BÉARN AOP

NB: revue par J.Uztarroz. Corrèze hors échelle)

L’APPELLATION

L’appellation Béarn est réservée aux vins rouges, blancs et rosés élaborés danscertaines communes du département du Gers, du département des Hautes-Pyrénées et du département des Pyrénées-Atlantiques

HISTOIRE

Les cartulaires et les archives locales nous apprennent que le vignoble est déjà bien installé dans une partie de l’aire dès le XIIIème siècle et omniprésent au cours du XIVème siècle. Il participe de façon significative aux échanges commerciaux locaux.
Au milieu du XIVème siècle, les vins blancs et rouges du Béarn commencent à être exportés sous ce nom vers la Hollande, par le port de Bayonne, qu’ils atteignent en suivant la vallée de l’Adour ou celle du Gave de Pau. Le Béarn est alors un pays de petites propriétés et de métayage. Quelques notables et petits nobles locaux structurent cette voie de commercialisation. Ces exportations concernent les vins produits dans les trois secteurs viticoles du Béarn. Elles perdurent et se développent même jusqu’au XIXème siècle, par l’intermédiaire des nombreux protestants béarnais expatriés dans le nord de l’Europe. Ainsi, au XVIIIème siècle, Lespés de Hureaux, intendant à Bayonne, signale que « la province de Béarn fournit par la même rivière (l’Adour) une grande quantité de vins…Les vins s’envoient en Hollande » ».
Dès le XVème siècle, un autre débouché se met en place avec la Bigorre et les Pyrénées par la vallée de l’Adour. Il reste actif jusqu’au développement des voies de communication au XIXème siècle. Les vignerons échangent leur vin rouge contre du bois puis des pierres de construction. La demande des montagnards concerne des vins rouges colorés et corsés. Par la suite la demande s’est élargie aux vins clairets et aux vins blancs.
Dès le XVIème siècle, les vignes blanches comprennent essentiellement les cépages Petit Manseng B, Gros Manseng B, Arrufiac B et Courbu B. Le Raffiat de Moncade B, cépage que Béarn est la seule appellation à utiliser, produit des vins qui étaient appelés « rousselet du Béarn ».

Au XVIIIème siècle les cépages rouges utilisés sont peu nombreux : au fer N et au bouchy (cabernet franc N), implantés très anciennement, s’ajoute le tannat N, cépage local très coloré et tannique. Cette faible diversité de cépages est une preuve d’un niveau qualitatif élevé.
Dans ce secteur, la vigne fournit alors l’essentiel des revenus, ce qui le distingue des régions voisines. Elle reste cependant une culture parmi d’autres, dans un système de polyculture vivrière et d’élevage.
Le vignoble béarnais atteint presque 20 000 hectares au début du XIXème siècle. La taille des domaines viticoles croit, même si le Béarn reste un pays de petites propriétés où une part importante de la terre appartient aux paysans.
Au début du XXème siècle, les vins rosés de cette appellation connaissent une grande notoriété, liée à des marchés suivis en région parisienne.
La cave coopérative de Bellocq est créée en 1944, celle de Gan en 1949 et celle de Crouseilles en 1950. Elles représentent aujourd’hui une part largement majoritaire de la production de Béarn, notamment sur la partie ouest de l’aire. Elles ont permis la survie de petites exploitations de polyculture où la vigne est souvent minoritaire en surface. Plusieurs vignerons indépendants répartis sur l’ensemble de l’aire participent également à cette production de façon active.
L’Appellation d’Origine Vin Délimité de Qualité Supérieure Béarn, reconnue en 1951 pour les vins rosés et blancs (Rousselet du Béarn), s’étendait initialement sur le secteur ouest uniquement, puis s’est étendue aux secteurs sud et nord.
Béarn a été reconnu en Appellation d’Origine Contrôlée en 1975 pour les vins rouges, rosés et blancs.
Au XXème siècle le vignoble a fortement décru en surface, sous l’effet des maladies cryptogamiques, des deux guerres puis de l’avancée de la culture du maïs. Depuis 1980, le vignoble s’étend à nouveau, régulièrement et lentement. Les surfaces revendiquées restent comprises entre 200 et 300 hectares, avec une nette prédominance du secteur ouest.

Les vins rouges, rosés et blancs sont issus d’assemblage. On peut souligner que les principaux cépages utilisés sont d’origine locale bien adaptés aux caractéristiques pédoclimatiques de cette région. Ceci confère aux vins de cette appellation une partie de leur originalité.

Les producteurs affectent annuellement, avant le 1er février, les parcelles qu’ils souhaitent utiliser pour cette production.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique est constituée des trois noyaux viticoles historiques de la province du Béarn, petite région du sud-ouest de la France. Globalement située en zone de piémont des Pyrénées dans des secteurs de coteaux, elle présente des variations importantes de sols et de conditions topoclimatiques.
Le vignoble s’insère dans ce paysage de façon discrète et discontinue. Il fait partie d’un système de polyculture diversifié, aujourd’hui orienté notamment vers la maïsiculture et l’élevage bovin.
L’aire de production comprend le territoire de 74 communes répartis en trois secteurs Les sols associés sont également très variés même si la plupart sont lessivés et acides. Quelques sols sur calcaires sont visibles de façon discontinue et souvent en bas des coteaux pentus. La pierrosité de ces sols est variable : les nappes à galets sommitales enrichissent les versants par colluvionnement et le flysch, très altéré, est visible parfois sous forme de cailloux anguleux. Des sables et graviers issus de dépôts souvent chenalisés améliorent le drainage. Globalement, en dehors de certaines positions plates sommitales ou de fond de vallée, et de quelques bas de versants limoneux, les sols présentent une bonne aptitude à drainer l’eau et à se réchauffer, grâce notamment à leur pierrosité (graviers, galets, flysch…). Le relief, très découpé, crée des orientations diverses et notamment de nombreuses facettes sud, est ou ouest, chaudes, avec une pente suffisante pour éliminer l’eau de pluie excédentaire.

Le climat à dominante océanique, humide et doux, apporte de 1000 millimètres par an au nord de l’aire, à 1300 millimètres par an à l’ouest, répartis de façon assez homogène sur l’année, avec une période plus sèche en été et en début d’automne. C’est aussi à cette période que souffle préférentiellement (1 jour sur 3) le vent du sud, chaud et sec de type « fœhn ».

La végétation associée marque nettement les différences de sols : les Chênes pédonculés et les landes acides s’étendent largement sur les sols lessivés acides et sur les sols argileux peu calcaires alors que les Chênes pubescents et les pelouses sèches se développent sur les sols calcaires souvent localisés en bas de coteaux pentus orientés vers l’ouest, dans la partie nord de l’aire

on distingue :
-une zone ouest centrée sur les communes de Salies de Béarn et Bellocq, berceau de l’appellation Béarn.
-une zone située au sud et à l’ouest de la commune de Pau, entre les cours d’eau du Gave de Pau et du Gave d’Oloron.
-une zone située au nord-est, dans une boucle du fleuve Adour.

Dans cette aire géographique morcelée, la morphologie est cependant assez homogène. Les coteaux sont souvent dissymétriques avec un versant abrupt orienté vers l’ouest et un versant en pente douce vers l’est. Leur amplitude est assez homogène et atteint une centaine de mètres de dénivelé. Les roches qui forment ces reliefs sont composées essentiellement de sédiments d’origine continentale datant du Tertiaire (molasse, marne, calcaire, argile, Sables Fauves, nappes à galets), parfois marins et du Secondaire (flysch). Des limons éoliens ont recouvert le relief au Quaternaire et sont encore présents sur les plateaux et dans les pentes douces.

Vignoble à Monein au moment des vendanges (Monein, Pyrénées-Atlantiques). Source: By User:Jymm – Own work, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes :

—  département du Gers : Riscle (sur le territoire de l’ancienne commune de Cannet), Maumusson-Laguian, Viella ;

—  département des Hautes-Pyrénées : Castelnau-Rivière-Basse, Hagedet, Lascazères, Madiran, Saint- Lanne et Soublecause ;

—  département des Pyrénées-Atlantiques : Abos, Arbus, Arricau-Bordes, Arrosès, Artiguelouve, Au- bertin, Aubous, Aurions-Idernes, Aydie, Baigts-de-Béarn, Bellocq, Bérenx, Bétracq, Bosdarros, Bu- rosse-Mendousse, Cadillon, Cardesse, Carresse, Castagnède, Castetpugon, Castillon (canton de Lem- beye), Conchez-de-Béarn, Corbère- Abères, Crouseilles, Cuqueron, Diusse, Escurès, Estialescq, Gan, Gayon, Gelos, Haut-de-Bosdarros, L’Hôpital- d’Orion, Jurançon, Lacommande, Lagor, Lahontan, Lahourcade, Laroin, Lasserre, Lasseube, Lasseubetat, Lembeye, Lespielle-Germenaud-Lannegrasse , Lucq-de-Béarn, Mascaraàs-Haron, Mazères-Lezons, Moncaup, Moncla, Monein, Monpezat, Mont- Disse, Mourenx, Narcastet, Ogenne-Camptort, Oraàs, Orthez, Parbayse, Portet, Puyoo, Ramous, Ron- tignon, Saint-Faust, Saint-Jean-Poudge, Salies-de-Béarn, Salles-Mongiscard, Sauvelade, Séméacq- Blachon, Tadon-Sadirac-Viellenave, Tadousse-Ussau, Uzos, Vialer, Vielleségure.

CÉPAGES PRINCIPAUX

cabernet franc N, cabernet-sauvignon N,  gros manseng B, petit manseng B , raffiat de Moncade B,  tannat N

a) – Les vins blancs sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : gros manseng B, petit manseng B, raffiat de Moncade B ;
– cépages accessoires : camaralet de Lasseube B, courbu B, lauzet B, petit courbu B, sauvignon B.

b) – Les vins rouges et rosés sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, tannat N ; – cépages accessoires : courbu noir N, fer N, manseng N.

Pour les vins rouges : « La proportion du cépage tannat N peut être égale à 50 %.».

Pour les vins rosés, les cépages principaux représentent au moins 70 % de l’assemblage, le tannat N représente au moins 25 % de l’assemblage .

RÈGLES DE PROPORTION À L’EXPLOITATION

b) – Vins rouges :
Pour les vins rouges, la proportion des cépages principaux est supérieure ou égale à 80% de l’encépagement ;
– La proportion du cépage tannat N est supérieure à 50 %.

c) – Vins rosés :
La proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 30 % de l’encépagement.

d) – Vins blancs :
– La proportion des cépages accessoires est inférieure ou égale à 30 % de l’encépagement.

– Le cépage raffiat de Moncade B est obligatoirement présent dans l’encépagement.

RENDEMENTX MAXIMAUX

Béarn – Vins rouges, rosés et blancs :  60 hectolitres par hectare

VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES

—  Les vins blancs et rosés sont issus de pressurages directs.

—  Pour l’élaboration des vins rosés, l’utilisation de charbons à usage œnologique, seuls ou en mélange dans des préparations, est interdite.

—  Un titre alcoométrique total ne dépassant pas 13,5 % après enrichissement.

— Outre la disposition ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4 000 pieds à l’hectare avec un écartement entre les rangs supérieur à 2,50 mètres.

Les vignes destinées à la production de vins rouges et rosés, situées sur les communes suivantes du département des Pyrénées-Atlantiques : Abos, Arbus, Artiguelouve, Aubertin, Bosdarros, Cardesse, Cuqueron, Estialesq, Gan, Gelos, Haut-de-Bosdarros, Jurançon, Lacommande, Lahourcade, Laroin, Lasseube, Lasseubétat, Lucq-de-Béarn, Mazères- Lezons, Monein, Narcastet, Parbayse, Rontignon, Saint-Faust et Uzos, peuvent présenter un écartement entre les rangs de 2,80 mètres maximum.

Ces dispositions ne s’appliquent pas aux vignes plantées en terrasse.

Les vignes sont taillées en Guyot simple ou double avec un maximum d’yeux francs par pied de :

16 yeux francs pour les cépages tannat N, manseng N, gros manseng B, raffiat de Moncade B ;

20 yeux francs pour les autres cépages.

Le nombre de rameaux fructifères de l’année par pied, après floraison (stade phénologique 23 de Lorenz), est inférieur ou égal à :

12 yeux francs pour les cépages tannat N, manseng N, gros manseng B, raffiat de Moncade B ; 16 yeux francs pour les autres cépages.
— L’irrigation peut être autorisée.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’AOC « Béarn » peut être complétée de la dénomination géographique complémentaire précisant l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ».

Dernière modification du cahier des charges : 15 mai   2021

Dernière homologation du cahier des charges français: 17 novembre 2023