La légalisation du vin sans alcool plébiscitée par ses opérateurs
Bruxelles proposant la reconnaissance légale du terme « vin sans alcool », actuellement interdit, les producteurs et distributeurs de vins no-low saluent une opportunité de clarifier l’offre proposée aux consommateurs.
Par Alexandre Abellan Le 03 avril 2025
Sans alcool, le linéaire vin lève un bémol pour les membres du collectif no-low. – crédit ph
Sans alcool, le linéaire vin lève un bémol pour les membres du collectif no-low. – crédit photo : Alexandre Abellan
D
ans sa proposition de paquet réglementaire pour la filière vin, la Commission Européenne propose une simplification : la reconnaissance du terme « vin sans alcool ». Concrètement, « les termes « vins désalcoolisés » et « partiellement désalcoolisés » vont être remplacés par 2 catégories » résume Maxime Toubart, président du Syndicat Général des Vins de Champagne (SGV) et vice-président de la Confédération Nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC). Le vigneron champenois détaillant « des mentions plus simples pour le consommateur : entre 0 et 0,5% vol., ça sera « sans alcool » , entre 0,5 % et 30 % de moins que le TAV minimal de l’Indication Géographique (souvent 8,5 % vol.), ça sera « vin léger en alcool ». Nous allons gagner en clarté ! »
Demandée par la filière des vins désalcoolisés, cette clarification réglementaire doit permettre de coller aux attentes des consommateurs, et aux pratiques d’autres rayons (notamment la bière sans alcool). « Nous saluons la volonté de la Commission Européenne de promouvoir la nouvelle catégorie des vins désalcoolisés et sa décision de simplifier le vocabulaire » confirme Stéphane Brière, le président du collectif no-low (fédérant les producteurs et distributeurs de vins totalement ou partiellement désalcoolisés), y voyant l’occasion de « faciliter la mise en marché de ces produits rendu difficile par l’utilisation du terme « désalcoolisé », techniquement valable, mais complexe pour le consommateur. C’est une bonne nouvelle de voir une uniformisation plus claire qui s’applique à tous les pays européens car jusque-là il y avait encore des disparités. » Pour Frédéric Chouquet-Stringer, membre du collectif et fondateur de l’agence de conseil et de commercialisation sans alcool Zenotheque, « il est très bien que la commission adapte la réglementation au langage du consommateur, afin d’améliorer l’accessibilité, tout en renforçant la dénomination « vin » ».
Point de vigilance
Si cette avancée attendue doit désormais être étudiée par les colégislateurs européens (Conseil et Parlement), le collectif no-low appelle à un encadrement strict des mentions « vin sans alcool » et « vin léger en alcool » : il faut qu’ils « correspondent bien à des vins désalcoolisés, car certains produits présents sur le marché comme les jus de raisin non fermentés ou légèrement fermentés pourraient vouloir utiliser ces nouvelles terminologies ce qui conduirait à une confusion chez le consommateur » plaide Stéphane Brière.

Les plus grands détracteurs de ces nouveaux produits sont internes à la filière
Le sujet de la désalcoolisation pouvant crisper dans la filière vin, ce que la Commission Européenne reconnaît*, les opérateurs du no-low espèrent que le vignoble et les metteurs en marché vont se mobiliser comme un seul homme. « Nous appelons de nos vœux une plus grande mobilisation de la filière vin sur la promotion de ces nouvelles catégories à l’image de la Commission européenne, car nous constatons à ce jour que les plus grands détracteurs de ces nouveaux produits sont internes à la filière » constate Stéphane Brière, précisant que « le collectif se tient à disposition pour aider à continuer de clarifier les cahiers des charges, les dénominations et aider à leur diffusion auprès des différents acteurs de la filière ».
* : Entre les tenants de la tradition, jugeant que sans alcool on ne peut parler de vin, et les tenants de l’innovation, pour qui on applique la terminologie des bières sans alcool, la Commission a choisi son camp. « On veut le défendre le vin traditionnel emblématique et préserver son image, mais sans s’interdire de répondre à l’évolution de la demande des consommateurs (notamment des jeunes consommant peu et cherchant une teneur alcoolique réduite) » entend-on à Bruxelles. La Commission défendant une offre complémentaires afin de dégager du revenu.