MADIRAN AOP

Corrèze AOP par J.Uztarroz (hors échelle)

L’APPELLATION

L’appellation Madiran est réservée aux vins secs tranquilles rouges élaborés sur le territoire de certaines communes du département du Gers et du  département des Hautes-Pyrénées.  

HISTOIRE

Les archives du Prieuré de Madiran permettent d’affirmer qu’au début du XIIIème siècle, la vigne est omniprésente dans l’aire et participe de façon significative aux échanges commerciaux locaux.
Dès le XVème siècle un commerce suivi avec la Bigorre et les Pyrénées par la vallée de l’Adour se met en place. Il est attesté par de nombreux contrats, comme l’indique Francis Brumont : « de nombreux marchands bigourdans et béarnais fréquentent assidument nos quartiers pour y acquérir le précieux breuvage dont leurs cantons étaient dépourvus » (« Madiran et Saint-Mont. Histoire et devenir des vignobles. 1999). Ce commerce dure jusqu’au développement des voies de communication au XIXème siècle. Les vignerons échangeaient leur vin rouge contre du bois puis des pierres de construction qui sont encore aujourd’hui visibles dans certaines grosses fermes anciennes ou demeures de négociants en vin. La demande des montagnards concerne des vins rouges colorés et corsés. Les registres notariés des XVIème et XVIIème siècles montrent que les vignes rouges étaient cultivées selon un mode de conduite proche du mode actuel (plantation en rangs, densité proche de 4 000 pieds par hectare, palissage haut), ce qui est à l’époque un gage de qualité.

Au cours du XVIIème siècle un nouveau marché s’ouvre pour les vins rouges de la région de Madiran : ils sont vendus pour être transportés et consommés aux Antilles Françaises. Les corsaires bayonnais en buvaient une partie au passage. Leur concentration et leur potentiel de conservation au delà d’un an en font des vins aptes à supporter le long transport maritime et les températures élevées à l’arrivée.

Ces deux grands débouchés, Pyrénées et Antilles, ont orienté la production vers des vins colorés, concentrés et tanniques, à fort potentiel de garde.
Au XVIIIème siècle les cépages utilisés sont peu nombreux : au fer N et au bouchy (cabernet franc N), implantés très anciennement, s’est ajouté le tannat N, cépage très coloré et tannique, qui s’est développé en liaison avec la demande des marchés.

Aux XVIIIème et XIXème siècles, les vins rouges sont vendus sous le nom de « Madiran », terme cité pour la première fois en 1744, et ont acquis une grande notoriété. Les vins de Madiran sont notamment mentionnés dans la cargaison de la frégate « La Victoire », en avril 1757, comme le rapporte Francis Brumont dans son ouvrage déjà cité.
Dans ce secteur, la vigne fournit alors l’essentiel des revenus, ce qui le distingue des régions voisines. Elle reste cependant une culture parmi d’autres, dans un système de polyculture vivrière et d’élevage.
Le vignoble a atteint 5 000 ha à la fin du XVIIIème siècle. La taille des domaines viticoles croit, même si le Madirannais reste un pays de petites propriétés où une part importante de la terre appartient aux paysans. Quelques notables et petits nobles locaux participent au développement du commerce. Le négoce se développe au XIXème siècle et c’est lui qui définit par sa zone de collecte, l’aire de production des vins appelés Madiran.
Le syndicat des viticulteurs de Madiran est fondé en 1906, et le syndicat viticole du Vic-Bilh en 1936. Après une première tentative de M. Nabonne, maire de Madiran, qui ne fut pas couronnée de succès, l’AOC Madiran est reconnue par décret en 1948, avec une aire de production quasiment identique à celle d’aujourd’hui : seule la commune de Viella est rajoutée en 1966.
La cave coopérative de Crouseilles est créée en 1950. Celle de Saint-Mont, créée en 1948, vinifie également du Madiran.

Au XXème siècle, le vignoble à fortement décru en surface sous l’effet des maladies cryptogamiques, des deux guerres puis de l’avancée de la culture du maïs.
Depuis le début des années 1980 le vignoble s’étend régulièrement et lentement pour atteindre aujourd’hui 1 300 ha, vinifiés presque à part égale entre les caves particulières et coopératives.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique est située au sud et à l’ouest de l’Adour, sur le piémont sud des Pyrénées. Elle s’étend sur un secteur de coteaux appartenant à 5 grandes crêtes parallèles, orientées globalement nord-sud. Elle est limitée à l’est par la vallée alluviale de l’Adour et à l’ouest par un grand plateau limoneux homogène. Plus au nord, les échines continuent jusqu’à l’Adour mais perdent de l’ampleur. Au sud, les plateaux froids et limoneux prennent de l’ampleur et l’altitude croît. Les vignes sont disséminées sur les pentes dans un système de polyculture-élevage où la culture du maïs et l’élevage occupent une place prépondérante. Les versants les plus pentus sont souvent boisés. Elle comprend 37 communes réparties sur trois départements contigus : les Pyrénées Atlantiques (28 communes), les Hautes Pyrénées (6 communes) et le Gers (3 communes).

Un climat relativement homogène, doux et assez humide règne sur toute l’aire. Son caractère océanique provoque des hivers assez doux et des printemps frais et humides. Une légère tendance continentale s’observe avec des étés et des automnes chauds et souvent secs. En fin d’été et en automne, le vent du sud chaud et sec, de type « fœhn », souffle en moyenne 1 jour sur 3.
Les échines du Madirannais sont essentiellement constituées de molasse datant du Tertiaire : il s’agit de dépôts continentaux issus de l’érosion des Pyrénées, assez diversifiés mais surtout formés de marnes et de quelques bancs calcaires discontinus qui apparaissent en bas de coteaux. Au sommet de ces molasses se sont déposées des argiles à graviers puis une nappe alluviale à galets, aujourd’hui située en position sommitale. Ces formations ont subi l’érosion tout au long du Quaternaire, aboutissant à la création des cinq échines séparées par des vallées dissymétriques caractéristiques de la Gascogne : les versants en pente fortes, orientées vers l’ouest laissent apparaître la molasse à bancs calcaires. Les versants doux, orientés vers l’est sont recouverts de limons éoliens soliflués et mélangés aux dépôts sous-jacents. Sur les plateaux, au sommet des échines, la nappe à galets est recouverte également d’une épaisse couche de limons éoliens, sauf sur leurs bordures où les galets affleurent puis colluvionnent sur les pentes. Les sols associés sont de deux grands types : des sols argilo-calcaires développés sur la molasse dans les pentes ouest et des sols lessivés acides (appelés boulbènes) sur les pentes douces et les plateaux. Les boulbènes sont souvent humides et profondes, sauf quand elles sont enrichies en graviers ou galets.
La végétation marque nettement les différences de sols : les chênes pédonculés et les landes acides s’étendent largement sur les sols lessivés acides et sur les sols argileux peu calcaires alors que les chênes pubescents et les pelouses sèches se développent sur les sols calcaires souvent localisés en bas de coteaux pentus orientés vers l’ouest.

Source: https://www.vignobles-sudouest.fr

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes :
– Département du Gers : Cannet, Maumusson-Laguian, Viella.
– Département des Hautes-Pyrénées : Castelnau-Rivière-Basse, Hagedet, Lascazères, Madiran, Saint-Lanne et Soublecause.

– Département des Pyrénées-Atlantiques : Arricau-Bordes, Arrosès, Aubous, Aurions-Idernes, Aydie, Bétracq, Burosse-Mendousse, Cadillon, Castetpugon, Castillon (canton de Lembeye), Conchez-de-Béarn, Corbère-Abères, Crouseilles, Diusse, Escurès, Gayon, Lasserre, Lembeye, Mascaraàs-Haron, Moncaup, Moncla, Monpezat, Mont-Disse, Portet, Saint-Jean-Poudge, Séméacq-Blachon, Tadousse-Ussau et Vialer.

AIRE DE PROXIMITÉ

L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins, est constituée par le territoire des communes suivantes du département du Gers : Labarthète, Riscle et Saint-Mont.

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’AOC peut préciser le nom d’une unité géographique plus petite, sous réserve :

-qu’il s’agisse d’un lieu-dit cadastré;
-que celui-ci figure sur la déclaration de récolte.

CÉPAGES PRINCIPAUX

fer N, cabernet-sauvignon N, cabernet franc N, tannat N.

Les vins sont issus des cépages suivants :
– cépage principal : tannat N ;
– cépages accessoires : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N et fer N.

Le cépage tannat N représente au moins 50 % de l’assemblage des vins.

RENDEMENTS MAXIMAUX

Le rendement butoir est fixé à 60 hectolitres par hectare.

VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES

– L’éraflage de la vendange est obligatoire
– L’utilisation de pressoirs continus est interdite.
-les techniques soustractives d’enrichissement (TSE) sont autorisées dans la limite d’un taux de concentration maximum de 10 %,
– Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, un titre alcoométrique volumique total de 14 %.

Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire( UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale de 4 000 pieds à l’hectare avec un écartement entre les rangs inférieur ou égal à 2,50 mètres et une distance entre les pieds sur un même rang supérieur ou égale à 0,80 mètre.
Ces dispositions ne s’appliquent pas aux parcelles de vigne plantées en terrasse, pour lesquelles seul l’écartement entre pieds sur un même rang est supérieur ou égal à 0,80 mètre.

Les vignes sont taillées soit en taille courte (cordon de Royat), soit en taille Guyot simple ou double, avec un maximum de 15 yeux francs par pied.
Le nombre de rameaux fructifères de l’année par pied, après floraison (stade phénologique 23 de Lorenz), est inférieur ou égal à :

– 10 pour le cépage tannat N ;
– 12 pour les cépages accessoires.

– L’irrigation peut être autorisée.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser le nom d’une unité géographique plus petite, sous réserve :
– qu’il s’agisse d’un lieu-dit cadastré ;
– que celui-ci figure sur la déclaration de récolte ;

– que la taille des lettres utilisée pour le nom du lieu-dit soit de dimension inférieure ou au maximum égale à celle des lettres utilisée pour le nom de l’appellation ;
– que le nom du lieu-dit apparaisse exclusivement dans le même champ visuel que celui où sont regroupées les mentions obligatoires et figure immédiatement au dessous ou au dessus du nom de l’appellation. Modification du 13/11/2023

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine protégée peut préciser l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ».

Dernière modification du cahier des charges français : 13/11/2023

Une demande de modification du document unique a été déposée auprès de l’Union Européenne.