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LES SATELLITES ET L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE LA VITICULTURE EN AUSTRALIE

C’en est peut-être fini des compilations et des agrégats des données pour évaluer les surfaces viticoles des pays producteurs et qui donnent, au final, des résultats dont on sait intuitivement qu’ils ne sont que des approximations.
Ce sont les Australiens qui ont réalisé le premier recensement de leur vignoble à l’aide de l’imagerie satellitaire et de l’intelligence artificielle. Le dernier inventaire manuel conduit par les autorités viticoles datait de 2015 et comptabilisait 135 133 hectares de vignes (à peine plus que le vignoble de Bordeaux). La nouvelle technologie en a recensé 146 128 hectares soit 8% de plus que la méthode traditionnelle, un accroissement de 4% par an ce qui semble beaucoup compte tenu de la tendance stable répertoriée par les analystes de l’OIV depuis 2015 (145 000 hectares). Il faut admettre que l’analyse satellitaire et les algorithmes semblent avoir examiné le moindre recoin, la moindre parcelle, le plus petit arpent de terre viticole pour donner des informations pour le moins étonnantes. Le total des rangs de vignes en Australie s’étend sur 463 718 kilomètres, de quoi faire plus de 11 fois le tour de la terre. La densité moyenne de plantation est 3 170 pieds par hectare (faible) et le nombre de vignobles identifiés est de 75 961… d’une précision diabolique. On en reste baba ! Les régions dont les vignobles sont en augmentation sont celles de la Barossa Valley (+1 560 hectares) et de la Margaret River (+966 hectares), deux des régions emblématiques australiennes et une région montante, Riverland (+2 034 hectares). Les régions baissières qui sont Riverina (-2 112 hectares) et Murray Darling (-942 hectares), deux régions de production de vins d’entrée de gamme, très dépendantes de l’irrigation, ce qui confirme le changement de paradigme de l’industrie viticole australienne vers une viticulture plus durable car le bassin hydrologique de l’Australie est l’un de plus petits du monde compte tenu de la taille du pays. Cette technologie a aussi permis de calculer les surfaces d’encépagement des sous-régions viticoles (inconnu jusqu’ alors) comme pout la Hunter GI (Geographical Indication, l’équivalent d’une AOP française). On recense 53% des vignobles dans la sous-région de Pokolbin, 19% à Brooke Fordwich et 18% dans la Hunter Valley. Manque quand même dans cette évaluation la cerise sur le gâteau : l’identification des cépages. Pour un pays comme l’Australie où la diversité variétale est faible, cela ne semble pas être de la science-fiction. Par contre, pour les pays à haute diversité variétale avec des vieilles vignes cela représente probablement aujourd’hui une marche trop importante à franchir pour ce type technologie. Mais pour combien de temps ? Encore faut-il que cette méthode soit exacte, fiable et reproductible. Pour tester la fiabilité du modèle et des algorithmes, les investisseurs (Wine Australia et Consilisum Technology) ont décidé de prolonger l’expérience de 2 ans pour peaufiner l’outil mais la décision a déjà été prise d’arrêter les recensements manuels et de les remplacer par l’usage des satellites et de l’intelligence artificielle.