
NAVARRA DO


L’APPELLATION
L’appellation Navarra DO est une appellation de vin blanc, rosé et rouge ainsi qu’une appellation de vins de liqueur qui se situe dans la Communauté Autonome éponyme.
RÉSUMÉ
La Navarre est en fait un royaume bien qu’il il n’y ait pas eu un roi depuis 1791 et, à cette époque, comme la région était un territoire français, Louis XVI fut le dernier roi de Navarre. L’activité vitivinicole était à cette époque aussi glorieuse que la royauté et le chemin de Compostelle passant au nord de la région, les vins faisaient le bonheur des pèlerins et les exportations vers la France et le Nouveau Monde était florissantes.
Encore plus qu’ailleurs, l’arrivée de l’oïdium et du phylloxéra allait totalement déstabiliser l’activité viticole de la région. Les coopératives poussèrent comme des champignons, la qualité déclina et la Navarre ne retrouva jamais son lustre d’antan, enfin, le succès de la Rioja assombrit encore un peu plus le royaume de Navarre.
En 1970, la décision fut prise de développer la culture du tempranillo sur des sols totalement inadaptés à ce cépage et l’autorisation de planter du cabernet sauvignon, du merlot et du chardonnay fit le reste pour précipiter la région dans le déclin d’autant plus que les vieilles vignes de grenache, le grand cépage de la région, furent arrachées sans vergogne. Pourtant en 1980, le grenache représentait 90% de l’encépagement de Navarre et les « rosados » avaient une réputation internationale.
Mais alors que le marché demandait des rosés pâles en couleur, la Navarre persista avec des rosés denses et colorés et elle perdit des parts de marché face à la Rioja qui avait compris plus vite les attentes des consommateurs.
RÉSUMÉ
La Denominación de Origen fut créée en 1975. Elle couvre une surface en forme d’un énorme triangle inversé qui s’étend sur 100 kilomètres à partir de Pampelune et est encadré par les Pyrénées et les massifs Ibériques avec une diversité de sols et de microclimats importante. Au nord, près des Pyrénées, le climat est plus froid et plus humide. Au centre il est plus continental et plus au sud il est sujet aux influences méditerranéennes. Géographiquement, une petite partie de la province de Navarre se trouve dans la Rioja DOC.
La DO s’étend sur 11 025 hectares et produit 50 millions de litres de vin dont 70% de rouges, 5% de blancs et 25% de rosés. L’encépagement est de 91% en rouge (34% de tempranillo, 23% de grenache, 16% de cabernet sauvignon, 14% de merlot, 2% de graciano et de mazuelo et environ 1% de syrah et de pinot noir).
Pour les blancs, le chardonnay arrive en tête avec 5% suivi du viura avec 2%. On trouve aussi un peu de garnacha blanca, de malvasia et de sauvignon blanc.
La quantité moyenne des précipitations de la DO est de 625 mm par an et varie suivant les sous-zones. Les vignes sont taillées en espalier à une densité de 7 000-
8 000 pieds par hectare pour les jeunes vignes alors que les vieilles vignes sont taillées en gobelet (vaso) avec une densité de 2 500 pieds par hectare.
RÉSUMÉ
La région est divisée en 5 zones.

Baja Montaña : représente 13% du vignoble de Navarre et se situe au nord-est de la province à la frontière avec l’Aragon. C’est une région pastorale et de carte postale. La pluviométrie annuelle varie entre 470 et 760 mm et la grenache dont beaucoup sont des vignes anciennes règne en maître.
Tierra Estella : représente 15% de l’encépagement et les versants de la région possèdent une importante proportion de calcaire pierreux.
Valdizarbe: représente 8% de l’encépagement, c »est la plus petite sous-zone de la Navarre au sud de Pampelune et les sols y sont majoritairement crayeux.
Ribera Alta : avec 35% de l’encépagement, c’est la plus importante sous-zone de la Navarre. Elle représente l’épicentre de la région autour de la ville d’Olite. Le climat peut être décrit comme transitionnel entre le nord et le sud de la région. Lerín à l’est est semi-aride. Les sols sont pauvres et majoritairement sablonneux.
Ribera Baja : c’est la sous-zone située la plus au sud de la région et qui représente 29% de l’encépagement sur des sols sablonneux. C’est la partie la plus sèche de la DO et on y trouve de bons muscats doux mais aussi des rouges.
HISTOIRE
Le point de départ du vin de Navarre se situe dans l’Antiquité classique. Il est admis que la Navarre était un centre viticole important à travers les découvertes de Funes, Arellano, Liédena, Falces, Cascante et Cintruénigo qui nous indiquent que les Romains y faisaient déjà du vin avec des critères industriels (1er au V° siècle après JC.).
Au Moyen Âge, le christianisme de la Cour, les monastères et les auberges du Chemin de Santiago de Compostelle étaient les principaux moteurs du vin navarrais. Les dynasties françaises (Foix, Évreux, Albret), qui ont régné en Navarre pendant plus de trois siècles, étendant leur territoire au-delà des Pyrénées, sont particulièrement importantes.
Entre le XIIe et le XVe siècle, la culture de la vigne s’étend des vallées pyrénéennes aux rives de l’Èbre, les monastères, en particulier l’Irache, sont des centres viticoles et d’authentiques écoles d’agriculture.
La Route jacobine, qui traverse la Navarre en diagonale, était bordée de vignobles des deux côtés, de Pampelune, jusqu’à Viana, et le vin ne manquait jamais dans les auberges. Le bon vin était bu à la Cour et même les monarques possédaient des vignobles. Le règne de Teobaldo I (1234-53), roi de Navarre et comte de Champagne, marque un avant et un après dans la région, non seulement en raison de l’introduction de cépages bourguignons, comme le chardonnay ou le pinot noir, mais aussi à cause de l’amélioration des techniques viticoles et de vinification.

Après la Renaissance et jusqu’au XVIIIe siècle, la Navarre a connu une étape d’extension de la culture de la vigne et une production en progression constante, elle faisait du commerce avec la Castille et les pays européens depuis le port de Saint-Sébastien et Pampelune était un centre viticole très actif.
Le XIX° est le siècle de la croissance en quantité et de la naissance de difficultés de commercialisation pour les producteurs. Au milieu du siècle, les fléaux de l’oïdium et du phylloxéra en France créént une forte demande de vin, favorisant un énorme développement du secteur en Navarre. La crise pour la Navarre a commencé en 1885 avec un fléau, l’oïdium et le désastre total en 1892 avec la reconnaissance officielle de l’arrivée du phylloxéra.
Les 20 premières années du XX° siècle sont consacrées à la reconstruction du vignoble. Le Congrès international de la viticulture, tenu à Pampelune en 1912, a une grande résonance, et montre la grande diversité variétale qui avait été perdue en Navarre, avec la disparition de plus de 80 cépages. C’est alors que le vignoble navarrais est replanté fondamentalement avec la grenache, résistante qui s’adapte bien aux différents écosystèmes de la région et avec laquelle les vins rosés traditionnels sont produits par le système de saignée.
Depuis 1980, l’évolution la plus significative du secteur a lieu avec la rénovation du vignoble, la naissance de nombreuses caves privées, l’augmentation de la qualité des vins et de la mise en bouteilles, la modernisation des installations et la professionnalisation des viticulteurs.
Le vin de Navarre existe donc en depuis près de deux millénaires. Sa certification commence avec le mouvement de création des appellations d’origine en Europe dans les premières décennies du XX° siècle.
La dénomination d’origine « Navarra » est reconnue à l’occasion de la publication de la loi sur le vin du 26 mai 1933, en l’incluant parmi les dénominations déjà reconnues.
En 1958, le Conseil de régulation de l’Appellation d’Origine «Navarra» est définitivement constitué.
Actuellement, il est régi par le règlement approuvé par l’arrêté 376/2008 du 15 juillet 2008 publié au Journal Officiel de l’État du 31 juillet 2010.

CLIMAT ET SOLS
Les matériaux d’origine, les facteurs orogéniques, climatiques et érosifs ont donné naissance à des sols qui dans toute la zone géographique de la dénomination sont caractérisés par les valeurs moyennes des paramètres qui sont exposés dans le tableau suivant, choisis car ce sont eux qui manifestent la plus grande influence sur le comportement des vignes et les caractéristiques des vins qui en sont issus:

Tous ces paramètres représentent les idéotypes de sols pour la culture de la vigne orientée et les vins que l’AOP produit. Ils sont applicables à toutes les zones viticoles de la dénomination, présentant toutefois des variations par rapport à la moyenne, qui lorsque qu’on combine plusieurs paramètres, laisse entrevoir un large éventail de nuances qui donnent de la personnalité et un certain degré de spécificité à l’environnement.
Le climat du territoire occupé par l’AOP est méditerranéen, avec une certaine influence atlantique dans la zone nord-nord-ouest et compte tenu de sa latitude, avec des températures moyennes plus douces en été, plus froides en hiver, des précipitations moyennes plus élevées et un contraste thermique jour / nuit plus important que dans les zones typiquement méditerranéennes.

Certains paramètres climatiques de ce tableau varient beaucoup plus clairement que les sols et cela justifie dans une plus large mesure la mise en place d’unités géographiques plus petites au sein même de l’AOP.
En revanche, l’un des facteurs climatiques les plus importants communs à toutes les zones est le vent dominant, le plus représentatif étant le vent du nord-ouest connu sous le nom de «cierzo». C’est un vent persistant, parfois violent, qui affecte les plantes, mais c’est aussi un vent froid et asséchant qui rend difficile le développement des ravageurs et des maladies.
Ci-dessous, et schématiquement, les paramètres différentiels du milieu naturel qui affectent les caractéristiques du produit sont spécifiés pour chaque unité géographique mineure.

Baja Montaña:
Située dans la partie nord de l’AOP, cette unité géographique présente un relief marqué et représente géologiquement le contact entre les zones avec des matériaux du Tertiaire marin de l’Éocène au nord avec le Tertiaire continental.
Les précipitations annuelles moyennes varient entre 470 et 760 mm. C’est la région avec la plus grande influence pyrénéenne.
Valdizarbe:
Unité géographique située au centre-nord de l’AOP et à l’ouest de la zone de Baja Montaña, elle est implantée sur des matériaux du continent tertiaire. Il s’agit principalement de marnes avec des niveaux de grès. Elle montre un relief marqué.
Bien que les chaînes de montagnes situées au nord réduisent l’influence atlantique, c’est la plus humide de toutes les régions, avec une pluviométrie annuelle moyenne variant entre 544 et 807 mm.
Terrain d’Estella:
L’unité Tierra Estella est située à l’ouest de la précédente, et est celle où l’altitude moyenne la plus élevée des plantations viticoles. Les matériaux de base sont principalement de la marne avec des niveaux de grès. On trouve aussi des matériaux du Quaternaire sous forme de terrasses dans les rivières Ega et Odrón, et quelques glacis. Comme dans les deux cas précédents, il présente un relief marqué.
Les précipitations annuelles moyennes varient entre 454 et 700 mm. Les chaînes de montagnes d’Urbasa et d’Andía au nord filtrent l’influence atlantique, les vignobles étant de préférence situés dans les zones ensoleillées.
Ribera Alta:
Cette unité est située au sud des trois précédentes et au centre de l’aire géographique de l’AOP, elle possède un relief beaucoup plus doux, dominé par des vestiges de hautes terrasses et quelques reliefs structurels doux couronnés par des strates de calcaire ou de grès. Le climat est plus sec.
Loin des influences océaniques et pyrénéennes, c’est une région plus chaude que le nord. La quantité annuelle moyenne des précipitations varie entre 349 et 507 mm et le déficit hydrique annuel du vignoble est d’environ 200 à 300 mm.
Ribera Baja:
Elle occupe l’extrémité sud de l’aire géographique de l’AOP, étant située, pour la plupart, sur la rive droite de l’Èbre.
Elle a le climat le plus sec de toute l’AOP. Le relief est lisse et le vignoble occupe principalement des sols situés à différents niveaux de terrasses et de glacis quaternaires.
Compte tenu du régime thermique et des précipitations annuelles moyennes comprises entre 361 et 384 mm, il existe un déficit hydrique pour le vignoble de plus de 300 mm par an.
DÉLIMITATION DE L’APPELLATION
- Communes: Région I: aucune.
Région II: Lumbier, Lónguida, Romanzado et Urraul Bajo y Alto. - Région III: Obanos, Añorbe, Muruzabal, Tiebas -Muruarte de Reta, Adios, Legarda, Uterga, Guirguillano, Puente la Reina, Artazu, Echauri, Ucar, Tirapu, Vidaurreta, Enériz, Cizur. Région IV: toutes les communes, à l’exception de Genevilla, Cabredo, Marañón, Aras, Bargota, Viana, Aguilar de Codes, Zuñiga, Etayo, Ancín, Salinas de Oro, Lezaún, Abárzuza.
- Région V: toutes les communes, à l’exception de Petilla de Aragón.
Région VI: toutes, sauf Mendavia, San Adrian, Azagra, Andosilla et Sartaguda. Région VII: toutes, sauf Cortes, Cabanillas, Fustiñana, Fontellas, Ribaforada et Buñuel. - Modification du 05/09/2022
CÉPAGES
Les vins couverts par l’AOP seront élaborés exclusivement avec des raisins de l’espèce Vitis vinifera des variétés suivantes:
Rouges: grenache rouge, tempranillo, graciano, mazuelo, merlot, cabernet sauvignon, syrah et pinot noir,
Blancs: chardonnay, garnacha blanca, viura, malvasía, muscat blancs à petits grains et sauvignon blanc.
La garnacha tinta et garnacha blanca ont été ajoutées pour l’élaboration des vins de liqueur en 2020.
RENDEMENTS
En général, le rendement ne dépasse pas 70 litres de moût ou de vin pour 100 kilogrammes de récolte.
Variétés de cépage blanc:
9 200 kilogrammes de raisins par hectare Variétés de cépage rouge
64, 4 hectolitres par hectare
Vin rouge:
8 000 kilogrammes de raisins par hectare Variétés de cépage rouge
56 hectolitres par hectare
Vin rosé:
8 000 kilogrammes de raisins par hectare Vin rosé
32 hectolitres par hectare
CARACTERISTIQUES ŒNOLOGIQUES

Blancs: uniquement des cépages blancs. La macération à froid est autorisée.
Rosés: uniquement des cépages rouges. Le volume maximum autorisé de saignée du moût est de 40 litres pour 100 kg de raisin.
Rouges: uniquement des cépages rouges. Il sera possible de couper le vin rouge du millésime suivant avec du vin rosé ou d’ajouter du vin rosé à du vin rouge du millésime suivant, à condition que la proportion de vin rosé ne dépasse pas 15 % du volume total obtenu.
Vins de liqueur: addition d’alcool vinique ≥ 96 % du volume ou du mélange de ce dernier avec le moût, le moût en fermentation ou du vin, de Moscatel de Grano Menudo ou Garnacha, tinta et blanca, dont le titre alcoométrique naturel est > 12 % en volume. S’ils sont soumis à un processus de vieillissement, il est possible d’ajouter du moût concentré au feu direct, de Moscatel de Grano Menudo et/ou Garnacha, tinta et/ou blanca.
L’utilisation de pressoirs à vis est interdite pour la fabrication des vins protégés par l’AOP.
Modification du 05/09/2022
Vieillissement des vins.
Le début des processus de vieillissement ne peut en aucun cas être compté avant le 1er octobre de la même année de récolte.
NOTES SUR LES VINS DE LIQUEUR
Des vins de liqueur sont élaborés depuis des temps immémoriaux en Navarre. Leur production remonte sans aucun doute à l’époque romaine et leur développement est enraciné dans la culture méditerranéenne, dans laquelle ils se nourrissent. Ce n’est pas sans raison que ces vins de liqueur, ou «vinos de costa» comme ils sont appelés dans d’autres régions, sont des produits présents dans tous les pays vitivinicoles de l’arc méditerranéen tout au long de l’histoire.
Ces vins sont traditionnellement élaborés à partir de variétés de cépage blanc ou rouge, les plus courantes étant celles qui sont cultivées depuis des siècles sur le continent et dont les noms nous sont aussi familiers que moscatel, malvasía ou garnacha.
Le premier règlement de l’appellation d’origine Navarra et de son Conseil Régulateur, approuvé par l’arrêté du ministère de l’agriculture du 5 avril 1967, en son article 5, prévoit que «les mistelles peuvent être produites à partir de raisins des variétés moscatel et garnacha».
Mistelle est un terme appliqué à certains vins de liqueur dans lesquels intervient une fermentation partielle ou non du moût préalablement à l’addition d’alcool. Il s’agit du type de vin de liqueur le plus courant, traditionnellement produit dans de nombreuses régions.
Par la suite, le vin de liqueur disparaît du règlement de 1975. Il fait son retour dans les règlements de 2003 et 2005, où il est désormais lié uniquement à la variété oscatel de grano menudo, après un important travail de relance et de mise en valeur mené dans les années 90 par EVENA, la station de viticulture et d’œnologie de Navarre. Par ailleurs, il n’est pas anodin que, dans le cahier des charges actuel, l’élaboration des vins de liqueur est limitée à ceux provenant uniquement de la variété moscatel de grano menudo, l’utilisation de moût concentré à partir de la variété garnacha étant toutefois autorisée dans les pratiques de fabrication. La possibilité d’une production de vins de liqueur rouges à partir de la variété autochtone garnacha répond non seulement au besoin de miser sur des produits autochtones, dans le cadre d’une stratégie de différenciation sur le marché ultraconcurrentiel actuel, mais également à la capacité d’élargir et de compléter l’offre du portefeuille de vins de l’appellation d’origine. Ainsi, s’il ne s’agit pas d’une catégorie de vins occupant une part importante du marché, ce sont néanmoins des produits jouissant de prestige et permettant de véhiculer une image de grande valeur.
La hauteur des caractères typographiques utilisés pour indiquer le nom de l’AOP ne peut en aucun cas être inférieure à 3 mm, ni supérieure à 9 mm. Les caractères doivent être clairs, lisibles, indélébiles et leur tracé ne doit pas être trop épais. Cette indication ne doit pas dépasser la moitié de la largeur totale de l’étiquette.
Le logo de l’AOP est obligatoire. Son diamètre ne saurait être inférieur à 8 mm, ni supérieur à 11 mm.
Dernière modification du cahier des charges : 05/07/2022

