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IRLANDE

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

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Dublin, la capitale. Source: By Donaldytong – , https://commons.wikimedia.org/

L’IRLANDE VUE D’AILLEURS

L’Irlande (L’Eire) est un petit  pays (5 millions d’hab. sur 70 273 km² – 84 % de l’île-) C’est un État depuis 1922.

      L’Irlande est plutôt réputée pour d’autres boissons que le vin. Ce malentendu sera sans doute bientôt réparé grâce au réchauffement climatique. A moins que le tsunami du millénaire ne parcoure l’océan Atlantique venant du grand Rift en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Il paraît que la vague mesurerait 1,5 km de hauteur, adieu les vertes collines.

      L’Irish whiskey désigne les différents types de whiskeys fabriqués dans l’île par distillation de céréales, en particulier l’orge, mais pas seulement. En Irlande, on en fabrique 3 types : le Pot Still whiskey à base d’orge maltée, le Single Malt whiskey et le Single Grain whiskey souvent utilisé pour des assemblages.  Et le mélange d’au moins deux d’entre eux permet d’en créer un quatrième, le Blended whiskey que les Irlandais produisent particulièrement bien.

La bière rousse irlandaise typique, c’est l’« Irish Red Ale ».

        Saint-Patrick (Ve s.) est le plus célèbre des saints irlandais (il y a un lien avec la bière ?). Il avait pour mission d’évangéliser le peuple de l’île et, parades, festivités et musiques celtiques sont présentes un peu partout dans le monde tous les 17 mars et ce jour-là la couleur verte est de rigueur. C’est une fête chrétienne, déjà célébrée par les Irlandais aux IXe siècle et Xe siècle. C‘est une fête légale dans le calendrier irlandais dès 1607 et inscrite depuis au calendrier liturgique catholique. Elle a toujours lieu pendant le Carême. Elle est devenue une fête civile, symbole de reconnaissance de tous les Irlandais. Aux États-Unis, pays de la  plus nombreuse diaspora irlandaise, la première célébration de cette fête eut lieu à Boston en 1737 et la première parade officielle à New York en 1762.

        Au milieu du XIX° la Grande Famine   tua environ un million d’habitants, elle était la conséquence de la ruine des récoltes des pommes de terre qui étaient la nourriture principale des pauvres, ruinées par le mildiou. Elle eut des répercussions durables, près de deux millions de réfugiés, et autant d’émigrants principalement des femmes, surtout vers États-Unis, Grande-Bretagne, Canada et Australie.  La population en dix ans passa de huit à environ six millions. Et l’émigration devint un phénomène structurel, se poursuivit jusqu’en 1911, à cette date la population tomba à 4,4 millions de personnes, soit son niveau de 1800. La famine fut aussi l’un des facteurs du déclin de la langue gaélique (que les Britanniques ne parvenaient pas à éradiquer) que parlaient plus de 90 % des Irlandais avant 1845, et dont l’usage tomba à moins de 20 % de la population en 1860, et aujourd’hui à 2 %.  Cette catastrophe fut à l’origine d’un renouveau du nationalisme irlandais : le nombre de victimes aurait pu être sensiblement moins élevé si les responsables politiques britanniques avaient choisi d’intervenir. « Pourtant, par négligence, indifférence, insensibilité, cynisme, ou mépris des pauvres clairement affiché, ils restèrent globalement passifs ». La Grande Famine reste   un « lieu de mémoire » conflictuel dans l’Irlande indépendante depuis les années 20.

      On ne citera ici que dix écrivains irlandais, il y en a trop, beaucoup, et pas des moindres dans une si petite île. En tout seigneur tout honneur citons puisque nous évoquions la famine, Liam O’Flaherty (Famine) et puis   des figures devenues universelles : Thomas More qui inventa le mot Utopie au XVI°, Jonathan Swift (Les voyages de Gulliver, Instructions aux domestiques), Yeats le poète, G.B. Shaw, Oscar Wilde, Bram Stocker qui inventa Dracula, James Joyce ( Ulysse), Samuel Beckett ( En attendant Godot)…

Oscar Wilde. Wikipedia.org

       Les Irlandais se sont élevés depuis des siècles contre la Couronne britannique pour obtenir leur indépendance et aussi pour rester catholiques (« papistes »). L’île avait été conquise par le royaume d’Angleterre à la fin du XIIe siècle. Des révoltes successives s’avérèrent toutes être des échecs. La reconquête de l’Irlande eut lieu sous la dynastie anglaise des Tudor au XVIe siècle pour y restaurer l’autorité centrale, qui s’était perdue au cours des deux siècles précédents. Usant de conciliation et de répression, la conquête se poursuivit pendant soixante ans, jusqu’en 1603, imposant les lois, la langue et la culture anglaises, et étendant la Réforme protestante. La couronne espagnole intervint plusieurs fois. À la fin de la conquête, l’Irlande gaélique, en tant qu’entité politique, se trouva en grande partie détruite. Après le massacre de la garnison de Drogheda, 1649, un nouveau règlement octroya les bonnes terres aux Anglais, Écossais, Gallois, c’était la colonisation du pays et les anciens propriétaires furent confinés dans les landes du Connaught. La dernière rébellion armée survint quand le dernier roi catholique d’Angleterre Jacques II Stuart déchu convainc Louis XIV de l’aider à reprendre son trône, mais l’armée des Irlandais et des « Jacobites » fut écrasée en 1690. Un traité fut signé à Limerick en 1691 qui promettait la liberté religieuse aux Irlandais et des garanties concernant leurs terresLas, les rois suivants bafouèrent le traité.  Sous le Directoire, le général Hoche tenta un débarquement en 1796 avec 15 000 hommes et 42 vaisseaux.  Un autre échec imputé… à la tempête….

 Le Premier ministre anglais, William Pitt le Jeune, décida d’en finir avec le statut d’autonomie de l’île qui menaçait la sécurité du royaume. Contre l’élite protestante irlandaise, et, à coup de pots-de-vin, il convainquit le Parlement de Dublin de s’autodissoudre en 1800.

           L’Acte d’Union proclama l’avènement à compter de 1801 du « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande », qui est encore aujourd’hui l’appellation officielle du pays. Début XX° à la veille de la Guerre, la majorité des Irlandais de souche celte aspiraient à l’autonomie (le «Home rule»), voire  à l’indépendance, parmi eux  le mouvement Sinn Fein (Nous Seuls en gaélique) fondé en 1905. Alors qu’à Londres les Unionistes principalement protestants souhaitaient maintenir l’Acte d’Union de 1801, au moins dans l’Ulster. Dès 1914 beaucoup d’Irlandais se portèrent volontaires pour combattre les Allemands mais quelques radicaux du Sinn Fein préfèrent saisir l’occasion (« Les difficultés de l’Angleterre sont des occasions à saisir pour l’Irlande »). Ils forment ce que l’on appellera un peu plus tard l’Irish Republican Army (IRA) et déclenchèrent une insurrection, nommée pour l’histoire « Les Pâques Sanglantes », le  lundi de Pâques 1916, occupant  la Grand Poste  au centre de Dublin ; conspués par la foule. Echec. Répression à l’artillerie lourde. Après cinq jours de résistance, les insurgés capitulent (500 morts).  La paix revenue, les élections générales sont un triomphe pour le Sinn Fein naguère marginal.  En 1919, à Dublin, ses députés constituent un Parlement national et lancent un Appel aux Nations en vue de l’indépendance de l’île. Mais ni Londres ni le président américain Wilson ne s’émeuvent.  Sous la direction du jeune Michaël Collins (30 ans), l’IRA, l’armée républicaine, se prépare à la guérilla avec surtout des paysans qui travaillent le jour et se mobilisent le soir. L’insurrection est déclenchée en juin 1919 par l’attaque d’un convoi de munitions. Le gouvernement britannique envoie en Irlande sur une proposition de Churchill deux forces spéciales : les Black and Tans, des vétérans de la Grande Guerre et anciens prisonniers de droit commun, qui se signaleront vite par leurs exactions et 1 500 Auxiliaires, anciens officiers pour les encadrer. L’IRA organise des coups de main pour se procurer des armes et multiplie les embuscades et les meurtres isolés. La situation empire. Représailles et contre-représailles se succèdent. Les actions de l’IRA, même spectaculaires n’emportent pas la décision. Mais le Sinn Fein, par une propagande très efficace, mobilise en sa faveur l’opinion anglaise et internationale. Réaliste, le Premier ministre Lloyd George se résout en décembre 1920 à proposer une partition de l’île. Une trêve est conclue. Le traité signé à Londres en 1921prévoit la transformation de l’Irlande du Sud en un « État libre d’Irlande », virtuellement indépendant avec statut de dominion (comme le Canada ou l’Australie) mais associé à l’Empire britannique. Dans les rangs du Sinn Fein, certains républicains s’indignent du serment d’allégeance au roi. Mais le nouveau gouvernement irlandais constitue une armée régulière avec les troupes de l’IRA qui lui sont restées fidèles et mène une guerre fratricide impitoyable contre les séditieux. En Irlande du Nord (Ulster) les Unionistes multiplient exactions et pogroms souvent meurtriers pour pousser à l’exil leurs concitoyens catholiques. La frontière « provisoire » entre les deux parties de l’Irlande se pérennise et la scission entre l’Ulster et l’État libre d’Irlande devient irrévocable, laissant en suspens le sort de la minorité catholique d’Irlande du Nord, soumise à de constantes vexations et discriminations.   De nos jours l’île est toujours coupée en deux morceaux (comme Timor), au nord-est   l’Ulster (16 %) est britannique et plutôt protestant, alors que les 84 %  du territoire  constituent   la république d’Irlande ( Eire) dont les habitants sont plutôt catholiques.

Par Harris & Ewing — Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

Les indépendantistes ne baissèrent pas les bras, les plus radicaux passèrent à la lutte armée. Parmi les attentats de l’IRA, le plus spectaculaire tua en 1979 un proche de la Couronne, le dernier vice-roi des Indes,  Lord Mountbatten  fils du  marquis de Milford Haven et de la petite-fille de la reine Victoria,  oncle de l’époux de la reine. Figure du Royaume-Uni grâce à ses exploits dans la marine notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.

         Bobby Sands (mai 1981) et  six autres membres de l’IRA et trois de l’INLA moururent  après 66 jours de grève de la faim dans  la prison de Maze où 94,6 % des détenus  étaient des nationalistes irlandais catholiques. M. Thatcher qui gouvernait à l’époque était restée inflexible face aux revendications des prisonniers de Long Kesh.

             Le conflit irlandais s’importa dans l’hexagone en 1982. C’est l’affaire croquignolesque dite des « Irlandais de Vincennes »qui devint celle des « gendarmes de l’Élysée ».  Cette affaire fit grand bruit au début du premier mandat de F.Mitterrand, car  le nouveau  président avait fait appel aux gendarmes du GIGN pour composer sa garde présidentielle, contrairement à ses prédécesseurs, qui employaient des policiers. Il s’avéra   que sur fond d’antagonisme entre la police et la gendarmerie, les gendarmes avaient apporté eux-mêmes des explosifs dans l’appartement où logeaient des Irlandais et qu’ils avaient tenté de maquiller les failles de leur scénario. Après neuf mois de détention les « Irlandais de Vincennes » furent libérés (non-lieu et 1 franc de dommages et intérêts). Lors du procès des gendarmes en 1991 le lieutenant-colonel J.M. Beau et Christian Prouteau furent condamnés à quinze mois de prison avec sursis, Prouteau est finalement relaxé en appel, car le commandement effectif de l’opération était assuré par le capitaine Barril commandant du GIGN. L’ensemble de la procédure fut annulé et Barril échappa ainsi à toute poursuite.

        Les Irlandais ne sont pas des mauviettes, ils jouent au rugby à XV. Leur équipe, le XV du Trèfle, évolue traditionnellement à domicile au stade de Lansdowne Road à Dublin depuis 1878. Elle participe aux compétitions internationales majeures : la Coupe du monde de rugby et le Tournoi des Six Nations dans lequel elle remporta trois Grands Chelems en 1948, 2009 et 2018 avec huit victoires partagées soit un total de 22 victoires. Et ce sport en Irlande fait de la politique :  l’équipe nationale représente toute l’île : l’Eire et l’Ulster (deux entités politiques distinctes). Cette situation est unique. Afin de régler le problème des « deux hymnes », Amhrán na bhFiann (le chant du soldat) pour une partie des joueurs, et « God Save The Queen » pour les autres, l’équipe a adopté Ireland’s Call, spécifiquement composé en tant qu’hymne officiel pour ses matchs internationaux.

Ce sport est en concurrence avec les sports gaéliques parfois millénaires (hurling, camogie), football gaélique et avec  le football.

                  Renversement contemporain des flux humains :  comme des pays d’Europe du sud, terres d’émigration depuis longtemps, l’Irlande est devenue pays d’accueil de migrants. Elle accueille aussi des filiales des GAFAM, un brin paradis fiscal ?

                  En dehors de l’île, on rencontre des Irlandais dans les concerts de Bono, dans les pubs, et aussi dans des romans, des films, où ils incarnent  souvent des  policiers à New York.

Pub irlandais. Wikipedia.org

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Situé à la latitude de 53,1424° N et la longitude de 7,6921° E, le pays est situé en-dehors des limites acceptées pour la culture de la vigne. De la viticulture aurait pu être établie aux alentours du V°e siècle AP.J.C. avec la christianisation du territoire ou au XIIe siècle durant l’Optimum Climatique médiéval. La viticulture de l’ère moderne, elle, date des années 1960, mais les tentatives viticoles de la deuxième partie du XXe siècle n’ont pas abouti à des exploitations commerciales viables. Aujourd’hui, les quelques viticulteurs du pays regroupés autour de Cork ont d’autres activités, ils sont des viticulteurs occasionnels. La surface viticole n’atteint que quelques hectares tout au plus et la production environ 5 000 bouteilles par an, cependant on trouve certains des vins irlandais dans le commerce. Le réchauffement climatique en cours permettra-t-il une viticulture et une production commerciale viables au cours du siècle ? Les conditions climatiques, plus chaudes, mais humides et les sols riches sont loin d’être idéaux pour la viticulture et la production de vin de qualité.

En 2021, l’Irlande a importé pour 316 millions € de vin, principalement de : France (79,1 M d’Euros), Italie (43,5 M), Chili (38,25 M), Royaume-Uni (45,33 M) et Espagne (34,54 M). En 2021, l’Irlande a exporté 28,3 millions € de vin[1] vers principalement  : le Royaume-Uni (16,59 M d’Euros), les Pays-Bas (4,44 M), la France (1,93 M), l’Égypte (1,45 M) et l’Arabie saoudite (790 450 Euros).

La consommation de vin par capita était de 2,8 litres par an en 2 020 et de 10,8 d’alcool pur par capita par an en 2019.


[1] L’Irlande ne produit pas assez de vin, loin de là, pour générer un tel volume d’exportations. Les exportations sont des vins importés qui sont réexportés

HISTOIRE

L’origine de la viticulture sur le territoire de l’Irlande est sujette à caution. Stephen Skelton, MW  dans son résumé historique « A Short History of Vineyards in Ireland de 2010 » souligne que l’une des premières mentions de vigne dans le pays provient de l’ouvrage «  Histoire Ecclésiastique du Peuple Anglais » de Bède, achevé en 731 après J.C. dans lequel il  cite : « L’Irlande abonde en lait et en miel, et elle ne manque pas de vignes ». La viticulture en Europe est étroitement associée au christianisme et à l’établissement des monastères. La « Chronique d’Irlande » rapporte qu’en 431, l’évêque Palladius était arrivé en Irlande envoyé en mission par le pape Célestin Ier pour servir les Irlandais « croyant déjà au Christ ». La même chronique rapporte que Saint Patrick, le saint patron le plus célèbre d’Irlande, est arrivé l’année suivante. Il n’est donc pas impossible que de la viticulture ait été déjà bien établie au VIIIe siècle, date à laquelle paraît l’ouvrage de Bède car le prêtre a besoin de vin pour célébrer la messe.

Saint Patrick. Vitrail de l’église catholique Saint-Patrick près de Junction City, dans l’Ohio. Source: wikipedia.org

À partir d’environ 500 après JC, des monastères sont créés en Irlande. Ils étaient généralement construits dans des endroits isolés, comme Glendalough dans le comté de Wicklow ou sur des îles telles que Skellig Michael, au large des côtes du comté de Kerry. Certains monastères ont également été construits à proximité des forts de rois puissants, comme le monastère de Clonard dans le comté de Meath ou celui de Clonmacnoise qui est l’un des monastères les mieux conservés d’Irlande. Fondé par saint Ciaran au VIe siècle, il occupe une position dominante sur les rives de la rivière Shannon. Certes, la production de vin n’était pas l’objectif prioritaire de la construction des monastères mais le vin fait partie intégrante de la vie monastique. Que de la viticulture ait été entreprise par les moines est hautement probable mais elle a sans doute été un échec car la localisation de monastères, le climat et des sols étaient peu favorables à cette culture.

Le monastère de Clonmacnoise. Source: Par JohnArmagh , Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

L’existence de la viticulture au VIIIe siècle et les assertions de Bède sont réfutées par Gérald de Galles (Giraldus Cambrensis c. 1146 – c. 1223) prêtre et historien normand, le premier étranger à avoir publié deux livres, peu élogieux, sur l’Irlande. On ne sait pas s’il  date l’existence de la viticulture à l’époque de sa propre existence.

Des monastères continueront à être établis pendant toute la période du Moyen Âge, en particulier dans la région de Cork, dont les conditions climatiques sont les plus favorables à la viticulture : l’abbaye d’Abbeymahon  en 1172,  l’ abbaye d’Abbeystrowry en 1228, l’abbaye d’Aghamiste en  1172, le prieuré de Ballybeg en 1229. Cette période correspond à l’Optimum Climatique médiéval époque où la viticulture aurait été possible en Irlande.  S’il y a eu du vin produit en Irlande, il n’y a pas eu d’industrie viticole irlandaise et la viticulture est probablement restée du domaine de l’Église et elle a sans doute périclité pendant le Petit Âge Glaciaire à partir du XIVe siècle.

Source: wikiepedia.org

La plus importante contribution des Irlandais au monde du vin interviendra au XVIe siècle avec une communauté d’Irlandais qui  fuient vers le continent pour éviter les persécutions religieuses anglaises; ces producteurs et marchands de vin ont été renommés par les historiens du vin « the Wine Geese ». Les commerçants anglais et irlandais arrivèrent en grand nombre entre 1720 et 1750, fondant de nombreuses maisons célèbres, dont le rôle dans le commerce et surtout dans la production de vin a été essentielle essentielle. Ces personnes étaient généralement originaires de la ville de Galway et de ses environs immédiats, situés à l’ouest de l’Irlande. Certaines de ces familles bordelaises incluent John Lynch de Galway qui a fondé Château Lynch-Bages. Thomas Barton a d’abord prospéré en tant que négociant (négociant en vins) avant de fonder Château Langua-Barton et Léoville-Barton. Parmi les autres propriétés ayant des liens irlandais, citons Château Clarke (Clarke), Boyd-Cantenac (Boyd), Château Siran et Château Pichon-Lalande (Burke), Château Kirwan (Kirwan), Château Phelan Ségur (Phelan) et Château Dillon (Dillon). Ce commerce était d’autant plus avantageux que les droits de douane sur le commerce entre la France et l’Irlande étaient inférieurs à ceux qui étaient dirigés vers la Grande-Bretagne. Les marchands irlandais réimportaient ensuite le vin vers la Grande-Bretagne

Le combat de Wild Geese. Source: https://i0.wp.com/militaryhistorynow.com/

Selon le propos de Stephen Skelton, MW, rapportés dans l’excellent article de Gabriela Guedez, sur le site « The Taste », la première tentative de viticulture des temps modernes sur l’Île d‘Émeraude aurait eu  lieu dans les années 1960, quand un  ex-militaire planta un petit vignoble au sud de Wexford à proximité du port de ferry de Rosslare avec du  merlot et du cabernet sauvignon.

En 1972, le propriétaire du Longueville House Hotel (Blackwater Valley dans le comté de Cork), Michael O’Callaghan,  plante du Müller-Thurgau et du reichensteiner dans sa propriété.

En 1985, le  Dr. Billy Christopher plante également un vignoble dans la région de Blackwater Valley  (Blackwater Valley Vineyard )avec les variétés madeleine angevine, reichensteiner mais, après 20 ans d’efforts,  sa production n’est jamais devenue commercialement viable.

Dans les années 1980, Thomas Walk Vineyard est établi. C’est  un petit domaine viticole privé situé dans le sud de l’Irlande, le premier vin est fait en 1989 et il est le premier viticulteur à avoir cultivé avec succès des raisins rouges en plein air en Irlande.

Steve Doyle  plante son  vignoble à Dublin en 1988, puis cofonde l’Irish Vinegrowers Association en 1991, mais qui semble peu active aujourd’hui. Il dirige maintenant la société « Irish Grape Vines », qui vend des vignes qui, selon lui, arrivées à maturité, produiront suffisamment de fruits dans une bonne année pour faire un litre de vin si elles sont cultivées à l’extérieur sur un treillis, et plusieurs litres si elles sont cultivées sous serre. Les vignes sont multipliées par ses soins ou proviennent de pépinières certifiées en Allemagne.

David Dennison exploite un vignoble et un verger dans le comté de Waterford. D.Dennison est le fondateur de Viking Irish Drinks, qui produit du vin et du cidre artisanaux dans sa ferme de Waterford. Le vignoble de’1 hectare, planté en 2010, fournit des raisins rouges et blancs pour le vin.

En 2000, l’Irlande est classée comme pays producteur dans la zone viticole A. L’Irlande peut donc officiellement produire du vin avec les cépages autorisés dans l’EU, mais elle doit aussi se conformer à la législation européenne sur le vin.

Thomas Walk Vineyard. Source: Thomas Walk

Un article intitulé « The Feasibility of Ireland Becoming a Wine Producing Country due to Climate Change » (non disponible aujourd’hui) rédigé par James McWalter identifie Wexford, dans le sud-est de l’Irlande, comme une région viticole potentielle de haute qualité d’ici à 2050. Cela est principalement attribuable aux projections d’une réduction des précipitations estivales et une augmentation des températures hivernales dans la région selon les modèles climatiques de l’UE. Nous ne pensons pas que les modèles soient encore assez précis pour en arriver à une conclusion aussi probante, mais la position géographique du comté de Wexford sur la côte sud-est est certainement favorable à l’implantation de la viticulture dans un contexte de réchauffement climatique.

Comme pour la grande majorité des viticulteurs d’Irlande la viticulture est une activité annexe qui complète d’autres occupations.  David Dennison  possède  2,2 hectares de pommiers à cidre pour produire du cidre artisanal. Il produit également des liqueurs et expérimentent désormais des boissons sans alcool. Il cultive des cassis et des mûres sur le terrain, et possède des ruches.

L’Irlande ne compte quelques vignobles, principalement dans la région de Cork, et les producteurs luttent toujours contre les éléments et le sol tourbeux pour produire moins de 5 000 bouteilles par an.

Le futur de la viticulture et de la production de vin sont loin d’être assurés en Irlande même dans un contexte de réchauffement climatique,  car l’augmentation des températures dans un pays humide augmente la pression des maladies cryptogamiques et les sols qui conviennent à la viticulture sont plutôt rares en Irlande.

CLIMAT

Carte climatique actuelle. Source: wikipedia.org

Carte climatique future. Source: wikipedia.org

Le climat de l’Irlande est classé comme maritime occidental. L’influence prédominante est l’océan Atlantique qui n’est jamais à plus de 113 km. Les vents doux du sud-ouest et les eaux chaudes du courant de l’Atlantique Nord contribuent au caractère modéré du climat. La température est presque uniforme sur toute l’île. Les températures moyennes de l’air se situent principalement entre 4° et 7 ° C (39° et 45 ° F) en janvier et février, les mois les plus froids de l’année. En juillet et août, les mois les plus chauds, les températures varient généralement entre 14° et 16 ° C (57° et 61 ° F), bien que des températures parfois considérablement plus élevées soient enregistrées. Les mois les plus ensoleillés sont mai et juin, quand il y a du soleil pendant une durée moyenne de 5,5 et 6,5 heures par jour, respectivement. Les précipitations annuelles moyennes varient d’environ 760 mm (30 pouces) à l’est à plus de 2 533 mm (100 pouces) dans les zones occidentales exposées aux nuages ​​assombrissants qui viennent souvent de l’Atlantique. Les précipitations, combinées à la douceur du climat, sont particulièrement bénéfiques pour les prairies, qui sont le support de l’important cheptel du pays. La neige est peu fréquente sauf dans les montagnes, et les tempêtes de neige prolongées ou violentes sont rares.

Les cartes climatiques actuelles et futures ont tendance à indiquer que le climat de l’Irlande restera tempéré sans saison sèche.

SOLS

La majorité de l’Irlande est composée de terres basses à moins de 150 m d’altitude, les basses terres calcaires représentant 1,67 million d’hectares, soit près du quart de la superficie totale de l’Irlande.  Les sols bruns (Brown podzoliques sur la carte) sont les sols les plus courants dans les basses terres calcaires d’Irlande, représentant 60,6%, le reste étant des agglomérats de sols de terre brune, des gleys d’eau de surface et une petite proportion de rendzines humiques que l’on trouve principalement dans le Burren, Co. Clare. 64% de la masse terrestre totale est utilisée pour l’agriculture. Par contre, leur trop grande fertilité les rend inadaptés à la viticulture.  

À des niveaux plus élevés, où le climat est plus froid et plus humide, une fine couche de débris végétaux a déclenché le processus de tourbe, base à partir desquelles les tourbières se sont développées plus tard. Ce sol est humide et infertile, inadapté à l’agriculture ou la viticulture. Ce sol, qui se trouve dans les Midlands et aussi dans de nombreuses régions de l’ouest, du nord et du sud de l’Irlande.

Les podzols du sud de l’Irlande  sont des  sols  le plus souvent pauvres et peu adaptés à l’agriculture mais les plus limoneux bien drainés peuvent être très productifs pour la viticulture avec un chaulage et un apport d’engrais. Cette région est aussi la région climatique la plus adaptée à la viticulture en particulier dans un contexte de réchauffement climatique.

Source: researchgate.net

RÉGIONS VITICOLES

La viticulture est extrêmement limitée en Irlande et on ne peut pas parler de régions viticoles bien que l’essentiel de la production se concentre dans le sud de l’Irlande dans le comté de Cork. Le comté de Wexford pourrait devenir le principale centre de la viticulture avec le réchauffement climatique. Pour en savoir plus sur les régions viticoles de l’Irlande, cliquez sur le lien suivant: IRLANDE RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Les cépages hybrides et les cépages allemands sont principalement utilisés bien qu’un domaine réussisse à produire des vins avec le cabernet sauvignon et le merlot. Pour en savoir plus sur les cépages cultivés en Irlande, cliquez sur le lien suivant : IRLANDE CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION

L’Irlande fait partie de l’Union Européenne depuis 1972 et elle est depuis une 2000 une région viticole officielle ayant été classée en zone A en 2000. La législation de l’Union Européenne s’applique donc aux vins dans tous les domaines. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation en Irlande, cliquez sur le lien suivant: IRLANDE LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION