Retour à la mappemonde
TADJIKISTAN

DESCRIPTION DU PAYS

Source: https://commons.wikimedia.org

Dushanbe. La capitale. Source: https://commons.wikimedia.org/
Source: wikipedia.org

LE TADJIKISTAN VU D’AILLEURS

        Le Tadjikistan est-il le seul pays du monde à avoir des frontières aussi biscornues ?  Qui les a tracées ? Et pourquoi ?  C’était pour y rassembler les Tadjiks ? Mais près de ¼ de la population sont des Ouzbezks ! Limites administratives, internes à l’Union Soviétique, elles n’étaient pas destinées à devenir internationales. Et le relief, particulièrement contrasté de la région a sans doute ajouté de la complexité. Après avoir appartenu à la République Socialiste Soviétique autonome du Turkestan (1921), puis avoir été autonome dans celle d’Ouzbékistan, le Tadjikistan devient une république autonome (et socialiste et soviétique) en 1929. La région de Khoudjand lui fut adjointe. Un premier projet prévoyait la formation de trois républiques – kazakhe, turkmène, ouzbèke. Pourtant, à l’issue de la réforme l’Asie centrale comprendrait six territoires nationaux ; d’ailleurs il y a dû avoir des remords, puisqu’il y a des enclaves.(Un article fort érudit éclaire avec précision les circonstances et les décisions complexes qui ont présidé au tracé des frontières internes à l’URSS. https://journals.openedition.org/cybergeo/23707)

      C’est le plus petit pays de l’Asie centrale (141 400 km²), enclavé entre Kirghizistan, Chine, Afghanistan, Ouzbékistan.  Constitué à 93 % de montagnes, avec plus de la moitié à une altitude supérieure à 3 000 mètres ; culmine au pic Ismail Samani, (ancien pic Staline, puis pic du Communisme) à 7 495 m. Au centre : de grandes chaînes de montagnes est-ouest, notamment les monts Alaï, qui empêchent en hiver les communications terrestres entre la capitale, Douchanbé, et le nord. A l’est le Haut-Badakhchan : ce sont de hauts plateaux,  et la région montagneuse du Pamir avec les plus hauts pics, elle représente près de la moitié de la superficie du pays, ses glaciers sont la principale source d’eau de l’Asie centrale, ils alimentaient largement la mer d’Aral, par les deux fleuves du Syr-Daria et de l’Amou-Daria. Mais ces régions comptent seulement quelque 200 000 habitants. Les uniques zones non montagneuses sont au nord, qui se rattache à l’important bassin de Ferghana, et au sud-ouest, dans le bassin de l’Amou-Daria.

               Le Tadjikistan présente une seconde bizarrerie, linguistique, ses habitants sont les seuls dans   l’Asie centrale ex-soviétique, à parler une langue iranienne et ils l’ont conservée   malgré les invasions successives, des Arabes, milieu du VIIe siècle, des Turcs, au XIIIe siècle des Mongols, puis des Ouzbeks. Le khanat de Boukhara s’impose au XVIIe siècle. Puis au XIX° les Russes arrivent, annexent Khoudjand et le nord du Tadjikistan devient protectorat russe (le sud ne sera conquis qu’en 1920). Le pays devient une république autonome (et socialiste et soviétique) en 1929 avec la région de Khoudjand. La culture est à la fois soviétisée et « tadjikisée », pour séparer la nouvelle république de son contexte iranien, russifée (Staline impose l’alphabet cyrillique). Le tadjik est cantonné dans les campagnes. Pendant la période de la glasnost, en 1989, le tadjik devint langue officielle, l’alphabet arabe fut ré-adopté.  

                 Peuplé en 2021 d’environ 9, 75 M habitants, les Tadjiks sont le groupe ethnique très majoritaire. ( Ils sont aussi 4 M en Afghanistan, environ 2 M en Ouzbékistan, et 3 300 au Kirghizstan et en Chine). Les populations du Haut-Badakhchan, dans le Pamir, confondues avec les Tadjiks par les Soviétiques, parlent d’autres dialectes du groupe iranien. On distingue deux groupes de Tadjik : les Pamir et les Yagnob dans le bassin de la Zeravchan.  Puis les Ouzbeks (1/4 de la population dans les villes et la vallée de Ferghana).  Ouzbekhs et Russes ont massivement émigré depuis l’indépendance (1991) et  surtout pendant la guerre civile qui s’ensuivit. Ceux que les Russes appellent Gornyi Tadjik  habitent les montagnes de l’Hindū Kūch et du Pamir, ils sont l’un des plus anciens peuplements d’Asie centrale et, isolés, hors les groupes du Pamir, qui sont ismaéliens, ce sont des musulmans sunnites. C’est la religion principale à la différence de l’Iran, chiite. De toutes les anciennes « Républiques musulmanes » de l’U.R.S.S., c’est au Tadjikistan que « le fondamentalisme est le plus vivace ».

                  Le Tadjikistan accède à l’indépendance en septembre 1991 à la suite de la dissolution de l’URSS. Les musulmans prouvèrent rapidement que l’islam n’avait pas disparu. Ils se heurtent aux communistes.  Deux mois plus tard, l’ancien premier secrétaire du parti communiste tadjik, Rakhmon Nabiev, est élu président de la République. « L’opposition regroupe un ensemble hétéroclite, des démocrates, des nationalistes, des régionalistes du Pamir et des islamo-conservateurs », unis contre le leader communiste. L’exacerbation des revendications politiques, économiques et sociales débouche en mai 1992 sur une vraie guerre civile, à partir de clivages idéologiques et  régionaux : le camp communiste, soutenu par Moscou regroupe Khodjent et Koulab, tandis que les démocrates se concentrent dans  la capitale et les islamo-conservateurs sont issus de la région montagneuse de Gharm, au centre du pays. La guerre civile vide le pays de ses cadres d’origine européenne et remplit les cimetières (30 000 morts ou 60 000 morts ? Un million de déplacés). Sous l’égide de l’ONU, un accord de paix qui établit un gouvernement d’union est signé à Moscou en  1997. La situation ne sera à peu près stabilisée qu’en 2000. Le pays est à reconstruire.

            Mais l’amitié entre les peuples ne règne pas vraiment avec les voisins kirghiz, après une guerre entre frères, voici une quasi guerre-larvée-avec les voisins, près de la moitié des 970 km de frontières sont contestés entre les deux pays et sur son tracé, lors d’affrontements entre garde-frontières comme en juin 2022, des tirs ont été échangés et il y a des blessés des deux côtés. Les communautés frontalières de ces deux États pauvres issus de l’ex-Union Soviétique s’affrontent régulièrement pour l’approvisionnement en terre et en eau.

FEMMES TADJIK EN HABITS TRADITIONNELS. Source: non identifiée

             Le gouvernement du Canada et le Guide du Routard n’ont pas la même vision du pays ; le premier recommande une extrême prudence le long de la frontière avec l’Afghanistan, point de passage pour les narcotrafiquants et autres contrebandiers . Signale l’existence de champs de mines balisées et non balisées le long des frontières d’Afghanistan. Le narcotrafic est également une importante source de revenus pour le pays ; d’après l’ONUDC, 200 kg d’héroïne en moyenne  et beaucoup d’armes  venant d’Afghanistan transiteraient chaque jour par le Tadjikistan,  du Kirghizistan et de l’Ouzbékistan surtout dans la vallée de Ferghana, où la frontière tadjike touche l’est de l’Ouzbékistan et le sud du Kirghizistan. Longtemps handicapé par la guerre civile qui a embrasé son territoire et la guerre qui a fait rage dans l’Afghanistan voisin, entre 2019 et 2020 le tourisme a fortement baissé.

              Le second quant à lui vante un nouveau champ de découvertes pour les amateurs de paysages vierges, de treks inédits, ou de longues virées à vélo. C’est quand même par ici, à quelque 100 kilomètres au sud de Douchanbé, que des touristes américains, néerlandais et suisses ont trouvé la mort en 2018. Deux autres touristes, ont été blessés et un touriste français est sorti indemne.

                L’économie du Tadjikistan dépend essentiellement de l’exportation de matières premières minérales comme l’or, l’argent, l’antimoine, des pierres précieuses découvertes dans le Pamir (les fameuses « larmes de sang ») et du coton. Son industrie d’aluminium dépend des importations en alumine. Et des richesses naturelles importantes mais encore peu exploitées, un important potentiel hydroélectrique (notamment le barrage de Nourek), qui réduit le coût de l’électricité, dont l’industrie de l’aluminium est une très grande consommatrice. Ses principaux partenaires commerciaux sont la Turquie (y exporte aluminium et coton), l’Ouzbékistan (ciment et zinc) et la Suisse (exportation d’or). 

     La culture du coton, très présente au Tadjikistan est à la source de la plupart des problèmes écologiques actuels du pays. Outre la désertification induite par le gaspillage massif de l’eau dû à cette culture, l’emploi massif d’engrais chimiques a exposé la population agricole à une importante contamination dont les conséquences sanitaires sont toujours présentes.

       Le Tadjikistan était déjà le pays le plus pauvre de l’ancienne URSS, il était même l’un des pays les plus pauvres au monde. Son économie est fragile, dépendante de ses exportations d’aluminium et de coton qui ont perdu le marché de l’ex-URSS. Le pays est aussi dans un cycle de privatisation, des petites unités de productions (totalement depuis 1999) et de celles plus importantes (toujours en cours). En 2006, le gouvernement a entrepris certaines renationalisations ; de nombreux ex-sovkhozes et ex-kolkhozes sont toujours aux mains de l’État ou sous son influence.

Des Tadjiks célèbres ?

            Jurabek Nabiev (né en 1941) : chanteur et joueur de luth rawap (instrument à cordes pincées, dont la table d’harmonie est une peau, un peu comme le banjo). Interprète prestigieux du shashmaqôm tadjik.

           Ahmad Shah Massoud (1953-2001) Le « commandant Massoud » était un Tadjik, né dans la vallée du Panshir, en Afghanistan. Il a combattu les Soviétiques puis les talibans. Assassiné.

Ahmad Shah Massoud. https://www.pakistantoday.com.pk/

           Rasul Bokiev (né en 1982), judoka (moins de 73 kg), est le premier médaillé olympique tadjik (bronze, Pékin, 2008).

         Ismoïl Somoni (Ismail ibn Ahmad, mort en 907), émir samanide de Transoxiane et du Khorassan, a donné aux Tadjiks leur première expression politique.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Les raisins, toutes utilisations confondues, occupent environ 38 600 hectares au Tadjikistan. Sur cette superficie, 33 700 hectares sont des vignobles en production et ils produisent environ 230 000 tonnes de raisin. Le rendement moyen en 2019 était de 3 650 kg par hectare. La majorité de la superficie est réservée aux raisins de table, la superficie pour les raisins de cuve ne représentant tout au plus quelques centaines d’hectares. Alors que la viticulture de table se porte bien, la production de vin est en grande difficulté par manque de matière première et à cause de l’obsolescence des outils de production.

En 2020, le Tadjikistan a exporté pour 27 000 Euros de vins de raisin, vin fortifié ou moût, ce qui en fait le 147e exportateur mondial et le 444e produit le plus exporté au Tadjikistan. La principale destination des exportations est la Slovaquie.

En 2020, le Tadjikistan a importé pour 362 000 Euros de vins de raisin, vin fortifié ou moût, , devenant ainsi le 184e importateur de vins de raisin, vin fortifié ou moût, dans le monde et le 946e produit le plus importé au Tadjikistan. La provenance des imports est : Géorgie (163 000 Euros), Pologne (74,200 Euros), Moldavie (33,500 Euros), Ouzbékistan (24,400 Euros) et France (15 300 Euros).

Le marché du vin tranquille au Tadjikistan était de 4,00 millions USD (calculé en prix de détail) en 2015.

La consommation enregistrée par habitant chez les adultes est d’environ 0,4 litre d’alcool pur et on pense qu’elle a diminué ces dernières années. Cependant, la majorité de la consommation d’alcool n’est pas enregistrée et il faut ajouter environ 3,0 litres par capita de consommation . La consommation totale d’alcool pur par habitant et par adulte au Tadjikistan est donc d’environ 3,4 litres.

HISTOIRE

L’origine de la viticulture dans la région qui constitue aujourd’hui le Tadjikistan n’est pas facile à dater. La région n’est pas particulièrement hospitalière pour la viticulture. La topographie est montagneuse, plus de la moitié du Tadjikistan se situe au-dessus d’une altitude de 3 000 mètres (9 800 pieds). La pluviométrie est faible, juste à la limite d’une viticulture qui nécessite l’irrigation.  Mais, les basses terres, situées dans la vallée de Fergana (Ferghana) qui s’étend dans l’est de l’Ouzbékistan, mais également au sud du Kirghizistan et aussi    à l’extrême nord et dans la province de Khatlon au sud-ouest du Tadjikistan, ne sont pas hostiles à la viticulture.

Le Tadjikistan est le seul État issu de l’ancienne Asie centrale soviétique où la langue dominante n’est pas une langue turcique mais iranienne, le tadjik. Les Tadjiks, qui forment le groupe ethnique majoritaire (80 % de la population), appartiennent à la famille des peuples iraniens, l’un des berceaux de domestication de la vigne. Ils ont fondé des royaumes à Khwarazm (VIIIe-VIe siècles avant J.-C.), Bactriane (VIIIe-VIe siècles avant J.-C.), Sogdia (VIIIe-VIe siècles avant J.-C.), Ferghana (IIIe siècle avant J.-C. – VIe siècle après J.-C.) et Margiana (IIIe siècle avant J.-C. – VIe siècle après J.-C.).

C’est sans doute autour du quatrième siècle A.V.J.C., comme dans les pays voisins, que les premières tentatives de viticulture eurent lieu sur le territoire du Tadjikistan même si les preuves tangibles manquent dans le cadre d’une recherche documentaire.

 Au IIe siècle av. J.-C., l’envoyé chinois, Zhang Qian, qui visita de nombreuses régions d’Asie centrale, confirme qu’à Ferghana et dans tous les pays situés à l’ouest de celle-ci, la population locale fait du vin à partir de raisins : « Ils aiment leur vin comme leurs chevaux aiment la luzerne.  » Les résidents plantent habilement et dans de grands espaces des raisins (les riches – en grande quantité) et ils résistent sans dommage pendant plusieurs décennies.

Zhang Qian prenant congé de l’empereur Wudi, pour son expédition en Asie centrale de -139 à -126, peinture murale des grottes de Mogao, 618-712. Source: wikipedia.org

Même si le territoire qui constitue l’actuel Tadjikistan n’était pas la Route principale de la Soie, car la route principale passait probablement par le col d’Irkeshtam entre Kashgar et la vallée de Fergana dans l’actuel Ouzbékistan. De nombreuse routes de la Route de la Soie partent de Kashgar et passe par le col de Torugart jusqu’à Bichkek, puis Tachkent et Samarcande, car les routes modernes traversent cette route. Cette route est cependant beaucoup plus longue et éloignée que la route directe de Kashgar à la vallée de Fergana, dont une partie se trouve au Tadjikistan.

C’était donc une voie de passage et de contact de civilisation et de culture favorable aux échanges, aux nouveautés et à un certain luxe dont le raisin et le vin faisaient partie.

Les grands empires se succédèrent sur le territoire du Tadjikistan, la Perse achéménide, l’empire d’Alexandre le Grand, es royaumes de ses successeurs séleucides, puis le royaume gréco-bactrien. Au Ier siècle de notre ère, ce territoire fut absorbé dans l’Empire kouchan ; au Ve siècle, il était sous la domination des Hephtalites ou Shvetahûna. Ces nomades furent eux-mêmes remplacés par des groupes turcs ; toutes des populations dont la culture est peu susceptible d’entraver la production et la consommation de vin.

Les anciennes Routes de la Soie. Source: wikipedia.org

Les invasions arabes, au VIIIe siècle, entraînent la conversion de la majeure partie de la population à l’islam. La viticulture, fut comme dans tous les pays sous domination de l’Islam s’est réorientée vers la production de raisins de table et de raisins secs et la production de vin est devenue marginale. Mais la production et la consommation de vin ne disparurent pas comme en témoigne la littérature en particulier celle du poète Tadjik-Persan Rudaki (880/41-940).  Dans la littérature classique persane-tadjike, la description artistique du processus de fabrication du vin est une tradition ancienne. Pour la première fois dans l’histoire de la littérature persane-tadjike, Rudaki a traduit le processus de fabrication du vin en poésie après l’invasion du califat arabe. Il a transformé ce processus de production simple en une belle intrigue. Après la création du poème Modari May de Rudaki, ses disciples ont poursuivi la tradition du processus de fabrication du may (vin), utilisant habilement la métaphore et de l’animation dans leurs poèmes et musamats.

La domination arable sur la région durera jusqu’au mitan du XIXe siècle.

Statue de Rudaki à Dushanbe, Tajikistan. par Mr. Gadi Zafrir – File:Rudaky dushanbe.JPG, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/

En 1868, le Tadjikistan devient une colonie de la Russie. L’influence de la Russie sur l’industrie viticole de l’Asie Centrale commence à se faire sentir grâce à l’abondance du soleil (la somme des températures actives est de 4000-5000°C), à la diversité variétale, à des rendements généreux dans les terres irriguées. Et avec les capitaux russes qui affluent, les bases d’une viticulture industrielle sont ainsi posées sur le territoire du Tadjikistan.

La république du Tadjikistan fut créée en 1924 avec le statut de république socialiste soviétique autonome incluse dans l’Ouzbékistan, elle devient République socialiste soviétique à part entière en 1929. Sa création s’inscrivait dans le découpage de l’Asie centrale par Joseph Staline en républiques ethniques aux frontières tortueuses, alors même que les différentes nationalités, notamment Ouzbeks et Tajiks, vivaient côte à côte depuis des siècles dans les villes ou la vallée de Ferghana. Les grandes villes de Samarkand et Boukhara, qui étaient peuplées majoritairement de Tajiks, furent ainsi données à l’Ouzbékistan, et nombre de leurs habitants persanophones furent contraints de souscrire à leur nouvelle « identité » ouzbèke ou d’émigrer dans la nouvelle république tadjik.

L’époque soviétique fut l’apogée de la viticulture du Tadjikistan. À l’époque soviétique, la RSS tadjik, selon les chiffres du gouvernement, produit 6 millions d’hectolitres de vin par an. Deux millions d’hectolitres sont consommés localement. À un rendement de 10 tonnes par hectare, on peut estimer que la superficie viticole était d’au moins 60 000 hectares pour les seuls raisins de cuve.

Vallée de Ferghana. Source: non identifiée

La viticulture est donc devenue une activité rentable au Tadjikistan. En raison de la faible quantité de terres irriguées dans les années 1870, les viticulteurs ont développé   une viticulture pluviale et obtenaient de bons rendements. Plus de 16 fermes d’État de l’URSS étaient engagées dans la culture industrielle et la transformation du raisin. Il y avait des fermes viticoles d’État qui récoltaient chaque année jusqu’à 20 tonnes de raisins par hectare.

Les revenus de l’industrie du vin jusqu’en 1985 s’élevaient à 12-15% du budget du pays.

En raison de conditions météorologiques favorables et de journées ensoleillées, la teneur en sucre des raisins tadjiks était de 26 à 28 %. La disponibilité de produits de haute qualité a contribué au développement de l’industrie du vin et de la vodka. Le vin tadjik de bonne qualité a trouvé ses clients dans l’ex-Union soviétique. Les vins produits portaient les noms de  » Douchanbé « ,  » Pamir « , pour les blancs  » Vakhsh « ,  » Hissar « ,  » Jaus « ,  » Aral  » et « Tagobi », « Shirin » et « Orzu » pour les rouges, les vins de style Porto, Kurgan-Tube et « Toifi ». Chaque année, la cave Shahrtuz produisait plus de 3 millions de bouteilles de « champagne soviétique ».

L’adoption de la loi interdisant la production, la vente et la circulation du vin sec depuis 1985 a eu un impact négatif sur l’industrie vinicole au Tadjikistan. Le Tadjikistan obtient son indépendance le 9 septembre 1991 ; Il s’ensuivit une guerre civile entre partisans du gouvernement post-communiste, soutenus par Moscou, et une opposition variée, qui dura jusqu’en 1997. Elle précipita l’économie dans le gouffre ainsi que l’industrie viticole. Le pays le plus pauvre de l’Asie Centrale ne parvint pas à moderniser son industrie viticole. De nombreuses vignes de raisins de cuve furent arrachées pour laisser place à des cépages de table, plus faciles à cultiver et plus rentables dans la situation de crise que connut le pays si bien que la viticulture de raisins de cuve et sa transformation sont aujourd’hui moribondes.

Par Nozim Kalandarov. Source: https://eurasianet.org/

Les fermes d’État ne fonctionnent actuellement pas – dans certains endroits, elles ont été dissoutes, certaines d’entre elles ont été conservées sous la forme de sociétés par actions et de coopératives. L’infrastructure est tombée en ruine et il faudrait beaucoup d’argent pour la restaurer. Les prêts offerts par les banques tadjikes à 28-35% d’intérêts par an ne permettent pas à l’industrie de se développer. Les viticulteurs de l’Ouzbékistan ont relevé la filière du raisin de cuve en peu de temps grâce à l’octroi de prêts à 5 %.

L’industrie s’est orientée vers la production de raisins de table avec des cépages adaptés au profit des raisins de cuve. Le manque de compétitivité du vin tadjik et la baisse générale de sa consommation dans le pays sont d’autres raisons du retard de ce secteur.

La répartition de la consommation de boissons alcoolisées au Tadjikistan est de de 5% de vin alors que la consommation de bière est de 21% et celle de la vodka est de 71%.

La superficie des vignobles au Tadjikistan, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, est d’environ 38 000 hectares. En moyenne, 500 000 tonnes de raisins sont récoltées annuellement, ce qui équivaut à 13 tonnes de raisins ou 100 hectolitres de vin par hectare.

Le pays manque cruellement d’associations professionnelles et de centres de formation pour tous les acteurs de la chaîne de production, tant pour la transformation du raisin que pour la production de vin.

Au Tadjikistan, dans les conditions actuelles, il est difficile pour les petites et moyennes entreprises de développer cette industrie. Cela relève du pouvoir des grandes entreprises, ainsi que des investisseurs étrangers, si les conditions nécessaires sont créées pour eux. Pour l’instant, on voit mal comment l’industrie viticole pourrait se relever dans le pays le plus pauvre de l’Asie Centrale.

CLIMAT

Le climat du Tadjikistan est continental, subtropical et semi-aride, avec quelques zones désertiques. Cependant, le climat change radicalement en fonction de l’altitude. La vallée de Fergana et d’autres basses terres sont protégées par des montagnes des masses d’air arctiques, mais les températures dans cette région descendent encore en dessous de zéro pendant plus de 100 jours par an. Dans les basses terres subtropicales du sud-ouest, qui ont les températures moyennes les plus élevées, le climat est aride, bien que certaines sections soient maintenant irriguées pour l’agriculture. Aux altitudes les plus basses du Tadjikistan, la plage de température moyenne est de 23 à 30 °C (73,4 à 86,0 °F) en juillet et de -1 à 3 °C (30,2 à 37,4 °F) en janvier. Dans le Pamir oriental, la température moyenne en juillet est de 5 à 10 °C (41 à 50 °F) et la température moyenne en janvier est de -15 à -20 °C (5 à -4 °F).

Les précipitations annuelles dans les plaines, les déserts chauds du nord du Tadjikistan et les déserts froids des montagnes du Pamir oriental sont en moyenne de 70 millimètres (mm) à 160 mm, alors que dans le centre du Tadjikistan, les précipitations peuvent dépasser 1 800 mm par an. La nation reçoit des précipitations négligeables pendant les mois de juillet, août et septembre, contribuant à de fréquentes sécheresses.

Climat actuel

Source: wikipedia.org

Climat futur

TOPOGRAPHIE ET SOLS

Les basses altitudes du Tadjikistan sont divisées en régions nord et sud par un complexe de trois chaînes de montagnes qui constituent l’extension la plus à l’ouest du système du massif du Tian Shan. Essentiellement parallèles d’est en ouest, les chaînes sont les montagnes du Turkestan, du Zeravshan (Zarafshan) et de l’Hisor (Gissar). Le dernier d’entre eux se trouve juste au nord de la capitale, Douchanbé, située dans le centre-ouest du Tadjikistan.

Plus de la moitié du Tadjikistan se situe au-dessus d’une altitude de 3 000 mètres (9 800 pieds). Même les basses terres, situées dans la vallée de Fergana à l’extrême nord et dans la province de Khatlon au sud-ouest, sont bien au-dessus du niveau de la mer. Dans la chaîne du Turkestan, la plus haute des chaînes occidentales, l’altitude maximale est de 5 510 mètres (18 080 pieds). Les plus hautes altitudes de cette chaîne se trouvent à l’est, près de la frontière avec le Kirghizistan. Parce que le Tadjikistan se trouve dans une ceinture sismique active, les tremblements de terre violents sont fréquents.

La vallée de Fergahna, la région la plus densément peuplée d’Asie centrale irriguée par le Syr-darya dans son cours supérieur, s’étend sur le bras nord-est de l’Ouzbékistan et le nord du Tadjikistan. Cette longue vallée, qui se situe entre deux chaînes de montagnes – la chaîne de Kuramin au nord et la chaîne du Turkestan au sud, atteint son altitude la plus basse de 320 mètres (1050 pieds) à Khujand sur le Syr Darya. Les rivières apportent de riches dépôts de sol dans la vallée de Ferghana depuis les montagnes environnantes, créant une série d’oasis fertiles qui ont longtemps été prisées pour l’agriculture.

Les principaux sols du pays sont: Calcisols, Leptosols, Phaeozems, Solonchaks, Solonetz, Kastanozems et Chernozems.

RÉGIONS VITICOLES

Selon les ministères et départements de l’industrie, la vigne est cultivée dans 45 districts du Tadjikistan. Tursunzade, Hissar, Shahrinav, Dangara, Istaravshan, les districts de Bobojon-Gafurov sont des leaders dans le domaine de la culture du raisin. La grande majorité des raisins produits sont des raisins de table. Pour en savoir plus sur les régions viticoles, cliquez sur le lien suivant: TADJIKISTAN RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Toujours selon le ministère de l’agriculture, 50 cépages sont cultivés dans le pays. Les principaux cépages de cuves sont bayanshira, rkatsiteli et saperavi. Pour en savoir plus sur les cépages, cliquez sur le lien suivant: TADJIKISTAN CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La dernière loi date du15 mai 1997 et fut amendée le 02-01-2018. Elle règlemente la production et la circulation de produits alcoolisés mais reste une loi générale. Pour en savoir plus sur la législation et la règlementation des boissons alcoolisées au Tadjikistan, cliquez sur le lien suivant: TADJIKISTAN LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION