle avaient   adopté l’alphabet arabe. Mille ans après, Mustafa Kemal Ataturk, « le père des Turcs », lors de la création de la République de Turquie, en 1928, le remplaça par l’alphabet latin.

SAINTE-SOPHIE : église, mosquée ou musée ?  D’abord basilique chrétienne construite au IVe siècle, agrandie au VIe siècle sous l’empereur byzantin Justinien. Ce plus important monument de l’architecture byzantine demeura l’une des plus prestigieuses églises de la chrétienté jusqu’en 1 453 avec la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle fut transformée en mosquée sous le sultan Mehmet II, le resta jusqu’à la fin de l’empire ottoman. En 1934   Mustafa Kemal Atatürk la transforma un musée. En 2020, le Conseil d’État turc en (re)fit une mosquée, provoquant des critiques internationales. Elle est inscrite depuis 1985 au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une ville aux trois noms successifs  relie la mer Noire et la Méditerranée par les détroits du Bosphore et des Dardanelles et  entre l’Europe et l’Asie (depuis 1976 par un pont suspendu d’1,5 kilomètre). La cité grecque de Byzance  fondée vers 667 avant notre ère, fut ensuite nommée Constantinople (en hommage à l’empereur Constantin) capitale de l’Empire byzantin, puis de l’Empire ottoman, enfin nommée Istanbul en 1930, sous le règne d’Atatürk. Garda son nom, mais perdit son statut de capitale au profit d’Ankara. L’agglomération compte autour de 15 millions d’habitants.

Saine-Sophie. Par Arild Vågen. https://commons.wikimedia.org/

James Bond dans Skyfall fait une course-poursuite à moto sur les toits du grand Bazar d’Istanbul, une véritable institution en plein centre de la ville, avec 21 portes,  65 rues intérieures et 3 600 boutiques, construit d’abord  en bois en 1455, puis au  XVIe siècle élargi sous Soliman le Magnifique, a survécu à un tremblement de terre et à des incendies.

Des Turcs illustres : Orhan Pamuk prix Nobel de littérature en 2006, Semih Sayginer premier champion du monde de billard en 1994, Fazil Say pianiste de renommée mondiale. Nuri Bilge Ceylan, réalisateur, a remporté la Palme d’Or à Cannes, Aziz Sancar biochimiste, biologiste en 2015   a reçu un prix Nobel.

Ils sont nés en Turquie et connus en France : Marcel Zanini, Rosy Varte, Alice Sapritch, Dario Moreno, Tchéky Karyo, Henri Verneuil, et…  Édouard Balladur. Aux Etats-Unis : Elia Kazan.

Deux sports sont très populaires en Turquie :  un sport ancestral, datant du XIV° siècle, toujours pratiqué (yagli gures) la lutte traditionnelle à l’huile d’olive et le football avec le célèbre club de Galatasaray où a joué Ahmet Calik, défenseur central, convoqué à 8 reprises avec l’équipe nationale.

La Turquie est le premier producteur mondial de noisettes, d’abricots, de coings ; 3e de pistaches, 4e de noix. Le pays depuis les années 60 exporte aussi des citoyens : en 2020, on compte entre 1 000 000 et 2 000 000 Turcs d’origine, la moitié possédant la nationalité française. Et en Allemagne ils seraient plus de 5 millions.

Orhan Pamuk par David Shankbone —https://commons.wikimedia.org/

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La Turquie est située entre les latitudes 36-42°nord et les longitudes 26-45° ce qui est un avantage pour la viticulture qui a une longue histoire dans l’un des berceaux de la civilisation. La Turquie est l’un des premiers producteurs de raisin au monde.

Elle compte 416 907 ha de vignobles, avec une tendance à la baisse des superficies viticoles au cours des 20 dernières années et une production d’environ 4,2 millions de tonnes (TUIK, 2021) de raisin. À la suite de la privatisation du monopole d’État (TEKEL), qui servait de mécanisme de régulation du prix unitaire du raisin, il y a une tendance croissante des vignerons à arracher leurs vignobles. Alors que la culture de la vigne perd sa viabilité économique, de plus en plus d’agriculteurs ont cessé de cultiver la vigne et ont continué avec d’autres cultures.

La Turquie se classe au cinquième rang en termes de superficie de culture, après l’Espagne, la France, la Chine et l’Italie, et au sixième rang en matière de production après la Chine, l’Italie, les États-Unis, l’Espagne et la France. La Turquie possède environ 7% de la superficie mondiale de vignobles et produit 6,4% de la production mondiale de raisin. 57% de la production est utilisée pour la production de vin, tandis que 36% pour le raisin de table et 7% pour le raisin sec (OIV, 2020).Bien que la Turquie se soit traditionnellement spécialisée dans la production de raisins de table et de raisins secs, elle compte également 34 sortes de raisins de cuve, dont 22 sont des variétés indigènes et qui sont plantés dans les neuf régions viticoles du pays. En 2019, on recensait 146 domaines viticoles ( environ 300 si l’on ajoute les petits producteurs non déclarés) qui produisaient soixante millions de litres pour une valeur de 9,7 millions de dollars (2017), tandis que la quantité de vin exportée était de près de 2,9 millions de litres. Les principaux marchés d’export sont Chypre du Nord (1,9 M), la Belgique (1,9 M), le Royaume-Uni (1,4 M), les États-Unis (0,7 m), la Chine (0,25 M), L’Australie (0,15 m), le Japon (0,1) et la France (0,03). En 2019, le pays était 112 pays consommateur de vin par habitant à 0,320 par habitant par an (2020).

En 2019, le pays était 112 pays consommateur de vin par habitant à 0,320 par habitant par an (2020).

HISTOIRE

L’histoire du vin en Anatolie remonte à la période néolithique et il existe un certain nombre de sites néolithiques dans cette région de l’actuelle Turquie). Selon les archéo-botanistes, le raisin a été découvert pour la première fois dans les régions de l’Anatolie orientale, de la Géorgie et l’Arménie. Le Vitis Vinifera silvestris sauvage continue de pousser dans ces régions, où aujourd’hui des centaines de cépages sont cultivés pour le vin et les raisins de table. D’après des preuves archéologiques et chimiques récentes, la « culture du vin » a été établie dès 6000 av. J.-C. dans la région des hautes terres des montagnes du Taurus en Anatolie, les montagnes du Caucase (y compris la Transcaucasie) et les montagnes du nord de Zagros en Iran

. Selon McGovern, la patrie du vin est l’Anatolie orientale (voir figure 1).

La domination assyrienne (2500-610 A.V.J.C.) d’une vaste partie de l’Anatolie fut une période prospère pour la viticulture et le vin en particulier autour de Ninive dans le sud-est de l’actuel Turquie. Le terrain viticole coûtait quarante fois plus cher que toute autre terre agricole. La poterie de cette époque témoigne encore aujourd’hui au musée d’Ankara de la richesse de la culture autour du vin.

Comme le raconte la légende de l’arche de Noé, l’est de l’Anatolie est une zone de culture du raisin depuis des centaines d’années.

Après que son arche se soit arrêtée sur le mont Ararat, Noé a planté une vigne, produit du vin et sa famille en a bu.

Il existe des parallèles entre ce que la Bible dit de Noé et du mont Ararat et ce que les scientifiques ont appris sur les origines du vin et de la vinification. Le mont Ağrı (Ağrı Dağı) se trouve dans l’est de l’Anatolie et est considéré aujourd’hui comme être la patrie de l’espèce viticole sauvage Vitis vinifera sylvestris. Le vin avait un rôle important dans la vie sociale des plus anciennes civilisations d’Anatolie, comme les Hittites qui colonisèrent une grande partie de l’Anatolie, du Levant et de la Haute Mésopotamie entre 1 700- 1 200 A.V.J.C.  Le vin faisait partie intégrante de leur culture.

Le vin était offert aux dieux lors des cérémonies religieuses hittites. Il existait des dispositions protégeant la viticulture dans la loi hittite et il était coutume de célébrer chaque millésime par des vacances ce qui suggère que le vin était important à la fois pour les économies et les pratiques culturelles anciennes. L’inscription sur la tombe du célèbre roi Hittite, Suppiluliuma est révélatrice : « Manger, buvez, soyez joyeux, car tout le reste est secondaire ».

.Statue de la période post-hittite du roi Šuppiluliuma de l’État luwian de Pattin (Musée d’archéologie de Hatay): By Nicoleon – https://commons.wikimedia.org/

Après l’effondrement de l’Empire hittite, la culture du vin s’est poursuivie avec les Phrygiens (1 200- 600 A.V.J.C.). Les archéologues ont retrouvé dans le tumulus du roi Midas plus de 150 récipients en bronze dédiés au vin. De 1 000 A.V.J.C. à 1 543 A.P.J.C., la région passa sous le contrôle des Grecs, des Romains et de l’Empire Byzantin à la dissolution de l’Empire Romain d’occident.  Les Phrygiens introduisirent le vin aux colons Grecs lorsqu’ils conquirent l’ouest de la Turquie afin d’établir des colonies commerciales. Les Grecs ont joué un rôle important spécialement dans le commerce du vin son transport à différents endroits à travers la mer Méditerranée.

Selon la légende, Dionysos, le dieu du vin, est né dans la région égéenne de la Turquie. À Téos, près d’Izmir, On peut encore voir aujourd’hui les restes du temple de Dionysos, le plus important jamais construit et qui date du 3e siècle A.P.J.C.

Les Romains ont perpétué la tradition de la culture de la vigne et de la vinification. Lorsque le christianisme a été reconnu comme la religion officielle de l’Empire Romain, la production et la consommation de vin affichèrent une formidable augmentation, principalement dans les monastères et les autres centres religieux.

L’un des vins les plus prisés était produit avec le misket, d’origine turque de l’Anatolie Orientale, devenu muscat par les Européens. On dit aussi que les Phocéens – peuple de la Turquie égéenne – lorsqu’ils traversèrent la Méditerranée pour trouver la ville portuaire de Marseille dans le sud de la France avaient emporté avec eux quelques espèces de vigne, sans doute le misket, et qu’ils seraient à l’origine de l’introduction de ce cépage dans le pays (6ème siècle avant JC)

Pendant la période de colonisation grecque, le vin était bu mélangé à de l’eau, les Romains y ajoutaient du miel, des herbes aromatiques et autres édulcorants. Ce n’est que sous l’Empire Byzantin que l’on commença à consommer le vin sans aucun ajout. Pour les Byzantins, le vin était à la fois une nécessité et un luxe.

Temple de Dionysos à Téos. Source: flickr.com

La production de raisin et de vin s’est poursuivie même après que les Turcs aient gouverné l’Anatolie et que l’Islam ait commencé à dominer la région (1493-1922 A.P. J.C. Un équilibre confortable s’est développé entre les résidents chrétiens et musulmans, les chrétiens produisaient le vin et musulmans en consommaient. Pendant la crise du phylloxera en Europe, la production turque bondit et les exports furent multipliés par six durant la période de l’épidémie. Les vins ottomans gagnèrent même des médailles entre 1867 et 1873. Mais, pendant les périodes difficiles ou d’insécurité, l’alcool était prohibé et les tavernes fermées même aux non musulmans. Mais elles ne restaient pas fermées trop longtemps car les taxes qu’elles rapportaient étaient suffisamment importantes pour avoir raison de la piété des autorités. À la fin de l’Empire ottomans, une interdiction complète sur la production, la vente et la consommation fut instaurée entre 1920 et 1924. Cette interdiction ne freina guère la consommation qui devint clandestine comme ce fut le cas en Californie du temps de la prohibition. Le plus grand bouleversement dans la viticulture intervint en 1923 avec l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie. À la veille de l’avènement de la république turque, les orthodoxes Grecs furent échangés contre les musulmans de Grèce suite à l’accord de Lausanne le 30 janvier 1923. Comme les Grecs étaient majoritairement responsables de la viticulture et de l’élaboration du vin, une importante partie du savoir-faire fut perdue et de nombreux vignobles de raisins de cuve furent abandonnés ou arrachés ou laissèrent place à d’autres cultures.

L’échange de population. Source: https://www.observatoireturquie.fr/

La république turque fut fondée en 1923 et entre cette date et 1945, la jeune république fut confrontée à plusieurs guerres, la Première Guerre mondiale, la guerre des Balkans, la guerre entre la Grèce et la Turquie et la guerre d’indépendance. Avant les guerres, la Turquie produisait d’importantes quantités de vin. Ces conflits virent une grande partie de l’élite bourgeoise, consommatrice de vin, fuir le pays et une partie importante de la main-d’œuvre fut perdue pendant les conflits. Les guerres ont eu un impact négatif sur la production, en particulier dans les régions de Thrace et de la mer Égée. La production de toutes les boissons alcoolisées est passée sous le contrôle du monopole gouvernemental en 1927, à l’exception du vin. En 1928, le gouvernement a commencé à soutenir les producteurs de vin avec une assistance technique et un soutien financier  

À cette même époque, le phylloxera fit son apparition dans le pays détruisant la majeure partie du vignoble qui fut replanté sur des souches américaines résistantes au phylloxera mais de nombreux cépages furent perdus.

Le gouvernement des années 1950 encouragea la plantation de cépages français dans les régions de la mer Égée et de la Thrace (comme le sémillon, le pinot noir et le cabernet sauvignon)

À la fin des années 1980, l’économie turque commença à s’intégrer à d’autres économies, le secteur du tourisme se développa et ces changements augmentèrent les ventes de vin. Il fallut attendre les années 1990 pour que la qualité s’améliore avec des petites exploitations viticoles comme Umerbey, Gütor et Doluca Sarafin.

Si le gouvernement n’interdit pas la production de vin, on ne peut pas dire qu’il l’encourage. Obtenir une licence est difficile et couteux, les taxes sont élevées et la publicité interdite. Une industrie viticole performante peut-elle se développer dans ce contexte ?

CLIMAT ET SOLS

Les zones côtières de la Turquie bordant la mer Égée et la mer Méditerranée ont un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux à frais et humides. Les zones côtières de la Turquie bordant la mer Noire ont un climat océanique tempéré avec des étés chauds et humides et des hivers frais à froids et humides. La côte turque de la mer Noire reçoit le plus de précipitations et est la seule région de Turquie qui reçoit de fortes précipitations tout au long de l’année. La partie orientale de cette côte enregistre en moyenne 2 500 millimètres par an, ce qui représente les précipitations les plus élevées du pays.

Les zones côtières de la Turquie bordant la mer de Marmara (y compris Istanbul), qui relie la mer Égée et la mer Noire, ont un climat de transition entre un climat méditerranéen tempéré et un climat océanique tempéré avec des étés chauds à chauds, modérément secs et frais à hivers froids et humides. La neige tombe sur les zones côtières de la mer de Marmara et de la mer Noire presque chaque hiver, mais elle ne dure généralement pas plus de quelques jours. En revanche, elle est rare dans les zones côtières de la mer Égée et très rare dans les zones côtières de la mer Méditerranée.

Les conditions peuvent être beaucoup plus dures dans l’intérieur plus aride. Les montagnes proches de la côte empêchent les influences maritimes de s’étendre à l’intérieur des terres, donnant au plateau central anatolien de l’intérieur de la Turquie un climat continental humide avec des saisons très contrastées. Les hivers sur le plateau sont particulièrement durs. Des températures de -30 ° C à -40 °C (-22 ° F à -40 °F) se produisent dans le nord-est de l’Anatolie et la couverture nuageuses peut durer plus de 120 jours et dans les montagnes presque toute l’année. Dans le centre de l’Anatolie, les températures peuvent descendre en dessous de -20 °C (-4 °F), les parties les plus élevées tombant parfois en dessous de -30 °C (-22 °F). Les étés sont chauds et secs, avec des températures généralement autour ou au-dessus de 30 ° C (86 °F) dans la journée. Les nuits sont fraîches. Les précipitations annuelles sont en moyenne d’environ 400 millimètres (15 po), les quantités réelles étant déterminées par l’altitude.

Les quatre principaux types de sols en Turquie sont les calisols, les cambisols, les leptosols et les fluvisols. Les cambisols du nord-est de la Turquie sont relativement jeunes et peuvent être productifs sur le plan agricole. Les calisols des régions centrales et orientales se trouvent dans des zones plus sèches et se caractérisent par une accumulation importante de carbonate de calcium. Les leptosols trouvés dans le sud et l’ouest sont des sols peu profonds sur des roches dures et indiquent des taux élevés d’érosion. Les fluvisols se sont formés à partir du dépôt de sol dans les plaines inondables et ils ont tendance à être relativement fertiles. Le principal problème chimique associé aux sols turcs est la salinité et la sodicité, dont on estime qu’elles affectent 1,5 million d’hectares (30 %) de la superficie irriguée actuelle de 5,1 millions d’hectares .

Carte des principaux types de sols en Turquie (Commission européenne et Réseau européen des bureaux des sols, 2006) ; calisols (jaune), cambisols (orange) et leptosols (gris) et fluvisols (bleu).

RÉGION VITICOLES

La Turquie compte sept régions viticoles comme suit: Pour en savoir plus sur les régions viticoles de la Turquie, cliquez sur le lien suivant: RÉGIONS VITICOLES TURQUIE

CÉPAGES

La banque des cépages   de Tekirdağ, établie par l’Institut de recherche viticole éponyme, héberge 1439 cépages/génotypes. Beaucoup d’entre eux sont consommés localement dans des zones limitées. Cependant, certaines variétés sont largement utilisées dans l’industrie vinicole turque, notamment en raison de leur potentiel de qualité pour concurrencer les variétés internationales. Pour en savoir plus sur les cépages de la Turquie, cliquez sur le lien suivant: CÉPAGES TURQUIE

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La législation de l’aire moderne sur le vin en Turquie date de 1942 et elle a longtemps été controlée par l’État mais la privatisation est intervenus en 2008. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation turque, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION TURQUIE