DESCRIPTION DU PAYS
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La capitale, Jakarta. Source: By Herusutimbul – https://commons.wikimedia.org/
L’INDONÉSIE VUE D’AILLEURS
L‘ INDONÉSIE est le pays qui est le plus vaste archipel au monde : 5 271 km est-ouest et 2 210 km nord-sud. 13 466 îles, dont 922 sont habitées. Avec 278,5 millions de personnes c’est le quatrième pays le plus peuplé au monde. Un grand projet est en vue : le transfert de la capitale Jakarta dans une nouvelle ville nommée Nusantara, dans l’île de Bornéo ( Kalimantan). Dans ses nombreuses îles vivent plus de 1 100 groupes ethniques, distincts par les cultures, les langues (on y parle 719 différentes), les religions. Les Javanais sont les plus nombreux et les plus influents. L’État développe une identité commune en définissant une langue nationale appelée « indonésien », le bahasa Indonesia issu du malais, qui s’est imposé progressivement à partir de 1928, c’est la langue de l’école et la langue nationale depuis l’indépendance en 1945 ; l’État respecte le pluralisme religieux dans le plus grand pays musulman du monde.
Les Grandes Découvertes (la découverte de l’Amérique… le premier tour du monde…), tout ça, c’est presque à cause ou grâce aux richesses de l’Asie dont celles de l’Indonésie d’aujourd’hui que les Européens convoitaient. Christophe Colomb était parti d’Espagne en 1492 pour aller trouver l’or de Cipangu (le Japon) par l’ouest, la Méditerranée se fermant par l’avancée des Turcs ottomans. Au passage, il mit le pied sur un continent inconnu des Européens, qui sera baptisé Amérique. Magellan lui, en 1519 avec l’accord du roi de Castille, Charles 1er (Charles Quint), partit vers l’ouest pour atteindre les Moluques où poussaient les fabuleux produits, hors de prix, les épices dont en Europe les princes et les nobles étaient friands, les médecins leur attribuaient bien des miracles, elles valaient parfois plus que l’or. Plus de 280 produits différents : remèdes, condiments et aliments. Magellan estimait en outre que ces îles si précieuses revenaient à la Castille en vertu du traité de Tordesillas en 1493 qui avait partagé le monde entre Espagnols et Portugais. Au passage, il découvrit le détroit qui portera son nom, atteignit les Philippines, où il fut tué au cours d’une guerre entre chefs indigènes. Le navire rescapé de son escadre, commandé par le marin basque Juan Sebastián Elcano réussit à rejoindre Séville en 1522, réalisant la première circumnavigation. Charles Quint échangera les Moluques contre les Philippines début XVI°. Les missionnaires portugais implantant le catholicisme dans la région sont les premiers colonisateurs des îles de la Sonde. Mais ils vont être évincés du commerce très fructueux des épices des Moluques par les négociants des Provinces-Unies (Hollandais) qui avaient fait sécession en 1581 des Pays-Bas espagnols. Ils avaient fondé à Amsterdam en 1602 la Compagnie des Indes Orientales (VOC) dont le gouverneur bâtit Batavia (actuelle Jakarta), qui devint le siège de la VOC. Deux siècles durant, elle va dominer l’histoire de l’archipel semant des comptoirs au long des côtes de Java, Sumatra, des Célèbes, des Moluques. Dès le XVII° elle monopolise le commerce interinsulaire et le commerce des îles avec l’Asie et l’Europe, associe les sultans, l’aristocratie locale, à leur politique ; et dès l’origine, utilise les Chinois (dont ils ont favorisé l’immigration) qui vont éliminer peu à peu les commerçants indonésiens et qui , dès le XVIII° siècle contrôlent, sous l’égide de la Compagnie et à son avantage, la quasi-totalité du commerce intérieur des îles.
Statue d’Elcano à Getaria érigée en 1861. Source: Par JUE — https://commons.wikimedia.org/
Au XIX° l’immense archipel des « les Indes orientales néerlandaises » devient la colonie du très petit pays (41 528 km²) euuropéen. Les colonisateurs bataves commencent l’exploitation économique systématique, imposant leur loi à tout l’archipel.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale la colonie fut conquise par les Japonais ; début 1942, la reine Wilhelmine promit pour décembre la création d’un « Commonwealth néerlandais » comprenant la Hollande, l’Indonésie, la Guyane néerlandaise (aujourd’hui Surinam) et Curaçao, mais un mouvement national était né au début du XXe siècle revendiquant une république indonésienne autonome. Alors que le Japon capitule en août 45, le leader indépendantiste indonésien Soekarno déclare l’indépendance. Le gouvernement hollandais refuse, veut reconquérir la colonie ; mais très loin de ses bases cette guerre coûte cher. Ce refus de la métropole n’est-il pas anachronique ? Reflète-t-il l’incompréhension de la situation en Asie alors que les Philippines deviennent indépendantes en 1946, et l’Inde en 1947. Il est vrai que la Guerre Froide s’est installée en Asie avec la victoire de Mao Zédong en 1949 en Chine. Les Américains vont donc soutenir Soekarno et les indépendantistes espérant ainsi éviter que le pays indépendant ne tombe aux mains des communistes. La guerre dura quatre ans. Finalement, le gouvernement hollandais dut plier sous la pression de l’ONU et surtout des Etats-Unis qui menacent de couper l’aide accordée dans le cadre du plan Marshall. Trois groupes se sentent trahis : 300 000 Indo-Hollandais, la minorité chinoise (6 000) et les soldats indonésiens de l’armée coloniale hollandaise (leurs harkis) notamment 4 000 Moluquois catholiques et leurs familles. Tous émigreront vers les Pays-Bas (à l’instar des « pieds-noirs » de leur côté en France).
Wilhelmine en 1901. Source: Par D’après Thérèse Schwartze — Digital copy via Library of Congress website[ Domaine public, https://commons.wikimedia.org/
La Guerre Froide toujours : un des pires massacres de masse du XXe siècle fut commis en Indonésie face à la crainte que le pays ne bascule dans le camp communiste, après une tentative de coup d’État en septembre 1965 imputée au PKI. Les milices du Nahdlatul Ulama (parti musulman) et du Parti national indonésien, encadrées par l’armée indonésienne déclenchent les tueries fin 1965, poursuivies en 1966, parfois encore en 1967. Des centaines de milliers de personnes —entre 500 000 et trois millions de victimes sont arrêtées, emprisonnées ou déportées dans des camps. Le général Soeharto, principal maître d’œuvre de cette purge politique, remplaça ensuite Soekarno à la tête du pays. Au-delà du PKI, le massacre frappa aussi selon les lieux, d’autres groupes, hindouistes, chrétiens, certains musulmans modérés ou la minorité chinoise d’Indonésie. Les Pays-Bas conserveront la Nouvelle-Guinée occidentale jusqu’en 1963. Et le Timor oriental, – colonie portugaise de 1596 à 1975 – et catholique – se déclara indépendant ; en 1976 l’Indonésie l’annexa, l’occupa jusqu’en 1999. Il ne sera officiellement indépendant qu’en 2002.
Quid de la géographie dans ce pays ? 150 des 400 volcans (dont 5 sous-marins au large des côtes) sont encore actifs. L’un d’eux fut à l’origine mi- XIII° d’une des éruptions les plus puissantes recensées depuis 10 000 ans, plongeant plusieurs régions du monde aux XIII° et XIV° siècles dans une période de refroidissement, que les historiens baptisèrent le « Petit Âge Glaciaire ». Les sulfates projetés eurent de terribles conséquences, provoquèrent mauvaises récoltes et famines. Au début des années 2010, des équipes franco-indonésiennes décidèrent d’examiner des dizaines de volcans peu étudiés de l’archipel et identifièrent le coupable, c’était le Samalas, le volcan de l’île de Lombok, voisine de Bali. Par la suite, le volcan s’effondra et la caldeira Segara Anak devint un lac. De son côté, en 1815 l’explosion du Tambora à Sumbawa aurait changé le climat mondial, cette année-là l’Europe n’eut pas d’été, les nuages de cendres empêchant le rayonnement solaire. Et puis, en 1883 l’explosion du Krakatau ( Krakatoa) provoqua un énorme tsunami et le décès de 40.000 personnes.
Pour les touristes amis des animaux, l’archipel possède au-delà des plages, des atouts uniques au monde. Les orangs-outans de l’île de Sumatra, dont le nombre a diminué d’au moins 80 % en soixante-quinze ans, il n’en reste que 14 000 car leur habitat se réduit par la déforestation, les coupes de bois, la création de plantations de palmiers à huile, et la faim des pauvres qui en mangent la viande, enfin par le trafic des bébés orangs-outans très prisés sur le marché noir indonésien des animaux de compagnie. Plus rare encore, dans l’île de Komodo, entre les îles de Sumbawa et de Flores, on peut aller voir des « dragons », les lézards les plus gigantesques de la Terre, qui mesurent 2 à 3 mètres de longueur.
Malgré sa forte population et des régions densément peuplées, le pays comporte de vastes zones sauvages, où règne une grande biodiversité même si ce patrimoine régresse comme dans le monde entier à cause des activités humaines.
Les touristes amis de la planète Terre adorent aussi aller voir de plus près le paysage fantastique des éruptions volcaniques, d’ailleurs les autorités locales diffusent des consignes de sécurité en cas de danger comme pour le Marapi à Sumatra Occidental en janvier 2023 et le Semeru en décembre 2022 dans la province de Java-Est. Mais, en avril 2024 une touriste mourut en tombant dans un volcan actif en Indonésie, alors qu’elle posait pour une photo. En 2023 l’éruption du volcan Marapi, dans l’île de Sumatra, dans l’Ouest de l’Indonésie, fit au moins 22 morts.
Enfin, le pays possède le plus grand centre religieux hindou du monde, spectaculaire, entouré d’une campagne constellée de temples hindous et de quelques temples bouddhiques, Prambanan dans l’île de Java.
Le paradis du bien-être touristique, c’est ou c’était l’île de Bali : soleil, mer chaude, exotisme, pittoresque. Mais en 2022 un véhicule piégé explosa devant le Sari Club de Kuta Beach, causant 202 morts dans la ville de Kuta et 209 blessés pour la plupart la plupart des touristes étrangers, principalement australiens. Un groupe cité comme lié à Al-Qaïda est souvent accusé d’en être l’instigateur (les trois condamnés à mort furent exécutés en 2008). L’année précédant l’attentat, en 2001, l’écrivain français Houellebecq avait publié un roman Plateforme qui s’achevait sur la description réaliste d’un attentat dans une discothèque pour touristes en Thaïlande.
Et le tourisme n’aime pas les tensions politiques et sociales comme dans les régions des Célèbes (Sulawesi) en particulier Poso, Tentena; la Papouasie indonésienne, Puncak et Mimika, la province d’Aceh, le Kalimantan oriental et les Moluques, surtout à Ambon, sont des régions que les diplomaties occidentales déconseillent aux voyageurs.
Parlons échanges et mondialisation, l’Indonésie est aujourd’hui encore est au 1er rang mondial des producteurs de clou de girofle et de muscade, et aussi d’huile de palme : presque la moitié de la production mondiale (exportée pour l’industrie, des cosmétiques aux produits alimentaires) ; l’étain 1er rang mondial ; café et nickel 4ème ; cacao 3ème ; charbon 5ème ; cuivre 7ème. Produit aussi or, diamant, caoutchouc, gaz, pétrole, thé, tabac, perles de culture, sans oublier le bois.
Java, 4ième île du pays par sa superficie, plus de 150 millions d’habitants, ½ de la population du pays, a un lien particulier avec la France. Ce fut le nom en 1910 d’une danse à trois temps, assez saccadée, populaire, en vogue vers 1910 dans les bals musette des faubourgs. Et « faire la java » signifiait aussi faire la bringue, la noce, la nouba ; « connaître la java », c’est connaître l’astuce, connaître la musique. Et la chanson ? Boris Vian chante en 1955 : La java des bombes atomiques, Sardou en 1977 La java de Brodway, Nougaro en 1962 Le jazz et la java ; S. Gainsbourg a écrit et composé La Javanaise chantée par Juliette Gréco en 1963. L’île de Java, par sa ville de Surabaya inspira aussi la chanson Surabaya Johnny, dans la comédie musicale « Happy end » créée à Berlin en 1929, par Bertolt Brecht, Elisabeth Hauptmann et Kurt Weill dont la musique, considérée comme dégénérée par les nazis, lui valut de voir ses partitions brûlées. Et Fréhel chantait La Java bleue en 1939.
Portrait de Fréhel par le Studio Harcourt en 1941.. Par Studio Harcourt — https://art.rmngp.fr/fr, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/
Java dans le monde et de nos jours, c’est aussi le nom d’un langage de programmation et une plateforme technique informatique développée par Sun Microsystems puis acquise par Oracle. Java a évolué pour devenir un ensemble cohérent d’éléments techniques et non techniques. Finalement, la dénomination de cette technologie sera Java (café en argot américain), en honneur à la boisson préférée des programmeurs, c’est-à-dire le café, dont une partie de la production provient de l’île de Java.
On n’oubliera pas la rencontre, le lien – textile- entre le batik indonésien et l’Afrique, en effet, l’entreprise Vlisco, sise à Elmond près d’Eindhoven aux Pays-Bas depuis 1846 trouva ses clients en Afrique avec ses wax ( 350 000 modèles différents) avant que la Chine ne fabrique des imitations moins coûteuses.
PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE
Située entre 6 degrés de latitude nord et 11 degrés de latitude sud (Bali où se concentre la viticulture est à 8º S) l’Indonésie est un pays tropical chaud et plus connu pour la culture du riz et des fruits exotiques. La vigne est cultivée depuis le début du XVIIIe siècle mais elle a pris un nouvel essor depuis le mitan des années 1990 avec l’élaboration de vin au domaine Hatten. La superficie viticole n’est pas exactement connue mais elle est environ de 2 000 hectares dont 1 500 sur l’île de Java et 500 hectares sur l’île Bali où se concentre l’élaboration du vin, les cépages étant utilisés d’une manière indiscriminée pour la table et pour la cuve. Le vin indonésien peut aussi être élaboré avec des raisins congelés en provenance majoritairement de l’Australie et du Chili. La production totale de vin se situe aux alentours de 5 millions de bouteilles par an dont le prix moyen est d’environ 25 Euros.
En 2021, l’Indonésie a exporté pour 274 000 Euros de vin vers principalement : Singapour (175 000 Euros), la Malaisie (30 000 Euros), le Japon (16 000 Euros), l’Australie (8 000 Euros) et la Corée du Sud (4 500 Euros).
En 2021, l’Indonésie a importé pour 19 millions d’Euros de vin, principalement de : l’Australie (8,64 M), de l’Italie (2,63 M), de Singapour (2,37 M), de France (1,973 M) et du Chili (0,93 M).
En 2021, la consommation de vin était de 1,2 litre par an par capita et la consommation d’alcool était de 0,33 litre d’alcool pur par capita.
HISTOIRE
L’histoire de la viticulture indonésienne a probablement débuté au XVIIIème siècle. À cette époque, les Néerlandais au travers de la Compagnie des Indes Orientales néerlandaises ont contrôlé l’ensemble des îles en Asie du Sud-Est de 1800 jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à ce que celles-ci celles-ci proclament leur indépendance sous le nom de république d’Indonésie. La compagnie des Indes orientales possédait une expertise viticole car elle avait abrité des huguenots (souvent vignerons) persécutés par la révocation de l’Édit de Nantes, ils avaient fui les exactions des catholiques et beaucoup travaillaient pour la Compagnie. Certains habitants auraient aidé des explorateurs néerlandais à cultiver les premières vignes du pays à Kupang, aujourd’hui dans la partie occidentale de l’île de Timor. Dans les années 1800, le Ministère central de l’agriculture a signalé l’expansion des vignobles à Besuki et Banyuwangi sur l’île de Java.
Source: https://baliinformationguide.com/
Les conditions climatiques ne sont pas favorables à la culture de la vigne car le pays est tropical et humide. La religion, a priori non plus, l’Indonésie est un pays où l’islam est largement majoritaire. Il s’est progressivement répandu grâce aux activités marchandes des commerçants arabes musulmans. La domination coloniale néerlandaise a affaibli l’Islam et elle a permis l’implantation de la culture de la vigne mais à la fin de l’ère coloniale, l’Islam a alors été adopté comme bannière de ralliement contre le colonialisme.
La production viticole sur l’île de Java est restée très limitée mais elle n’a pas disparu et les raisins locaux sont souvent nommés avec le préfixe Probolinggo, une ville d’Indonésie située sur la côte nord de la province de Java oriental d’où on embarque pour Bali, ce qui indique que le développement de la viticulture à Bali s’est fait, au moins en partie, avec les cépages de Java.
Probolinggo. By Ya, saya inBaliTimur – https://commons.wikimedia.org/
Si la consommation et la culture du vin sont récentes, la consommation de boissons alcoolisées est très ancienne, mais le pays est vaste et éclaté en une myriade d’îles et les traditions de consommation varient d’une région à une autre. L’Arak, la boisson traditionnelle de Bali est fermentée à partir de riz gluant ou de sève de palmier à sucre ou de cocotiers. La communauté batak du nord de Sumatra consomme le tuak lors de fêtes et d’occasions spéciales. Le tuak est une sorte de vin de palme, parfois mélangé avec des fruits secs qui donnent à la boisson une saveur plus sucrée. Le Ballo est encore une autre variante de la sève de palmier à sucre fermentée de Toraja, dans le sud de Sulawesi. Fabriquée presque exclusivement à partir de l’arbre lontar, la boisson traditionnelle était à l’origine utilisée pour les rituels à la fois comme une offrande pour les esprits ancestraux. Le Ciu, c’est un vin à base de canne à sucre dont l’histoire de la culture remonte à l’époque coloniale dans le centre de Java. Le Sopi est une boisson très appréciée de l’est de l’Indonésie. Au nord de Sulawesi, le Saguer était considérée comme une boisson sacrée Jusqu’ au XVIIIe siècle, elle ne pouvait donc pas être commercialisée. Cette boisson traditionnelle est similaire au Sopi.
On retrouve dans la littérature au cours des siecles plusieurs mentions de la consommation d’alcool sur le territoire du pays. Dans le conte hindou-javanais de Kakawin Ramayana, dont l’histoire prend vie dans les pièces de théâtre de Bali et qui est l’incarnation littéraire des temples de Borobudur et de Prambanan, Le rituel de la consommation la boisson est présent familièrement tout au long de l’histoire.
Le recueil d’ histoire, Serat Pararaton sur les rois hindous-bouddhistes javanais Singhasari et Majapahit, rappelle que boire du tuak était une condition préalable à l’atteinte de l’illumination et de la gratification ultime au-delà de son existence mortelle. Dans le Yingya Shenglan, le récit de Ma Huan sur les expéditions navales de l’amiral chinois Zheng He de la dynastie Ming, Ma mentionne que lorsque leur navire est arrivé sur l’île de Java, ils ont vu des indigènes se saouler au Tuak.
Source: wikipedia.org
Aujourd’hui, bien que les habitants soient dans une majorité écrasante musulmans, l’Etat indonesien n’est pas un État islamique, mais constitutionnellement un État laïc dont le gouvernement reconnaît officiellement six religions. En fait, le gouvernement indonésien n’autorise la consommation de vin et de spiritueux que dans certains hôtels, restaurants et discothèques.
Cette relative liberté religieuse a permis que la viticulture prenne racine sur l’île de Bali aux alentours des années 1930 dans la région de Buleleng au nord du district (regency) de Bali. La culture du raisin à Buleleng s’est intensifiée à partir des années 1950 lorsque Bali est devenue une partie de la province de Lesser Sunda. En Indonésie les raisins sont utilisés pour la table et pour la cuve.
C’est la création du domaine d’Hatten en 1994 sur l’île de Bali qui a mis le vin de Bali et le vin indonésien sur la carte des vins locaux qui étaient alors et encore majoritairement élaborés avec des hydrides.
Sababay Winery vit le jour en 2010 de l’envie d’aider les viticulteurs locaux après que Mme Mulyati Gozali , la copropriétaire du domaine, les ait rencontrés. Mis en place dans un cadre coopératif, environ 300 agriculteurs fournissent les raisins au domaine.
Isola Wine by Cantine-Balita, un partenariat indonésien-italien, a rapidement rejoint le duo en 2012.
Source: Hatten Wines
Le climat tropical de l’île permet de créer un vin, la viticulture est ininterrompue, les raisins sont récoltés tout au long de l’année et ils produisent des vins uniques et au goût sucré qui accompagnent la cuisine indonésienne avec un certain succès et qui attirent les touristes. Alors que le vin balinais coûte environ 25 Euros la bouteille, le prix du vin importé est en moyenne de 35 Euros, hors de portée du consommateur moyen dont le revenu est 300 Euros par mois.
Au cours des dernières décennies, les habitants du pays ont développé le goût du vin, en particulier lorsqu’il est associé à la cuisine riche et épicée du pays. Il est devenu populaire auprès des jeunes et le gouvernement a finalement autorisé les étudiants à boire du vin en 2005. Le marché local a vu une augmentation de la demande. La proximité de Singapour avec ses résidents expatriés et la disponibilité des vins sur Internet ont aussi aidé à la démocratisation et à l’émergence de la culture du vin.
Mais, l’Indonésie ne facilite pas la vie des buveurs. L’alcool est cher, avec des droits d’importation fixés à 150 %. De plus, une interdiction pour les petits détaillants de vendre des boissons alcoolisées a été introduite par le gouvernement en 2016 pour en réduire la consommation.
Mais le vin indonésien ou balinais n’a pas à être nécessairement élaboré avec les cépages cultivés dans le pays et certaines sociétés élaborent des vins avec des raisins congelés importés principalement l’Australie et du Chili, ils transforment la matière première dans leur installation sur l’ile de Bali dans le nord de la province de Buleleng.
Harald Wiesmann, directeur du restaurant de haute cuisine d’inspiration asiatique Kayuputi et chef sommelier au St. Regis Bali Resort, résume les vins balinais pour nous qui qui ne les avons pas dégustés.
« Pour moi, les meilleurs vins élaborés avec ces raisins (locaux) sont les mousseux, blancs et rosés, oh, et un vin demi-sec Moscato peu mousseux. À mon avis, un vin local très bien fait s’appelle Pino de Bali, qui a un goût presque comme un vin de Porto et un vin rouge appelé Isola Anggur Merah. Quant aux vins élaborés avec des raisins congelés, ils sont plus conformes aux vins importés d’Europe ou du Nouveau Monde ».
Le 2 août 2022, s’est tenu un festival de vin à dans la ville de Semarang sur l’île de Java dans le but d’introduire et de développer la viticulture pour les cépages de cuve.
Harald Wiesmann. Source: https://www.sommelier-jobs.com/
CLIMAT
Le climat de l’Indonésie est déterminé en partie par sa structure insulaire et sa position à cheval sur l’équateur, qui assurent des températures élevées et homogènes. De plus, son emplacement entre les deux masses continentales d’Asie et d’Australie l’expose à des schémas saisonniers de précipitations apportées par les vents de mousson.
La variation des températures régionales est fonction de l’altitude plutôt que de la latitude. Les températures sont les plus élevées le long de la côte, où les températures annuelles moyennes vont de 20°à 30 °C (70° à 80 °F. Les régions au-dessus de 600 mètres (2 000 pieds) sont nettement plus fraîches, mais seules les montagnes Maoke de Papouasie sont suffisamment hautes pour recevoir de la neige.
L’Indonésie reçoit de fortes précipitations tout au long de l’année de 1 000 à 4 000 mm (40-120 pouces), les plus importantes se produisant de décembre à mars. Du centre de Java vers l’est, vers l’Australie, cependant, la saison sèche (juin à octobre) est progressivement plus prononcée ; les îles de Timor et Sumba reçoivent peu de pluie pendant ces mois.
Seules les petites îles de la Sonde et l’est de Java ont une saison sèche bien développée. Ce climat explique en partie l’implantation des vignobles dans l’est de l’île de Java par les colons néerlandais.
À Bali, la température moyenne annuelle est de 25,3 °C. les précipitations sont de 1 642 mm (64,6 pouces).
Climat actuel
Source: wikipedia.org
Climat futur
SOLS
L’Indonésie illustre la relation entre le climat et la roche-mère dans la formation des sols. Les roches de Java sont principalement des volcaniques andésitiques (roches gris foncé constituées essentiellement de minéraux oligoclase ou feldspath), tandis que les rhyolites (la forme de lave acide du granite) sont dominantes à Sumatra, les granites de l’archipel de Riau, les granites et les sédiments de Kalimantan, et les sédiments dans l’ouest de la Nouvelle-Guinée. Les sols qui en résultent dans les régions humides sont principalement latéritiques (contenant des oxydes de fer et de l’hydroxyde d’aluminium) et de fertilité variable selon la roche-mère ; ils comprennent des sols lourds à margalite noire ou gris-noir et des sols calcaires. Les sols noirs se produisent dans les régions à saison sèche distincte.
Des sols très fertiles, également dérivés ou enrichis de matériaux volcaniques andésitiques basiques, se trouvent également à Java. Les précieuses cendres volcaniques sont transportées par le vent et déposées sous forme de couche de matière inorganique fraîche et homogène sur de vastes zones ; également transportées sous forme de matière en suspension dans les cours d’eau et les canaux d’irrigation. Les minéraux contenus dans le sol sont lessivés du et sont remplacés par les dépôts alluvionnaires des rivières ou par les dépôts dans les retenues d’eau ou les rizières en terrasses.
En général, les températures élevées permanantes et les fortes précipitations dans une grande partie de l’Indonésie ont provoqué une érosion rapide donc une profonde altération chimique et un lessivage qui produisent généralement un sol appauvri donc adapté à la viticulture.
À Bali aussi, on trouve un sol minéral brut, il provient de lérosion climatique résultant de la désagrégation d’une roche tendre et d’un apport sableux et limoneux (régosol). Le régosol qui couvre 39,92% de la superficie de l’île de Bali est divisé en régosol de cendres volcaniques (trouvé autour des volcans), de collines de sable régosol (le long des plages) et de roche sédimentaire régosol (trouvée autour de la topographie plissée des collines). La carte des sols de Bali (ci-dessous) montre que la viticulture est effectuée sur des régosols gris brun.
RÉGIONS VITICOLES
La viticulture se concentre autour de la ville de Probolinggo sur l’île de Java et dans le district de Buleleng au nord de l’île de Bali. Pour en savoir plus sur les régions viticoles de l’Indonésie, cliquez sur le lien suivant: INDONÉSIE RÉGIONS VITICOLES
CÉPAGES
Les cépages sont utilisés sans distinction pour la table et pour la cuve. Les principaux cépage sont : Alphonse Lavallée et Cardinal. Pour en savoir plus sur les cépages, cliquez sur le lien suivant : INDONÉSIE CÉPAGES
LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION
La règlementation sur les vins est régie par la Loi sur l’alimentation de la République d’Indonésie et par une série de règlementations connexes. Il n’existe pas d’Indication Géographique dans le pays. Pour en savoir plus sur la législation, cliquez sur le lien suivant : INDONÉSIE LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION