BORDEAUX SUPÉRIEUR AOP

L’APPELLATION

L’appellation Bordeaux supérieur est réservée aux vins tranquilles blancs avec sucres fermentescibles et aux vins tranquilles rouges élaborés sur le territoire de certaines communes du département de la Gironde

HISTOIRE

Le vignoble en Bordelais, dont le véritable essor remonte aux XIIème et XIIIème siècles, apparait au premier siècle de notre ère lorsque les Bituriges Vivisques de Bordeaux, une peuplade de guerriers d’origine celtique découvrant le vin sous l’influence romaine, implantent un nouveau cépage plus résistant au froid, le Vitis Biturica, ancêtre des cépages « cabernets ». Le développement de la culture de la vigne a été fortement conditionné par les relations commerciales privilégiées de Bordeaux avec l’Angleterre puis la Hollande, à l’origine de l’établissement d’un puissant négoce structuré autour du port de Bordeaux (DION, R. Histoire de la vigne et du vin en France : des origines au XIX ème siècle, 1959).

Ces échanges ont historiquement, conduit et encouragé l’innovation technique et l’introduction de nouveaux procédés comme par exemple vers 1750, l’élevage en barriques puis en bouteilles grâce à « l’allumette hollandaise » (mèche soufrée) (ENJALBERT, H. La naissance des grands vins et la formation du vignoble moderne de Bordeaux : 1647 – 1767, 1978).

En vins rouges comme en vins blancs, plusieurs cépages sont exploités par les viticulteurs en Bordelais, qui en assurent la répartition en fonction des potentialités de leurs parcelles, ce qui explique que les vins de Bordeaux sont pour la plupart issus d’assemblages.

A la fin du XVIIIème siècle, les « cabernets » (cabernet-sauvignon N et cabernet franc N), cot N (ou malbec) et petit verdot N sont les cépages principaux du Bordelais. Le merlot N, proche parent des « cabernets » et cépage principal aujourd’hui, ne commence réellement à se propager qu’à partir de 1830 et surtout avec la mise en place du greffage, qui a réduit sa tendance à la coulure et au millerandage.

Le développement du commerce avec la Hollande a également favorisé la production de vins blancs secs et de vins blancs avec sucres fermentescibles à partir des cépages sémillon B et muscadelle B.
L’habitude ancienne du négoce de classer les paroisses viticoles par ordre de mérite, puis à l’intérieur de celles-ci, d’identifier les crus, conduira à la codification de ces listes en 1855 pour l’Exposition Universelle par le Classement des Vins de Gironde à l’initiative de l’Empereur Napoléon III. Longtemps méconnu du consommateur, ce classement témoigne pourtant de la notion de « Château » en Bordelais.

Au milieu du XIXème siècle, de terribles maladies frappent durement le vignoble : l’oïdium, en 1857 mais surtout le phylloxéra de 1875 à 1892. Une des premières grandes solutions a été de reconquérir les zones submersibles des plaines : en inondant les vignobles quelques semaines à l’automne cela permettait de tuer les larves des insectes et d’empêcher ainsi leur reproduction. Enfin, le mildiou a causé également d’énormes dégâts dans le vignoble et c’est par l’ingéniosité des scientifiques de Bordeaux, et notamment Ulysse Gayon, l’un des pères de l’œnologie, que le remède est trouvé avec l’invention de la « bouillie bordelaise », préparation à base de cuivre (MILLARDET, A., GAYON, U. Recherches sur les effets des divers procédés de traitement du mildiou par les composés cuivreux, 1887).

Au XXème siècle, à la suite de la reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée « Bordeaux » par le décret du 14 novembre 1936, la valorisation historique de certains produits répondant à des modes de cultures favorisant la concentration des raisins et à des élevages plus longs a été assurée par la reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée « Bordeaux supérieur » par le décret du 14 octobre 1943.

Le vignoble d’appellation d’origine contrôlée « Bordeaux supérieur » produit en moyenne 2 000 hectolitres de vins blancs et plus de 450 000 hectolitres de vins rouges.
Ces vins tranquilles, se déclinant en vins blancs (avec sucres fermentescibles) et surtout vins rouges, sont majoritairement issus d’assemblages de cépages principaux et accessoires

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique bénéficie de conditions climatiques privilégiées relativement homogènes pour la production viticole, avec une situation à proximité de grandes masses d’eau (océan Atlantique, estuaire de la Gironde, vallées de la Garonne et de la Dordogne) qui jouent un rôle thermorégulateur important. Les influences océaniques modératrices sur le gel de printemps s’estompent cependant à mesure que l’on s’éloigne de la mer et des grandes vallées, et que l’on se rapproche des massifs forestiers des Landes, de Saintonge et de la Double Périgourdine. Ces particularités expliquent la faible implantation de la vigne dans les extrémités nord et sud-sud-ouest de la zone géographique.

Elle s’étend sur le territoire de 501 des 542 communes du département de la Gironde, en excluant le sud-ouest du département, sans vocation viticole, et dévolu à la sylviculture.

Les précipitations sont bien réparties dans l’année et comprises en moyenne entre 700 millimètres et 800 millimètres. Le climat océanique, imprévisible et accompagné certaines années de quelques dépressions automnales pluvieuses ou, au contraire d’arrière-saisons chaudes et très ensoleillées, est à l’origine de l’effet millésime marqué.

Plus vaste territoire viticole d’appellation d’origine contrôlée de France, les paysages du Bordelais, qu’ils soient urbains, périurbains ou ruraux sont toujours marqués par la viticulture et se déclinent en plusieurs nuances.
La Gironde viticole est drainée par les deux bassins-versants de la Dordogne au nord et de la Garonne au sud, qui s’unissent au niveau du Bec d’Ambès pour former l’estuaire de la Gironde. Trois grands ensembles sont ainsi délimités : le Nord-Gironde sur la rive droite de la Dordogne et de l’estuaire, la zone limitée par la Dordogne au nord et la Garonne au sud, et enfin, la rive gauche de la Garonne et de l’estuaire.

Les formations géologiques supportant le vignoble bordelais sont relativement peu diversifiées. S’appuyant, au nord, sur les assises jurassiques et crétacées de la bordure charentaise du bassin d’Aquitaine, elles appartiennent exclusivement au Tertiaire et au Quaternaire. Il s’agit surtout de marnes, molasses et calcaires de l’Eocène et de l’Oligocène, et de formations alluviales graveleuses et sableuses plio-quaternaires, fréquemment masquées par une couverture de limons.

Les sols issus de ces formations sont diversifiés tout en constituant de grands ensembles. Sur les formations tertiaires, les sols bruns argilo-calcaire dominent.

Les formations superficielles parfois épaisses de plusieurs mètres (argiles à graviers entre Garonne et Dordogne et limons éoliens dénommés localement « boulbènes ») sont fréquentes. Le long des fleuves, les dépôts graveleux constituent des terrasses bien drainées, chaudes et parfaites pour la vigne. Enfin, les dépôts alluviaux récents où l’argile domine constituent les sols de « palus ».

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

Source: https://www.vin-blaye.com

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification, l’élaboration et l’élevage est constituée par le territoire des communes suivantes sur la base du code officiel géographique en date du 1er janvier 2022 : (Modifications du 7 février 2023)

—  Département de la Dordogne : Le Fleix, Fougueyrolles, Gageac-et-Rouillac, Gardonne, Minzac, Pomport, Port- Sainte-Foy-et-Ponchapt, Razac-de-Saussignac, Saint-Antoine-de-Breuilh, Saint-Seurin-de-Prats, Saussignac, Thénac, Villefranche-de-Lonchat.

—  Département de Lot-et-Garonne : Baleyssagues, Cocumont, Duras, Esclottes, Loubès-Bernac, Sainte-Colombe-de- Duras, Savignac-de-Duras, Villeneuve-de-Duras.

PRINCIPAUX CÉPAGES

cabernet franc N , cabernet-sauvignon N,  carmenère N, cot N – malbec, merlot N , muscadelle B, petit verdot N, sauvignon B – sauvignon blanc ,sauvignon gris G – fié gris,  semillon B

a) – Les vins blancs sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : muscadelle B, sémillon B, sauvignon B, sauvignon gris G.
– cépages accessoires : colombard B, merlot blanc B, ugni blanc B
– et de la variété liliorila B, sous réserve de la signature entre l’INAO, l’ODG et les opérateurs habilités concernés, d’une convention conforme à la convention cadre approuvée par le comité national compétent le 18 juin 2019.

b) – Les vins rouges sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : cabernet-sauvignon N, cabernet franc N, carmenère N, cot N (ou malbec), merlot N, petit verdot N
– et des variétés suivantes arinarnoa N, castets N, marselan N et touriga nacional N, sous réserve de la signature entre l’INAO, l’ODG et les opérateurs habilités concernés, d’une convention conforme à la convention cadre approuvée par le comité national compétent le 18 juin 2019.

La proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 30 % dans l’assemblage des vins.

Pour chaque lot destiné à la commercialisation, la proportion des variétés liliorila B, arinarnoa N, castets N, marselan N et touriga nacional N, prises ensemble ou séparément, est inférieure à 10%.

Cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée « BORDEAUX SUPÉRIEUR »

Les cépages floréal B, , sauvignac B et souvignier gris G et vidoc N ont ete ajouté au cahier des charges à des fins d’adaptation. La proportion de ces cépages ensemble ou séparemment ne doit pas dépasser 5% de l’encépagement. Pour chaque lot destiné à la commercialisation, la proportion des variétés floréal B, liliorila B, sauvignac B, souvignier gris arinarnoa N, castets N, marselan N et touriga nacional N et vidoc N, prises ensemble ou séparément, est inférieure à 10%. Modifications du 7 février 2023

RENDEMENTS MAXIMAUX

1. Vins blancs tranquilles avec sucres fermentescibles : 60 hectolitres par hectare

2. Vins rouges tranquilles – Vignes avec densité de plantation ≥ 4 500 pieds/ha :  66 hectolitres par hectare

3. Vins rouges tranquilles – Vignes avec densité de plantation ≥ 4 000 pieds/ha et < 4 500 pieds/ha : 55 hectolitres par hectare

4. Vins rouges tranquilles – Vignes avec densité de plantation ≥ 3 300 pieds/ha < 4 000 pieds/ha : 50 hectolitres par hectare

CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

Les vins rouges ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 13,5 %. Les vins blancs ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 15 %.

L’enrichissement par concentration partielle des vins rouges est autorisé, dans la limite d’une concentration de 15 % des volumes ainsi enrichis.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Pour les parcelles plantées à partir du 1er août 2008, les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4 500 pieds par hectare. Ces vignes ne peuvent présenter un écartement entre les rangs supérieur à 2,20 mètres et un écartement entre les pieds sur un même rang inférieur à 0,85 mètre.

Cette densité peut être réduite à 3 300 pieds/ha. Dans ce cas, les vignes ne peuvent présenter un écartement entre les rangs supérieur à 3 mètres et un écartement entre les pieds sur un même rang inférieur à 1 mètre.

Seules sont autorisées la taille à coursons (cots) ou la taille à longs bois (astes). Pour les cépages merlot N, sémillon B et muscadelle B, le nombre d’yeux francs à la taille ne peut excéder 40 000 par hectare et 17 par pied. Pour les autres cépages, dont cépages cabernet franc N, cabernet sauvignon N, sauvignon B, sauvignon gris G, le nombre d’yeux francs à la taille ne peut excéder 45 000 par hectare et 19 par pied. Après ébourgeonnage, le nombre de rameaux fructifères par pied ne peut excéder :

Pour les cépages merlot N, sémillonB et muscadelle B, 11rameaux par pied pour les vignes présentant une densité à la plantation supérieure ou égale à 4 500 pieds par hectare et 14 rameaux par pied pour les vignes présentant une densité à la plantation inférieure à 4 500 pieds par hectare ;

Pour les autres cépages, dont cépages cabernet franc N, cabernet sauvignon N, sauvignon B, sauvignon gris G, 13 rameaux par pied pour les vignes présentant une densité à la plantation supérieure ou égale à 4 500 pieds par hectare et 16 rameaux par pied pour les vignes présentant une densité à la plantation inférieure à 4 500 pieds par hectare.

La taille est effectuée au plus tard au stade feuilles étalées (stade 9 de Lorenz). L’ébourgeonnage est effectué avant la nouaison.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Vin de Bordeaux » ou « Grand Vin de Bordeaux ». Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Dernière modification du cahier des charges : 24 février 2022

Ratification de l’Union Européenne: 09/11/2023