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PARAGUAY

DESCRIPTION DU PAYS

Source: wikipedia.org

Asunción, la capitale du Paraguay. Source: https://commons.wikimedia.org/

LE PARAGUAY VU D’AILLEURS

LE PARAGUAY est le seul pays d’Amérique où une langue indigène, le guarani, est langue officielle, c’est donc un pays original.

           7,5 millions d’habitants pour 406 752 km² (densité : 18, RU : 275, FR : 119). Le pays est enclavé, situé entre Argentine, Brésil et Bolivie. Pas de bains de mer donc mais il y a le lac d’eau douce Ycaparaí qui fait figure d’atout touristique et sert de plage, il mesure 90 km², 24 km nord- sud  et  5- 6 km  est-ouest. Profondeur moyenne  3 m, hélas pollution  grave et baisse du niveau de l’eau inquiètent certains observateurs.

 Le pays compte de vastes régions marécageuses, une forêt subtropicale et, à l’ouest du fleuve Paraguay qui partage le pays, le Chaco (boréal) représente plus de la moitié du pays, des étendues sauvages composées de savane et de brousse, semi-arides, quasiment vides. C’est une région d’élevage extensif où l’on cultive également l’arbre   quebracho dont le bois est exporté depuis longtemps, très dur et riche en tannin, utilisé notamment dans le tannage des peaux, la fabrication des encres, des teintures et la pharmacopée. L’économie paraguayenne repose largement sur le secteur agro-industriel, et dans une moindre mesure sur la vente d’électricité (¼ des exportations du pays) à l’Argentine et au Brésil (via deux barrages binationaux, situés respectivement à Yacyretá, dans le sud du pays, et à Itaipu). Á l‘est du pays se concentrent les grandes exploitations agricoles (latifundia) et les principales villes, Ciudad del Este, Coronel Oviedo ; Asunción, la capitale hypertrophiée concentre l’essentiel des fonctions tertiaires et secondaires. 

En 1516 les Espagnols qui cherchaient toujours les Moluques (le paradis des épices) entrèrent dans le Río de la Plata, s’installèrent à Asunción en 1537. La ville devient un des principaux points de passage de la route transcontinentale par laquelle transitait l’argent extrait des mines de Potosí.

             Le Paraguay en Amérique latine est original pour une deuxième raison :  il fut le principal pays où se développa l’utopie jésuite (la Compagnie de Jésus)  présente aussi en Bolivie et  Argentine. En 1604 au sein de l’Amérique espagnole, les Amérindiens ne furent plus soumis à l’autorité espagnole, ils appartenaient désormais à la République jésuite du Paraguay, dans trente-six villages entre le bassin supérieur des fleuves Uruguay et Paraná jusqu’à l’est du fleuve Paraguay. Le Paraguay devint une province séparée, autorisée par l’Espagne. La première des « réductions » fut créée en 1609 à San Ignacio. Dans ces villages indigènes fortifiés les Indiens sont rassemblés et ils y conservent leur mode de vie traditionnel, interdits aux colons.  Face aux aventuriers brésiliens, les bandeirantes, chercheurs d’or et chasseurs d’esclaves, Philippe IV accorda aux jésuites le droit de s’armer. D’ailleurs ce sont les armées guaranis des jésuites qui vainquirent une insurrection coloniale contre la métropole (1717-1735). Mais la puissance des jésuites va apparaître dangereuse; par un  traité en  1750, l’Espagne échangea des réductions avec le Portugal en Uruguay. Les jésuites se soulevèrent mais  furent expulsés en 1767. Les réductions furent alors occupées par des colons qui dépouillèrent les Amérindiens, elles se désagrègèrent. Il en reste des églises magnifiques et étranges, blanches, rouges et or, où des troncs d’arbres sont les piliers, et des ruines (Trinidad au sud). Il en est resté aussi la langue guarani dont les Jésuites ont élaboré une version batua (unifiée) et aidé à la création de la langue écrite.

Mission Jésuite au Paraguay. Source: CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/

 De nos jours, le guarani, langue indigène, est parlée dans la vie quotidienne, est présente dans les médias, langue officielle, parlée et comprise par 90% de la population. Les Guaranis (112 000 h) sont les plus nombreux des 19 peuples autochtones. Dans le Chaco, les indigènes sont 30% de la population et possèdent 4 % des terres.  Une autre particularité en Amérique, également partagée avec la Bolivie voisine, c’est que le pays héberge depuis le XIX° des Mennonites, une secte anabaptiste dont les Amish sont un sous-groupe. Fuyant les persécutions, leur épopée partie des Pays-Bas gagna l’Allemagne, puis la Russie, la Chine, l’Amérique du nord et enfin les conduisit au Río de la Plata et de là au cœur du Paraguay , en 1927, dans une région qu’on leur avait présentée comme vide d’habitants, oubliant les Indiens qui la peuplaient…Et ils se retrouveront en plein cœur de la guerre du Chaco ( 1932-1935). Ils n’étaient pas des touristes, ils fuyaient les persécutions religieuses, ils voulaient garder leur langue. C’était une immigration collective. Ils fondèrent trois colonies, trois villes aujourd’hui ( Filafelfia, Loma Plata, Neuland). Leur société actuelle est organisée et solidaire, ils ont leurs écoles en vieil allemand (plautdietsch) que l’on parle dans les magasins coopératives, maisons de retraite, entreprises. Ils sont environ 40 000. Ils ont bâti une économie moderne (produisent ¾ du lait du pays …) en marge de la société indienne. Suivant des règles strictes, austères, il n’y a pas de débit de boissons à Filadelfia …Certains groupes sont « modernes » : usage de l’électricité, de moteurs, de téléphones, d’autres groupes sont plus traditionnels (n’ont qu’un seul livre la Bible, portent des vêtements traditionnels…). Pour tout savoir, un article très documenté https://journals.openedition.org/nuevomundo/2216

Centre de l’Indépendance à Filadelfia. Source: https://www.visittheusa.fr/

             Le voisin géant, le Brésil (217,6 M d’hab) est très présent, il «déborde» par sa puissance économique,  et ses ambitions de puissance continentale ;  l’est du Paraguay (Alto Paraná, Itapúa et Canindeyú) est « colonisé » par le soja, (absent du Chaco).  L’introduction de cette culture a accru la surface agricole utile. Elle occupe la première place du secteur agricole paraguayen, en volume de production et en surface cultivée. Le Brésil absorbe 31,9% des exportations et représente  23,4% des importations du pays. Le Paraguay est aussi, à son corps défendant (?) impliqué par le Brésil dans le trafic de drogue. (Il y a des pistes d’atterrissage clandestines).

                   L’Hidrovía Paraná-Paraguay, la grande voie navigable formée par l’axe -Río Paraguay- Río Paraná, relie sur 3 100 km au nord les villes brésiliennes de Cáceres et Cuiabá dans le Mato Grosso et au  sud le confluent avec le Paraná, à Corrientes   puis le  Río de la Plata et le  port de Buenos Aires, c’est-à-dire l’Océan Atlantique, reliant ainsi par voie fluviale cinq pays d’Amérique du Sud – les quatre pays du Mercosur et la Bolivie- . De   gigantesques convois, les puissants pousseurs propulsent chacun jusqu’à huit barges transportant du soja destiné aux cochons chinois et européens. Un projet bolivien piétine : la création d’un port international à Puerto Bush qui lui donnerait un accès au fleuve donc à l’océan.

                      Aux XIX° et XX° deux guerres vont saigner le Paraguay. D’abord il subit durant cinq ans une véritable guerre d’annexion, un quasi-génocide contre le Paraguay indien. Le Brésil et l’Argentine, qui se disputaient la suprématie du continent sud-américain, délimitaient leurs zones d’influence et, entre 1865 et 1870, associés à l’Uruguay (la Triple Alliance) avec le soutien du Royaume-Uni portèrent la guerre au Paraguay ; le pays perdit plus des deux tiers de sa population et il fut totalement ruiné. Occupé pendant six ans par l’armée brésilienne, il ne devra sa sauvegarde qu’à la rivalité entre ses adversaires lors du partage. Il dut néanmoins céder au Brésil la région au nord du fleuve Apa, et à l’Argentine, le territoire de Misiones ainsi qu’une partie du Chaco.

                    Le deuxième conflit, entre 1932 et 1935, la Guerre du Chaco opposa la Bolivie au Paraguay. A l’origine : des frontières indécises, de vastes territoires  ni habités ni administrés  dans le Chaco boréal, l’immense région sauvage. La Bolivie, dont le littoral avait été confisqué par le Chili lors de la guerre du Pacifique (1879-1883) voulait accéder à l’estuaire de La Plata, sur la côte atlantique. Elle est en position de force : trois fois plus d’habitants, armée bien entraînée par le général allemand Hans von Kundt, un important stock d’armes. Mais le moral des troupes formées surtout de conscrits indigènes est au plus bas, et ils ne connaissent pas le terrain très hostile, plaines marécageuses et jungle, où nombre d’entre eux mourront autant de maladies et de morsures de serpent que de balles ennemies. Fin 1928, un véritable conflit s’engage malgré la médiation de plusieurs pays. Les Boliviens s’emparent du nord du Chaco, prennent le fort Boquerón dans le centre. Le général paraguayen Estigarribia le reprend, et dans le sud du Chaco, les combats durent pendant plusieurs mois autour de fort Nanawa.  Avec des offensives fulgurantes en 1934 contre le fort bolivien de Ballivián où, de mars à juillet, les combats les plus meurtriers de la guerre se déroulaient, l’avancée en territoire bolivien se poursuivit, puis une trêve fut conclue en 1935.  Entre 85 000 et 130 000 morts militaires, 70 000 morts civils. Un traité fut signé en 1938. Le Paraguay, vainqueur indiscuté, gagna 75 % du Chaco, tandis que la Bolivie obtint un couloir d’accès au fleuve Paraguay. Cette guerre servit de banc d’essai à de nouvelles armes et tactiques. Très longtemps après, en 2009, les présidents de Bolivie, Evo Morales et du Paraguay, Fernando Lugo, signèrent un accord reconnaissant définitivement de jure la frontière entre les deux pays.

Bataille de fort Nanawa. Source: https://www.paraguay-excepcion.com/

                     Peu original par contre dans le continent au sud du Rio Grande, comme plusieurs de ses voisins, le Paraguay eut à sa tête un dictateur, général de son état, vrai dictateur dans la vie ; il resta au pouvoir 35 ans, plus longtemps que tous ses collègues latino-américains, et même plus longtemps que Staline, mais son royaume était 55 fois plus petit. A.Stroessner, qui avait quand même donné son nom à une ville à la frontière avec le Brésil fut finalement  contraint à l’exil  en 1989 et mourut à Brasilia. Il avait été un pion zélé des Etats-Unis dans la Guerre Froide, membre actif du plan Condor qui poursuivait les « subversifs ». La couleur de son parti était le rouge (colorado en espagnol).

                  Le grand écrivain paraguayen à la renommée universelle, Roa Bastos né en 1917, vécut en exil, en Argentine, et en France, où il fut professeur de guarani et de littérature latino-américaine à l’Université à Toulouse. On lui doit entre autres, deux romans magistraux : « Fils d’homme » en 1960 :  suite de portraits de la vie des plus pauvres et « Moi le Suprême », livre étrange, non conventionnel, sur la figure du dictateur, mi-histoire/mi-fiction ; le portrait d’un vrai dictateur qui gouverna le Paraguay entre 1811 et 1840, José Gaspar Rodríguez de Francia, histoire racontée aussi par ses victimes, Roa Bastos  y  dénonce la répression et critique le pouvoir.

Roa Bastos. Par FF MM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/

                   De nos jours la majorité des habitants du Paraguay sont pauvres : la mortalité infantile est de 18/°°° (comme l’ Algérie). Le pays se place au 103ème rang mondial sur 189 en termes de développement humain, avec un IDH évalué à 0,728 en 2020.

                  L’instrument musical national du Paraguay est la harpe paraguayenne, c’est une harpe diatonique en bois tropical, de pin et de cèdre, dont on joue avec l’ongle. Elle accompagne les chants traditionnels en guarani dont la guarania (style musical né dans les années 20) ; Caetano Veloso parmi d’autres chanteurs célèbres donna une version émouvante de   la chanson paraguayenne  « Recuerdos de Ypacaraí».

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Le Paraguay se situe entre les parallèles 19º 18′ et 27º 36′ de latitude sud et les méridiens 59º 19′ et 62º 38′ de longitude ouest, soit dans les limites marginales de la culture possible de la vigne.  Le début de sa culture remonte à 1 536. Mais depuis, malgré la disparition du système colonial, les guerres et des génocides, la concurrence, la piètre qualité et les difficultés inhérentes à la culture de la vigne sous ces latitudes ont provoqué sa disparition quasi totale. En 2020, on recensait 372 hectares de vignes principalement dans la région de Guairá, où poussent exclusivement des cépages américains et certains hybrides qui produisaient environ 16 000 hectolitres de vin par an. Les exportations sont maigres, avec en 2018 un montant de 19 634 dollars. Les importations ont atteint 42,7 millions de dollars en 2019, soit 48% de plus qu’en 2015. Le Chili et l’Argentine sont les principaux acteurs du marché du vin au Paraguay. La consommation de vin par habitant au Paraguay est de 8,44 litres par an selon les dernières données officielles de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV, 2016). La bière occupe la première place avec 41 litres par habitant consommés par an ; le whisky avec 1,2 litre/an par habitant.

Le pays produit aussi 1 930 tonnes de raisins de table par an, ce qui le place au 83e rang des pays producteurs.

HISTOIRE

Avec le Pérou, le territoire du Paraguay était un important centre viticole au XVIe siècle. Après l’échec de l’ implantation des conquistadors à Buenos Aires (1536), les Espagnols abandonnèrent la ville et se dirigèrent vers le nord pour s’installer à Asunción. Cette ville sera la capitale politique et économique de la région du Río de la Plata pendant plusieurs décennies. Malgré les températures élevées, les Espagnols se consacraient à la culture de la vigne et ils réalisèrent une importante extension du vignoble qui comptera 2 000 000 pieds au début du XVIIe siècle. Lorsque Hernando Arias de Saavedra (hidalgo, militaire et conquistador) visita la ville et ses environs en 1602, il remarqua qu’il y avait 187 vignobles avec 1 768 000 pieds de vigne. D’autres voyageurs de l’époque corroborent l’importance du vignoble comme Félix Azara, commissaire et commandant des frontières espagnoles au Paraguay de 1781 à 1801. Dans son ouvrage classique « Viajes por América Meridional », l’auteur souligne : « Il est également prouvé qu’en 1602, il y avait près de 2 000 000 de pieds de vigne autour d’Asunción, la capitale du Paraguay, et le vin était transporté à Buenos Aires ».

Hernando Arias de Saavedra . Source: Par Agus ferrocarril — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/

Les vins paraguayens atteignent une qualité très élevée pour les observateurs européens de l’époque. Ainsi, par exemple, Fray Reginaldo de Lizárraga, après son voyage à travers les provinces du Río de la Plata (1589) les décrit en termes : « vin excellent ». Il détecte qu’à cette époque, un important circuit commercial existait déjà : les vins paraguayens étaient transportés par voie fluviale d’Asunción à Santa Fé, et de là ils étaient distribués dans les provinces de l’Argentine. Dans son rapport, il mentionne spécifiquement la présence de ces vins dans la ville de Córdoba.

Au XVIIe siècle la viticulture de l’Amérique du Sud, a alors deux centres principaux. Sur le Pacifique, le pôle le plus important se trouve au Pérou, suivi du Chili ; et dans la Cuenca de la Plata, le plus grand pôle est au Paraguay. Mais plus tard, la situation changea radicalement.  Le XVIIe siècle vit un déclin constant de la viticulture paraguayenne qui, au XVIIIe siècle, n’est plus qu’un souvenir. Azara lui-même, après avoir signalé la prospérité viticole de cette région en 1602, souligne que deux siècles plus tard, cette activité a presque complètement disparu : « Aujourd’hui, dans tout le pays que je décris, il n’y a que quelques vignes ». Selon Azara, la cause se trouve dans l’incompatibilité entre le travail intense exigé dans le vignoble et la tendance de la population paraguayenne à la paresse, situation aggravée par le climat et la prolifération des insectes, ainsi que les options plus attrayantes qui s’ouvraient dans d’autres activités économiques. L’auteur a exprimé ses pensées dans les termes suivants :

Fray Reginaldo de Lizárraga. Source: https://www.medellinhistoria.com/

« Les habitants se sont sans doute lassés de cultiver la vigne parce que les grappes sont très exposées aux ravages des fourmis, papillons, guêpes et autres insectes, et des quadrupèdes, dont la multiplication a été excessivement rapide dans le pays, et puis parce que dès que le bétail s’est multiplié, il était facile pour les indigènes de se procurer de l’alcool en échange des peaux et du suif. Ce dernier système est plus conforme à leur paresse naturelle, ce qui fait qu’on ne trouve ni cultivateurs ni moissonneurs. Le gouvernement est obligé de faire faucher les champs par la force. Ajoutez à cela que les Espagnols ont commencé à imiter les Noirs et les Indiens, qui n’aiment pas le vin et préfèrent l’eau-de-vie ».

Ce jugement sévère n’est qu’en partie véridique. La viticulture au Paraguay est particulièrement difficile, les conditions climatiques de la région sont peu propices à la culture de la vigne et les locaux se sont tournés vers d’autres cultures, yerba maté et tabac. Ces cultures sont sans doute à l’origine du déclin viticole régional. Avec moins d’efforts, des vins pouvaient aussi être élaborés dans d’autres régions. On abandonnait la viticulture parce que d ‘autres activités généreraient une plus grande rentabilité, ce qui permettrait d’acheter des vins au lieu de les faire sur place.

Le yerba maté. https://lacherba.com/

L’émergence des rebellions mapuches , la guerre d’Arauco au sud du Royaume du Chili à partir du XVI° et la grande exploitation minière d’argent à Potosí eurent un fort impact économique sur toute la région. D’autant plus que l’appareil productif s’est transformé en vue de s’adapter aux nouvelles exigences de ces marchés attractifs. Les Paraguayens se rendirent vite compte qu’avec leurs vins ils ne pouvaient pas rivaliser sur les deux nouveaux marchés : l’armée d’Arauco était approvisionnée en vins chiliens, tandis que le florissant Potosí recevait des vins péruviens par le port d’Arica. En revanche, les Paraguayens avaient des avantages comparatifs pour d’autres produits tels que le yerba maté et le tabac. En quelques années, ils reconvertirent leurs activités, abandonnent la tradition viticole et s’imposent comme une puissance régionale exportatrice de yerba maté et de tabac.

L’essor des nouvelles cultures au Paraguay s’est accompagné d’un processus inverse dans la vigne. Le Paraguay a vu comment la production d’herbe, de sucre, de tabac et de coton augmentait à la même vitesse que la vigne, le raisin et le vin diminuaient. En quelques années, il ne restait plus grand-chose de l’activité vinicole qui avait été autrefois florissante du Paraguay. Les établissements vinicoles locaux ont non seulement avaiznt cessé d’exporter, mais avaient été ont également incapables de répondre à la demande minimale sur le marché intérieur. Le Paraguay fut contraint d’importer du vin de villes lointaines. Les frais de transport élevés n’incitaient pas suffisamment les producteurs locaux : la viticulture paraguayenne, dans le premier tiers du XVIIIe siècle, n’était plus qu’un souvenir. Le vin était devenu un produit de luxe, extrêmement cher au Paraguay. Vers 1732, quand une cruche de vin à Asunción coûte 80 $. Tout cela ressort du rapport complet préparé par les Mercedarians[1] qui sont allés voir le roi pour expliquer l’impact causé par la pénurie de vin au Paraguay pour l’accomplissement normal du rituel de la messe . Ces prix contrastent notamment avec ceux de Mendoza, où la valeur habituelle était de 5 dollars la cruche. De toute évidence, le principal pôle viticole régional s’était déplacé d’Asunción à Cuyo.


[1] L’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Miséricorde, également connu sous le nom de Frères de d’Ordre des Trinitaires ou des Mercedariens.

Entre le XVIIe et le XVIIIe siècles, les vignerons de Cuyo évincèrent les Paraguayens du marché du Río de la Plata. Plus tard, ils poursuivirent leur expansion jusqu’à atteindre même Asunción avec leurs vins. En effet, au début du siècle suivant, le vigneron de Mendoza Juan de la Cruz Vargas s’installa dans la capitale paraguayenne pour y fnder une entreprise. Pendant quatre ans (1808-1812) pour y vendre des vins et des fruits secs de Mendoza, et acheter du maté et du tabac pour les exporter.   En 1600 le Paraguay comptait 2 000 000 souches et Mendoza à peine 100 000. Deux cents ans plus tard, en 1808, un vigneron de Mendoza arriva à Asunción pour y vendre ses vins. En à peine deux siècles, il y avait eu un changement notable dans le leadership viticole régional, à l’est des Andes, du Paraguay à Mendoza.

Un autre facteur du déclin de l’industrie viticole est sans doute à aussi lié l’expulsion des jésuites des territoires espagnols en 1767.   Au XVIIe siècle, le Paraguay était le centre des missions jésuites, où le peuple autochtone guarani avait été converti au christianisme et introduit à la culture européenne. Après l’expulsion des jésuites des territoires espagnols le Paraguay est devenu de plus en plus une colonie périphérique, avec peu de centres urbains et de colons.

Potosi. Source: Par Gerd Breitenbach — Travail personnel, see http://gerdbreitenbach.de/ https://commons.wikimedia.org/

La guerre de la Triple Alliance (1864-1870), avec son cortège de morts et de destructions, dévasta l’économie nationale, mettant fin à la production vinicole paraguayenne déjà mal en point.

Ce n’est qu’en 1908 qu’un immigré allemand Carlos Voigt tente sa chance dans la viticulture au Paraguay, il s’installa dans le département de Guairá (centre-est du pays) mais la qualité des cépages n’était pas à la hauteur pour obtenir des vins de la qualité voulue par Voigt. Il tenta d’importer 45 variétés mais se heurta aux tracas de la douane paraguayenne et la plupart des variétés ne survivront pas sauf le gamay qui donna de bons résultats. On le considère aujourd’hui comme le « père » du renouveau du vin paraguayen. Son digne successeur est Werner Siebold Ereck, son neveu qui reprend le flambeau en 1939. Il a réussi à acclimater de nouvelles variétés au climat paraguayen en particulier le cépage Siebel et obtint des vins de bonne qualité.

Malheureusement, les soubresauts de l’économie – essentiellement liés aux coups d’État qui ont eu lieu entre les années 60 et 90 et aux gouvernements de facto – ont découragé la production agro-industrielle, provoquant l’abandon de la plupart des vignobles.

C’est encore un Allemand Gerhard Bühler qui prit le relais de la viticulture et du vin au Paraguay. Depuis 1997, il travaille sans relâche pour produire des vins de bonne qualité, même avec les contraintes agroécologiques imposées par le terroir (faible altitude, sols riches en matière organique, températures élevées, précipitations abondantes).

Bodegas Gerhard Bühler est actuellement le domaine paraguayen le plus connu de la région. Sa production est réalisée à Guairá. Il se concentre sur la production de vins d’intervention minimale en laissant de côté les méthodes modernes qui ne peuvent lui garantir une qualité optimale.

En 2010, Gerhard Bühler a remporté une médaille d’argent au « Berliner Wine Trophy », un concours international à Berlin. Il a gagné avec un cabernet sauvignon utilisant des raisins de la vallée d’Ybyturuzy. Actuellement, la cave dispose de 2,5 hectares où 5000 litres sont produits par an.

Aujourd’hui, on produit même des vins paraguayens avec des raisins argentins. C’est le défi que s’est lancé César Giacometti, un Argentin qui vit au Paraguay depuis 35 ans, fils de vignerons, il élabore de vins de qualité au prix de vente d’environ 30 Euros.

CLIMAT

Le climat est subtropical dans la majeure partie de la région orientale, qui se trouve principalement au sud du tropique du Capricorne, et tropical dans la majeure partie du Chaco boréal s’étendant au nord. Des masses d’air humide recouvrent le pays pendant les étés et les hivers sont soumis aux vents froids du sud. Les températures estivales, entre octobre et mars, varient généralement de 75° à 100 ° F (24 à 38 ° C). Les températures hivernales varient généralement de 60° à 75 ° F (16 à 24 ° C), bien que des extrêmes dans les années 38 oC  (100 °F) ne soient pas rares. Le gel se produit fréquemment dans la région de l’Est.

La quantité moyenne annuelle des précipitations dans l’est du Paraguay varie entre 1 650 mm (65 pouces) dans le sud-est et environ 1 400 mm (55 pouces) le long du fleuve Paraguay. Il diminue progressivement vers l’ouest à travers le Chaco Boréal, avec une moyenne d’environ 760 mm (30 pouces). Les précipitations les plus importantes se situent d’octobre à avril. L’ensemble du pays est soumis à des inondations et des sécheresses périodiques, qui causent toutes deux de graves pertes agricoles.

Climat actuel

Climat futur

SOLS

Une grande partie de l’est du Paraguay est recouverte d’un manteau de sol résiduel si profond que le substratum rocheux est rarement exposé. Ce sol est généralement rouge et sablonneux et pauvre en azote et en autres aliments végétaux de base. Environ les deux cinquièmes de l’est du Paraguay, dans une ceinture allant de la frontière brésilienne au sud jusqu’au Tebicuary et comprenant la région d’Asunción, où se fait l’essentiel de la viticulture sont recouverts de sols de grès, particulièrement bien adaptés à ce type de culture. Les sols de lave basaltique, qui sont généralement les plus fertiles, recouvrent le plateau du Paraná. Les sols transportés couvrent une bande le long du fleuve Paraguay, s’étendant de la rivière Apa à la frontière sud et couvrant la plaine de Ñeembucú. Les sols du Gran Chaco sont en grande partie de la boue alluviale, de l’argile et du sable qui ont été transportés depuis les hautes terres boliviennes.

La classification du World Soil information est la suivante :

Source: researchgate. net

RÉGIONS VITICOLES

Les vignobles sont concentrés dans les villes de Yegros  dans le département de Caazapá, La Colmena dans le département du Paraguayrí et Colonia Independencia dans la département de  Guairá, la plus importante région de production. Pour en savoir plus sur les régions viticoles du Paraguay, cliquez sur le lien suivant: PARAGUAY RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Les cépages du Paraguay sont des des lambrusques américains, des hybrides et des Vitis vinifera. Pour en savoir plus sur les cépages du Paraguay, cliquez sur le lien suivant: PARAGUAY CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La législation sur les vins semble encore régie par la loi 12 juillet 1957 et par la règlementation du Mercosur dont le Paraguay est un membre associé. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation des vin sdu Paraguay, cliquez sur le lien suivant: PARAGUAY LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION