DESCRIPTION DU PAYS
Source: wikipedia.org
L’IRAN VU D’AILLEURS
L’Iran est un pays dont le nom devint officiel en 1935. Auparavant, il était connu en Occident sous le nom de Perse, du latin Persia, puis en français Perse. C’est un pays vaste, 1 648 195 km², avec deux façades maritimes : mer Caspienne et golfe Persique et sept voisins : Turkménistan, Afghanistan, Pakistan, Irak, Turquie, Arménie, Azerbaïdjan. Les plus hauts sommets d’Eurasiese situent à l’ouest de l’Hindou Kouch-Himalaya, à l’est s’étend un plateau. Les plaines sont circonscrites aux littoraux. Le territoire est sujet aux séismes car situé à la rencontre des plaques eurasiatique, arabique et indienne.
L’Hisoire garde le souvenir glorieux d’un immense empire puissant. L’Iran est le berceau d’une des plus anciennes civilisations du monde depuis le IVe millénaire av. J.-C., les Mèdes aux VII° et VI° s. av J.-C., les Achéménides de -550 à -330 av JC. L’Empire fut conquis en 331 av. J.C. par Alexandre le Grand, puis après les rois séleucides les Parthes, enfin les Sassanides qui sont la dernière et plus longue dynastie perse pendant plus de quatre cents ans. Au VIIe siècle la conquête arabo-musulmane entraîna l’islamisation de la Perse. Puis différentes dynasties se succèdèrent. Au XV° l’Iran est unifié, puissance majeure au XVIIIe siècle, il perd des territoires face à l’Empire russe.
Le pays compte aujourd’hui près de 85 millions d’habitants, l’est et le sud étant semi-désertiques et désertiques. La population est une mosaïque de plus de 80 groupes ethniques différents : Persans, Kurdes (7-10 %)… La langue officielle est le persan ou farsi parlé par la majorité, des minorités parlent kurdelori ( 6%), guilaki, soureth, baloutchi (2%), mazandarani, kachkaï, tat, talysh, pachtoune, etc. ; d’autres parlent une langue turcique : Azéris (13-15 %), Turkmènes (1 %), et aussi : Arabes (2 %), Arméniens, Juifs (0,014 %), Assyriens, Géorgiens, Chaldéens, Circassiens…
L’Iran est le plus grand foyer du chiisme duodécimain dans le monde depuis le XVe. Il est la religion officielle. Le pays abrite deux sites saints du chiisme : Mechhed et Qom. Les chiites sont aussi majoritaires en Iran, Irak, Azerbaïdjan et Bahrein. Sa puissance le pose en rival de l’autre grand pétrolier du Moyen-Orient l’Arabie Séoudite sunnite, c’est un pion décisif dans l’équilibre et les tensions de la région. De nos jours, l’Iran est soupçonné, accusé, de financer des groupes terroristes comme le Hezbollah au Liban, et le Hamas….
Au début du XX° siècle, la Révolution constitutionnelle instaura un Parlement. En 1925, Reza Khan, un militaire soutenu par les Britanniques, s’imposa comme le nouvel homme fort du pays et installa une nouvelle dynastie, les Pahlavi, après la déchéance de la dynastie Qadjar. Son accession au pouvoir fut fulgurante mais il dut abdiquer en 1941 lors de l’occupation anglo-soviétique de l’Iran.
L’Iran devient un pion dans le « Grand Jeu » : Mohammad Reza Chah Pahlavi le jeune shah qui lui succède, est confronté à un mouvement séparatiste de l’Azerbaïdjan iranien dans le nord-est, auquel l’URSS apportait son soutien. Finalement les Soviétiques retirent leurs troupes sous la pression américaine, notamment via l’ONU, nouvellement créée. Pour les États-Unis, il fallait que l’Iran, en raison de sa position stratégique, de ses ressources pétrolières, de sa vulnérabilité, reste à l’abri de l’influence soviétique. Le shah devint un allié proche et fidèle des EU, surtout avec les présidents Eisenhower et Nixon.
En 1953, l’opération Ajax (=MI5 + CIA) approuvée par Churchill et Eisenhower, et avec des partisans dans le pays, renversa le premier ministre Mossadegh. Il voulait renégocier les accords et/ou nationaliser l’exploitation des ressources pétrolières qui étaient aux mains de la puissante compagnie pétrolière Anglo-Iranian Oil Company depuis 1913 ; le shah, qui avait soutenu le coup d’Etat, fut obligé de s’exiler en Italie puis retrouvason trône.
Au pouvoir, le shah d’Iran entreprit un vaste programme de progrès social et de développement économique, c’est la « Révolution blanche », accompagnée de la répression des opposants par la police politique la SAVAK, réputée très cruelle . Il s’avère que cette occidentalisation parut trop brutale à la population rurale, croyante, d’où émergent les fondamentalistes chiites inspirés par l’ayatollah Khomeini. La célébration du 2 500e anniversaire de la mort du fondateur de l’empire perse Cyrus II Le Grand, s’était accompagnée de festivités fastueuses organisées à Chiraz, Pasargades et Persépolis en 1971 avec soixante monarques, présidents et chefs de gouvernement du monde entier invités à une « démonstration flamboyante » du développement socio-économique du pays. Leur coût supposé exorbitant et leur côté mondain furent critiqués par une partie de la presse américaine et par l’opposant au régime l’ayatollah Khomeini qui vivait en France.
Le shah perd progressivement ses soutiens traditionnels et l’appui occidental. Il semblait que le shah se rapprochait progressivement de l’URSS puis de la Chine, plus neutraliste; puisqu’il entamait une politique de partenariat économique privilégié avec l’Europe, en particulier la France, sa stratégie ambitieuse est jugée trop indépendante. Les États-Unis lui retirent leur appui, ils soutiennent des mouvements contestataires étudiants, pourtant marxisants, et l’ayatollah Khomeini, leader qui prêche la révolution islamiste. En 1978, de plus en plus critiqué, le shah doit faire face à un soulèvement populaire qui s’accentue au fil des mois. En 1979, en dernier recours, il nomma Premier ministre l’opposant social-démocrate Chapour Bakhtiar puis fut contraint à l’exil. Le shah, second et dernier monarque de la dynastie Pahlavi est renversé par la Révolution islamique iranienne. Il mourra en exil en Égypte en 1980. L’Iran depuis, présente un système institutionnel très singulier. C’est le seul État officiellement chiite et un des rares Etats au monde à être une théocratie ; c’est-à-dire que le pouvoir, censé émaner de Dieu, réside dans les mains du clergé.
Depuis la crise des otages américains (novembre 1979- janvier 1981), les relations États-Unis/Iran sont très très mauvaises : accusations, manœuvres et menaces. « Satan » pour les uns, pays « néfaste » et « premier soutien du terrorisme dans le monde » pour les autres. La guerre avec l’Irak de Sadam Hussein soutenu par les puissances occidentales pendant huit ans 1980-1988 a laissé de profonds stigmates (700 000 à 1 200 000 victimes militaires et civiles). Un régime drastique de sanctions depuis des années ainsi que la cyber guerre (Stuxnet le virus informatique qui aurait été conçu par la NSA) doivent ralentir et paralyser la recherche nucléaire de l’Iran, les Etats-Unis craignant son appui aux ennemis d’Israël.
Et « Pour ne pas dire que je n’ai pas parlé de fleurs » (chanson contestataire brésilienne des années 60 de Geraldo André), la Perse est le paradis des roses depuis le Vème siècle avant JC, cultivées dans la province montagneuse d’Ispahan, Chiraz, Kashan, Qamsar, Meymand. Fort d’d’un savoir-faire ancestral le pays produit des fleurs, de l’eau de rose (premier producteur au monde), de l’essence de rose. Au XIème siècle, le savant Avicenne avait élaboré la méthode de distillation de l’huile essentielle de rose, encore pratiquée de nos jours. Et bien sûr des festivals de la rose sont organisés. Ispahan au XVIe siècle fut la capitale des Séfévides, semée de palais, de mosquées, de jardins ornés de roseraies. Et à Chiraz, la capitale culturelle de l’Iran, fut construite en 1888 la mosquée Nasir-ol-Molk dite «la mosquée rose», où bien sûr tous les nuances de rose sont réunies : vitraux, sols, murs et plafonds, mosaïque, carrelage, tout est rose.
Mais il ne faut pas oublier le bleu. Pierre Loti en 1900 partit traverser l’Iran, il écrira « Vers Ispahan » un de ses superbes récits de voyage : « …qui peut venir avec moi voir apparaître dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses, la vieille ville de ruines et de mystères, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus… qui veut venir avec moi voir la saison des roses à Ispahan…. ».
L’ Iran (la Perse) nous ramène à l’histoire de la langue française, car depuis le Moyen Age, de très nombreux termes d’origine perse étaient parvenus dans la langue française, parfois transmis en Europe par les Arabes : des plantes, nénuphar, épinard, aubergine, et puis douane, caravane…, des facettes d’une civilisation complexe et raffinée : châle, divan, tasse, sérail, pashmina…
Et l’Iran nous ramène au Siècle des Lumières en France. En effet, Les Lettres Persanes, le roman épistolaire de Montesquieu rassemble la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans séjournant à Paris pendant 9 ans et leurs amis restés en Perse. Usbek est un grand seigneur, il a quitté Ispahan laissant derrière lui les cinq épouses de son sérail (Zachi, Zéphis, Fatmé, Zélis et Roxane) aux soins d’eunuques noirs et blancs, il est accompagné de son ami Rica. Comme le roman contient des critiques sévères de la monarchie française, pour éviter la censure et des poursuites, Montesquieu choisit de le publier anonymement à Amsterdam.
L’Iran nous ramène aussi à une petite commune française fort discrète de 3 500 habitants, Neauphle-le-Château, située à une quarantaine de kilomètres de Paris (où on fabriquait le Grand-Marnier). Khomeini l’ayatollah s’y’installa en 1978 avec un visa de touriste sans demander l’asile politique. Avec son arrivée au pouvoir en Iran, des mots jusque-là inconnus en France devinrent familiers comme ayatollah, mollah et fatwa (il en lança une 1989 contre Ahmed Salman Rushdie l’écrivain d’origine indienne qui avait publié un roman -une fiction- intitulé Les Versets sataniques). Familière aussi devint la la vision de la disparition des femmes dans des emballages noirs de la tête aux pieds, appelés tchadors, on ne pouvait apercevoir que les yeux, même parfois derrière une sorte de petit grillage..Salman Rushdie ,en août 2022, a perdu l’usage d’un oeil et d’un bras, après avoir été poignardé par Hadi Matar, 24 ans , né aux États-Unis. Les journalistes qui ont visité son village natal de Yaroun ont vu des drapeaux du Hezbollah – soutenu par l’Iran – et des portraits de Hassan Nasrallah, Ali Khamenei, Ruhollah Khomeini et Qasem Soleimani.
Dans l’artisanat iranien, le produit le plus réputé, élevé au rang d’un véritable art est sans doute est celui des tapis, le plus ancien- le tapis Pazyryk- date de 2 500 ans selon les archéologues.
Nos nombreux amis des animaux connaissent bien sûr le chat persan, souvent présent dans les films, c’est le chat le plus vendu dans le monde, placide et casanier il est parfaitement adapté à la vie de reclus dans les appartements. Il ne saura jamais que ses ancêtres avaient été sauvages , qu’ils chassaient des souris, et que certains de ses cousins le sont toujours.
L’Iran est membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), c’est un important producteur de pétrole à l’échelle mondiale, ses réserves prouvées de pétrole ainsi que celles de gaz naturel sont considérables.
Le GAFI qui évalue et dénonce la corruption et le blanchiment place ce pays dans sa liste noire ( avec la Corée du Nord et la Birmanie).
PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE
L’encépagement en Iran en 2018 était de 153 000 hectares, en baisse constante depuis 2014 où on recensait 214 000 hectares de vignes, soit une baisse de 29%. La production était de 2,3 millions de tonnes équivalente à celle de 2014. 1, 7 millions de tonnes étaient destinées à la table et 0,5 million aux autres autres produits dérivés y compris les raisins secs. Depuis la révolution islamique de 1979, il n’existe plus de production officielle de vin, la charia interdisant la production et la consommation d’alcool. Mais comme dans toutes les situations de prohibition, la production et la consommation n’ont pas disparu et se cantonnent à la sphère privée. Avant la révolution islamique, on estimait à 300 le nombre de domaines viticoles en activité en Iran.
En 1972, avant la révolution, 591 000 agriculteurs iraniens s’occupaient en partie de la viticulture. Leur répartition selon la taille des exploitations (32,8 % moins d’ 1 ha ; 33,2 % de 1 à 5 ha ; 33,5 % de 5 à 50 ha ; 0,5 % plus de 50 ha) était très proche de celle de l’ensemble de la paysannerie, ce qui montre que les vignerons ne sont pas aussi spécialisés dans cette activité en Iran que dans la plupart des pays viticoles.
Les vignobles sont en partie irrigués (ābī) et en partie non irrigués (deym). En 1973 les vignobles non irrigués occupaient 28 pour cent des 192 889 ha consacrés à la vigne, mais ne produisaient que 7,5 pour cent de la récolte totale (590 000 tonnes), car la plupart d’entre eux sont situés dans les montagnes arides du Fārs et du Khorasan et donnent de très faibles rendements. L’essentiel de la récolte provient de vignobles irrigués du nord-ouest semi-aride de l’Iran, avec des rendements plutôt élevés. L’eau pour l’irrigation est souvent amenée dans des sillons profonds entre les ceps de vigne. Dans la province d’Azerbaïdjan iranienne, les vignerons laissent geler l’eau en hiver pour tuer les parasites, et protègent les ceps par des buttes de terre . Les principales régions productrices sont Qazvīn et Hamadān, représentant ensemble 38 % de la production iranienne en 1973 et la plaine d’Ourmia en Azerbaïdjan occidental où les paysans assyriens et arméniens sont souvent spécialisés dans la viticulture. Le raisin est également cultivé, dans une moindre mesure, dans les oasis du centre de l’Iran, avec des rendements particulièrement élevés, et du Khorasan.
Selon le rapport 2014 de l’OMS sur l’alcool et la santé, la consommation annuelle d’alcool par personne âgée de plus de 15 ans dans la Région de la Méditerranée orientale (RME), y compris l’Iran (estimé à moins de 1 L par an). Dans l’EMR, plus de 90 % de la population sont des abstinents à vie. La majeure partie de la consommation d’alcool dans la région n’est pas enregistrée, elle est plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. Malgré la certitude rassurante indiquée par cette consommation moyenne d’alcool faible dans cette région, la consommation totale d’alcool pour les buveurs (âgés de plus de 15 ans) est estimée à 25 L par personne et par an, quantité plus élevée que dans de nombreux pays européens.
HISTOIRE
L’élaboration du vin en Iran n’existe plus depuis que le pouvoir islamique y a mis fin peu après la révolution iranienne de 1979, (également connue sous le nom de révolution islamique) qui a abouti au renversement de la dynastie Pahlavi sous le Shah Mohammad Reza Pahlavi et au remplacement du régime par une république islamique sous le règne de l’ayatollah Ruhollah Khomeini.
Alors pourquoi consacrer une rubrique au vin en Iran ? Parce ce pays, la Perse dans l’Antiquité (le pays est devenu l’Iran avec la conquête musulmane de la Perse en 633–654 A.P.J.C.), est l’un des plus anciens pays producteurs de vin au monde et l’un des pays fondateurs de la domestication de la vigne.
La première découverte d’importance sur le territoire de l’Iran est celle d’une poterie sur le site de de Godin Tepe, sur les hauteurs des montagnes centrales du Zagros en Iran et daté d’environ 3 500 à 3 000 A.V.J.C. Elle fournit les premières preuves chimiques du vin à cette époque.
Les analyses chimiques d’un résidu rougeâtre à l’intérieur du récipient ont montré la présence d’acide tartrique, et d’une résine provenant d’un arbre. En d’autres termes, un vin résiné, dans lequel la résine agit comme un antioxydant pour empêcher le vin de se vinaigrer. Bien que répandue dans l’Antiquité, cette tradition ne se perpétue aujourd’hui qu’en Grèce sous le nom de retsina.
Cette poterie date de la période d’Uruk (IVe millénaire av. J.C.), qui passe pour être la plus ancienne agglomération humaine à avoir atteint le stade urbain dans la seconde partie du IVe millénaire av. J.-C., pendant la période à laquelle elle a donné son nom (période d’Uruk). La période de la fin de la civilisation d’Uruk est importante car elle représente le développement le plus précoce d’une société complexe de cités-États dans le sud de la vallée du Tigre-Euphrate et des zones de plaine adjacentes – basée sur l’agriculture irriguée de céréales, dattes et autres plantes. C’est aussi vraisemblablement là que l’écriture a été mise au point au même moment.
La découverte de Godin Tepe a conduit à une série de nouvelles analyses de poteries sur un autre site important en Iran, Hajji Firuz Tepe, elles seraient antérieures aux jarres de Godin Tepe de 2 000 ans soit 5 400–5 000 avant J.C. Hajji Firuz se situe plus au nord de Godin Tepe les montagnes de Zagros et elle a été l’une des premières colonies permanentes de la période néolithique au Proche-Orient. Ces villages étaient le résultat direct de la maîtrise par les hommes de leurs ressources alimentaires, puisqu’ils ont domestiqué des plantes et des animaux. L’invention de la poterie vers 6 000 AV.J.C. a donné encore plus d’impulsion au processus de développement car des récipients spéciaux pour la préparation et le stockage du vin et d’autres aliments et boissons dans des bocaux bouchés pouvaient désormais être facilement fabriqués. Les jarres de Hajji Firuz contenaient un vin résiné comme celle de Godin Tepe. Bien que le liège ne fût pas encore disponible, les bouchons en argile brute fonctionnent de la même manière, absorbant le liquide et se dilatant pour sceller l’embouchure des jarres. De tels bouchons ont été trouvés à proximité des jarres à vin de Hajji Firuz.
D’après les preuves actuelles, la région montagneuse du nord du Proche-Orient, y compris les monts Zagros du nord où se trouve Hajji Firuz, le Caucase et les monts Taurus de l’est de la Turquie, a été un « foyer » d’expérimentation au cours de la période néolithique entre 8 500 A.V. J.C. et 6 000 A.V.J.C. Par exemple, des fouilles à Çayönü sur le cours supérieur du Tigre ont fourni des pépins de raisin sauvage datant d’environ 9 000 A.V.J.C.
Dans les hypothèses, la région des hautes terres du Caucase, du Taurus et des montagnes du Zagros sont des possibilités pour la première domestication et le début de la vinification. Ces zones constituent le « centre mondial » du cépage eurasien où se trouve sa plus grande diversité génétique. Et c’est là qu’une « culture du vin » s’est consolidée au Néolithique et s’est progressivement déplacée vers le sud en Égypte à travers le Liban, la Syrie et l’Israël/Palestine, et jusqu’à Shiraz dans le sud-ouest de l’Iran le long de la colonne vertébrale des monts Zagros.
UNE ÉTUDE D’IMPORTANCE MAJEURE DE 2023 REMET EN CAUSE L’ORIGINE ET LA DATATION DE LA DOMESTICATION DE LA VIGNE
Résumé
Un article publié dans la prestigieuse revue Science en début 2023 a remis en cause sur la base d’analyses génétiques l’histoire de l’origine de la vigne. Alors que l’on pensait que la domestication de la vigne provenait de la Transcaucasie (Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan d’aujourd’hui) il y a environ 8 000 ans, il y a en fait eu une autre région de domestication dans les pays du Levant (Israël, Palestine, Liban et Jordanie). De plus, les origines de la domestication sont plus anciennes et remontent à 11 000 ans. Les chercheurs ont travaillé sur 2 448 génomes de vigne prélevés dans 23 institutions dans 16 pays. Ce sont les raisins domestiqués au Levant qui ont progressé vers l’ouest avec les populations humaines et, par une série de croisements accidentels avec des vignes sauvages, en Europe, ils ont donné naissance aux variétés Vitis vinifera largement cultivées aujourd’hui. Les vignes domestiquées du Caucase, jusqu’à présent considérées comme les ancêtres des raisins de cuve dans le monde entier, ont donné naissance aux variétés actuellement cultivées en Géorgie et en Arménie, et sont d’origine très différente, bien que les raisins partagent des caractéristiques communes, car les sélections qui ont accompagné la domestication ont été effectuées sur les deux catégories de raisin. La domestication au Levant concernait initialement le raisin de table destiné à la consommation et non à la vinification, elle a fini par avoir une énorme influence sur le monde moderne du vin. Depuis le Levant, ces raisins domestiqués de Vitis vinifera se sont répandus vers l’est à travers l’Asie centrale, en Inde et en Chine, en suivant le corridor montagneux d’Asie intérieure (un itinéraire emprunté par d’autres plantes et civilisations) et ils se sont étendus au nord jusqu’au Caucase, en passant par les montagnes du Zagros, puis au nord-ouest à travers l’Anatolie jusqu’aux Balkans. Et ils se sont également répandus vers l’ouest sur la côte nord-africaine. Ils ont également voyagé dans la péninsule ibérique et en Europe occidentale.
Les raisins du Levant sont arrivés en Europe, ils ont été croisés avec des raisins sauvages locaux pour produire des raisins plus petits, moins sucrés avec des peaux plus épaisses qui n’étaient pas très bons à manger, mais qui en fait étaient parfaits pour faire du vin. La majeure partie de notre patrimoine viticole provient de cette lignée.
il n’y a pas de preuves archéologiques directes de raisins domestiqués à une époque aussi précoce. Cependant, l’équipe a également daté génétiquement l’âge des raisins dans divers endroits à travers l’Europe, et ils correspondent à la propagation initiale de l’agriculture. Pour en être absolument certain il faudra récupérer des génomes anciens à partir d’échantillons archéologiques de pépins de raisin. Plus difficile à dire qu’à faire. Lire: LES ORIGINES DE LA DOMESTICATION DE LA VIGNE ET DES CÉPAGES
Après la conquête de l’Islam au VIIe siècle, l’islam est resté la religion officielle de l’Iran sauf pendant une courte période après les invasions mongoles et l’établissement ultérieur de l’Ilkhanat, un khanat mongol créé en 1256 et qui fut dirigé par les Ilkhans au XIIIe siècle.
Avant la conquête musulmane, les Iraniens du continent adhéraient principalement au zoroastrisme ; il y avait aussi des communautés juives et chrétiennes importantes et florissantes, en particulier dans les territoires du nord-ouest, de l’ouest et du sud de l’Iran – principalement l’Albanie du Caucase (Aghouanie ou Albanétie), L’ Asoristan le nom des provinces sassanides de Mésopotamie de 226 à 637), l’Arménie perse et la péninsule ibérique du Caucase (le Royaume d’Ibérie). Un nombre important de peuples iraniens ont également adhéré au bouddhisme dans ce qui était alors l’est de l’Iran, comme les régions de Bactriane et de Sogdia. Suite à la conquête musulmane, il y a eu un mouvement lent mais régulier de la population vers l’islam, malgré une résistance notable. Lorsque l’Islam a été introduit chez les Iraniens, la noblesse et les citadins ont été parmi les premiers à se convertir ; l’islam s’est répandu plus lentement parmi la paysannerie ou les puissants propriétaires terriens. Au Xème siècle, la majorité des Perses étaient devenus musulmans. Cependant, les us et les coutumes des civilisations perses précédentes n’ont pas été perdues, mais ont été dans une large mesure absorbées par les nouvelles politiques islamiques.
L’avènement de l’islam au VIIe siècle de notre ère a formellement rendu la consommation de vin illicite dans les territoires qui tombaient sous son emprise. Pourtant, la diffusion de cette nouvelle foi à la suite des premières expéditions arabes n’a, en fait, guère interrompu la longue tradition de consommation d’alcool dans les deux zones les plus importantes conquises en son nom, la moitié orientale du bassin méditerranéen et le « grand Iran», englobant la Mésopotamie, le Plateau iranien, le Caucase et l’Asie centrale jusqu’au fleuve Oxus.
Il y a plusieurs bonnes raisons pour lesquelles la propagation et l’adoption de l’islam n’ont pas éradiqué la consommation de vin, à part le fait que les êtres humains ont toujours été attirés par diverses formes de transgressions, surtout si elles sont officiellement proscrites. La première est que le vin a conservé les divers avantages médicaux présumés que les médecins de l’époque préislamique lui avaient attribués. Une autre est que sa vente et sa consommation bénéficiaient à l’État par le biais d’impôts. Si cela créait un jour un dilemme, le besoin de recettes fiscales l’emportait généralement sur toute objection morale.
Et puis, il y a un soulagement pour ceux qui transgressent. Premièrement et surtout, ceux qui ne peuvent s’empêcher de boire en violation de la Loi sainte peuvent trouver du réconfort dans la notion islamique selon laquelle le péché peut être expié par la repentance.
Deuxièmement, la solidarité sociale étant une vertu importante dans la culture islamique traditionnelle, tant que la consommation d’alcool et les autres activités proscrites restaient confinées à la sphère privée, la communauté avait tendance à « sauver les apparences » en prétendant qu’aucune infraction n’avait lieu.
En conséquence, de nombreux musulmans nouvellement convertis ont continué à consommer de l’alcool, et surtout du vin, avec un empressement à peine atténué par une conscience coupable.
La consommation de vin était omniprésente dans l’environnement laïc des cours abbassides de Bagdad. L’image du bon vivant du courtisan cultivé incluait non seulement le fait de boire du vin, mais présupposait de savoir quand et comment le consommer, et, bien sûr, comment accepter le fait qu’il est formellement interdit dans l’Islam. Tout cela se reflète dans la littérature persane.
Un autre aspect de la consommation de vin qui est important est le rôle qu’il a toujours joué dans le soufisme, le mysticisme islamique, dont une grande partie se déroule dans la moitié persane de l’univers islamique. Le vin, bien sûr, est omniprésent dans la poésie soufie. Et il est clair que les mystiques musulmans ne se contentaient pas de célébrer le vin comme une métaphore, mais le consommaient eux-mêmes, parfois en grande quantité.
La poésie d’Hafez en particulier est remplie de références au vin comme métaphore de la dissidence contre la rigidité de l’orthodoxie et en particulier contre le clan des clercs, ses gardiens autoproclamés.
La consommation de vin est restée une partie intégrante de la vie de cour dans la moitié orientale du monde islamique au-delà de la période classique, une coutume qui, au fil du temps, a été renforcée par un afflux de peuples turco-mongols d’Asie centrale réputés pour leur dipsomanie. Les deux principales dynasties représentant cet afflux, les Seldjoukides et les Mongols, étaient toutes deux connues pour leur consommation excessive d’alcool. Les dynasties suivantes ont perpétué l’habitude des élites de se livrer à des excès d’alcool en violation flagrante de la loi islamique. Cela inclut les Safavides, la dynastie qui, issue d’un ordre mystique de l’Anatolie orientale, a pris le pouvoir en Iran en 1 501 pour gouverner le pays jusqu’au début du XVIIIe siècle.
La consommation d’alcool en grande quantité par le shah et son entourage a également conservé une dimension spirituelle, voire sacrée, rappelant l’ancien rite des libations. Le roi était censé boire, à la fois comme signe de sa stature de « grand homme » et comme moyen de démontrer qu’il occupait son propre espace moral autonome, au-delà des restrictions de l’islam. Le premier dirigeant politique de la dynastie, Shāh Ismāʿil (r. 1501-1524), en particulier, était à la hauteur de ce rang et de cette réputation. Les visiteurs portugais de sa cour décrivent des scènes bruyantes de beuverie ritualisée par lui et ses acolytes, les chefs Qezelbash, les guerriers turcomans qui ont porté les Safavides au pouvoir et qui ont formé le pilier de leur armée jusqu’au début du XVIIe siècle.
Le caractère des Qezelbash en tant que bande de guerriers tribaux sauvages et indisciplinés est incarné dans la terrible défaite subie par les Safavides contre les Ottomans sur le champ de bataille de Chaldiran en 1514. Les Iraniens ont perdu cette confrontation décisive en partie parce que les Qezelbash s’étaient livrés à une ivrognerie la nuit précédente. Suite à la débâcle, IsmāʿII, déprimé, renonça aux affaires de l’État mais pas à l’alcool : il mourra une décennie plus tard, à peine trente ans, en pleine ivresse.
Le vin, en outre, servait à marquer les frontières de l’inclusion et de l’exclusion au centre du pouvoir. Qui était et qui n’était pas invité à se joindre au shah dans ses beuveries témoignait de la faveur et de la défaveur royales. Le fait que les visiteurs occidentaux puissent non seulement être inclus dans ces assemblées, mais aient même été autorisés à partager la même coupe avec le shah, trahit la composition résolument laïque d’une cour.
Le plus célèbre des dirigeants safavides, Shāh ʿAbbās I ( 1587-1629), était connu pour toucher à l’alcool, bien qu’avec modération, et ses observateurs européens affirment qu’il n’a jamais laissé l’effet de l’alcool entraver la bonne décision. Pourtant, il a utilisé l’alcool comme moyen d’affirmer son pouvoir en défiant les clercs attachés à sa cour. Le père portugais António de Gouvea en témoigne par un récit dans lequel il décrit comment le shah ordonna d’apporter du vin lors d’une assemblée où, outre une délégation de missionnaires portugais, divers juges et clercs, dont le cheikh al- l’islam du royaume, étaient présents et forçaient tout le monde à boire à la santé du pape.
En ce qui concerne la consommation d’alcool, l’Iran safavide (501 à 1736) manifeste certaines des mêmes impulsions que ses voisins, les États Ottoman et Moghol. Divers sultans ottomans, de Soliman le Magnifique à Murad IV, sont connus pour avoir bu, même s’ils ont interdit la consommation d’alcool en public. Et, conformément à la mode centrasiatique, dans son autobiographie, il est assez ouvert et sans vergogne sur cet aspect de son règne et la coupe de vin est restée une partie intégrante de la culture de la cour moghole jusqu’à la fin de la dynastie même après avoir interdit l’alcool en public.
Les Safavides semblent néanmoins avoir conservé davantage de la tradition centrasiatique que les Moghols et certainement que les Ottomans. Le voyageur italien Manucci affirme que le sultan Aurangzeb (r. 1658-1707) a forcé les Européens à s’installer en dehors de la ville portuaire de Surat en raison de leurs habitudes de consommation d’alcool. Avant même l’arrivée au pouvoir de ce puriste bien connu, la reputation des Occidentaux aurait été assez mauvaise en raison de leurs pratiques présumées d’abus d’alcool et de polygamie. Comme c’était le cas en Iran, en terres ottomanes la consommation d’alcool parmi les musulmans restait dans l’ensemble le domaine de l’élite, les khāṣṣ, les classes moyennes et populaires ne buvant guère plus que de l’eau – et, comme toujours, préférant l’opium comme drogue de prédilection. Les villes portuaires ottomanes abritaient de nombreux débits de boissons, bien sûr, reflétant le grand nombre de leurs habitants chrétiens.
La consommation excessive d’alcool était et resta longtemps répandue en dehors des cercles de la cour centrale également. Le voyageur ottoman Evliya Chelebi , visitant le nord-ouest de l’Iran dans les années 1640, a déclaré du khan de Darband qu’il était ivre jour et nuit. Le fonctionnaire anonyme qui gouvernait Yazd en 1666 était aussi connu pour sa consommation excessive d’alcool. L’Arménien Bedros Bedik dans les années 1670 a caractérisé Manṣur Khān, un Géorgien qui dans les années 1670 a servi comme « qollar-aqasi », chef des esclaves-soldats, comme un adepte moins de l’Islam que de Bacchus.
Dans les cercles de l’élite, le vin servait de lubrifiant social, animant les banquets et les autres rassemblements sociaux, mais son destin ultime était à la fois l’étreinte furtive et le désaveu public. Il ne put donc jamais entrer dans la sphère publique, à la manière dont le café puis le thé devinrent les boissons consommées dans l’espace public iranien.
Au fur et à mesure que l’État safavide perdait ses amarres tribales turco-mongoles et s’orientait vers une plus grande conformité avec une orthodoxie duodécimaine-chiite professée, sinon une véritable orthopraxie, les attitudes envers l’alcool ont effectivement commencé à changer, ou plutôt des tendances prohibitionnistes ont commencé à s’affirmer. La première manifestation de cette tendance s’est produite très tôt. Le célèbre repentir sincère de Shāh Ṭahmāsb , sa décision de renoncer à diverses formes de comportement non islamique, y compris la consommation de vin, revêt une importance cruciale dans la transformation.
Les shahs ont continué à boire, mais ils ne buvaient plus de la manière auparavant inconsciente. Même dépouillée de sa dimension orgiaque, la boisson restait une source d’amusement tapageur et de spectacle exubérant à la cour royale, les dirigeants s’amusant tandis que les courtisans abrutis se démenaient à l’horizontale. Le vin a également continué à servir de moyen de soutirer des secrets de la bouche des courtisans dont la loyauté était mise en doute, suivant une tradition qu’Hérodote avait déjà commentée dans ses remarques sur les Perses, avec des résultats parfois mortels.
Pourtant, la culpabilité – comme la pression cléricale – n’était jamais loin de la surface. Tous les shahs, en commençant par ʿAbbās I, interdisaient périodiquement la consommation d’alcool. Même Shāh Ṣafi (1629-1642), connu pour sa propre dipsomanie, est maintenant connu pour avoir proclamé l’interdiction de boire.
Pourtant, invariablement, de telles interdictions ont été honorées dans la violation plus que dans l’observation. Leur intention était ostensiblement de combattre et de limiter les comportements proscrits par la religion, mais comme de nombreux exemples le suggèrent, en réalité, ils sont généralement nés d’un souci de préservation de l’ordre public. Boire en public plutôt que de boire en soi était perçu comme un problème, et le silence et la dissimulation étaient les mécanismes qui maintenaient cette dernière hors de vue.
Cela explique en partie pourquoi les interdictions duraient rarement longtemps et pourquoi elles n’étaient pas toujours complètement respectées non plus. La tendance à long terme vers la « privatisation » de la consommation d’alcool a culminé sous le règne du dernier shah safavide, Shāh Solṭān Ḥoseyn (1694-1722). Lors de son avènement, le pieux Solṭān Ḥoseyn a accédé à une demande de son tuteur, le clerc doctrinaire Moḥammad Bāqer Majlesi (décédé en 1699), d’interdire toute consommation d’alcool dans son royaume – ainsi que d’autres formes de comportement considérées comme contraires à la loi, la charia. Cela a conduit à la destruction ostentatoire de 6 000 bouteilles de vin trouvées dans les caves royales et à la promulgation de la proclamation anti-vice la plus explicite et la plus complète de toute l’histoire safavide, pas seulement à Ispahan mais dans tout le royaume du shah. Pourtant, dans ce cas également, l’interdiction ne dura pas, et le premier à l’enfreindre fut le shah lui-même. À l’automne 1694, quelques mois seulement après la proclamation de l’interdiction, le shah a recommencé à boire sur la recommandation médicalement fondée de sa grand-tante Maryam Begom, qui était elle-même une buveuse réputée. Pendant toute la durée du règne de Solṭān Ḥoseyn, la consommation d’alcool en public resta taboue et l’alcool fut désormais confiné à l’intimité du palais.
Il ne fait aucun doute que la consommation privée au-dehors du palais ait également persisté.
Les ulamā ( théologiens, généralement de l’islam) avaient un intérêt direct dans l’existence contrôlée du vice. Ils étaient surtout intéressés par le maintien de l’ordre public. Partageant avec les autorités laïques une peur du désordre social, ils étaient pragmatiques plutôt qu’idéalistes et épargnaient ainsi la théorie comme la pratique en estimant devoir reléguer la consommation d’alcool dans la sphère privée et en tolérant la pratique des minorités religieuses pourvoyeuses de vin (aux musulmans). Laissant une large place à la sphère privée comme soupape de sécurité et refuge, comme elle l’a souvent été et l’est encore dans la société iranienne.
Le Français Ferrières-Sauveboeuf dans les années 1760 affirmait que les Iraniens buvaient librement. En effet, dans au moins un cas, la consommation d’alcool et d’autres formes de réjouissances étaient officiellement autorisées, voire encouragées. le chef de guerre qui a émergé du chaos après la mort de Nāder Shāh en 1747 pour prendre le contrôle d’une grande partie du sud de l’Iran. Dans les années 1770, Karim Khān transforma Shiraz, sa capitale, en une « demeure de plaisir », « dār al-ʿeysh », remplie de bordels, d’auberges et de tavernes, dans une tentative apparente de « civiliser » les rustres non-Perses. Des concessions étaient encore faites aux militaires. Dans une politique rappelant celle de Karim Khān Zand, qui permettait à ses soldats d’avoir accès à l’alcool, le prince héritier et réformateur ʿAbbās Mirzā au début du XIXe siècle autorisa l’installation d’un marchand de vin à Tabriz pour satisfaire le bataillon stationné dans cette ville, qui comprenait de nombreux Russes. Les soldats iraniens ont apparemment suivi leurs collègues russes dans leurs habitudes de consommation. Pourtant, comme les Iraniens s’enivraient beaucoup plus vite que les Russes, ils étaient souvent fouettés pour l’infraction.
La réforme, quand elle est venue, Visait naturellement à changer le comportement des élites. Au début de l’Occident moderne, les inquiétudes suscitées par le comportement de la classe ouvrière dans le contexte de sociétés en voie de modernisation exigeant de la discipline, de bonnes habitudes de travail, la ponctualité, en somme la sobriété, incitèrent les États à prendre des mesures contre la consommation d’alcool pour l’homme de la rue. Les diverses lois sur le gin promulguées en Angleterre à partir du milieu du XVIIIe siècle en sont de bons exemples. Dans les deux cas, la religion a joué un rôle important, les ecclésiastiques s’agitant contre le racket moral et sociétal et la ruine qu’impliquait la consommation d’alcool. Puisqu’en Iran la consommation d’alcool était surtout un phénomène de classe supérieure, il est naturel qu’en dehors de l’exhortation cléricale, le palais royal ait donné le ton à la sobriété. Certains dirigeants Qajar ont continué à boire, mais l’abstinence à la cour est devenue de plus en plus la norme.
À partir du règne de Fatḥ ʿAli Shāh (1797-1834), la vie de cour na plus lieu dans la steppe sauvage mais est centrée sur le palais royal situé dans ce qui deviendra la première capitale fixe de l’Iran, Téhéran. Plus important est le fait que les Qajars n’avaient pas les références religieuses des Safavides. Ils ne pouvaient pas non plus se vanter d’avoir une lignée (fictive) remontant aux imams chiites, ni introduire une nouvelle foi. Ils devaient ainsi projeter une image publique de piété et de probité pour asseoir leur légitimité, et s’abstenir d’alcool était un signe extérieur de cette posture. Un troisième processus connexe a été la montée en puissance du clergé chiite, qui avait émergé de la tourmente du XVIIIe siècle en tant que force directrice d’une population sans gouvernail.
Lorsqu’ils sont accros au vin, écrivait James Baillie Fraser dans les années 1820, les Iraniens « ne conservent aucune retenue et ne montrent que très peu d’empressement à dissimuler leur fragilité, sauf lorsqu’il s’agit de personnes exerçant d’importantes occupations. En effet, leur maxime est qu’il y a autant de péché dans un verre que dans un flacon ; et que s’ils encourent la peine, ils ne renonceront pas au plaisir […] ». Les Iraniens, disait l’artiste-voyageur français Eugène Flandin, confirmant les dires de Fraser et de nombreux visiteurs avant et après lui, « les Iraniens ressemblent à tous les gens touchant un fruit défendu en ne sachant pas en profiter avec modération ». Se référant évidemment aux Iraniens qu’il rencontrait, invariablement membres des classes dirigeantes, il insistait qu’il n’en avait jamais vu un qui ne consommait pas d’alcool sans s’enivrer au point de ne pouvoir porter son verre à ses lèvres. De nombreuses personnes en Iran, a affirmé Flandin, se livraient à ce vice et à d’autres jusqu’à l’âge de cinquante ans environ, moment auquel elles se repentaient, s’engageaient dans la voie de la rédemption. Cependant, un bon nombre persistaient dans leur goût pour l’alcool jusqu’à la toute fin.
Et boire n’était pas non plus une affaire de classe supérieure. Les « kharābāt », les bars à la périphérie de la ville dirigés par des Juifs ou des Arméniens où les musulmans allaient se saouler, ont continué à fonctionner, attirant des habitantq des classes populaires , réputées inférieures, dont beaucoup étaient des voyous connus sous le nom de luṭis. Le Vaqāyeʿ-e ettefāqiyyeh , un recueil de rapports sur le sud de l’Iran par des responsables britanniques, donne plusieurs exemples de bagarres d’ivrognes à l’extérieur de Shiraz en 1879. Près des portes de la ville, il y avait apparemment beaucoup de troubles chaque nuit, avec de l’alcool et des bagarres qui s’ensuivaient.
Les rapports de police de Téhéran à la fin du XIXe siècle font fréquemment référence à des cas d’ivresse publique entraînant des comportements désordonnés parmi les gens ordinaires.
De nombreuses preuves de la poursuite de la consommation excessive d’alcool parmi les classes dirigeantes à l’époque Qajar proviennent des centres provinciaux et des parties périphériques du pays, suggérant que l’impulsion de modernisation avait en effet commencé au centre, comme on pouvait s’y attendre, ou inversement, que la consommation excessive d’alcool continuait à suivre les anciennes méthodes en étant la plus répandue parmi les éléments tribaux, les Kurdes étant peut-être les buveurs les plus vigoureux. Moḥammad Khān Zanganeh Amir Neẓām, le gouverneur de l’Azerbaïdjan dans les années 1830 et jusqu’à sa mort en 1841, en est un bon exemple. Le missionnaire américain Justin Perkins a qualifié ce fonctionnaire de « brisé par l’abus d’alcool ». Le Flandin susmentionné rapporte comment, pendant son séjour à Tabriz, on l’a diverti, lui et ses hommes, avec de copieuses quantités de nourriture, que le vin coulait à flots indépendamment de la religion, tant chez les hôtes iraniens que chez leurs invités français. Les bouteilles du côté iranien, insistait Flandin, étaient toutes vides et un bon nombre d’entre-deux étaient ivres.
La période Qajar (1789-1925) a vu le début de l’influence européenne sur de nombreux aspects de la vie iranienne.
Cela inclut le type d’alcool que les gens buvaient ainsi que l’ambiance dans laquelle ils le consommaient L’alcool fort sous forme d’aquavit importé de Russie était connu en Iran au moins depuis l’époque safavide. Le XIXe siècle a vu l’introduction de nouveaux types de boissons alcoolisées à haut pourcentage d’alcool en Iran dans le cadre de l’incorporation continue et plus diversifiée du pays dans le marché mondial. Parmi les élites, divers types d’alcools européens semblent avoir fait leur chemin au début du siècle. Le comte von Kotzbue, chef d’une ambassade de Russie en Iran, a observé en 1817 comment les invités iraniens à un banquet à Erevan appréciaient non seulement le vin mais la liqueur bue en « quantités immenses ». Il prétendait aussi avoir vu des hommes qui « buvaient une bouteille de rhum d’un coup sans paraître souffrir du moindre inconvénient. L’ivresse graduelle produite par le vin et la conversation entre compagnons qui se réunissent pour s’amuser étant le but recherché et c’est pourquoi un Persan préfère l’eau-de-vie et les alcools forts, parce que ils lui permettent le plus tôt d’atteindre cette félicité. Les vins européens semblent être entrés sur le marché iranien un peu plus tard. Loin de « se déverser comme une inondation », ils étaient encore loin d’être omniprésents au milieu du siècle. Le résident britannique Justin Sheil a qualifié les Iraniens de « très friands de vins européens », mais a ajouté que « toujours aucun d’entre eux, même les plus riches, n’est prêt à assumer les frais de son transport depuis l’Europe. Ils se satisfont de la faible croissance de leurs propres vignobles, la quantité compensant la qualité.
Depuis le milieu du XIXe siècle, on dispose de chiffres sur le volume de boissons alcoolisées européennes entrant en Iran. Un registre de 1869 des importations à Tabriz répertorie les vins et spiritueux de France, d’Angleterre et de Russie d’une valeur de 56 000 francs français (112 000 Euros aujourd’hui).
La demande semble avoir augmenté au cours des deux décennies suivantes, car en 1902-1903, les importations de vin s’élevaient à 12 850 bouteilles de vin français, 19 834 bouteilles de vin russe et 3 944 bouteilles de vin de Grande-Bretagne. Au même moment, 260 346 bouteilles de spiritueux, dont 85 % importées de Russie, étaient entrées dans le pays. Conformément à une tendance parmi les classes supérieures ottomanes à l’époque, et comme le note le représentant français qui a fourni ces statistiques, un assez grand nombre d’Iraniens avaient entre-temps pris l’habitude de la « zakuska », hors-d’œuvre, accompagné de vodka. La bière aussi avait fait des percées à ce stade. Au cours de ladite année, 134 634 bouteilles au total sont entrées dans le pays, dont 121 130 en provenance de Russie. -Din Shāh (1848-96) aimait boire un verre ou deux de Bordeaux français au dîner. L’ « Eʿtemād al-Salṭaneh » rapporte également comment le shah, avant d’assister à une exécution, buvait du Bordeaux pour calmer ses nerfs. Restait pourtant le dilemme entre plaisir et culpabilité, ainsi que la manière de le traiter. L’ »Eʿtemād al-Salṭaneh » observe dans son journal comment, lors de leur séjour à Moscou en 1889, étape du troisième voyage de Nāṣer al-Din en Europe, les compagnons du shah n’ont pas observé le ruz-e qatl, la commémoration annuelle du martyre de l’Imam Ḥoseyn, mais il ont préféré le vin gratuit que leur a offert le maire de la capitale russe. Le lendemain, afin d’expier leurs péchés de la nuit précédente, ils déroulent leurs tapis de prière et se livrent au culte. Pourtant, dès la fin de la prière et l’arrivée du déjeuner, ils ont recommencé à boire sous prétexte que l’eau à Moscou avait un goût si mauvais qu’elle était imbuvable.
L’influence étrangère sur les habitudes de consommation et les types d’alcool consommés par les Iraniens s’est intensifiée en raison de la forte présence russe dans le nord de l’Iran, qui à l’époque de la révolution constitutionnelle (1905-11) s’est transformée en occupation militaire pure et simple de certaines parties du nord du pays. . L’aquavit russe était un aliment de base des cadeaux diplomatiques de la Russie depuis la période safavide. À la fin du XIXe siècle, alors que l’influence de la Russie sur l’Iran augmentait, son importation et sa consommation auraient aussi augmenté. Sayyed Ḥasan Taqizādeh dans son autobiographie cite un médecin qui, au tournant du siècle, affirmait qu’à Tabriz on consommait plus d’arak qu’à Tbilissi. En 1909, le consul de France à Tabriz rapporta que les « cabaretiers » des quartiers populaires avaient « triomphé en obtenant la libre circulation et la consommation d’alcool. L’auteur allemand Kuss en 1910 affirmait qu’en raison de l’influence de la Russie, la vodka était désormais courante dans le nord, ajoutant que souvent ce n’était pas de la vraie vodka russe mais un mélange préparé avec de la térébenthine fabriqué à Rasht, la capitale de Gilan.
Dans un mélange fascinant d’anciennes pulsions et de nouvelles sensibilités, ceux qui buvaient au XIXe siècle le faisaient souvent par défi. Ce type de consommation ostentatoire rappelle l’attitude libertine et anticléricale des soufis traditionnels à l’esprit élevé revendiquant une sphère morale privée si puissamment articulée par Hafez et ses confrères poètes. Ce qui était nouveau dans la période Qajar n’était pas tant la véhémence avec laquelle les buveurs montraient leur mépris pour les ͑ulémas de plus en plus abrasifs qui ne se sentaient plus retenus par un dirigeant puissant capable ou désireux de les contenir, que la disposition « modernisatrice » à tendance occidentale qui se reflétait dans le mépris de ceux qui faisaient peu d’efforts pour observer les lois du Prophète. Faire étalage de sa consommation d’alcool était devenu une déclaration politique explicite, une manière de montrer une attitude « moderne » en méprisant les ecclésiastiques obscurantistes et leur canaille, et en tant que tel, cela faisait partie d’un ferment social dans l’Iran du XIXe siècle qui s’est avéré être un terrain fertile pour le babisme ( bahaïsme) et d’autres formes de radicalisme. Au début du XXe siècle, cette nouvelle consommation d’alcool à l’occidentale, principalement de l’arak et de la vodka, donnera naissance aux célèbres bars, cafés et cabarets de la rue Lālehzār à Téhéran.
Autrefois, l’opposition à l’alcool était invariablement formulée en termes religieux ; les interdictions ont toujours été proclamées au nom de la conformité aux principes et aux prescriptions de l’Islam. Des campagnes anti-alcool, souvent consécutives à des émeutes déclenchées par des religieux et ciblant des propriétés juives, se produisirent au XXe siècle. Mais dès la fin du XIXe siècle, on observe une médicalisation croissante de l’évaluation de l’usage et de l’abus d’alcool. Un bon exemple est la création d’une société de style occidental pour lutter contre l’alcool parmi les Arméniens en Azerbaïdjan, qui comprenait des conférences illustrées sur la nature héréditaire de l’abus d’alcool et les dommages physiques causés par l’alcool, en utilisant des arguments empruntés à la recherche scientifique européenne.
Divers médecins iraniens formés en Occident au cours de cette période ont écrit des thèses qui énonçaient les dangers de l’alcool et faisaient référence à des campagnes anti-alcool dans les pays occidentaux, y compris aux États-Unis.Un exemple est le Dr Saʿid Malek (Loqmān al-Molk) de Tabriz . Formé à l’école Loqmāniyeh de cette ville, il étudie ensuite la médecine à Paris. Il allait devenir un conférencier bien connu au Dār al-Fonun à Téhéran et a finalement occupé le poste de ministre de la Santé. Il a écrit une thèse intitulée « Maladies oculaires résultant de la consommation d’alcool et de tabac ». Un autre médecin, ʿAli Akbar Jalāli, soumit en 1945 à la Faculté de médecine de l’Université de Téhéran une thèse sur le système nerveux humain qui résumait le changement d’attitude envers l’alcool. Il a reconnu que l’alcool n’était pas un problème aussi important dans la société iranienne que l’opium. Il prévient néanmoins que, ces dernières années, la consommation d’alcool s’est propagée. Alors qu’auparavant la religion et la force de la honte forçaient les gens à boire en cachette, entonne-t-il, ils le consomment maintenant ouvertement et effrontément. Les réactions de l’État, quant à elles, ne se sont pas arrêtées à l’exhortation. L’une des premières proclamations émises par le nouveau gouvernement né après un coup d’État militaire en Perse, contre le gouvernement du Premier ministre Fathollah Akbar Sepahdar du 21 février 1921. Les dispositions du coup d’État comprenaient une interdiction, d’abord de l’importation, et quelques jours plus tard, de la consommation globale d’alcool. La vente d’alcool fut interdite et les magasins où l’on vendait de l’alcool furent ont été. Vraisemblablement inspirée par Sayyed Żiā Ṭabāṭabā’i, le compagnon conspirateur de Reżā Shāh, un ecclésiastique, la mesure a également été conçue pour contenir l’influence bolchevique en renforçant le profil religieux de l’Iran. Mais, les magasins et les lieux où l’on servait de l’alcool furent autorisés à rouvrir leurs portes. En un an, l’interdiction, les restrictions sur les importations étrangères avaient été « considérablement diluées », en grande partie pour des raisons de revenus. En 1926–27, les droits de douane sur l’alcool ont atteint 100%, le plaçant au-delà du pouvoir d’achat de la plupart des Iraniens. Le résultat fut une forte baisse des importations d’alcool, passant de 5 603 000 qrans en 1925–26 à 3 949 000 qrans en 1926–27. Pourtant, ni les nombreuses admonestations ni les diverses mesures d’endiguement prises par l’État ne semblent avoir entraîné une diminution du niveau de consommation d’alcool ; en effet, il semblerait qu’il ait augmenté, à l’évidence en raison d’une augmentation de l’alcool relativement bon marché produit dans le pays. Après une chute vertigineuse de 5 000 hectolitres en 1920 à quelque 1 300 en 1921, la consommation de spiritueux relevée par les chiffres de la fiscalité grimpe à près de 2 000 en 1922 et 1923, puis remonte à près de 5 000 l’année suivante pour atteindre env. 5 500 en 1929.
Une grande partie a probablement été consommée en privé. Friedrich Rosen, un diplomate allemand en poste en Iran au début du XXe siècle, décrivait les divertissements parmi les gens aisés comme suit : graines, noix, pistaches, amandes, etc., et de petits verres de thé très fin et d’arak. Faisant écho à d’anciens observateurs de la vie en Iran, Rosen a également commenté la propension des Iraniens qui buvaient à le faire généralement « avec l’idée de s’enivrer totalement », puisque le « péché […] est de toute façon commis, il est donc conseillé d’en tirer le meilleur parti.
Les années 1960 avaient leurs propres bars, pour les Iraniens plus occidentalisés ainsi que pour les étrangers. Encore, dans l’ensemble, l’Iran a continué d’être, comme il l’avait toujours été, une « nation des plus sobres », où la plupart des gens vivaient et mouraient sans jamais goûter du vin.
Cette situation – dans laquelle l’alcool était accessible au public mais pas courant ; sa consommation limitée, comme auparavant, aux classes inférieures et à la haute bourgeoisie – est restée en place jusqu’à la fin du régime Pahlavi en 1979. Au début des années 1960, vingt usines en Iran produisaient des boissons alcoolisées avec 382 ouvriers, fabriquant : 7,92 millions de bouteilles de vodka et d’arak, 96 256 bouteilles de cognac et 462 630 bouteilles de vin. Il y avait aussi quatre brasseries de bière avec 183 ouvriers produisant 7,68 millions de bouteilles de bière. Après 1979, les les Iraniens ont de nouveau dû se tourner vers l’intimité de leur foyer pour réaliser leurs rêves éthyliques.
CLIMAT
L’Iran a un climat diversifié. Dans le nord-ouest, les hivers sont froids avec de fortes chutes de neige et des températures inférieures à zéro. Le printemps et l’automne sont relativement doux, tandis que les étés sont secs et chauds. Dans le sud, les hivers sont doux et les étés très chauds, avec des températures quotidiennes moyennes en juillet dépassant 38 ° C (100,4 ° F). Dans la plaine du Khuzestan, la chaleur estivale s’accompagne d’une forte humidité.
En général, l’Iran a un climat continental dans lequel la plupart des précipitations annuelles relativement rares tombent d’octobre à avril. Dans la majeure partie du pays, les précipitations annuelles sont en moyenne de 400 millimètres (15,7 po) ou moins. Les principales exceptions sont les hautes vallées montagneuses du Zagros et de la plaine côtière caspienne, où les précipitations atteignent en moyenne au moins 600 millimètres (24 po) et se présentent sous forme de neige à haute altitude. Dans la partie ouest de la Caspienne, les précipitations dépassent 1 500 millimètres (59 po) par an et sont réparties de manière relativement uniforme tout au long de l’année. Cela contraste avec certains bassins du plateau central qui reçoivent 100 millimètres (4 po) ou moins de précipitations. L’Iran est considéré comme plus froid que les pays voisins tels que l’Irak et le Turkménistan, en raison de son altitude plus élevée.
Climat actuel
Climat futur
TOPOGRAPHIE ET SOLS
Géographiquement, l’Iran est situé en Asie occidentale et borde la mer Caspienne, le golfe Persique et le golfe d’Oman. Ses montagnes ont marqué à la fois l’histoire politique et économique du pays pendant plusieurs siècles. Les montagnes renferment plusieurs larges bassins, dans lesquels se trouvent d’importants établissements agricoles et urbains.
En règle générale, une grande ville dominait chaque bassin et des relations économiques complexes liaient entre la ville et les centaines de villages qui l’entouraient. Dans les hautes altitudes des montagnes bordant les bassins, des groupes organisés en tribus pratiquaient la transhumance, se déplaçant avec leurs troupeaux de moutons et de chèvres entre les pâturages d’été et d’hiver traditionnellement établis. Il n’y a pas de grands systèmes fluviaux dans le pays et, historiquement, le transport se faisait au moyen de caravanes qui suivaient des itinéraires traversant des sols marécageux et des cols dans les montagnes. Les montagnes ont également empêché un accès facile au golfe Persique et à la mer Caspienne.
Des rebords accidentés et montagneux entourent de hauts bassins intérieurs. La principale chaîne de montagnes est constituée des monts Zagros, une série de crêtes parallèles entrecoupées de plaines qui coupent le pays du nord-ouest au sud-est. De nombreux pics dans le Zagros dépassent 3 000 mètres (9 843 pieds) au-dessus du niveau de la mer, et dans la région centre-sud du pays, il y a au moins cinq pics qui dépassent 4 000 mètres (13 123 pieds).
Alors que le Zagros continue dans le sud-est de l’Iran, l’altitude moyenne des sommets diminue considérablement à moins de 1 500 mètres (4 921 pieds). Bordant le littoral de la mer Caspienne une autre chaîne de montagnes, s’aligne, les étroites mais hautes montagnes d’Alborz. Le mont volcanique Damavand , 5610 mètres (18406 pieds), situé au centre de l’Alborz, n’est pas seulement le plus haut sommet du pays, mais aussi la plus haute montagne de la masse continentale eurasienne à l’ouest de l’Hindu Kush.
Il existe quatre principaux types de sols en Iran, à savoir les entisols, les aridisols, les inceptisols et les alfisols. Selon Dewan et Famouri (1964), les sols les plus importants des plaines et des pentes sont constitués d’alluvions, de colluvions, d’argiles humiques et de divers types de sols salins appartenant aux grandes classes Aridisols, Entisols, Inceptisols et Alfisols. En raison de leur origine, de nombreux sols du pays sont riches en carbonate de calcium et sont classés comme calcaires. La disponibilité par les plantes de la plupart des éléments nutritionnels, en particulier des micronutriments, est faible. Les proportions des types de sol dominants sont présentées dans les figures 3 et 4.
Les études pédologiques et de classification des terres au cours des 50 dernières années révèlent que la majorité des ressources terrestres présentent divers degrés de limitations, individuellement ou en combinaison, liées aux propriétés du sol, à la salinité et à l’alcalinité, à la topographie, à l’érosion et au drainage. Par conséquent, la capacité de production des ressources en sols du pays dépend non seulement du degré de salinité du sol mais aussi d’autres déficiences du sol qui entravent la production agricole durable.
RÉGIONS VITICOLES
Le commerce du vin était entre les mains des juifs et des chrétiens dans tous les districts viticoles importants, tels que Qazvīn, Hamadān, Shiraz et Ispahan. Ce commerce se limitait au marché intérieur persan, sauf la région de Shiraz qui a produit un vin mondialement connu pour les Indes.
La vigne est maintenant cultivée dans tout l’Iran sauf dans la région côtière du sud. Le nombre de variétés cultivées est extrêmement élevé ; quarante variétés sont cultivées dans la province d’Azerbaïdjan iranien et quinze dans la seule province de Fārs. Pour en savoir plus sur les régions viticoles iraniennes, cliquez sur le lien suivant: IRAN RÉGIONS VITICOLES
CÉPAGES
Le Vitis International Variety Catalogue VIVC ne recense pas moins de 324 cépages autochtones pour l’Iran, ce qui indique la richesse de la diversité génétique et l’ancienneté de la viticulture du pays. Pour en savoir plus sur les cépages iraniens, cliquez sur le lien suivant: IRAN CÉPAGES
LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION
Depuis la révolution islamique de 1979, la production et la consommation d’alcool sont interdites en Iran sauf pour certaines minorités religieuses, mais elles n’ont pas pour autant disparu. Pour en savoir plus sur la législation et la réglementation iraniennes, cliquez sur le lien suivant: IRAN LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION
UN VIN AVEC DES RAISINS IRANIENS ÉLABORÉ EN ARMÉNIE. Tamlyn Currin. jancisrobinson.com: https://www.jancisrobinson.com/articles/iranian-winemaking-exile