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LA RÉUNION

DESCRIPTION DU PAYS

Proposition de drapeau pour la Réunion, créée par l’Association Vexillologique de la Réunion. Source: By Ch1902 – File:ReunionRadiantVolcanoFlag.png, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/

Saint-Denis. Source: By No machine-readable author provided. B.navez assumed (based on copyright claims), CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/

LA RÉUNION VUE D’AILLEURS

La Réunion n’est pas un État, c’est un département français depuis 1946 et une région d’outre-mer français (DROM) depuis 2003.  L’île de 2 512 km² est  située dans l’ouest de l’Océan Indien, au sud-est de l’Afrique, dans l’archipel des Mascareignes, ses voisins sont Maurice à 172 km et Madagascar à 679 km.

Sa géographie est originale : l’île est volcanique, le piton de la Fournaise (2 632 mètres) au sud-est est un des volcans les plus actifs du monde ;   un volcan bien plus récent (500 000 ans) culmine à 3 070 mètres au Piton des Neiges, c’est le sommet le plus élevé de l’Océan Indien, inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l’île. Le relief de l’île est escarpé, travaillé par une forte érosion qui a creusé au centre trois vastes cirques (Salazie, Mafate et Cilaos) ; les pentes sont creusées de ravines souvent profondes.  Entre le piton des Neiges et le massif de la Fournaise la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres forment une voie de passage entre l’Est et le Sud de l’île ; au nord et à l’ouest des plaines côtières alors que le littoral du Sud sauvage est plus abrupt. L’île est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts ».

     Le climat tropical humide est tempéré par les alizés soufflant de l’est.  Il y a   de nombreux microclimats avec des disparités des précipitations entre la côte au vent à l’est et la côte sous le vent à l’ouest, et des températures qui baissent avec l’altitude. Deux saisons marquées: une saison des pluies (hauts de Sainte-Rose avec près de 11 000 mm, c’est l’un des endroits les plus pluvieux du monde) et une saison sèche. L’île est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l’océan Indien : leur saison s’étend de novembre à avril.

    Faune et flore sont très variées et originales   avec un taux d’endémisme très élevé. ( seul mammifère endémique  le Ti Moloss, une micro-chauve-souris). Aucun grand mammifère sauvage (fauves par exemple), assez peu de mammifères. Une végétation bien spécifique, avec une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes) : Orchidaceæ, Bromeliaceæ, fougères, lichens, mousses. La flore se distingue par sa faible hauteur sans doute par adaptation aux cyclones. La faune marine est très importante, dans les récifs et lagons nagent plus de 1 200 espèces de poissons. La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes. Des espèces introduites sont devenues invasives. Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009, 104 espèces vivant sur l’île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2008.   Le corail est dégradé en plusieurs endroits (pollution, surpêche, braconnage, pression anthropique, rejet des eaux usées.

Archipel des Mascareignes. Source: https://www.reunion.fr/

        En 1153 le géographe arabe Al Idrissi cartographia l’île sous le nom de « Dina Morgabin », inhabitée quand passent Diogo Dias en 1500, puis Pedro de Mascarenhas en 1512 ou 1513 qui donne son nom (Mascareignes) à l’archipel (La Réunion, Maurice et Rodrigues).  L’île n’a été habitée qu’à compter du milieu du XVII° siècle, environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais en route vers Goa et les Indes. Son nom a changé plusieurs fois.  Les Français en prennent possession au nom du roi en 1642 et la baptisent île Bourbon, elle redevient définitivement La Réunion en 1848. Au début du XVII° est une escale sur la route des Indes pour Anglais et Néerlandais.

Au XVIII° elle est une véritable colonie avec le développement de la culture et de l’exportation du café,  à partir de 1715, elle connaît un important essor économique à l’origine du développement considérable de l’esclavage. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d’être réaffectée à l’industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. L’esclavage y est aboli en 1848, remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l’engagisme. Le commerce du clou de girofle et de la noix de muscade fut florissant au XVIII° et début du XIX°siècle. Mais une période de troubles et de contestations commence avec la rivalité avec les Anglais pour le contrôle de l’océan Indien et le refus de l’abolition de l’esclavage votée par la Convention nationale en 1794 par La Réunion et Maurice. La métropole n’a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier Consul Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique ; pendant les guerres napoléoniennes, l’île passe sous domination britannique, puis est rendue aux Français en 1814.

Après des catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café a décliné rapidement et sera détruite à 75 % à la fin XIX° par une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises. Elle   est remplacée par la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte de Saint-Domingue, la canne à sucre étant en effet insensible à l’effet des cyclones. Edmond Albius, esclave de son état, fait en 1840 une superbe découverte, il invente le procédé de la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille, une orchidée qui pousse sous forme de lianes ; l’île devient alors le premier producteur mondial de l’épice au parfum unique. La culture du géranium se développe aussi dont l’essence est très utilisée en parfumerie.

Edmond Albius: https://www.portail-esclavage-reunion.fr/

À partir de la fin du XIX° siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où émerge une population de travailleurs agricoles indépendants.

          Pendant la Première Guerre Mondiale 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front.  L’aviateur Roland Garros, natif de l’île se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. Environ 80 % des Créoles souhaitant s’engager sont déclarés inaptes au service militaire, on parla à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est plus probable que les intérêts économiques des planteurs locaux l’aient emporté. A partir de mars 1919 10% de la population meurt de la grippe espagnole qui frappe l’île tue beaucoup plus que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur. L’un ne compensant pas l’autre, la guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent.

             Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit comme dans la métropole : l’éclairage public de Saint-Denis, le télégraphe, la radio, le téléphone, automobiles et avions apparaissent. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : alors que jusqu’au début du XX° siècle, la croissance de la population était modérée, voire faible à certaines périodes (conditions de vie difficiles, paludisme, épidémies de choléra, peste entre autres) désormais la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, donc la croissance la population est très rapide et se poursuit de nos jours. Les habitants sont jeunes. 

             Pendant La Seconde Guerre Mondiale l’île souffre de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements, est  libérée en novembre 1942. La métropole va devoir consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et développer le progrès social : instruction obligatoire, système de sécurité sociale, éradication du paludisme – fléau sanitaire majeur depuis un siècle-. L’économie change : dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent mais la canne à sucre  demeure toutefois  la première production agricole. Le réseau routier se densifie et se modernise. La construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active.

          La situation de l’île lui a conféré un rôle stratégique d’importance variable selon les époques, à l’époque de la Route des Indes, elle occupe une position située entre Le Cap et les comptoirs d’Inde. L’ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l’Océan Indien, réduit son importance stratégique. De nos jours, elle abrite l’état-major des Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI), de l’Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte. L’île permet à la France d’être membre de la Commission de l’Océan Indien. Elle accueille le Frenchelon (French Echelon) ; et à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (TAAf).

         Le métissage avait commencé dès l’arrivée des premiers colons qui épousent des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises. Aujourd’hui la population de l’île est particulièrement métissée de par les origines variées à la fois européennes, africaines – de l’ouest, de l’est-  (Cafres), malgaches, indiennes, vietnamiennes, mahoraises, malaises et chinoises. Le recours à l’esclavage avait drainé vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus surtout de Madagascar et d’Afrique orientale à la fin du XVIII° siècle ils constituaient les trois quarts de la population.  Au début du XIX° siècle, l’esclavage est contesté, et apparaît un faible courant d’immigration « d’engagés », des travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître. Après l’abolition de l’esclavage en 1848 et la libération de l’immigration en 1862 les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs : l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement (venus surtout de la côte de Coromandel, musulmans indiens, du Gujarat (les Zarabes) et du Tamil Nadu (les Malbars),  de Madagascar, d’Asie du Sud-Est. Et à la fin du XIX° siècle de nombreux Chinois du sud, de Canton, de la province de Guangdong forment deux importantes communautés qui travaillent d’abord dans l’agriculture puis s’installent dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés a émergé une culture créole : langue (un créole), cuisine, musique. Le français est la langue de l’administration, de l’enseignement et de la presse écrite et orale, il est parlé par 95% des Réunionnais mais environ 90 % de la population parle le créole réunionnais né de la rencontre entre la langue dominante (ici le français) et les langues vernaculaires parlées par des populations « dominées ». Au cours des deux derniers siècles eut lieu une décréolisation progressive, avec la scolarisation obligatoire en français, et  la présence dominante du français dans l’espace médiatique. Cependant depuis une vingtaine d’années, le créole réunionnais bénéficie d’un certain renouveau. D’autres langues sont présentes sur l’île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l’ourdou, l’arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien. Les principales religions pratiquées sont le christianisme (85 %), l’hindouisme (7 %, les Tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite), le judaïsme…

 De nos jours, les 873 000 habitants   de l’île vivent surtout sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.

  La population s’est rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés, faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, changeant la hiérarchie sociale. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu et l’île constituerait un modèle pour l’harmonie ethnique, mais les disparités sociales demeurent fortes au plan de la formation, et des patrimoines.

Le tissu productif est fragile et très dépendant la métropole. Le premier secteur économique de l’île est aujourd’hui le tourisme, devant les revenus tirés de la canne à sucre (premier producteur européen) dont la culture est menacée mais aussi de la vanille bourbon.  La pêche est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle  s’étend à  la ZEE dont bénéficie l’île.  Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, il tire l’économie ;l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites épiceries ; les rares « boutiques chinois » et « bazar zarabs »  encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique.  Le tourisme devient la première activité de l’île. Malgré un dynamisme économique certain la proportion des chômeurs est considérable surtout chez les jeunes. La croissance démographique est très forte. De nombreux habitants émigrent en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.

Michel Houellebecq  – né en 1956 à Saint-Pierre: source: https://fr.wikipedia.org/

                 L’esclavage s’accompagnait de racisme et d’antagonisme entre les communautés, les préjugés raciaux restèrent vifs longtemps. La date de l’abolition de l’esclavage à La Réunion, le 20 décembre 1848 est une date fériée depuis 1981, elle est  commémorée, appelée fête caf’ (« fête des cafres »)  pour perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. «Cafre» désigne les Africains de la «Cafrerie» (une partie de l’Afrique australe), dérivé du mot afrikaans «kaffer» = «nègre». Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Z’oreilles et métropolitains dansent dans les rues au rythme du séga, une variante créole du quadrille, une danse de salon costumée avec instruments occidentaux traditionnels et du maloya, qui à l’image du blues américain, vient d’Afrique, une danse d’allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles,  qui se dansait quasi clandestinement la nuit autour d’un feu  avec des  instruments venant de la  végétation  (bambous, calebasses, etc.).  La culture urbaine a également fait son apparition avec la culture hip-hop, mais également le dancehall est une musique populaire jamaïcaine apparue en Jamaïque  comme  une variante du reggae.

         L’île est un véritable paradis pour les sportifs, la fameuse course à pied dans les montagnes « la Diagonale des Fous » ( Trail de Bourbon,  le Grand Raid)  a fait sa gloire, le vélo tout-terrain, la randonnée équestre, le canyoning et bien d’autres, et les sports de la mer (surf, plongée…)  malgré de nombreuses attaques de requin,  ils attaquent parce que les humains grignotent  leur espace ?

La Diagonale des Fous : Source: https://run-motion.com/

            Et la littérature ? Leconte de Lisle est né à La Réunion, Baudelaire y a longuement séjourné. Et trois prix Goncourt pour l’île : en 1909, G.Athénas et A. Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne pour leur roman En France et, plus récemment  en 2010  Michel Houellebecq  – né en 1956 à Saint-Pierre,  pour son roman La Carte et le Territoire.

             Et la peinture dans tout ça ? Ambroise Vollard (1866-1939) fut un célèbre collectionneur, mécène et marchand,  avant-gardiste en matière d’art moderne, il  fréquenta les plus grands peintres  impressionnistes et fauvistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Et puis deux héros de guerre, l’aviateur Roland Garros né à La Réunion fit première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale, mort au champ d’honneur et par ailleurs cycliste émérite et   Juliette Dodu, qui reçut à la fois la Légion d’honneur et la médaille militaire.   Et puis deux insolites : Paul Vergès longtemps patron du Parti communiste réunionnais qui  a dominé la vie politique réunionnaise pendant plus de soixante ans. Son frère Jacques Vergès, de père réunionnais, fut un personnage public très connu et sulfureux, et il fut baptisé « l’avocat du diable »  vu  le choix de certains  de ses clients  (une combattante emblématique du FLN, Klaus Barbie ancien officier SS et chef de la Gestapo à Lyon, le  terroriste vénézuélien Carlos (1997)…. Et il cultiva avec délices le mystère total de sa disparition entre 1970 à 1978.

Roland Garros: Source: https://pt.wikipedia.org/

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La Réunion se situe à 21° 07’ de latitude S. Sa viticulture appartient à la catégorie de celles des pays tropicaux. La viticulture avait été introduite par les Français en 1665 lors de la colonisation de l’île dans les Basses Terres avant que elle n’atteigne les cirques avec la colonisation des terres de moyenne altitude (1 200 mètres). La viticulture s’est longtemps faite avec le cépage Isabella avant que celui-ci ne soit interdit par les autorités en 1934. Mais il faudra atteindre 1975 avant que des cépages nobles ne soit plantés et qu’une coopérative soit créée sous le nom de Chai de Cilaos en 1992. La coopérative fit faillite en 2017 et elle fut rachetée par un Bordelais Réunionnais, viticulteur à Bordeaux, Olivier Cadarbacass. Le vignoble ne représente tout au plus qu’une quinzaine d’hectares et les vins ne sont plus élaborés aujourd’hui avec les cépages nobles mais avec les hybrides Couderc et l’Isabella qui a fait son retour dans la vinification des vins de l’île. La production est de 15 000 bouteilles par an vendues dans différents points de vente sur l’île et directement au Chai.

HISTOIRE

L’île semble totalement inhabitée lors de l’arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes. Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. La Réunion n’est habitée qu’au milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après sa découverte par les navigateurs portugais. Jusqu’alors connue sous le nom d’« île Mascarin ». Les Français y débarquent ensuite pour en prendre possession au nom du Roi en 1642 et la baptisent île Bourbon, du nom de la famille royale. C’est en 1665 qu’arrivent les vingt premiers colons sur l’île. C’est cette date qui est aujourd’hui retenue pour l’implantation de la viticulture sur l’île.  La colonisation de La Réunion n’a pas pour mission d’évangéliser car il n’y a pas de population à christianiser, mais l’expédition est bien préparée avec des notables cultivés et la vigne est presque toujours dans les valises des explorateurs européens de l’époque. La culture de la vigne semble avoir été marginale.  À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café qui après son déclin, suite aux catastrophes climatiques de 1806/1807,  sera remplacé par la culture de la canne à sucre. La viticulture sur cette île particulièrement montagneuse ne peut que s’implanter dans un premier temps sur les basses terres aux alentours de de Saint-Denis et de Saint-Paul. On peut présumer que le principal cépage cultivé est l’Isabella, car à mesure que les populations colonisent les hauteurs de l’île, elles établissent le premier vignoble d’altitude dans les cirques de  Cilaos, Mafate et Salazie vers 1860  avec ce cépage.

Île de Bourbon. Source: https://www.musee-villele.re/fr/search-notice/detail/1990-55-a-l-ile-f3f3e

Le climat tempéré et plus sec de Cilaos est mieux adapté à la culture de la vigne et le cépage est très résistant aux maladies et à haut rendement. Plus tard, sous l’impulsion du Père Teigny, des essais de vinification sont réalisés en 1915.  Le 24 décembre 1934, le soir du réveillon de Noël (!), l’Assemblée Nationale prohibe brutalement six cépages : le Noah, mais aussi l’Isabella, l’Othello, le Jacquez, le Clinton et l’Herbemont. L’Isabella, comme les autres hybrides interdits continueront d’être cultivés en France et à la Réunion. L’interdiction ne provoque pas, loin s’en faut, l’arrachage du cépage, ni à la Réunion, ni en France. En 1953, recensant les vignobles, le gouvernement se rend compte que 62 500 ha sont encore plantés en cépages interdits. En 1956, une note du Ministère de l’agriculture enjoint les producteurs d’arracher leur vigne avant le 1er décembre 1956.  

Source: https://gdecarcaradec.com/les-cepages-interdits/

Ce serait en 1975 que l’interdiction définitive de la culture de l’Isabella devient effective sur l’île de la Réunion (Source : Chai de Cilaos). L’ancêtredu   CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) préconise la culture du  chenin blanc, du malbec et du  pinot noir.

Une deuxième série d’essais plus récents  permet la sélection des verdelho, gros manseng, gamay et  syrah. Ces sept cépages constituent l’encépagement du Vin de Cilaos jusqu’aux années 2016/2017.

Fin des années 1980, avec l’aide de IRFA (Organisme associatif de formation aux demandeurs d’emploi) et des collectivités locales, un groupement de vignerons se forme et en 1992, la coopérative, Chai de Cilaos est fondée. Le premier vin, le chenin blanc sort en 1996 et un assemblage de pinot noir et de malbec en 1998. Ce groupe de viticulteurs met en place une viticulture moderne, et en 2008 il existe un vignoble d’une quinzaine d’hectares en cépages nobles avec un chai comprenant tous les équipements permettant de vinifier dans de bonnes conditions. La structure regroupait alors 17 vignerons et employait 4 salariés.

Cirque de Cilaos. Source: https://palm.re/blog/incontournables/cirque-cilaos-coeur-ile-reunion/

Lors de notre visite en 2008, quelques jours après un ouragan, qui avait dévasté une partie de la route, nous avions pu constater que la coopérative est équipée d’un chai de vinification avec du matériel moderne et performant pour toutes les opérations. Les vins étaient des vins simples, mais bien construits et sans défauts. Mais la structure est fragile, la commercialisation des vins difficile et la société se retrouve en difficulté financière. À partir de 2012, les viticulteurs ont du mal à se faire payer pour leur raisin. La situation se détériore et la dissolution de la société est prononcée en 2017.

Les vins ont pendant un certain temps été vendus avec le sigle « Vin de Pays de Cilaos » jusqu’en 2009, date à laquelle l’UE interdit l’utilisation de ce sigle. Les vins de Cilaos n’ont jamais bénéficié d’une Indication Géographique protégée française.

En 2019, la société  est mise aux enchères. Elle est rachetée par Olivier Cadarbacass et son associé Bruno Fontaine, Olivier Cadarbacass est propriétaire d’un domaine viticole dans le Bordelais qu’il exploite avec son épouse. Olivier Cadarbacasse Réunionnais d’origine, achète le raisin, principalement issu du cépage hybride couderc, aux producteurs du cirque, et le vinifie lui-même. Il commercialise ainsi ses cuvées appelées avec humour Ladilafé, déclinées en rosé, blanc moelleux et blanc sec. La Première cuvée sort début 2020. Pour relancer la production, Olivier Cadarbacasse et Bruno Fontaine comptent sur la mise à disposition par le conseil départemental et la commune de 8 hectares de vignes à Palmiste-Rouge et à Ilet-à-Cordes. Seuls une quinzaine de producteurs vendent pour l’instant leurs raisins aux nouveaux propriétaires.

Olivier Cadarbacasse. Source: Chai de Cilaos

Les cépages nobles ont largement disparu au profit d’hybrides comme le couderc et l’Isabella a fait son retour pour produire une mistelle.

CLIMAT ET SOLS

La latitude de La Réunion (21° sud) lui procure un fort ensoleillement, responsable de températures relativement élevées ; cependant, son insularité fait que la température est régulée par l’inertie thermique de l’Océan Indien. Les alizés tendent aussi à rafraîchir l’air ambiant.

La saison chaude dure 3,9 mois, du 15 décembre au 12 avril, avec une température moyenne quotidienne supérieure à 28,8 oC (84°F). Le mois le plus chaud de l’année à la Réunion est février, avec une température moyenne maximale de 29,5 oC (85°F) et minimale de 23,9 oC (75°F).

La saison fraîche dure 3,6 mois, du 13 juin au 30 septembre, avec une température quotidienne moyenne inférieure à 28,0 °C (78°F). Le mois le plus froid de l’année à la Réunion est août, avec une température moyenne minimale de 20°C (68 oF) et maximale de 25°C (95 OF).

La saison humide couvre les mois de janvier à mars ; la saison sèche s’étend de mai à novembre ; les mois d’avril et de décembre sont des mois de transition

Le point le plus arrosé de l’île est situé au nord du Piton de la Fournaise, dans les Hauts de Sainte-Rose, avec une pluviométrie annuelle moyenne de près de 11 000 mm., à l’opposé, celle de la Pointe des Trois Bassins, près de Saint-Paul, n’atteint que 436 mm. Il s’agit de situations extrêmes à l’échelle planétaire dans un périmètre géographique aussi restreint.

Le principal phénomène climatique dangereux est celui du cyclone tropical, principalement entre décembre et mars. L’île de la Réunion est située sur la zone de passage des cyclones tropicaux, avant leur affaiblissement. L’île peut être touchée à n’importe quel stade de leur développement. Les rafales peuvent dépasser 250 km/h.

Les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos où se situent les vignobles sont des dépressions très profondes issues de l’effondrement des chambres magmatiques du massif du Piton des Neiges, puis de son érosion. Les cirques sont protégés par des remparts des alizés et de l’advection de nuages océaniques. Au lever du soleil, les flancs ouest des cirques sont exposés au soleil (adret) tandis que l’autre moitié reste à l’ombre (ubac). La partie ensoleillée se réchauffe, provoquant une convection, alimentée par l’air froid qui s’écoule du sommet des pentes ombragées.

RÉGIONS VITICOLES

La viticulture se concentre dans les cirques de Cilaos (le plus important), Salazie et Mafate. Pour en savoir plus sur les régions viticoles de La Réunion, cliquez sur le lien suivant : LA RÉUNION RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

La viticulture s’est probablement établie avec le cépage Isabella avant que celui-ci ne soit interdit par les autorités françaises en 1934. Des cépages nobles ont été introduits au mitan des années 1975, mais aujourd’hui, la production de vin se fait principalement avec des hybrides. Pour en savoir plus sur les cépages de la Réunion, cliquez sur le lien suivant:

LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION

La Réunion à la fois un département et une région d’outre-mer français (DROM), sa législation sur les vins et les alcool depend donc de celle de la France et de l’Union Européenne. Pour en savoir plus sur la législation et la réglementation des vins des territoires français, cliquez sur le lien suivant : FRANCE : LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION