TAVEL AOP

Source: https://www.vins-rhone.com/

L’APPELLATION

L’appellation Tavel est réservée aux vins tranquilles rosés élaborés sur le territoire des deux communes suivantes du département du Gard : Roquemaure et Tavel dans la vallée du Rhône.

HISTOIRE

La plus ancienne trace de civilisation que l’on connaisse à « Tavel » est avérée par la découverte, en 1973, d’un « ensemble thermal gallo-romain ». Par ailleurs, Jean REBOUL ne manque de souligner l’originalité de la situation géographique de la « Villa de Tavellis », datée de l’époque gallo-romaine et située à proximité des voies de circulation antiques. Il mentionne également les nombreux débris de vases en terre « décorés de grappes de raisin », découvertes en 1960, au lieu-dit des « Roquautes » dans des tombes du Ier siècle de notre ère. Le document le plus ancien mentionnant « les vignes de Tavel » date de 897. Il a pour objet un échange de biens entre l’évêque et le vicomte de Béziers.
Un autre fait important est l’acte de pariage, de 1292, qui place la communauté villageoise de Tavel sous l’autorité du Seigneur Abbé du monastère bénédictin de Villeneuve-lès-Avignon.
Par ailleurs, l’installation de la cour pontificale à Avignon au XIVème siècle a pour effet de favoriser la production et le commerce du vin de « Tavel ».
Dès la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle, le « compoix » de Tavel de l’année 1636, ainsi que le registre des délibérations de la communauté villageoise, ou encore les rôles de la capitation, attestent de la spécialisation de « Tavel » dans une économie vinicole de qualité à haute valeur ajoutée. Par exemple, une délibération consulaire, du 8 avril 1716, mentionne la « réputation de qualité du vin du cru » au point de disposer des mesures ayant pour objet de lutter contre des fraudes avérées. Une délibération, du 14 janvier 1731, note l’extension du vignoble et la prospérité du village. Une autre délibération de 1734 rappelle l’ordonnance de l’Intendant réglementant les plantations nouvelles, sous peine d’amende, motivée par la volonté de protéger les cultures vivrières remplacées progressivement par la vigne. Enfin, un extrait du cahier des délibérations de la commune de Tavel, daté du 23 août 1754, atteste de l’existence d’un « ban des vendanges » dont l’objet est de garantir la « qualité des vins » par le fait « de ne cueillir les raisins et faire la vendange qu’à la véritable maturité ».
Durant le prospère XIXème siècle, la notoriété des vins de « Tavel » ne cesse de croître. La croissance est cependant brisée par les destructions dues au phylloxéra. En effet, l’économie est tant spécialisée, dans un vignoble à haute valeur ajoutée, que les conséquences de la crise sont tragiques. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, le vignoble est réduit à une peau de chagrin et la population diminuée de 75% environ.

Toutefois, dès le début du XXème siècle, les jalons d’une nouvelle prospérité sont posés. Les producteurs tavellois, conscients du prestige ancien de leur « cru », s’engagent précocement dans la reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée. Le « Syndicat des propriétaires-viticulteurs de Tavel », constitué en 1902, est l’une des premières associations française de défense des vins, et « Tavel » est l’une des premières appellations d’origine contrôlées reconnue (décret du 15 mai 1936). La dimension collective est confortée par la présence d’une cave coopérative qui est inaugurée le 31 juillet 1938, en présence du Président de la République, M. Albert Lebrun, et du Président du Conseil, M. Edouard Daladier.

La réputation et la notoriété du vin de Tavel sont anciennes. Elles remontent, pour le moins, aux XVIIème et XVIIIème siècles. Par ailleurs, l’édition et la littérature sont riches de références. Une référence remarquable est l’édition LEVASSEUR de 1854 de l’« Atlas national illustré des 86 Départements et des Possessions de la France », dans laquelle le vin de « Tavel » est mentionné comme « l’une des productions célèbres du département du Gard ». Par ailleurs, les grands noms de la littérature vinicole comme Paul de CASSAGNAC, dans « Vins de France » (1927), ou encore Maurice CONSTANTIN-WEYER, dans « L’âme du vin » (1932), n’ont pas manqué de relever l’originalité du vin de « Tavel ». Par exemple, Maurice CONSTANTIN-WEYER consacre le chapitre V du livre II de « L’âme du vin » au vin de « Tavel ». En outre, Paul RAMAIN rappelle que des auteurs célèbres tels que Frédéric MISTRAL, Alphonse DAUDET, Honoré de BALZAC ou encore MONSELET et RONSARD, ont vanté le vin de Tavel.

D’un point de vue statistique, en 2009, le vignoble couvre une superficie d’approximativement 950 hectares. La production moyenne annuelle est d’environ de 39 000 hectolitres de vin.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Tavel », « Cru des Côtes du Rhône », est située dans le couloir rhodanien à 15 kilomètres au nord/ouest de la commune d’Avignon. Elle est localisée essentiellement sur la commune de Tavel et sur une partie réduite de la commune de Roquemaure, toutes deux dans le département du Gard, au cœur de la « Côte du Rhône » gardoise.
Le vignoble est périodiquement balayé par le Mistral, vent du nord, froid et sec, parfois très violent. Les étés sont chauds et secs. L’ensoleillement est important. La quantité de précipitations moyenne annuelle est de 700 millimètres, elle est très faible en période de maturité des raisins.
La zone géographique réunit quatre grands types de sols qui ont en commun d’être filtrants.
La combe argilo-calcaire, située à l’ouest du village, est orientée ouest/est. Elle présente la forme majestueuse d’un vaste théâtre antique dont les gradins sont colonisés par le vignoble. Elle est délimitée, respectivement au nord et au sud, par les deux anticlinaux d’un massif calcaire urgonien dont elle occupe le synclinal, lequel a été travaillé par une érosion anté-Oligocène. Au Pliocène, le synclinal a été comblé par des accumulations de marnes et d’argiles. Ainsi, la combe est caractérisée par la présence de couches plus ou moins profondes de « terra rossa » mises en culture, et d’affleurements de roche-mère calcaire difficilement exploitables. La présence de lauzes de couleur blanche, en superficie, protège les sols des effets du soleil, dans la mesure où elles ont des propriétés réfléchissantes.
La haute terrasse à galet du plateau de Vallongue est située au nord-est du village à une altitude de 120 mètres environ. Elle forme un long plateau horizontal couvert d’une grande quantité de galets grossiers. Au sud, elle est interrompue par d’étroits vallons. Le vignoble est planté dans un sens nord/sud. La pédogenèse de la terrasse a commencé il y a environ un million d’années. Elle se caractérise par un lessivage et une accumulation argileuse qui donnent un sol fersialitique rouge, tandis que la décarbonatation des couches supérieures a favorisé les phénomènes de cimentation dans les horizons inférieurs, les poudingues. L’horizon rouge ne dépasse guère un mètre, pour laisser place à des sables calcaires à très forte proportion de graviers qui se raccordent insensiblement, un ou deux mètres plus bas, à la formation géologique initiale de la terrasse qui n’a pas été affectée par la pédogenèse. Cette dernière, peu épaisse, se distingue mal de la couche pliocène sous-jacente.
Les versants et les vallons sableux sont, en majorité, situés en contrebas de la haute terrasse. Ils sont probablement les plus anciens sols exploités. Pauvres, mais aisés à exploiter, ils sont en effet réservés à la viticulture, bien avant l’essor du XVIIIème siècle. Ils sont couverts de sables pliocènes et l’épandage de galets y est plutôt faible.
Les « terres blanches » issues de colluvions récentes sont localisées au sud-est du village, aux altitudes les plus faibles, déclinant de 86 mètres à 63 mètres environ. Leurs qualités culturales ne sont pas négligées car elles sont naturellement bien drainées.

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DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins sont assurées sur le territoire des deux communes suivantes du département du Gard : Roquemaure et Tavel.

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

L’aire de proximité immédiate, définie par dérogation pour la vinification et l’élaboration des vins, est constituée par le territoire des communes suivantes :

– département du Gard : Les Angles, Argilliers, Bagnols-sur-Cèze, Castillon-du-Gard, Cavillargues, Chusclan, Codolet, Collias, Connaux, Fournès, Gaujac, Laudun, Lirac, Montfaucon, Orsan, Le Pin, Pouzilhac, Pujaut, Remoulins, Rochefort-du-Gard, La Roque-sur- Cèze, Sabran, Saint-Etienne-des-Sorts, Saint-Géniès-de-Comolas, Saint-Gervais, Saint-Hilaire- d’Ozilhan, Saint-Laurent-des-Arbres, Saint-Marcel-de-Careiret, Saint-Michel-d’Euzet, Saint- Nazaire, Saint-Paul-les-Fonts, Saint-Pons-la-Calm, Saint-Victor-la-Coste, Sauveterre, Saze, Tresques, Valliguières, Vénéjan, Vers-Pont-du-Gard, Villeneuve-lès-Avignon ;

– département du Vaucluse : Bédarrides, Caderousse, Châteauneuf-du-Pape, Courthézon, Orange, Piolenc, Sorgues, Vedène, Violès.

CÉPAGES PRINCIPAUX

grenache N, grenache gris G, grenache blanc B, clairette rose Rs ,clairette B, cinsaut N, mourvèdre N, syrah N, piquepoul noir N, piquepoul gris G, piquepoul blanc B.

Les vins sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : bourboulenc B, cinsaut N, clairette B, clairette rose Rs, grenache blanc B, grenache gris G, grenache N, mourvèdre N, piquepoul blanc B, piquepoul gris G, piquepoul noir N, syrah N ;
– cépages accessoires : calitor N, carignan blanc B, carignan N.

Les vins sont issus d’un assemblage dans lequel le cépage grenache N est obligatoirement présent.

RENDEMENTS MAXIMAUX

50 hectolitres par hectare

VINS ET CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

– L’utilisation de copeaux de bois est interdite.

– L’utilisation de charbons à usage œnologique, seuls ou en mélange dans des préparations, est interdite.
Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques oenologiques, les obligations figurant au niveau communautaire (UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4000 pieds à l’hectare. L’écartement entre les rangs ne peut être supérieur à 2,25 mètres.
Chaque pied dispose d’une superficie maximale de 2,50 mètres carrés. Cette superficie est obtenue en multipliant les distances d’inter-rang et d’espacement entre les pieds sur un même rang.

Les vignes conduites en gobelet traditionnel présentent une densité minimale à la plantation de 3 500 pieds à l’hectare.

Les vignes sont taillées en taille courte :
– pour la conduite en gobelet, avec des coursons portant un maximum de 2 yeux francs ;
– pour la conduite cordon de Royat, avec un maximum de 6 coursons par pied, chaque courson

portant un maximum de 2 yeux francs.
La période d’établissement du cordon de Royat, lors d’un changement de mode de conduite, est limitée à 2 ans. Durant cette période, la taille Guyot double est autorisée, avec un maximum de 6 yeux francs sur chaque long bois et un ou deux coursons à 2 yeux francs maximum.

L’irrigation peut être autorisée .

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Cru des Côtes du Rhône » ou « Vignobles de la Vallée du Rhône ». Les conditions d’utilisation l’unité géographique plus grande « Vignobles de la Vallée du Rhône » sont précisées par la convention signée entre les différents organismes de défense et de gestion concernés.

Dernière modification du cahier des charges : 22  mais 2019