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TURKMÉNISTAN

DESCRIPTION DU PAYS

Achgabat vue du Sofitel . Source: Commons Wikimedia

LE TURKMÉNISTAN VU D’AILLEURS

Le TURKMENISTAN est un pays bizarre aux yeux de certains. Vaste comme l’Espagne, il n’est peuplé que de 6 millions d’habitants (comme la Finlande). Il   est victime de critiques. Sont-elles justifiées ?

           Les touristes auront du mal à le visiter, ce pays est fermé. Malgré un potentiel touristique considérable le nombre de touristes est très limité : l’Etat limite lui-même les entrées des étrangers. Il faut un visa.  Il manque d’infrastructures pour les recevoir. Au centre de l’Asie le pays est difficile d’accès. Bien qu’il soit relié par chemin de fer à tous ses voisins il n’est actuellement pas possible d’y arriver en train depuis l’étranger. Il y a aussi la barrière de la langue, l’anglais est peu parlé. On ne peut visiter que des secteurs très limités, comme par exemple la capitale, visiter d’autres régions ne peut se faire que sous certaines conditions. ». Les voyages privés sans guides ne sont pas autorisés. Les conseils du Canada sont peu encourageants : « évitez tout voyage ; vous ne devriez pas vous rendre dans ce pays. Votre sécurité personnelle est fortement compromise. Si vous êtes déjà sur place, vous devriez envisager de partir si vous pouvez le faire sans danger 

         Les amis des droits de l’homme font des reproches.Absence de pluralité politique, de liberté de la presse ou encore de liberté religieuse. L’accès à internet est surveillé et le régime a mené une politique pour supprimer les antennes satellitaires. Peu d’informations existent sur le sort des prisonniers et des prisonniers politiques.  Pour ceux qui font confiance à Human Rights Watch, « le Turkménistan reste l’un des pays les plus répressifs au monde,  affichant un bilan désastreux sur les droits de l’homme ». Les ennemis de la corruption qui font confiance à Transparency International, en 2017, constatent que le Turkménistan est 154e sur une échelle de la corruption de 176 pays. L’Internet est filtré et horriblement lent, les réseaux sociaux les plus populaires sont bloqués, (Whatsapp, Facebook, Instagram, Telegram), les locaux utilisant Imo Messenger).  Les VPN sont illégaux dit le plus grand tour opérateur européen. Le pays  est classé 177e sur les 180 pays du classement de Reporters sans Frontière, juste devant la Corée du Nord et l’Érythrée. Gmail et Google fonctionnent

        Les écologistes digèrent mal que ce pays soit le troisième plus gros émetteur de méthane (gaz à effet de serre particulièrement dangereux), 3ième pollueur du monde derrière les EU et l’URSS.  Les fuites sont nombreuses et expliquent ces importantes émissions de méthane, la ressource est tellement abondante que les travaux ne sont pas une priorité pour le pays qui possède la 4ième réserve mondiale de ce gaz.  Et dans le désert de Karakoum, qui couvre la moitié du pays, le méthane depuis cinquante ans, brûle sans discontinuer dans un gouffre de 70 mètres de diamètre et de 20 mètres de profondeur à Darvaza (« la porte de l’enfer »). En 1971, des géologues soviétiques avaient foré le sol pour évaluer la quantité de gaz qu’il contenait. Mais contre toute attente, le sol s’était dérobé, formant un cratère.  Craignant la libération d’émanations toxiques, les scientifiques y mirent le feu, pensant faire disparaître le gaz en le brûlant. Mais cinquante ans plus tard, il y en a toujours.

         Les amoureux de la démocratie s’étonnent des scores électoraux impressionnants et de la succession père – fils au pouvoir depuis l’indépendance en 1991. Sous la dictature du président à vie Saparmyrat Nyýazow – apparatchik  qui était le premier secrétaire du parti communiste de la république socialiste soviétique du Turkménistan entre 1985 et 1991- ;  puis président du Turkménistan, de 1992, jusqu’à sa mort en décembre 2006 ;  Gurbanguly Berdimuhamedow lui succèda comme président,  jusqu’à sa démission en 2022. Son fils, Serdar Berdimuhamedow lui succèda à son tour à l’issue de l’élection présidentielle de 2022.

          Les amis des animaux apprécieront que Serdar Berdimoukhamedov, le président, avait remplacé son père au poste symbolique de président de l’association nationale des chevaux akhal-teké, symbole national et depuis avril 2021, il a aussi le statut d’« honorable éleveur » d’alabais, une race de chiens révérée au Turkménistan.

Les Alabais. Source: non identifiée

           Les fans des textiles naturels noteront que la moitié des terres irriguées est utilisée pour cultiver le coton, faisant du pays le 10ième plus important producteur au monde, 2ième denrée d’exportation du pays après les hydrocarbures.

          Les curieux interrogèrent la situation de la pandémie de la Covid, en effet aucun cas ne fut déclaré sur le territoire. Alors que le système de santé du pays est très précaire, étant classé 101e sur 195 selon l’indice de sécurité sanitaire mondial. Il semble que les informations transmises par les autorités ne soient pas tout à fait crédibles.

            Les fans d’architecture apprécieront que la capitale batte des records dans le Livre Guinness, avec le plus grand nombre de bâtiments recouverts de marbre blancs (543 nouveaux bâtiments 4,5 millions de m³ de marbre blanc importé d’Italie). Achgabat détient aussi le record du « plus haut mât de drapeau dans le monde » (érigé en 2008, le mât a 133 mètres de hauteur), et de « l’un des plus grands ensembles de fontaines publiques au monde » et de « la plus grande image architecturale de l’étoile au monde ».

          Factuellement, on estimait en 2003 que la population du pays est composée de 85% (ou 91%) de Turkmènes, 5 % d’Ouzbeks, 3% d’Ukrainiens, (4 % ou 2%) de Russes et 6 % appartenant à d’autres minorités moins représentées (Kazakhs, Tatars, Arméniens, Azéris, Hazaras et Baloutches). En 2009, la CIA estimait que 89 % de la population est musulmane, 9 % chrétienne orthodoxe et 2 % d’autres. Seuls l’islam sunnite et l’Église orthodoxe russe sont enregistrées comme des organisations religieuses légales, les religions minoritaires ne sont pas reconnues par le gouvernement. Il y a aussi entre 5 000 et 10 000 Zoroastriens, surtout présents vers Mary et Merekut (Mereket), et vers la frontière iranienne. Du fait de son histoire avec l’URSS, il y aurait des agnostiques et des athées.  La langue officielle, le turkmène,  est majoritaire. Elle n’est pas comprise  pour un locuteur du turc pourtant  les deux langues font partie de la même famille des langues turques.

            Le Turkménistan est très sec, désertique, le désert du Karakoum couvre plus de la moitié de la superficie du pays. ll est traversé par le canal du Karakoum, le plus long du monde avec 1 375 km  creusé dans les années 1950 et 60 pour relier l’Amou-Daria, dont il utilise 20 % du débit, à la mer Caspienne (port de Türkmenbaşy), pour étendre les cultures de coton. Malheureusement, les fuites importantes créent des lacs et des marais, et entraînent une importante salinisation.

            Le pays est situé dans une région où le risque sismique très élevé, en 1948  un séisme toucha Achgabat tuant près de deux tiers de la population de la capitale soit près de 150 000 personnes.

            Le système économique reste dirigiste, et il   repose principalement sur le secteur de l’énergie ; 4ième ou 5iéme réserve du gaz naturel au monde, 12 % des réserves mondiales, il exporte aussi du pétrole   60 % de ses exportations.  Par gazoduc le gaz représente plus de 78% des exportations en 2020, notamment vers la Russie et surtout vers la Chine depuis l’ouverture du gazoduc d’Asie centrale – Chine en 2009. Courtisé par les pays occidentaux, le pays négocie pour assurer l’acheminement de son gaz vers l’Union européenne via la Turquie. Mais le différend sur le statut juridique de la mer Caspienne et l’absence d’accord entre tous les États riverains bloquent le projet.

             Les nostalgiques de l’ex-URSS et donc du culte de la personnalité apprécieront que Nyýazow ait fait ériger une statue de 12 m de haut, dorée à l’or fin, juchée sur une arche de 75 m de hauteur, l’Arche de la Neutralité, tournant sur elle-même dans la capitale Achgabat de manière que son visage soit toujours tourné vers le soleil. Le Ruhnama, livre qu’il aurait écrit, publié en 2001, devint un élément essentiel du système éducatif national, représentant presque un tiers du temps de la scolarité et sa connaissance étant nécessaire pour le passage d’examen, tel que le permis de conduire. Berdimuhamedow a inauguré une certaine ouverture économique, et a développé son propre culte de la personnalité, en se faisant appeler Arkadag (le protecteur), sa statue dorée à l’or mesure 21 m, dressée sur un socle en marbre. 

Statut de Nyýazow. Source: By Dave Proffer – stans08-036, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/

Malgré des ressources naturelles importantes, dont du pétrole et du gaz naturel, la population continue de vivre dans une grande pauvreté.

L’histoire du Turkménistan s’étend sur plusieurs millénaires, comme l’atteste le site archéologique de Gonur-depe, dans le désert du Karakoum. Fondée il y a environ quatre mille ans et mise au jour dans les années 1950 par l’archéologue soviétique Viktor Sarianidi, c’était l’une des villes principales de la culture de l’Oxus. Les vestiges de l’ancienne route de la soie vont de la Chine centrale jusqu’à la côte méditerranéenne, passant par le Turkménistan. Depuis le Ve siècle, des tribus nomades turcophones sont implantées dans les régions désertiques d’Asie centrale. Elles sont alors sous la domination des khans mongols.  Puis elles furent  soumises par l’Empire russe entre 1860 et 1870 :  les conquêtes  s’arrêtant aux frontières de l’Afghanistan, institué comme état tampon par les Anglais qui colonisent l’Inde, qui deviendra un empire, en 1876. En 1921, les autorités soviétiques du Turkménistan interdirent les mariages d’enfants, les mariages forcés et la polygamie. En 1924, le République socialiste soviétique du Turkménistan fut créée sur les frontières actuelles. La création de la république vit la sédentarisation forcée des Turkmènes, devient la République socialiste soviétique du Turkménistan en 1925 à la suite de la révolution d’Octobre et l’établissement de l’Union soviétique. Le 27 octobre 1991 eut lieu la proclamation d’indépendance du Turkménistan.

 Peu de Turkmènes sont célèbres hors de leurs frontières. Mais…

                    Les chevaux turkmènes sont très célèbres. Voir :https://www.advantour.com/fr/turkmenistan/treasures/akhaltekins.htm

Source: Par Kerri-Jo Stewart from Vancouver, Canada — Independence Day Parade, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/

                     Célèbres eux aussi : « les très mal-nommés tapis de Boukhara », sont une spécialité turkmène.  Ils sont très célèbres dans le monde entier (laine de mouton parfois consolidée avec de la soie) ; ils  sont d’excellente qualité. (3 000 à 6 400 nœuds au décimètre carré).  Le rouge domine, obtenu à partir de la garance. Il est la trame de fond avec les motifs répétitifs, les göl, symbolisant l’empreinte du chameau sont les plus courants. Le Turkménistan produit aussi des kilims décorés de motifs géométriques évoquant l’univers nomade et le zoroastrisme.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

La viticulture au Turkménistan remonte probablement à 2 000 ans avant notre ère mais elle périclita suite à la domination musulmane et à l’invasion des Mongols avant de refaire surface longtemps après sous la domination russe et soviétique à partir du mitan du XIXe siècle.

Avec une somme de température active totale entre 4 000 et 5 600 °C, la viticulture est celle d’un pays très chaud, aride. Elle s’étend sur environ 28 000 hectares de vignes irriguées principalement autour de la ville Achgabat dans le sud du pays. 70% des raisins sont réservés à la cuve. Mais, les deux principaux cépages principaux du pays sont polyvalents et peuvent être utilisés pour la cuve ou pour la table suivant les besoins. La majorité des vins produits sont des vins doux et liquoreux. Il existe quelque 180 fermes viticoles qui vendent leur raisin à 8 centres de vinification spécialisés sous le contrôle de l’État (au travers de l’Association de l’industrie alimentaire) à un prix fixe d’environ 70 Euros la tonne.

En 2020, le Turkménistan a importé pour 985 000 Euros de vins de raisin (vin, vin fortifié ou moût), principalement de : Géorgie, Royaume-Uni, Lituanie, Biélorussie et Espagne. Les exportations sont faibles et se montaient à 196 000 Euros.

La consommation par capita était de 6,79 litres de vin par an en 2019. Les Turkmènes consomment 30% de vin, 52% de spiritueux et 9% de bière.

HISTOIRE

Le Turkménistan actuel regorge de vigne à l’état sauvage.  Dans les gorges du Kopet-Dag (la grande chaîne de montagnes qui marque la frontière entre avec l’Iran), parmi les bosquets denses de genévriers à feuilles persistantes, qui s’étendent le long de nombreux ruisseaux de montagne, des lianes de raisins sauvages pendent aux cimes des arbres séculaires, formant souvent des fourrés impénétrables. De nombreuses preuves archéologiques de l’ancienneté de la viticulture et de la vinification dans l’actuelle région du Turkménistan existent et ont été recueillies. La viticulture domestiquée pourrait donc être très ancienne dans cette région.  Des fouilles archéologiques sur le site de Gonur-depe, un site archéologique daté de 2 400 à 1 600 avant notre ère, et situé à environ 60 km au nord de Mary, au Turkménistan, a révélé l’existence d’une grande colonie au début de l’Âge du Bronze. C’était la « capitale » ou la principale colonie du complexe archéologique Bactria-Margiana[1].  Ce site, fouillé en 1989, contenait des graines de raisin et quelques pédoncules de raisin (tiges) ont également été récupérés. Plusieurs des graines ont une tige allongée, qui serait caractéristique de vignes cultivées (Naomi F. Miller). Selon la paléobotaniste Liliya Sataeva de l’expédition archéologique de  Margiana de l’Académie des sciences de Russie, des pépins de raisin trouvés dans les foyers de Gonur -depe étaient des grains broyés, ce qui permet de les identifier comme du marc de raisin après avoir été pressé. Des offrandes funéraires inhabituelles ont aussi été trouvées dans l’une des tombes souterraines de la nécropole royale de Gonur. Il s’agit d’une trentaine de vases en céramique piriformes du même type, de 70 à 75 centimètres de haut, qui ont vraisemblablement été autrefois remplis de vin.

Gonur-Depe. Vases à vin. IIe millénaire av. J.C. Source: Seven_Thousand_Years_of_Viticulture

A l’époque de la campagne d’Alexandre le Grand en Asie centrale (330-327 A.V.J.C.), le raisin était cultivé assez couramment. Les informations à ce sujet sont fournies principalement par des auteurs gréco-romains et se réfèrent principalement à l’Hyrcanie et  Margiana[2] . Pour décrire Hyrcanie, une oasis fertile dans la partie sud-est de la mer Caspienne (aujourd’hui le territoire du sud-ouest du Turkménistan), Diodorus Siculus dans sa bibliothèque historique en plusieurs volumes, écrit : «Alexandre est tombé sur les soi-disant« villages heureux »- ils l’étaient vraiment . Ce pays surpasse les autres par sa fécondité. On dit que chaque cep leur donne un mètre de vin. (Un mètre est une ancienne mesure de liquide, égale à environ deux seaux.) Strabon, un jeune contemporain de Diodore, répète la même information, ajoutant que « les abeilles essaiment sur les arbres et le miel coule des feuilles ».

À en juger par les nombreux rapports sur le développement de la viticulture, cette activité était d’une grande importance commerciale à l’époque parthe.  Strabon caractérise Les vallées parthes orientales de Gerirud-Tejen et Murgab par les mots suivants : « Le pays produit beaucoup de vin, et ça dure depuis des générations »

Il est repris par Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle : « La Margiane, célèbre pour son climat ensoleillé, est la seule région où l’on cultive la vigne ».  Dans les régions à l’est de Margiana, selon l’historien Romain Quintus Curtius Rufus, « … la vigne et les arbres, adaptés à un climat si rude, sont à moitié recouverts de terre pendant tout l’hiver, et après la fonte des neiges, elles sont à nouveau exposées à l’air et au soleil ».

Pline l’Ancien. Source: https://fr.vikidia.org/

Pour le professeur d’archéologie Mikhail Masson qui a compilé le résumé le plus volumineux des données sur la viticulture au Turkménistan « les grains de raisin à l’époque parthe étaient utilisées frais pour la nourriture, séchés pour faire des raisins secs-kishmish, très probablement ils étaient bouillis dans de la mélasse, qui remplaçait le miel, mais ils étaient principalement utilisés pour la production de vin ».

Lors des fouilles menées à Nisa par Mikhail Masson, une grande ville dont les ruines sont situées à la périphérie ouest de l’Achgabat moderne, un grand entrepôt de vin y a été découvert. Des grands pots  et des pithoi, recouverts d’albâtre à l’intérieur, atteignaient un mètre de haut et contenaient 100 à 150 litres de vin et l’entrepôt en contenant environ cinq cents.  Plus remarquable encore que l’entrepôt, c’est la merveilleuse collection de textes que les fonctionnaires entretenaient sur le stockage du vin. Ils contiennent des informations générales sur le vin accepté pour le stockage. Les informations étaient compilées selon un formulaire unique : la quantité de vin et son origine (de quel vignoble il provenait), la catégorie, la fonction, le nom et le lieu de résidence du fournisseur et la date. Des enregistrements étaient souvent ajoutés concernant l’utilisation ultérieure du vin, restitué, aigre, fourni à crédit etc.

Les fameux rhytons« vase à boire en forme de corne » sont probablement la découverte la plus importante de Nisa, directement liée à la viticulture et la vinification . Ils ont été découverts en 1948 et sont depuis devenus un exemple classique de l’art de l’Orient hellénisé. Dans le Turkménistan moderne, ce sont des symboles du patrimoine culturel national. L’ivoire a servi de matériau principal pour fabriquer des rhytons. 

Selon l’académicienne Galina Pugachenkova, la première chercheuse des rhytons de Nisa, les populations avaient sans aucun doute leurs Dionysies (  festivités religieuses annuelles dédiées au dieu Dionysos dans la Grèce antique ) quels que soient les noms locaux qu’elles portaient.

Ryton de Staraïa Nisa. Source: Seven_Thousand_Years_of_Viticulture

La conquête arabe de l’Asie Centrale porta un coup dur à l’industrie du vin mais, la viticulture de l’Asie centrale survécut quoique que pour l’islam, le vin figure parmi les produits interdits.  Mais les traditions locales étaient plus fortes. Les poèmes de l’Arabe Omar Khayyam sur la consommation de vin sont bien connus.  Dans l’un de ses quatrains, il écrit : « au printemps, je vais quelques fois m’asseoir à la lisière d’un champ fleuri. Lorsqu’une belle jeune fille m’apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut. Si j’avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu’un chien. »

L’invasion mongole au début du XIIIe siècle causa de graves dommages à l’agriculture dans toute l’Asie centrale. Les systèmes d’irrigation furent détruits et la viticulture, dans ce pays où il ne pleut guère, périclita. Il fallut attendre deux siècles pour que la viticulture soit restaurée dans ses principales régions.  Ainsi, aujourd’hui, des vignes ordonnées cohabitent avec des espèces sauvages dans les gorges et les vallées fluviales, Il y a un consensus parmi les botanistes : beaucoup de vignes sont devenues sauvages à la suite de la désolation générale qui a prévalu dans ces zones suite à l’invasion mongole et que, pour diverses raisons, les habitants ont quitté.

Omar Khayyam. Source: https://commons.wikimedia.org/

Annexé par l’Empire russe en 1881, le Turkménistan figura plus tard en bonne place dans le mouvement antibolchevique en Asie centrale. Le développement de la viticulture a été facilité par la transition de la population vers un mode de vie sédentaire et l’adhésion de la région à la Russie dans les années 80 du XIXe siècle. En 1900, 500 hectares étaient occupés par des vignes, en 1914 il y en avait 1500 hectares. Pendant la Première Guerre mondiale, des guerres civiles et l’intervention étrangère, une partie de la superficie des plantations de vigne a été détruite. Le développement de la viticulture industrielle au Turkménistan a commencé après l’établissement du pouvoir soviétique.  En 1925, le Turkménistan devient une république constituante de l’Union Soviétique, la République Socialiste Soviétique Turkmène (RSS turkmène). Pendant la « Grande Guerre patriotique »( 1939-1945), des milliers de familles furent évacuées de la zone du front vers le Turkménistan. Leur maigre pitance ne leur permet pas d’avoir un régime alimentaire différent du régime des habitants. Le sucre manquait et les habitants mangeaint des raisins….. gratuits ! Il en poussait dans presque tous les jardins des villes et des villages.

En 1922, 4 180 hectolitres de vin ont été produits, en 1940, 40 000 hectolitres, en 1982 – 1 700 000 hectolitres de vin, 1 000 hectolitres   de cognac.

 Le pays devient   indépendant après la dissolution de l’Union soviétique en 1991 mais contrairement à d’autres ex- États de l’URSS, qui embrassent l’économie de marché, le Turkménistan reste largement une économie collectivisée.

Les travaux de recherche dans la république sont menés par l’Institut turkmène de recherche sur l’agriculture, la station expérimentale de Kizyl-Atrek sur les cultures subtropicales et la station expérimentale turkmène de Rothamsted. Les agronomes-vignerons sont formés par l’Institut agricole turkmène M. I. Kalinin (Achgabat) et par sa branche de Tashauz (Daşoguz) et  les écoles techniques agricoles Tejen et Chardzhou. Les résultats des travaux scientifiques et de l’expérience de production dans la viticulture et la vinification sont couverts dans les revues « Izvestia de l’Académie des sciences du Turkménistan » (série biologique) et « Agriculture du Turkménistan ».


[1] Margiana est une région historique centrée sur l’oasis de Merv dans la vallée de la rivière Murghab qui prend sa source dans les montagnes de l’Afghanistan, et traverse le district de Murghab dans l’Afghanistan moderne, puis atteint l’oasis de Merv dans le Turkménistan moderne.


[2] Bactria-Margiana ou « civilisation de l’Oxus », sont des appellations qui servent à désigner une civilisation interculturelle qui s’est épanouie entre la Bactriane et la Margiane (Turkménistan, Ouzbékistan et Afghanistan actuels) entre la fin du IIIe et le début du IIe millénaire av. J.-C. (c. 2300-1700).

Frise d’un des rhytons avec une scène de bacchanale. Source:Seven_Thousand_Years_of_Viticulture

CLIMAT

Le Turkménistan a un climat désertique froid, sévèrement continental. Les étés sont longs (de mai à septembre), chauds et secs, tandis que les hivers sont généralement doux et secs, bien que parfois froids et humides dans le nord. La plupart des précipitations tombent entre janvier et mai ; les précipitations sont faibles dans tout le pays, avec des moyennes annuelles allant de 300 millimètres (11,8 pouces) dans le Kopet-Dag à 80 millimètres (3,15 pouces) dans le nord-ouest. La capitale, Achgabat et la principale région viticole, près de la frontière iranienne dans le centre-sud du Turkménistan, reçoit en moyenne 225 millimètres de précipitations par an. Les températures annuelles moyennes varient de 17,5 °C (63,5 °F) à Achgabat à 12,8 °C (55,0 °F) à Daşoguz (aussi une région viticole), à la frontière ouzbèke dans le centre-nord du Turkménistan. Les vents presque constants sont du nord, du nord-est ou de l’ouest.

Le 28 juillet 1983, la réserve d’État de la biosphère de Repetek, au sud de Türkmenabat, a enregistré une température de 50,1 °C (122,2 °F), soit la température la plus élevée jamais enregistrée au Turkménistan.

Climat actuel

Source: wikipedia.org

Climat futur

TOPOGRAPHIE ET SOL

Le territoire du Turkménistan se compose d’un désert de sable plat à vallonné, le Karakoum, avec ses dunes s’élevant lentement vers le sud ; au moment où ils atteignent la frontière avec l’Iran, ils deviennent les basses montagnes connues sous le nom de Kopet-Dag. La mer Caspienne baigne les rives occidentales de ce pays essentiellement aride.

L’altitude moyenne du Turkménistan est de 100 à 220 mètres, son point culminant étant le mont Aýrybaba (3 139 m) dans la chaîne du  Köýtendag du massif de  Pamir-Alay au sud-est, et son point le plus bas étant la dépression d’Akjagaýa dans le lac Sarygamysh, à près de 100 mètres sous le niveau de la mer.  Le mont Arlan s’élève brusquement au-dessus du niveau de la mer dans la chaîne du Grand Balkhan dans l’ouest du Turkménistan (province des Balkans), et a une proéminence topographique à peine plus courte que sa hauteur. Près de 80% de la république se trouve dans la dépression de Touran, qui s’incline du sud au nord et d’est en ouest.

Les montagnes du Turkménistan comprennent 600 km de la partie nord de la chaîne du Kopet-Dag, qu’il partage avec l’Iran. La chaîne de Kopet-Dag est une région caractérisée par des contreforts, des pentes sèches et sablonneuses, des plateaux montagneux et des ravins escarpés ; Le mont Şahşah (2 912 m), également connu sous le nom de mont Rizeh, au sud-ouest d’Achgabat, est le point culminant de la chaîne de Kopet Dag au Turkménistan. Le Kopet-Dag , région montagneuse,  comme toutes celles de la Terre, subit les effets des mouvements de l’écorce terrestre ce qui signifie que la région est menacée par des tremblements de terre comme celui qui a détruit Achgabat en 1948. Les plateaux de Krasnovodsk et d’Üstýurt sont les principales caractéristiques topographiques du nord-ouest du Turkménistan.

Une caractéristique dominante du paysage de la république est le désert de Garagum (également connu sous le nom de Karakoum), qui occupe environ 350 000 kilomètres carrés. Les vents changeants créent des ondulations désertiques qui s’étendent de deux à vingt mètres de hauteur et peuvent avoir plusieurs kilomètres de longueur. Les chaînes de telles structures sont courantes, tout comme les élévations abruptes et les dépôts d’argile lisses et concretions formés par l’évaporation rapide des eaux de crue dans la même zone pendant un certain nombre d’années. De grandes salines marécageuses, formées par capillarité dans le sol, existent dans de nombreuses dépressions, y compris le Garaşor, qui occupe 1 500 kilomètres carrés au nord-ouest. Le désert de Sandykly à l’ouest de la rivière Amu Darya est l’extrémité la plus méridionale du désert de Qizilqoum, dont la majeure partie se trouve en Ouzbékistan au nord-est.

Près de 80% du territoire du Turkménistan n’a pas de source constante d’écoulement d’eau de surface. Ses principaux cours d’eau se situent uniquement dans les périphéries sud et est ; quelques rivières plus petites sur les pentes nord du Kopet dag sont entièrement détournées vers l’irrigation. Le fleuve le plus important est l’Amou-Darya, qui a une longueur totale de 2 540 km , c ‘est le plus long fleuve d’Asie centrale. ll forme les frontières sud de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan puis traverse le nord-est du Turkménistan, puis coule vers le nord pour se jeter dans la mer d’Aral. Les barrages, l’irrigation à partir de de l’Amou-Darya ont eu de graves effets environnementaux sur, conduisant à la presque disparition de la mer d’Aral.

Source: researchate.net

RÉGIONS VITICOLES

La majeure partie du vignoble est située dans les régions d’Achgabat, près de la ville de Mary ainsi qu’à Chardjou / Türkmenabat. Il existe aussi un peu de viticulture dans le vilayet de Dashoguz. Pour le détail des régions viticoles du Turkménistan, cliquez sur le lien suivant: TURKMÉNISTAN RÉGIONS VITICOLES

CÉPAGES

Deux variétés occupent la majeure partie de l’encépagement, kara usyum ashkhabadskii (rouge) et Terbash (blanc). Pour le détail de cépages du Turkménistan, cliquez sur le lien suivant: TURKMÉNISTAN CÉPAGES

LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La viticulture et la vinification sont ne règlementées qu’à minima et sous le contrôle de l’État. Pour en savoir plus sur la législation et la réglementation turkmènes sur les vins, cliquez sur le lien suivant: TURKMÉNISTAN LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION