SAINT-JULIEN AOP

Vins de Bordeaux

L’APPELLATION

L’appellation Saint-Julien est réservée aux vins tranquilles secs rouges élaborés majoritairement sur la commune de Saint-Julien-Beychevelle dans le département de la Gironde.

HISTOIRE

Comme dans le reste de la presqu’île, les premières traces de vignes dans cette partie centrale du Médoc datent de l’Antiquité pendant l’occupation romaine. Cependant, la région comprenait alors de nombreux marécages. La constitution de la paroisse de Saint-Julien pourrait remonter au VIIème siècle et faisait partie de l’archiprêtré de Moulis.

Ce n’est véritablement qu’au milieu du XIIIème siècle que les premiers foyers viticoles se développent. Les plantations s’étendent progressivement et au XVIIème siècle, les anciennes seigneuries deviennent peu à peu des propriétés de la noblesse de robe bordelaise. Et cette évolution est rapide dans certaines paroisses. A Saint-Julien-Beychevelle, dès le XVIIIème siècle, le vignoble apparaît déjà très dominant, voire omniprésent. La plupart des châteaux viticoles de cette commune ont été construits ou remaniés profondément sous l’impulsion de ces investisseurs, parfois également négociants de la place de Bordeaux. Mises à part Pauillac, Margaux, Cantenac et dans une moindre mesure Saint-Estèphe, les paroisses voisines sont encore tournées vers une polyculture où la vigne joue toutefois un rôle important.

L’habitude ancienne du négoce de classer les paroisses viticoles par ordre de mérite, puis à l’intérieur de celles-ci, d’identifier les crus, aboutit à la codification de ces listes en 1855 pour l’Exposition Universelle par le Classement des Vins de Bordeaux à l’initiative de l’empereur Napoléon III. Longtemps méconnu du consommateur, ce classement témoigne pourtant de la notion de « château » en Bordelais et particulièrement à Saint-Julien-Beychevelle où neuf crus classés sont identifiés en 1855 (11 aujourd’hui, l’un d’entre eux ayant été divisé depuis). C’est ainsi que l’appellation « Saint-Julien » concentre la plus grande densité de crus classés, car le vignoble, qui s’étend sur 900 hectares environ, n’est exploité aujourd’hui que par 23 propriétaires.

Ce n’est qu’au XXème siècle que la commune de Saint-Julien-de-Reignac devient Saint-Julien-Beychevelle, associant le nom du hameau et du petit port, qui contribua à la renommée et à la diffusion des vins.
Au début du XXème siècle avec la mise en place progressive du concept d’appellation, la définition de l’appellation « Saint-Julien » est d’abord judiciaire après une tentative administrative. Les différents jugements intervenus entre 1921 et 1932 établissent la légitimité du Syndicat de Saint-Julien et limitent cette appellation à la seule commune de Saint-Julien-Beychevelle (jugement du 8 juin 1921 du Tribunal de Lesparre, arrêt de la Cour de Bordeaux du 18 mai 1925). Par la suite, le décret de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Julien » est publié le 14 novembre 1936 et modifié le 27 mai 1946 suite au jugement du Tribunal de première instance de Bordeaux du 8 novembre 1943.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique, située dans la presqu’île du Médoc dans le département de la Gironde, à mi-chemin entre Bordeaux et la Pointe de Grave, présente trois ensembles topographiques principaux que sont : parallèlement à l’axe de l’estuaire, des terrasses étagées entre 10 et 30 mètres d’altitude ; perpendiculairement à l’axe de l’estuaire, ces terrasses ont été disséquées en croupes par un réseau hydrographique dense affluent de la Gironde : les « esteys » et les « jalles » ; et enfin le marais le long de l’estuaire. La zone géographique correspond au territoire de la commune de Saint-Julien-Beychevelle ainsi qu’à quelques parcelles situées sur les communes de Cussac-Fort-Médoc et Saint-Laurent-Médoc, conformément au jugement du Tribunal de première instance de Bordeaux du 8 novembre 1943. Cette aire s’étend également sur neuf parcelles cadastrales situées sur la commune de Pauillac et sur lesquelles a été revendiquée l’appellation Saint-Julien.

La dissection de la commune par le réseau hydrographique a contribué à son individualisation et les axes de drainage correspondent avec plusieurs limites du territoire communal : c’est le cas au Sud avec le marais du hameau de Beychevelle ; au Nord-est, avec le vallon de Juillac ; au Sud-ouest, avec le vallon du Riou Cla. Dans la partie centrale de la commune, le vallon de la Mouline délimite la croupe du hameau de Beychevelle au Sud de celle de Saint-Julien au Nord.

Le substratum géologique profond est constitué de calcaires, de marnes et d’argiles d’âge Oligocène. Ce substratum est totalement recouvert par la composante géologique dominante qu’est le « faciès à galets ». Cette formation d’âge Quaternaire est constituée d’un mélange de sables grossiers plus ou moins argileux, de graviers et de galets souvent quartzeux et de forte taille. Ce faciès principal est complété par d’autres dépôts du Quaternaire constitués de matériaux alluviaux fins postglaciaires des rives de la Gironde et des petits ruisseaux y débouchant localement. Constituées d’argiles et de limons, les premiers sont les « palus » de la Gironde et les seconds forment les colluvions issues du remaniement des pentes des vallons.

Les sols développés sur les terrasses graveleuses sont soit de type brun plus ou moins lessivés soit de type podzolique jeune. Les autres faciès sont surtout représentés par les colluvions formées par le remaniement sur les pentes des diverses formations antérieures : marno-calcaires oligocènes, formations à galets, sables quaternaires.

Cette appellation, qui s’inscrit dans un contexte climatique océanique tempéré, bénéficie de facteurs favorables à l’établissement d’un grand vignoble par l’effet thermique régulateur engendré par la présence des eaux de l’Océan Atlantique et de la Gironde. Le climat océanique, accompagné certaines années de quelques dépressions automnales pluvieuses ou, au contraire d’arrière-saisons chaudes et très ensoleillées, est à l’origine d’un effet millésime marqué.

Le paysage de cette appellation est presque exclusivement marqué par la vigne qui couvre l’ensemble des croupes graveleuses soit près des deux tiers des terres de la commune. Les constructions sont rassemblées autour du bourg de la commune et du hameau de Beychevelle qui sont reliés par la route départementale qui longe l’estuaire. Seuls quelques châteaux aux parcs arborés dominent, isolés au milieu du vignoble. Les « palus » et les marais humides sont consacrés à l’élevage ou sont boisés.

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés dans le département de la Gironde, sur le territoire de la commune de Saint-Julien-Beychevelle ainsi que sur les parties de communes suivantes : Cussac-Fort-Médoc, Pauillac et Saint-Laurent-Médoc.

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DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification, l’élaboration et l’élevage, est constituée par le territoire des communes suivantes du département de la Gironde en dehors des parties de ces communes comprises dans la zone délimitée : Cussac-Fort-Médoc, Pauillac et Saint-Laurent-Médoc.

PRINCIPAUX CÉPAGES

cabernet franc N , cabernet-sauvignon N,  carmenère N, cot N – malbec, merlot N , petit verdot N

Pas de restriction pour les assemblages

RENDEMENTS MAXIMAUX

Le rendement est fixé à 57 hectolitres par hectare.
Le rendement butoir est fixé à 63 hectolitres par hectare. Pour les vignes dont l’écartement est compris entre 1, 40 mètre et 1, 50 mètre inclus et dont la hauteur de feuillage palissé est comprise entre 0, 6 et 0, 7 fois l’écartement entre les rangs, le rendement butoir est fixé à 60 hectolitres par hectare.

CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

Les techniques soustractives d’enrichissement (TSE) sont autorisées dans la limite d’un taux de concentration de 15 %.
Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 13, 5 %.

Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire ( UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

a) – Densité de plantation.
– Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 7 000 pieds à l’hectare.
– Ces vignes ne peuvent présenter un écartement entre les rangs supérieur à 1, 50 mètre, et un écartement entre les pieds sur un même rang inférieur à 0, 80 mètre.

b) – Règles de taille.
La taille est effectuée au plus tard au stade feuilles étalées (stade 9 de Lorenz). Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes avec un maximum de 12 yeux francs par pied :
– la taille dite « médocaine » à astes, ou la taille à cots et à astes, le pied portant deux astes à 4 yeux maximum par aste pour les cépages cot N, cabernet- sauvignon N, merlot N et petit verdot N, ou 5 yeux maximum par aste pour les cépages cabernet franc N et carmenère N. Les cots de retour sont taillés à deux yeux francs ;
– la taille à cots à 2 cordons, ou en éventail à 4 bras.
c) – Irrigation
L’irrigation pendant la période de végétation de la vigne peut être autorisée conformément aux dispositions du code rural et de la pêche maritime.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage peut préciser l’unité géographique plus grande « Vin de Bordeaux – Médoc » ou « Grand Vin de Bordeaux – Médoc ». Les dimensions des caractères

de cette dénomination ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée

CRUS CLASSÉS (CLASSIFICATION DE 1855)

Seconds crus : Château Ducru-Beaucaillou, Château Gruaud-Larose,        Château Léoville-Barton , Château Léoville-Las Cases , Château Léoville-Poyferré 

Troisièmes crus : Château Lagrang,e Château Langoa-Barton

Quatrièmes crus : Château Beychevelle,     Château Branaire-Ducru,       Château Saint-Pierre, Château Talbot

Dernière modification du cahier des charges : 12 décembre  2011