BERGERAC AOP
L’APPELLATION
L’appellation Bergerac est réservée aux vins blancs, rouges et rosés élaborés sur le territoire de certaines communes du département de la Dordogne
HISTOIRE
Le berceau originel du vignoble est la « Vinée », territoire correspondant aux sept paroisses situées au nord de la ville de Bergerac. Après la Guerre de Cent Ans, cette « Vinée » devenue trop petite, s’étend et gagne les coteaux de la rive droite de la Dordogne.
Du XIIe siècle jusqu’à la fin de la Guerre de Cent Ans, l’histoire du vignoble de Bergerac est intimement liée à celle des rois d’Angleterre, l’Aquitaine ayant été apportée en dot par Aliénor à Henri II Plantagenêt.
En 1254, Henri III permettra aux vins de Bergerac embarqués à Libourne ou Bordeaux vers les ports de l’Europe du nord, de s’exporter en toute saison sans la moindre entrave du Bordelais. En effet, tous les vins du Haut Pays (via la Dordogne et la Garonne) ne pouvaient descendre à Bordeaux avant la Saint Martin (11 novembre) ou Noël. La région de Bergerac doit ainsi une part de sa notoriété aux vins rouges qui s’exportaient vers l’Angleterre mais surtout jusqu’à la fin du XIIIe siècle aux vins « clarets » issus indistinctement de raisins rouges et blancs.
Le Bergeracois étant converti au protestantisme, la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 aura pour conséquence l’exil des huguenots vers la Hollande, l’Allemagne et la Suisse tout en permettant le développement d’un commerce florissant avec toute l’Europe du Nord. Les protestants exilés en Hollande s’arrachaient à prix d’or ces vins blancs et ces vins « clarets ».
Le commerce des vins était étroitement lié aux conditions de navigation sur la Dordogne. Ainsi le vignoble en amont de Bergerac a disparu en raison de la présence d’une succession de rapides connus sous le nom de « Pas de la Gratusse » qui rendaient très difficiles la montée et la descente des barques fluviales appelées « gabarres ».
Les viticulteurs et les négociants se sont regroupés depuis plus de 50 ans dans une structure interprofessionnelle chargée du développement et de la promotion de la production locale.
Les crises du XXe siècle ont favorisé la création de 10 caves-coopératives regroupées aujourd’hui en quatre pôles. La viticulture regroupe un peu plus de 1 000 vignerons, dont les deux tiers sont des vignerons coopérateurs (pour un tiers de la production). La communauté humaine de cette appellation s’est ainsi organisée pour préserver l’histoire et les savoir-faire.
Le vignoble initialement adapté à la traction animale, était planté à 1,80 mètre entre rangs et 1,10 mètre entre pieds. Les gelées de l’hiver 1956, le développement du machinisme agricole et le souci de polyvalence des matériels ont entraîné une évolution vers des vignes plus larges, présentant des plans de palissage élevés afin de maintenir une surface foliaire optimale. L’encépagement a pour sa part peu évolué avec la prédominance du merlot N et du sémillon B. Les conditions climatiques à la maturité ont permis la conservation d’un pourcentage important de cabernet franc N et de muscadelle B.
CLIMAT ET SOLS
La zone géographique s’étend de part et d’autre de la vallée de la Dordogne sur un ensemble de coteaux situés au sud-ouest du Périgord. La rivière occupe une un ensemble de coteaux situés au sud-ouest du Périgord. La rivière occupe une vallée, étroite et encaissée en amont de Bergerac, qui s’évase en aval pour atteindre une largeur de 7 à 8 kilomètres.
Sur la rive droite, la zone géographique se limite aux premiers coteaux qui dominent la vallée de la Dordogne, bordés au nord par la forêt du Landais. D’est en ouest, les formations géologiques affleurantes sont constituées :
– en amont de Bergerac, par les calcaires marins du Crétacé déposés au Secondaire,
– de Bergerac au Fleix, par les sables et argiles à graviers du Périgord qui proviennent du démantèlement des arènes granitiques du Massif Central,
– de la commune de Le Fleix jusqu’au département de la Gironde, par un substratum argilo-calcaire tertiaire qui correspond à la limite d’extension de la mer stampienne dans laquelle s’est déposé le calcaire à astéries au Tertiaire. Les niveaux de calcaires durs apparaissent nettement dans ce paysage en formant des corniches ou des cuestas souvent couronnées par des taillis ou des bois de chêne.
Sur la rive gauche, la zone géographique s’étend sur l’interfluve Dordogne – Dropt, cette vallée constituant la limite sud du département.
Sur cette rive affleurent uniquement des formations tertiaires avec des calcaires lacustres (Castillon, Monbazillac, Issigeac) intercalés dans des niveaux plus molassiques.
Ainsi l’ensemble de la zone géographique entre la vallée et les coteaux, s’étend sur un territoire de 90 communes.
Le paysage est constitué par une succession de coteaux aux expositions variées nettement ciselés par le réseau hydrographique.
Les parcelles destinées à la récolte des raisins sont précisément délimitées. Les sols les plus caractéristiques sont :
– les rendzines et sols bruns calcaires plus ou moins épais en fonction de l’origine du substrat (marin ou lacustre) et de leur position topographique,
– les sols lessivés de boulbènes sur les sables et argiles à graviers du Périgord et sur les molasses tertiaires,
– les sols alluviaux argilo-graveleux des terrasses de la Dordogne.
Ces sols pauvres assurent une bonne maîtrise de la production des raisins et un bon régime hydrique.
Le climat est un climat océanique atténué, moins pluvieux et un peu plus froid que sur la façade atlantique. L’éloignement de la côte atlantique crée quelques nuances dans le climat océanique avec des températures plus élevées l’été et plus froides l’hiver. La configuration particulière de la vallée de la Dordogne, ouverte tel un entonnoir vers l’océan à l’ouest, permet à la douceur atlantique de remonter jusqu’à près de 100 kilomètres à l’intérieur des terres amenant l’humidité et la douceur au printemps et en automne. Les mois les plus pluvieux sont décembre, janvier et mai alors que le précipitations sont faibles en mars et de juillet à septembre.
Cette région agricole, appelée Périgord pourpre en raison de la présence du vignoble, présente une mosaïque de paysages. Tout au nord, la forêt marque l’horizon, entrecoupée de clairières sur les croupes où l’élevage et la viticulture sont présents. La vallée de la Dordogne est entretenue comme un jardin avec une imbrication de parcelles destinées à la culture céréalière, au maraîchage, au tabac, aux vergers et à la vigne. A l’ouest vers Montravel et sur les coteaux sud, les calcaires marquent le paysage avec une forte présence de la vigne mais aussi des vergers, des céréales et des prairies. Plus on se rapproche de la vallée du Dropt et plus le paysage s’ouvre sur de grands espaces céréaliers.
DÉLIMITATION DE L’APPELLATION
La récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins sont assurées sur le territoire des communes suivantes du
département de la Dordogne (sur la base du code officiel géographique en date du 26 février 2020) :
Communes retenues en entier :
Baneuil, Bergerac, Boisse, Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières, Bouniagues, Campsegret, Carsac-de-Gurson, Colombier, Conne-de-Labarde, Cours-de-Pile, Creysse, Cunèges, Eymet, Faurilles, (Le) Fleix, Fonroque, (La) Force, Fougueyrolles, Fraisse, Gageac-et-Rouillac, Gardonne, Ginestet, Issigeac, Lalinde, Lamonzie-Saint-Martin, Lamothe- Montravel, Lanquais, (Les) Lèches, Lembras, Lunas, Mescoules, Minzac, Monbazillac, Monestier, Monfaucon, Monmadalès, Monmarvès, Monsaguel, Montazeau, Montcaret, Montpeyroux, Mouleydier, Moulin-Neuf, Nastringues, Naussannes, Plaisance, Pomport, Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt, Prigonrieux, Queyssac, Rampieux, Razac-de- Saussignac, Razac-d’Eymet, Ribagnac, Rouffignac-de-Sigoulès, Sadillac, Saint-Agne, Saint-Antoine-de-Breuilh, Saint- Aubin-de-Cadelech, Saint-Aubin-de-Lanquais, Saint-Capraise-d’Eymet, Saint-Cernin-de-Labarde, Saint-Germain-et- Mons, Saint-Géry, Saint-Julien-Innocence-Eulalie, Saint-Laurent-des-Vignes, Saint-Léon-d’Issigeac, Saint-Martin-de- Gurson, Saint-Méard-de-Gurçon, Saint-Michel-de-Montaigne, Saint-Nexans, Saint-Perdoux, Saint-Pierre-d’Eyraud, Saint-Rémy, Saint-Sauveur, Saint-Seurin-de-Prats, Saint-Vivien, Saussignac, Serres-et-Montguyard, Sigoulès-et- Flaugeac, Singleyrac, Thénac, Vélines, Verdon, Villefranche-de-Lonchat.
Communes retenues en partie :
Beaumontois en Périgord pour le seul territoire de l’ancienne commune de Nojals-et-Clotte devenue commune déléguée au sein de Beaumontois en Périgord au 1er janvier 2016, Eyraud-Crempse-Maurens pour le seul territoire de l’ancienne commune de Maurens devenue commune déléguée au sein de Eyraud-Crempse-Maurens au 1er janvier 2019.
AIRE DE PROXIMITÉ
L’aire de proximité immédiate est constituée par le territoire des communes suivantes (sur la base du code officiel géographique en date du 26 février 2020) :
— département de la Dordogne : Cause-de-Clérans, Saint-Géraud-de-Corps. – Département de la Gironde : Caplong, Castillon-la-Bataille, Francs, Gardegan-et-Tourtirac, Gensac, Les Lèves-et-Thoumeyragues, Margueron, Pineuilh, Puisseguin, Saint-Avit-Saint-Nazaire, Saint-Cibard, Saint-Emilion.
— département de Lot-et-Garonne : Duras, Loubès-Bernac et Saint-Jean-de-Duras.
CÉPAGES PRINCIPAUX
a) – Les vins rouges sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : cabernet franc N, cabernet sauvignon N, cot N et merlot N ; – cépages accessoires : fer servadou N, mérille N.
b) – les vins rosés sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : cabernet-sauvignon N, cabernet franc N, merlot N, cot N (ou malbec),
– cépages accessoires : fer servadou N, mérille N, sémillon B, sauvignon B, sauvignon gris G, muscadelle B.
c) – Les vins blancs sont issus des cépages suivants :
– cépages principaux : muscadelle B, sauvignon B, sauvignon gris G, sémillon B ; – cépage complémentaire : ugni blanc B ;
– cépages accessoires : chenin B, ondenc B.
Les vins proviennent de l’assemblage de raisins ou de vins issus d’au moins deux cépages principaux. La proportion de l’ensemble des cépages principaux ne peut être inférieure à 50 % de l’assemblage.
RENDEMENTS MAXIMAUX
Vin blanc : 77 hectolitres par hectare
Vin rouge : 68 hectolitres par hectare
Vin rosé : 72 hectolitres par hectare
VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES
Pour l’élaboration des vins rosés, l’utilisation des charbons à usage œnologique est autorisée pour les moûts, dans la limite de 20 % du volume de vins rosés élaborés par le vinificateur concerné, pour la récolte considérée
Les techniques soustractives d’enrichissement (TSE) sont autorisées pour les vins rouges dans la limite d’un taux de concentration maximum de 10 %. L’augmentation du titre alcoométrique volumique naturel, pour le lot faisant l’objet du traitement, est inférieure ou égale à 1 %.
Les vins ne dépassent pas, après enrichissement, un titre alcoométrique volumique total de 13,5 % pour les vins rouges et 13 % pour les vins rosés et les vins blancs. Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire (UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.
CARACTÉRISTIQUES VITICOLES
Les vignes présentent une densité minimale de plantation de 4 000 pieds par hectare. L’écartement entre les rangs ne peut être supérieur à 2,50 mètres et l’espacement entre les pieds sur le même rang ne peut être inférieur à 0,80 mètre. Il est toutefois admis que cette densité puisse être réduite à 3 300 pieds par hectare. Dans ce cas, les vignes ne peuvent présenter un écartement entre rangs supérieur à 3 mètres et l’espacement entre les pieds sur le même rang ne peut être inférieur à 0,90 mètre.
L’irrigation est interdite.
Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes : taille Guyot, taille à coursons en cordon de Royat ou taille à cots.
— pour les vignes présentant une densité de plantation > 4 000 pieds/ha , le nombre maximum d’yeux francs par hectare est 60 000 et de 16 par pied.
— pour les vignes présentant une densité de plantation < 4 000 pieds/ha , le nombre maximum d’yeux francs par hectare est 60 000 et de 20 par pied.
AUTRES CARACTÉRISTIQUES
L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Bergerac » peut préciser l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ». Cette unité géographique plus grande peut également figurer sur les prospectus et récipients quelconques. Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.
Le terme «sec» figure obligatoirement sur l’étiquetage des vins blancs. Le terme «demi-sec» figure obligatoirement sur l’étiquetage des vins rosés dont la teneur en sucres fermentescibles (glucose+ fructose) est comprise entre 4 et 10 grammes par litre.
Dernière modification du cahier des charges : 08 septembre 2021