MONBAZILLAC AOP

Corrèze AOP par Jacqueline Uztarroz (hors échelle)

L’APPELLATION

L’appellation Monbazillac est réservée au vin blanc tranquille avec des sucres résiduels, élaboré sur le territoire de certaines  communes du département de la Dordogne.

HISTOIRE

Les terres de Mont-Bazaillac appartenaient à un prieuré bénédictin créé, à Bergerac, au XIème siècle. Les moines y défrichéèrent la colline pour y planter de la vigne. Totalement accaparés par d’autres tâches, ils délaissent un moment leurs vignes, permettant à la pourriture noble de s’y développer. Ne souhaitant cependant pas perdre le bénéfice de leur récolte, ils découvrent alors l’action bénéfique de botrytis cinerea.
La révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, oblige quelques grandes familles de la bourgeoisie huguenote à émigrer en Hollande. Cela a pour conséquence de développer d’une manière considérable le commerce des vins de « Monbazillac » vers les Flandres du Nord. Une véritable hiérarchie s’instaure dans la qualité des vins doux et la notion de crus, ou de vins de propriétés, apparaît à travers les « marques hollandaises ». Au nombre de trente deux, et toutes situées sur la côte nord de Monbazillac, elles sont estampillées au fer rouge sur les fonds des barriques et constituent le sceau personnel et la garantie des crus nobles de « Monbazillac ».

La crise phylloxérique n’épargne pas le vignoble de « Monbazillac » qui est totalement détruit en 1885.
Dix ans plus tard, avec la technique du greffage, la résurrection est en cours et à la fin de la première guerre mondiale, le tiers du vignoble est replanté.

La délimitation de la zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Monbazillac » a donné lieu à quelques procès retentissants :
– le syndicat viticole de Monbazillac assigna trois propriétaires de la commune de Pomport pour leur faire interdire de vendre leurs vins sous le nom de « Monbazillac ». Le tribunal de Bergerac débouta le syndicat en décembre 1921, jugement confirmé par la cour d’appel de Bordeaux en novembre 1924,

– de même, en mars 1934, le tribunal confirmeales limites de la zone géographique de « Monbazillac » aux cinq communes actuelles, en excluant les communes de Gageac-Rouillac et Saint-Nexans. Ce jugement fut confirmé par la cour d’appel en novembre 1935.

L’appellation d’origine contrôlée « Monbazillac » est reconnue le 15 mai 1936, en confirmant la zone géographique précédemment définie par jugement.
Cet acharnement judiciaire montre bien la volonté de la communauté humaine, regroupée très tôt en syndicat, de protéger le nom et le produit qui porte ce nom.

Une partie des producteurs se regroupe en 1940 pour créer la cave-coopérative de Monbazillac.
La cave coopérative achète, en 1960, le château de Monbazillac qui devient une remarquable vitrine de la production.
Afin de pérenniser le savoir-faire découvert inopinément par les moines, les vendanges sont toujours faîtes par tris successifs manuels. Trois passages sont généralement réalisés, parfois beaucoup plus, en fonction de l’évolution du champignon parasite. Ces différents tris donnent des jus de qualités différentes qui feront l’objet d’un assemblage, après vinification.

Après les années de production record dépassant les 100 000 hectolitres dans les années 1950, la production s’est stabilisée dans les années 2000 à 50 000 hectolitres en moyenne, chiffre qui présente une très bonne adéquation avec le potentiel de commercialisation.
Le vignoble concentré sur cinq communes, dont deux en quasi-monoculture de la vigne (Monbazillac et Pomport), couvre un peu plus de 2 500 hectares.

La mévente des vins blancs doux dans les années 1970, a amené les viticulteurs à diversifier leur production en plantant des cépages noirs. Ainsi le vignoble des cinq communes représente aujourd’hui le quart du vignoble bergeracois.
Près de 180 producteurs exploitent ce vignoble, dont un tiers adhère à la cave-coopérative de Monbazillac.

CLIMAT ET SOLS

Au cœur du Périgord Pourpre et au bord de la Dordogne, la ville de Bergerac est entourée au nord, par le vignoble de « Pécharmant » et au sud, par le de « Monbazillac ».
La zone géographique s’insère sur les terrasses et les coteaux qui s’étendent de la rive gauche de la Dordogne à la rive droite de la Gardonnette.

Véritable noyau viticole représentant le quart du vignoble bergeracois, la zone géographique recouvre le territoire de 5 communes.
Les terrains affleurant s’inscrivent totalement dans la série des formations lacustres et fluvio-lacustres de l’Eocène et de l’Oligocène.

L’ascension de la côte de « Monbazillac » permet de rencontrer successivement : – les molasses de l’Eocène inférieur de nature sablo-argileuse,
– les molasses du « fronsadais » constituées par un grès tendre carbonaté,
– le calcaire de Castillon,

– les molasses de « l’agenais », plutôt argileuses dans leur partie sommitale et dans lesquelles vient s’intercaler le calcaire de Monbazillac, calcaire dur présentant des dalles silicifiées à l’origine de belles pierres meulières.
Cette stratigraphie particulière a permis la différenciation de trois grands types de sols :

– des sols argileux et calciques, sans pouvoir chlorosant et relativement profonds dans les bas de pente, – des sols calciques, beaucoup plus minces, avec des contraintes hydriques parfois fortes surtout à l’affleurement de la roche-mère calcaire,
– des sols développés sur molasses, lessivés, légèrement acides et à forte proportion d’argile au sommet des croupes.

Sur le plan géomorphologique, l’interfluve Dordogne/Gardonnette, orienté globalement est/ouest, présente une forte dissymétrie avec, une pente très raide, au nord, sur la vallée de la Dordogne et un plateau et une pente beaucoup plus douce, au sud, vers la vallée de la Gardonnette.

Dans le paysage monbazillacois, le vignoble est omniprésent. Sur le plateau, la vigne est en monoculture et seules les exploitations agricoles, avec des bâtiments imposants et parfois un parc ombragé, viennent rompre l’espace viticole.
Le versant nord qui regarde la Dordogne est très raide et porte quelques bois escarpés ou quelques résidences bénéficiant d’une vue exceptionnelle sur la vallée.

Au pied du coteau, le village de Saint-Laurent-des-Vignes est totalement entouré par le vignoble.
Sur le versant sud, vers la Gardonnette, apparaissent quelques cultures céréalières alors que le fond de la vallée est occupé par des prairies permanentes.

Le climat est très océanique, assez proche de celui de la région bordelaise, mais est cependant marqué par un caractère un peu plus continental, donc moins pluvieux et légèrement plus froid.
L’humidité de l’air, relativement élevée, est liée à la conjonction des masses d’air océaniques et des nombreuses surfaces et masses d’eau constituées par le réseau hydrographique de la Dordogne et de ses affluents.

Source: https://www.visitfrenchwine.com/

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département de la Dordogne : Colombier, Monbazillac, Pomport, Rouffignac-de-Sigoulès et Saint-Laurent-des-Vignes.

AIRE DE PROXIMITÉ

L’aire de proximité immédiate pour l’élaboration et l’élevage des vins est constituée par le territoire des communes suivantes du département de la Dordogne : Bergerac, Bouniagues, Conne-de-Labarde, Cunèges, Flaugeac, Gageac-et-Rouillac, Lamonzie-Saint-Martin, Lembras, Mescoulès, Ribagnac, Saint-Nexans, Sigoulès.

CÉPAGES PRINCIPAUX

muscadelle B, sauvignon B ,sauvignon gris G, semillon B

– cépages principaux : muscadelle B, sauvignon B, sauvignon gris G, sémillon B,

– cépages accessoires : chenin B, ondenc B et ugni blanc B.

La proportion de l’ensemble des cépages principaux est supérieure ou égale à 80% dans l’assemblage.

RENDEMENTS MAXIMAUX

40 hectolitres par hectare

VINS ET CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

L’enrichissement est autorisé́ selon les règles fixées dans le cahier des charges.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale de plantation de 4000 pieds à l’hectare par hectare. L’écartement entre les rangs ne peut être supérieur à 2,50 mètres et l’écartement entre les pieds sur le même rang ne peut être inférieur à 0,80 mètre

Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes : taille à astes ou taille à cots. Chaque pied porte au maximum 15 yeux francs. L’irrigation est interdite. Les vins proviennent de raisins récoltés à surmaturité avec action ou non de la pourriture noble (botrytis cynerea). Les parcelles doivent être vendangées manuellement par tris successifs

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Monbazillac » peut préciser l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ». Cette unité géographique plus grande peut également figurer sur les prospectus et récipients quelconques. Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

L’AOC « Monbazillac » peut être complétée de la mention traditionnelle « Sélection de grains nobles », selon les dispositions fixées dans le cahier des charges.

Dernière modification du cahier des charges : 08  mars   2018