COLLIOURE AOP
L’APPELLATION
L’appellation Collioure est réservée vins secs tranquilles blancs, rosés et rouges élaborés sur le territoire des communes suivantes du département des Pyrénées- Orientales : Banyuls-sur-Mer, Cerbère, Collioure et Port-Vendres.
HISTOIRE
La culture de la vigne est liée à l’histoire des Phéniciens qui l’implantent à partir du port de Collioure quelques 7 siècles avant Jésus-Christ.
Le contexte géographique et climatique impose très tôt la culture en terrasses, dès le début du Moyen-Âge, confortée par la suite par les Templiers.
Le commerce du vin, florissant depuis les ports, est encouragé par Jacques 1er de Majorque en 1207, puis par les rois d’Aragon, avec notamment la rétrocession, aux communes viticoles, d’une taxe perçue sur les vins importés, afin de maintenir la haute qualité de la production locale.
A cette époque, le vin est surtout sec, souvent « fortifié » par adjonction d’alcool ou naturellement doux. Grâce à son titre alcoométrique volumique élevé, il « voyage » très bien et acquiert une grande notoriété dans les cours d’Aragon, de Castille, des rois de Majorque, puis, plus tard, depuis Collioure, en franchissant le détroit de Gibraltar, en Flandres.
Après l’annexion du Roussillon par la France, en 1659 (traité des Pyrénées), et pour lutter contre la contrebande liée à la mise en place par l’Etat de taxes, les troupes françaises s’apprêtent à intervenir, en 1773. Mais l’Intendant de la Province du Roussillon trouve un compromis, en octroyant des gratifications à la plantation de vignes, pour inciter les contrebandiers à devenir vignerons.
Mais, la tradition de la culture de la vigne s’enracine profondément grâce, notamment, à la pratique du « bail à complant » ou à « souche morte ». Cette pratique, dont l’origine remonte avant l’an Mil, perdure dans le vignoble de « Collioure» pour plus de 50% des parcelles de vigne ! Ce mode de faire-valoir a permis, à des gens de condition modeste, d’exploiter quelques parcelles de vigne dont les pieds leur appartiennent, mais sans en posséder le foncier. Ce dernier reste le bien des propriétaires fonciers qui cèdent leur parcelle en copropriété, avec obligation que les pieds soient toujours vivants.
Ceci a favorisé le remplacement régulier des pieds morts, avec greffage sur place à partir de greffons que les producteurs considéraient les plus « intéressants ». De surcroît, cette pratique a induit, au fil des générations, la mixité des cépages rencontrée au sein d’une même parcelle.
A partir de 1830, tout va évoluer très vite. Le commerce, avec le port de Port- Vendres, s’intensifie, le chemin de fer arrive jusqu’à Collioure, puis jusqu’en Espagne où les voies présentent un écartement différent. Ceci conduit à une activité considérable de manutention pour transvaser les marchandises. La population grandit, attirée par l’activité portuaire et de manutention, et chacun par, « bail à complant », cherche à avoir accès à un lopin de vigne. Le vin élaboré au sein de la zone géographique bénéficie de cet essor sous l’impulsion de l’activité commerciale des négociants de la région, mais aussi d’un ecclésiastique, l’abbé Rous qui développe un petit commerce de vin sec de qualité, en bouteille, à fins de vin de messe et pour la restauration de l’église de la commune de Banyuls, faute de financement de l’évêché. Ce petit commerce qui préfigure la commercialisation des vins par vente directe devient si florissant que l’évêché intervient pour le faire cesser.
En 1885 la crise tardive du phylloxera anéantit une grande partie du vignoble et se cumule aux difficultés que rencontrent les producteurs face à la concurrence de vins frauduleux.
Avec la promulgation des lois Arago (1872) et Pams (1898), qui reconnaissent un statut fiscal particulier aux vins naturellement doux, le vignoble se spécialise alors dans la production de vins doux naturels, abandonnant, momentanément, la réputation acquise pour les vins secs à titre alcoométrique volumique élevé.
Le dynamisme des producteurs conduit à la reconnaissance, dès 1936, de l’appellation d’origine contrôlée « Banyuls » pour les vins doux naturels, mais pas pour les vins secs « pour risques de confusion ».
Les vins secs sont alors commercialisés en « vins natures du terroir de Banyuls » jusqu’à ce que cette dénomination devienne caduque, en 1960.
Les vins rouges secs sont reconnus, en 1971, en appellation d’origine contrôlée « Collioure », pour éviter toute confusion avec l’appellation d’origine contrôlée
« Banyuls ». Les vins rosés et les vins blancs sont reconnus en appellation d’origine contrôlée, respectivement en 1991 et en 2003.
Le vignoble couvre, sur le territoire des 4 communes de la zone géographique, une superficie de 1800 hectares. Sur cette superficie, sont produits 20 000 hectolitres de vins doux naturels bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Banyuls » et 20 000 hectolitres de vins secs bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Collioure ». L’ensemble de cette production est élaborée par une trentaine de caves particulières qui commercialisent directement leurs produits, et 3 caves coopératives dont la plus importante le « Groupement Interproducteurs Collioure Banyuls ».
Les vins secs bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Collioure » se déclinent en vins rouges (55% de la production), vins rosés (30% de la production) et en vins blancs.
CLIMAT ET SOLS
Le vignoble le plus méridional de France est implanté entre « mar i mont » (« mer et montagne » en langue catalane), dans un site très accidenté, sur des coteaux pentus où l’altitude passe très rapidement de 917 mètres au Pic de Sailfort, à 0 mètre, en bord de mer.
La zone géographique s’étend à l’extrémité orientale du massif des Albères, où les Pyrénées plongent brutalement dans la Mer Méditerranée. Elle s’étend sur le territoire de 4 communes de la région du département des Pyrénées-Orientales baptisée « Côte Vermeille » et qui sont autant de ports : Banyuls-sur-Mer, Collioure, Cerbère et, Port-Vendres. Autour de ces ports, elle est limitée :
– à l’est, par la Mer Méditerranée ;
– au sud, par les crêtes pyrénéennes, constituant la frontière avec l’Espagne ;
– au nord, par le piémont des Albères et la plaine du Roussillon ;
– à l’ouest, par les sommets pyrénéens.
La surrection des Pyrénées a créé un paysage très tourmenté, compartimenté en une multitude d’alvéoles, de petits amphithéâtres et de belvédères qui surplombent la mer.
Le substratum géologique est homogène, constitué essentiellement de bancs de schistes bruns du Cambrien. Structurées verticalement, ces roches très fissurées, sont à l’origine de sols pauvres disposant de faibles capacités de rétention en eau et présentant, selon la situation topographique, une certaine variabilité en épaisseur.
Les parcelles précisément délimitées pour la récolte des raisins sont cultivées en terrasses, jusqu’à 400 mètres d’altitude, très localement dans les bas de vallées constituées par les rubans alluviaux, caillouteux et filtrants des cours d’eau comme la Baillaury, le Cosprons, le Douy ou le Ravaner qui drainent la zone géographique.
La zone géographique bénéficie d’un très fort ensoleillement annuel, supérieur à 2600 heures et d’un climat méditerranéen, doux en hiver, chaud et sec l’été. La température moyenne annuelle est de 15°C. Elle varie cependant avec l’altitude. Le régime thermique est marqué par des écarts de température annuels de faible amplitude mais connaît des écarts quotidiens souvent importants.
La quantité annuelle moyenne, inférieure à 650 millimètres, varie également selon le gradient altitudinal. Elle se caractérise par un régime trop souvent violent et irrégulier, alternant longues périodes de sécheresse estivale et courts paroxysmes pluvieux au printemps et à l’automne. Ces derniers peuvent être à l’origine de phénomène d’érosion et de ravinement des sols qui ont imposé la culture en terrasses.
La particularité climatique reste cependant le vent qui souffle près de 200 jours par an :
– la « Tramontane », vent dominant de nord-ouest (130 jours par an), violent et desséchant. Bénéfique pour assainir l’atmosphère des maladies cryptogamiques elle s’avère souvent destructrice par ses effets mécaniques sur les jeunes rameaux de vignes au printemps ; elle est aussi responsable de la propagation des incendies en été ;
– Le vent marin, de direction est/sud-est, favorise les entrées maritimes fraîches et humides qui viennent tempérer les ardeurs solaires estivales.
Sous ce climat d’excès, la vigne compose le paysage, alternant avec de maigres espaces boisés de chênes lièges ou verts, d’oliviers, d’arbustes méditerranéens et des landes consécutives au passage répétés des incendies.
DÉLIMITATION DE L’APPELLATION
La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département des Pyrénées- Orientales : Banyuls-sur-Mer, Cerbère, Collioure et Port-Vendres.
DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION
a) – L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins, est constituée par le territoire des communes suivantes du département des Pyrénées-Orientales : Argelès-sur-mer, Laroque-des-Albères, Montesquieu-des-Albères, Palau-del-Vidre, Saint-André, Saint- Génis-des-Fontaines, Sorède, Villelongue-dels-Monts.
b) -L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation, pour l’élevage des vins, est constituée par le territoire des communes suivantes du département des Pyrénées-Orientales : Cases-de-Pène, Elne, Ortaffa, Prats-de-Mollo.
PRINCIPAUX CÉPAGES
vermentino B, counoise N, mourvedre N, muscat d’Alexandrie B, muscat à petits grains blancs, grenache N, grenache gris, grenache blanc, cinsaut N, roussanne B, tourbat B, syrah N, marsanne B, carignan blanc B, macabeu B, carignan N.
Vins rouges : – cépages principaux : carignan N, grenache N, mourvèdre N, syrah N ;
– cépages accessoires : cinsaut N, counoise N.
Les vins proviennent de l’assemblage de raisins, de moûts ou de vins issus d’au moins 2 cépages.
Vins rosés : – cépages principaux : carignan N, grenache gris G, grenache N, mourvèdre N, syrah N ;
– cépages accessoires: cinsaut N, counoise N.
Les vins proviennent de l’assemblage de raisins, de moûts ou de vins issus d’au moins 2 cépages.
Vins blancs : – cépages principaux : grenache blanc B, grenache gris G, macabeu B, marsanne B, roussanne B, tourbat B, vermentino B ;
– cépages accessoires : carignan blanc B, muscat petits grains B, muscat d’Alexandrie B.
RENDEMENTS MAXIMAUX
Le rendement butoir est fixé à 48 hectolitres par hectare.
CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES
Toute opération d’enrichissement est interdite.
Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques oenologiques, les obligations figurant au niveau communautaire et dans le code rural.
CARACTÉRISTIQUES VITICOLES
– Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4000 pieds par hectare. Ces vignes ne peuvent présenter un écartement entre les rangs supérieur à 2,50 mètres. Chaque pied dispose d’une superficie maximale de 2,50 mètres carrés. Cette superficie est obtenue en multipliant les distances d’inter-rang et d’espacement entre les pieds sur un même rang.
– Pour les vignes plantées au carré ou en quinconce, chaque pied dispose d’une superficie maximale de 3 mètres carrés. Cette superficie est obtenue en multipliant les distances d’inter-rang et d’espacement entre les pieds sur un même rang. L’écartement entre les rangs et l’écartement entre les pieds sur un même rang est inférieur ou égal à 1,70 mètre.
– Les vignes plantées sur des terrasses peuvent présenter un écartement maximum de 2,50 mètres entre la crête du talus ou du muret et le premier rang de la terrasse supérieure, ainsi qu’entre le pied du talus ou du muret et le premier rang de la terrasse inférieure.
– Les vignes sont conduites en gobelet ou éventail.
– Elles sont taillées en taille courte avec un maximum de 7 coursons par pied. Chaque courson porte un maximum de 2 yeux francs.
– La taille est effectuée au plus tard le 31 mars. Cependant les services de l’Institut national de l’origine et de la qualité peuvent accorder une dérogation en cas de conditions météorologiques exceptionnelles, de problèmes familiaux graves ou de fermages repris tardivement.
Les cépages grenache blanc B, grenache gris G et grenache N peuvent faire l’objet d’une prétaille avec un nombre d’yeux francs par courson supérieur à 2, sous réserve qu’au 31 mars au plus tard, les vignes soient taillées conformément aux dispositions générales.
L’irrigation est interdite.
AUTRES CARACTÉRISTIQUES
Outes les indications facultatives dont l’utilisation, en vertu des dispositions communautaires, peut être réglementée par les Etats membres, sont inscrites, sur les étiquettes, en caractères dont les dimensions, aussi bien en hauteur qu’en largeur, ne sont pas supérieures à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.
L’indication du nom de cépage est interdite sur l’étiquette.
Dernière modification du cahier des charges : 21 décembre 2011