GAILLAC PREMIÈRES CÔTES AOP

Corrèze AOP par J.Uztarroz (hors échelle)

L’APPELLATION

L’appellation Gaillac premières côtes est réservée aux vins blancs secs tranquilles élaborés sur le territoire de certaines  communes du département du Tarn

HISTOIRE

Selon R. DION (Histoire de la vigne et du vin en France : des origines au XIXème siècle – 1959) et M. LARCHIVER (Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français – 1988), le vignoble de « Gaillac » est l’un des plus anciens vignobles de France.
Au cours de l’expansion du vignoble méditerranéen vers les régions de l’Ouest, au Ier siècle avant notre ère, « Gaillac » est un des premiers avant-postes de la viticulture romaine.

Montans, village voisin de la ville de Gaillac, situé sur la rive gauche du Tarn, est, au IIème siècle, un important centre de fabrication de poteries et notamment d’amphores et de vases vinaires.
À l’évidence, la présence du Tarn favorise le transport des vins, via la Garonne, vers Burdigala et l’océan Atlantique.

Après la chute de l’Empire romain, le vignoble périclite, arraché ou brûlé par les razzias barbares.
Les moines le réhabilitent à partir de l’an 900.
Le vignoble originel du gaillacois s’étend au cœur de la zone géographique des « premières côtes ».

D’après J. L. RIOL (« Le vignoble de Gaillac depuis ses origines jusqu’à nos jours et l’emploi de ses vins à Bordeaux » – 1913), un des premiers actes officiels, datant de 920, et mentionnant le vignoble est une donation par l’archidiacre BERNASSERT, aux chanoines d’Albi, de divers « crus » des environs de Gaillac dont Sainte-Cécile d’Avès et Laborie situés dans la zone géographique des « premières côtes ».

Les grands promoteurs du vignoble sont cependant les bénédictins qui construisent l’abbaye Saint-Michel en 972 en bordure de Tarn, dans la ville de Gaillac. Cette bâtisse abrite, en 2010, la maison des vins.
Sous l’impulsion des moines, les vins de « Gaillac » sont, dès cette époque, particulièrement soignés et traités. En 1221, les consuls de Gaillac et Rabastens établissent une charte de respect des bonnes pratiques viticoles allant de la sélection des cépages et des sites d’implantation, au choix des bois des barriques, en passant par le ban des vendanges, l’interdiction de fumer la vigne et l’interdiction d’introduire des vins « étrangers ».
Les vins de « Gaillac » vont acquérir alors une notoriété jusqu’en Angleterre et en Hollande, où ils sont acheminés via le Tarn et le port de Bordeaux. Conscients de la qualité de leurs vins, les consuls de Gaillac estampillent leurs futailles d’une marque à feu représentant un coq, protégeant ainsi de toute pratique frauduleuse, les vins alors dénommés « vins du coq » (le coq est toujours l’emblème de la ville de Gaillac).
Puis les guerres avec l’Angleterre et la Hollande, au cours des XIVème et XVème siècles, ont pour conséquence un saccage du vignoble par les mercenaires.
En 1789, les révolutionnaires vendent le domaine de l’abbaye Saint-Michel aux bourgeois et aristocrates, mais aussi à des paysans. Un commerce s’établit avec Paris, conforté par l’arrivée du chemin de fer à la fin du XIXème siècle, sonnant le glas de l’activité portuaire de Gaillac, Lisle-sur-Tarn et Rabastens.

La crise du phylloxéra touche le vignoble vers la fin des années 1870. Après le phylloxéra, le vignoble est replanté essentiellement avec le cépage mauzac B pour les vins blancs.
Le 21 décembre 1922, un jugement du Tribunal de Gaillac reconnaît le droit à l’appellation d’origine « Vin de Gaillac » aux vins blancs élaborés sur le territoire de l’ensemble des communes de l’ancien arrondissement de Gaillac.
Ce jugement ne promulgue pas de reconnaissance particulière pour les « premières côtes » mais cite déjà « Qu’ainsi ce vin se récolte partout dans l’arrondissement (…) soit sur les grandes côtes de la rive droite avec leurs versants rapidement inclinés, dont l’un, exposé au sud, porte notamment les vins blancs somptueux de Senouillac, Laborie, Boissel, Sainte-Cécile, Saurs, etc., jusqu’à Rabastens inclus ; l’autre, exposé au Nord, les vins riches de Salettes, de Cahuzac et Arzac, etc., (…) ».
Le syndicat des vignerons du gaillacois est fondé le 20 juin 1923 et demande la reconnaissance d’une appellation d’origine « Gaillac premières côtes ». Le décret du 21 mars 1938 définit les appellations d’origine contrôlées « Gaillac » et « Gaillac premières côtes », avec une même zone géographique, mais des conditions de production différentes.
En 1947, une commission d’experts procède à une délimitation parcellaire précise pour la récolte des raisins destinés à la production de l’appellation d’origine contrôlée « Gaillac premières côtes » et suggère de fixer des règles de production plus rigoureuses , afin de réhabiliter cette appellation d’origine contrôlée.
G. KUHNHOLTZ-LORDAT précise ainsi dans sa « Genèse des Appellations d’Origine des Vins », en 1963 : « …tout vin de 10,5° avait droit à l’appellation « Gaillac » et tout vin de 11,5° était qualifié « Premières côtes ». Il y avait là un emploi abusif, une équivoque, préjudiciable aux vignobles situés sur les premières pentes de la rive droite du Tarn, celles qui ont établi la réputation (…) ».
Ainsi, traduisant les usages, l’aire parcellaire délimitée pour la récolte des raisins destinés à la production de l’appellation d’origine contrôlée « Gaillac premières côtes » est approuvée en 1951, sur le respect de critères relatifs à la topographie et la géo-pédologie des parcelles, le mésoclimat et la dégustation des vins produits.
En 2008, une superficie de 20 hectares est exploitée par une dizaine de producteurs indépendants.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique s’insère au sein de la zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Gaillac ».
Les raisins sont récoltés sur des parcelles situées sur les « premières côtes de Gaillac », entité géographique bien définie, correspondant aux premiers coteaux de la rive droite du Tarn, dominant la vallée du Tarn. Ces coteaux forment un arc de cercle ouvert sur la vallée et orienté vers le sud/sud-est, correspondant au bassin versant du Tarn.
Le substratum géologique est constitué de dépôts molassiques hétérogènes du Tertiaire datant de l’Oligocène, mais surtout du Stampien, et issus de l’orogénèse pyrénéenne. Les formations de grès sableux, de marnes plus ou moins calcaires et d’argiles parfois pures se succèdent.
Les sols développés sur ces formations sont variés. Sur les sommets des coteaux, les sols sont des sols bruns calcaires ou calciques, localement argilo-sableux, sableux voire graveleux.
Les pentes présentent des sols argilo-calcaires moyennement profonds, avec des sols plus argileux sur certains versants nord.
Sur les bas de pente, s’accumulent des colluvions argilo-sableux, plus ou moins décalcifiés et localement graveleux.
Les coteaux sont découpés par le réseau hydrographique formant des vallées parfois larges et plates où se sont déposées des alluvions fertiles et humides le long des ruisseaux. Certains fonds de vallons présentent des sols de colluvions mal drainés.
Les parcelles précisément délimitées pour la récolte des raisins présentent des sols caillouteux lessivés des plateaux et des sols caillouteux ou argilo-calcaires et sont situées sur des pentes à bonne exposition. L’aire parcellaire délimitée exclut les vallées et parties basses, où les parcelles présentent des sols profonds, froids et humides, et les versants abrupts mal exposés ou boisés.
En conséquence, la zone géographique qui s’étend sur le territoire de 64 communes réparties de part et d’autre de la vallée du Tarn, distingue une zone de 11 communes sur le territoire desquelles toutes les étapes de la production sont réalisées, et une zone de 53 communes sur le territoire desquelles toutes les étapes de la production sont réalisées à l’exception de la récolte des raisins.
Le paysage vallonné est caractérisé par des coteaux dont l’altitude varie entre 140 mètres et 320 mètres, aux pentes souvent très inclinées sur lesquelles la présence du vignoble est prépondérante.


Le climat est soumis principalement aux deux grandes influences, océanique et méditerranéenne. L’influence océanique est marquée en hiver et au printemps, par des précipitations fréquentes associées à des températures relativement douces. Le printemps marque une nette élévation des températures avec, dès le mois d’avril, des températures moyennes passant le seuil de 10°C. Néanmoins, la fréquence des gelées printanières est suffisamment importante pour que ce facteur soit pris en compte dans les critères permettant de définir l’aire parcellaire délimitée pour la récolte des raisins.
L’influence méditerranéenne est marquée en été et à l’automne. Les températures estivales sont élevées alors que les précipitations sont faibles, notamment au mois de juillet. La pluviométrie annuelle varie en moyenne entre 700 millimètres et 800 millimètres.
Les vents d’ouest sont dominants. Sous influence océanique, ils entraînent les formations nuageuses et les précipitations.
Un peu moins fréquent, le vent d’Autan est un vent du sud-est, chaud et sec. Exposées au sud, les pentes des « premières côtes » bénéficient d’un mésoclimat parmi les plus chauds du gaillacois.

Source: flickr.com

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins tranquilles blancs, la récolte des raisins, la vinification, l’élaboration, l’élevage et le conditionnement des vins mousseux et des vins tranquilles blancs susceptibles de bénéficier de la mention «vendanges tardives», sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département du Tarn: Alos, Amarens, Andillac, Aussac, Bernac, Bournazel, Brens, Broze, Busque, Les Cabannes, Cadalen, Cahuzac-sur-Vère, Campagnac, Carlus, Castanet, Castelnau-de-Lévis, Castelnau-de-Montmiral, Cestayrols, Combefa, Cordes-sur-Ciel, Coufouleux, Donnazac, Fayssac, Fénols, Florentin, Frausseilles, Gaillac, Giroussens, Itzac, Labastide-de-Lévis, Labessière- Candeil, Lagrave, Larroque, Lasgraisses, Lisle-sur-Tarn, Livers-Cazelles, Loubers, Loupiac, Milhavet, Montans, Montels, Mouzieys-Panens, Noailles, Parisot, Peyrole, Puycelci, Rabastens, Rivières, Rouffiac, Saint-Beauzile, Saint-Marcel- Campes, Saint-Sulpice, Sainte-Cécile-du-Cayrou, Sainte-Croix, Salvagnac, Senouillac, Souel, Técou, Tonnac, Le Verdier, Vieux, Villeneuve-sur-Vère, Vindrac-Alayrac, Virac.

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration des vins rosés, la récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins rouges sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département du Tarn: Alos, Amarens, Andillac, Arthès, Aussac, Bellegarde-Marsal, Bernac, Bournazel, Brens, Broze, Busque, Les Cabannes, Cadalen, Cahuzac- sur-Vère, Cambon, Campagnac, Carlus, Castanet, Castelnau-de-Lévis, Castelnau-de-Montmiral, Cestayrols, Combefa, Cordes-sur-Ciel, Coufouleux, Cunac, Donnazac, Fayssac, Fénols, Florentin, Frausseilles, Fréjairolles, Gaillac, Giroussens, Itzac, Labastide-de-Lévis, Labessière-Candeil, Lagrave, Larroque, Lasgraisses, Lisle-sur-Tarn, Livers-Cazelles, Loubers, Loupiac, Milhavet, Montans, Montels, Mouzieys-Panens, Mouzieys-Teulet, Noailles, Parisot, Peyrole, Puycelci, Rabastens, Rivières, Rouffiac, Saint-Beauzile, Saint-Grégoire, Saint-Juéry, Saint-Marcel-Campes, Saint-Sulpice, Sainte-Cécile-du- Cayrou, Sainte-Croix, Salvagnac, Senouillac, Souel, Técou, Tonnac, Le Verdier, Vieux, Villeneuve-sur-Vère, Vindrac- Alayrac, Virac.

AIRE DE PROXIMITÉ

Non précisée.? Aucune.

CÉPAGES PRINCIPAUX

muscadelle B, ondenc B, len de l’El B, sauvignon B, mauzac B, mauzac rose Rs

Les vins sont issus des cépages suivants :
― cépages principaux : len de l’el B, mauzac B, mauzac rose Rs, muscadelle B ;
― cépages accessoires : ondenc B, sauvignon B.

Les vins proviennent de raisins ou de vins issus obligatoirement d’au moins un cépage principal.

Dans les assemblages, la proportion des raisins ou des vins issus d’un ou des cépages principaux ne peut être inférieure à 50 % de l’assemblage.

RENDEMENTS MAXIMAUX

Le rendement butoir est fixé à 54 hectolitres par hectare.

VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES

Tout traitement thermique de la vendange faisant intervenir une température inférieure à -5°C est interdit.
Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, un titre alcoométrique volumique total de 13,5 %.

Outre la disposition ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire( UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

a) – Densité de plantation.
– Les vignes présentent une densité minimale de 4 000 pieds à l’hectare, avec un écartement entre les rangs de 2,50 mètres maximum ;
– L’écartement entre les pieds sur un même rang est supérieur ou égal à 0,80 mètre ;
– Pour les vignes conduites en gobelet, l’écartement entre les rangs est inférieur ou égal à 2,20 mètres.
– Pour les vignes plantées en terrasse, la superficie par pied est inférieure ou égale à 2,50 mètres carrés.
b) – Règles de taille.
Les vignes sont taillées.

– soit en taille courte (conduite en gobelet et cordon de Royat), ou Guyot simple avec un maximum de 10 yeux francs par pied ;
– soit en taille Guyot double (dite « tirette ») avec un maximum de 9 yeux francs par pied ;

Quelle que soit la technique de taille, le nombre de rameaux fructifères de l’année par pied, après floraison (stade phénologique 23 de Lorenz), est inférieur ou égal à 9.

L’irrigation peut être autorisée.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ». Cette unité géographique plus grande peut également figurer sur les prospectus et récipients quelconques.
Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Dernière modification du cahier des charges : 08 décembre  2011