MOULIS / MOULIS-EN-MÉDOC AOP

L’APPELLATION

L’appellation Moulis / Moulis-en-Médoc est réservée aux vins rouges secs tranquilles élaborés majoritairement sur le territoire de la commune de Moulis dans le département de la Gironde.

HISTOIRE

Dès l’Antiquité, la présence de vignes est attestée sur ce territoire marqué par la polyculture dans le cadre de latifundia(s) (grandes propriétés). Trois établissements gallo-romains y ont été reconnus. C’est de cette époque que date l’implantation du fameux cépage Vitis Biturica, ancêtre des cabernets.
Durant le Moyen Âge, le Médoc est le grenier de Bordeaux. La présence de nombreux moulins, pour moudre le grain, l’atteste. C’est du terme moulin que Moulis tire son nom. Le développement du vignoble commence dès le XIIIème siècle sous l’impulsion des propriétaires féodaux et d’une communauté religieuse dont l’église romane atteste l’existence et l’importance. A cette époque, les agriculteurs ne s’intéressent pas aux graves « maigres » considérées comme de mauvais cailloux (origine du nom du lieu-dit Maucaillou), car impropres à la culture des céréales. Ce n’est que plus tard que la vigne a été reconnue comme la seule plante capable de donner des résultats exceptionnels sur de tels sols. L’implantation du vignoble témoigne de l’antériorité effective de ce dernier : « Son vignoble est sans doute l’un des plus anciens du Médoc » (Bordeaux et ses Vins, C. Féret, M.H. Lemay, 1991). En effet, aux XIVème et XVème siècles, la vigne est implantée dans les territoires de l’intérieur plutôt qu’en bordure de l’estuaire. Les viticulteurs de l’époque préfèrent éviter les méfaits de l’humidité du fleuve et des brouillards, qui favorisent la pourriture et déciment leurs vignobles.
Le premier grand propriétaire viticole est le seigneur de Mauvezin. Le vignoble communal connaît un nouvel essor au XVIIIème siècle. Les agriculteurs- laboureurs du lieu-dit Grand Poujeaux hésitent à y planter de la vigne et ce sont les grands domaines issus de la seigneurie de « Poujeau », le commandeur d’Arcins ainsi que les familles bourgeoises Lahaye Poyen et Castaing, qui défrichent pour créer le vignoble de graves du Grand Poujeaux.
La réputation des vins de Moulis s’établit véritablement dans la seconde moitié du XIXème siècle, dans le sillage des grands chefs de file du Haut-Médoc, avec la politique du libre échange du Second Empire et les relations privilégiées entre Napoléon III et la reine Victoria. Les négociants bordelais, qui ont fait leur fortune dans le commerce des îles, investissent à Moulis. A la fin du XIXème siècle, le vignoble de la commune atteint son apogée avec une superficie de 1 500 hectares, avant de subir les méfaits du phylloxera.
Au début du XXème siècle, les conditions de mise en marché des vins de Moulis- en-Médoc sont déterminées par le négoce bordelais. La dénomination « Moulis » est née des pratiques commerciales des propriétaires qui vendent directement une partie de leur production aux particuliers. C’est dans ce circuit de distribution que la mention « Moulis » est apparue pour la première fois. La naissance du syndicat de Moulis en 1936 puis la reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée par le décret du 14 mai 1938, confortent les revendications des producteurs. Le décret de cette appellation est modifié le 4 janvier 1939 pour permettre à certaines parcelles des communes d’Arcins, Avensan, Castelnau-de-Médoc, Cussac-Fort- Médoc, Lamarque et Listrac-Médoc de revendiquer l’appellation « Moulis » en vertu d’usages anciens.
« Moulis » est la plus petite des appellations communales. Les 634 hectares de vignoble actuels représentent environ 4 % du vignoble médocain. Ce vignoble est exploité par une cinquantaine de propriétaires.

Le vignoble d’appellation « Moulis » produit en moyenne 25 000 hectolitres de vins rouges tranquilles.
Dès les premières années, les vins de « Moulis » sont à la fois fins et ronds car souvent issus du merlot N associé principalement au cabernet-sauvignon N. Le petit verdot N et le cabernet franc N, plus rarement le cot N et la carmenère N, apportent de la complexité. Ils atteignent leur plénitude après sept à dix années de vieillissement grâce à une bonne structure tannique. Robe intense, bouquet élégant, nuances aromatiques complexes et puissantes, longueur en bouche soutenue, caractérisent souvent ces vins.

D’une manière générale, les vins de « Moulis » produits sur les graves, allient élégance, puissance et complexité. Les terres argilo-calcaires produisent un vin un peu plus corsé que les précédents. On dit d’eux qu’ils allient « l’esprit et la vitalité » avec une bonne aptitude au vieillissement. Dans tous les cas, les vins font l’objet d’un élevage minimum de six mois.

CLIMAT ET SOLS

Située dans la partie centrale de la presqu’île du Médoc, à mi-chemin entre

Margaux et Saint-Julien, l’appellation « Moulis » prend la forme d’un étroit ruban de douze kilomètres de long, perpendiculaire à l’estuaire de la Gironde. C’est l’appellation la plus à l’ouest des « communales » du Médoc, sans façade sur l’estuaire.

Malgré son climat à dominante atlantique, cette région bénéficie d’un nivellement relatif des fluctuations saisonnières ainsi que d’une pluviosité modérée. Ces facteurs climatiques favorables sont dus à l’effet thermique régulateur engendré par la présence des eaux de l’Océan Atlantique et de la Gironde. Les précipitations sont bien réparties dans l’année. Toutefois, en fin d’été, les perturbations océaniques venues de l’ouest sont variables d’une année à l’autre : les dépressions automnales pluvieuses ou, au contraire les arrière-saisons chaudes et très ensoleillées, sont à l’origine d’un effet millésime marqué. Le territoire de la commune de Moulis-en-Médoc présente de légers coteaux qui s’étirent en une bande d’axe est-ouest d’une douzaine de kilomètres. Bordée au nord par la commune de Listrac-Médoc, la commune est séparée d’Avensan au sud par la dépression des ruisseaux d’Ayguebelle et de Tiquetorte.

Au gré des évolutions marines de l’ère Tertiaire une succession de couches argilo- calcaires, en bancs massifs se constituent. Durant le Quaternaire avec les alternances de périodes glaciaires et d’interstades tempérés, les apports des fleuves sont constitués de moraines, graviers, sables et limons. Après un phénomène d’inversion de relief dû à l’érosion, les vestiges de ces épandages sont devenus des buttes témoins de graves, ou graves glaciaires, dont la taille peut aller de la petite dragée au gros galet, étagées en terrasses successives. Ainsi, dans la partie nord-est de la commune, les croupes de graves du Günz sont reliées entre-elles par des terrains de nature sablo-graveleuse, reposant sur le socle argilo-calcaire. Ces croupes jouxtent à l’ouest des terrains argilo-marneux qui se prolongent jusqu’au sud du bourg. Au sud de la commune, les sols deviennent à dominante argilo-calcaire. A l’ouest du village de Bouqueyran apparaissent localement les graves de la haute terrasse. Au-delà, les terrains sont de moins en moins accidentés et se caractérisent par la présence de sables colluvionnés puis de sables des Landes. L’ensemble du territoire communal est disséqué par des vallons humides étroits et peu encaissés qui constituent des secteurs d’accumulation de colluvions sableuses. La diversité des sols rencontrés a fait dire aux spécialistes que « Moulis » est « un formidable concentré du Médoc viticole ».

Moulis-en-Médoc présente donc des paysages viticoles assez peu vallonnés, entre 20 et 30 mètres d’altitude, structurés autour de la route départementale numéro 5 qui relie d’est en ouest le bourg de la commune aux différents hameaux où sont installés les principaux sièges d’exploitations viticoles. Les vallons humides demeurent en landes ou en bois. A l’ouest, au-delà du hameau de Bouqueyran, s’étendent les landes boisées de Fonréaud sans usages viticoles et qui marquent la transition avec la forêt des landes girondines.

La zone géographique de production de l’appellation d’origine contrôlée « Moulis » correspond au territoire de la commune de Moulis-en-Médoc ainsi qu’à une partie du territoire des communes d’Arcins, Avensan, Castelnau-de-Médoc, Cussac-Fort- Médoc, Lamarque et Listrac-Médoc.

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés sur la base du code officiel géographique en date du 25 mars 2020 sur le territoire de la commune de Moulis dans le département de la Gironde ainsi que sur les parcelles indiquées en annexe 1 pour les communes suivantes : Castelnau-de-Médoc, Lamarque et Listrac-Médoc.

Communes hors de l’appellation autorisése à utiliser l’appellation en annexe.

L’église de Moulis. Source: https://en.wikipedia.org/

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

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L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour l’élaboration et l’élevage des vins est constituée par le territoire des communes suivantes du département de la Gironde sur la base du code officiel géographique en date du 25 mars 2020 :

PRINCIPAUX CÉPAGES

Cabernet franc N , Cabernet-Sauvignon N,  Carmenère N, Cot N – Malbec, Merlot N , Petit Verdot N

Pas de restriction pour les assemblages

RENDEMENTS MAXIMAUX

63 hectolitres par hectare

CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

Les techniques soustractives d’enrichissement (TSE) sont autorisées dans la limite d’un taux de concentration de 15 %.

Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 13,5 %.

Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

a) Densité de plantation
Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 7 000 pieds à l’hectare.

Ces vignes ne peuvent présenter un écartement entre les rangs supérieur à 1,50 mètre, et un écartement entre les pieds sur un même rang inférieur à 0,80 mètre.

b) Règles de taille

La taille est effectuée au plus tard au stade feuilles étalées (stade 9 de Lorenz) selon les techniques suivantes :

— taille à cots et à astes,lepied portant 2astes à 5yeux francs maximum pour lescépages cabern etsauvignonN, cot N (malbec), merlot N et petit verdot N et à 7 yeux francs maximum pour les cépages cabernet franc N et carmenère N. Les cots de retour sont taillés à 2 yeux francs ;

— taille à cots à 2 cordons, ou en éventail à 4 bras.
Dans tous les cas, chaque pied ne peut porter plus de 12 yeux francs.

c) Irrigation

L’irrigation pendant la période de végétation de la vigne peut être autorisée, conformément aux dispositions du code rural et de la pêche maritime.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage peut préciser l’unité géographique plus grande « Bordeaux – Médoc », « Vin de Bordeaux – Médoc » ou « Grand Vin de Bordeaux – Médoc ». Les dimensions des caractères de cette dénomination ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée

CRUS CLASSÉS (CLASSIFICATION DE 1855)

Pas de Cu classé mais des Crus bourgeois et des Crus artisans. Voir CLASSIFICATION DES VINS DE BORDEAUX

Dernière modification du cahier des charges : 7 mai 2021