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Par  Leo Dezeustre

Publié le 5 janvier à 16h00

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Depuis la première édition lancée en 2007 par Jim McEwan, Octomore perpétue la tradition des whiskies tourbés d’Islay. Pour cette 15e édition, la distillerie propose trois expressions inédites qui viennent enrichir la légende d’un whisky devenu culte.Passer la publicité

Un doux soleil d’automne illumine l’île d’Islay, un spectacle rare à cette saison. Dans l’un des chais historiques de l’ancienne distillerie Lochindaal, à Port Charlotte, Adam Hanett, maître distillateur de Bruichladdich depuis 2015, nous accueille avec un large sourire. «Let’s open some casks guys !» lance-t-il, avec un franc enthousiasme dans la voix. Nous étions là pour une dégustation d’exception, et toute l’attention était portée sur le célèbre Octomore. Au fil des verres, une émotion commune gagnait l’assemblée : la surprise de découvrir une puissance tourbée associée à une finesse inattendue. Loin des clichés, Octomore révélait une complexité aromatique qui défiait les attentes.

Adam, qui a débuté à la distillerie comme simple guide touristique, se souvient : «Au début, pour moi, la tourbe, c’était synonyme de Laphroaig 10 ans. Rien de plus. C’est en travaillant aux côtés de Jim McEwan que j’ai découvert toute la palette aromatique qu’elle pouvait offrir. Jim avait une patience infinie pour transmettre sa passion et me faire comprendre les nuances les plus subtiles.» C’est ainsi qu’Adam, au fil des années, est devenu un véritable expert en la matière, capable de déceler les subtilités d’un whisky tourbé avec une précision étonnante.

«Tout est fait pour dérouter»

Située en zone humide, la tourbe, matière brune et spongieuse, joue un rôle essentiel dans le cycle de l’eau et pendant le séchage de l’orge. Elle se mesure en PPM (parties par millions). Plus l’indice est élevé, plus le whisky sera fumé et tourbé. Avant d’être une référence mondiale, la tourbe s’est d’abord exprimée dans le Port Charlotte, premier-né des whiskies tourbés de Bruichladdich. Comme le souligne Adam Hanett, «le Port Charlotte 10 ans, avec ses 40 PPM, est un modèle d’élégance qui a ouvert la voie à Octomore.» Ce dernier tire son nom d’une ferme historique dominant Port Charlotte, petit village à l’ouest de l’île. Pour créer Octomore, Bruichladdich privilégie une approche lente et respectueuse du produit. «Nous ne forçons pas les choses», explique Adam Hanett. Une longue fermentation et un contact prolongé des vapeurs d’alcool avec le cuivre contribuent à l’élégance et à la finesse des arômes.»

Mais attention, avec Octomore, les chiffres ne font pas tout. Les étiquettes peuvent être trompeuses. «Ne vous fiez pas uniquement aux PPM», conseille Stanislas Kindroz, expert en spiritueux. «Il y a trente ans, les informations sur les étiquettes étaient rares. Aujourd’hui, l’engouement pour le whisky  a changé la donne, mais il ne faut pas se laisser influencer par les chiffres. Goûtez et faites-vous votre propre opinion.» Adam Hanett va plus loin : «Avec Octomore, nous cherchons à provoquer. Des chiffres élevés, un vieillissement court, un degré d’alcool élevé… Tout est fait pour dérouter. Mais c’est justement ce qui rend Octomore si unique. C’est un whisky qui invite à la découverte, à la remise en question de ses préjugés.»

Loïc Rakotomalala, ambassadeur de Bruichladdich, propose une autre analogie : «Octomore, c’est comme une série télévisée. Chaque édition (15 à ce jour) est un nouvel épisode avec son propre scénario. Le point 1, c’est la colonne vertébrale de la gamme, est élaboré à partir de 100 % d’orge écossaise. Le point 2, propose une exploration grâce au vieillissement de fûts de vins européens. Pour finir, le point 3 célèbre l’orge locale, issue de la ferme Octomore, voisine de la distillerie. À vous de choisir votre saison préférée !»