PINEAU DES CHARENTES AOP
L’APPELLATION
L’appellation Pineau des Charentes est réservée aux vins de liqueur blancs, rouges et rosés élaborés sur le territoire de certaines communes du département de la Charente-Maritime.
HISTOIRE
La culture de la vigne dans la région remonte à l’époque romaine. D’abord implanté en Saintonge dès le IIIème siècle, le vignoble s’étend ensuite au sud et vers l’intérieur, en Aunis et dans l’Augoumois (XIIIème siècle). A cette époque la ville de Cognac et les ports implantés sur la Charente acquièrent une notoriété dans le commerce du vin, en particulier avec les pays de l’Europe du Nord.
La légende entourant l’origine du « Pineau des Charentes » veut qu’en 1589, alors qu’Henri IV accède au pouvoir, un vigneron maladroit verse du moût de raisin frais dans un fût contenant déjà de l’eau-de-vie de « Cognac ». Furieux de sa maladresse, il remise son fût dans le coin le plus sombre de son chai. Quelques années plus tard, voulant utiliser à nouveau le contenant mis à l’écart, il découvre un liquide limpide, doré, fruité et capiteux tout à fait original.
Si l’origine précise du « Pineau des Charentes » reste quelque peu incertaine, il est avéré que l’eau-de-vie de « Cognac » a traditionnellement été utilisée comme base de mutage des vins et des moûts de la région.
Les vins de liqueur doivent ainsi leur existence à celle de l’eau-de-vie de « Cognac », avec laquelle ils partagent leur histoire.
Les vins de liqueur restent longtemps un produit d’autoconsommation élaboré à partir du moût de raisins et de l’eau-de-vie de « Cognac » de la même exploitation. Cette tradition a fondé son identité puisque aujourd’hui encore, tous les raisins qui interviennent dans l’élaboration du « Pineau des Charentes » (que ce soit ceux qui produisent les moûts ou l’eau-de-vie de « Cognac ») doivent provenir d’une seule et même exploitation.
Réservé pendant près de trois siècles à la consommation familiale des vignerons, il s’est progressivement répandu dans sa région d’origine pour devenir l’apéritif emblématique du territoire. L’organisation de la production permet ensuite de passer d’une production parfois perçue comme accessoire vis-à-vis de l’eau-de- vie de « Cognac », à une véritable solution de diversification. Aujourd’hui les exploitations se spécialisent dans la production de « Pineau des Charentes » qui est devenue une production à part entière.
Au fil du temps, les vignerons ont progressivement développé leurs pratiques pour parfaire un savoir-faire original qui comprend : l’élaboration de l’eau-de-vie de « Cognac », la sélection des raisins les plus mûrs (dans un vignoble initialement destiné à l’élaboration de vins de distillation pour l’eau-de-vie de « Cognac »), le mutage, qui permet d’obtenir un produit stable et équilibré sur plan organoleptique, et l’art de l’assemblage entre lots et millésimes de « Pineau des Charentes » complémentaires.
Au cours des années 1920, la filière s’organise avec la création du « Syndicat des Producteurs de Pineau des Charentes », qui devient, en 1943, le « Syndicat des producteurs, de promotion et de propagande du Pineau des Charentes ».
Dès le 5 juillet 1935, le Président de la République, Albert LEBRUN, promulgue une loi visant à rendre applicable l’article 12 de la loi du 6 mai 1919 relative à la protection des appellations d’origine, aux vins de liqueur pouvant bénéficier du nom de « Pineau des Charentes ».
L’appellation d’origine contrôlée « Pineau des Charentes » est reconnue par décret du 12 octobre 1945. Le « Pineau des Charentes » figure ainsi parmi les tout premiers vins de liqueur à bénéficier de cette reconnaissance en France.
L’après Seconde Guerre Mondiale marque le véritable essor de l’appellation d’origine contrôlée « Pineau des Charentes » qui conforte sa commercialisation locale et estivale, avant de s’étendre à l’ensemble du territoire national.
CLIMAT ET SOLS
La zone géographique, identique à celle de l’appellation d’origine contrôlée « Cognac », correspond à la terminaison nord du bassin Aquitain. Elle est plus précisément bordée à l’ouest par l’océan Atlantique, des abords de l’estuaire de la Gironde au sud, aux îles de Ré et d’Oléron au nord, et à l’est vers Angoulême, par les premiers contreforts du Massif Central. Elle s’étend sur quatre départements dont la quasi-totalité du département de la Charente-Maritime, une grande partie du département de la Charente et quelques communes du département de la Dordogne et du département des Deux-Sèvres.
La zone géographique est constituée de grands ensembles sédimentaires, principalement datés du Jurassique supérieur (bancs calcaires issus d’une sédimentation marine), au nord d’une ligne Rochefort-Cognac, et du Crétacé (altération des calcaires jurassiques qui forment des argiles de décalcification et des dépôts d’argiles, sables et craies), au sud de cette même ligne. Ces dépôts successifs sont à l’origine d’un paysage caractérisé par une succession de plaines au relief peu marqué.
Le climat est de type océanique tempéré. La température moyenne annuelle est d’environ 13°C et l’ensoleillement, voisin de 210 0 heures par an, est important. Ce climat est homogène sur la zone géographique, à l’exception toutefois des régions côtières, plus ensoleillées et à la moindre amplitude thermique.
L’hiver est doux et humide avec un nombre de jours de gelée limité. Les risques de gelées de printemps sont rares mais peuvent persister jusqu’à la fin du mois de mai. L’été est chaud, mais sans excès, même s’il peut s’accompagner d’une période de sécheresse.
La quantité moyenne annuelle des précipitations est de de 800 mm à 1 000 mm est répartie sur 130 jours à 150 jours tout le long de l’année. Cette répartition des pluies sur un grand nombre de jours est due à la proximité de l’océan Atlantique.
Les sols les plus fréquemment rencontrés sont de nature argilo-calcaire sur calcaire, même si une grande variété de sols reste observable au sein de cette famille. Les sols rencontrés sur les secteurs côtiers, et plus particulièrement sur les îles de Ré et d’Oléron, présentent une texture à tendance sablonneuse. Les terrains en zones inondables ne peuvent pas bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée.
DÉLIMITATION DE L’APPELLATION
L’aire géographique correspond aux territoires délimités des 739 communes ou parties de communes suivantes, sur la base du code officiel géographique au 1er janvier 2023.
Modifications du 18 novembre 2024.
AIRE DE PROXIMITÉ
Aucune
CÉPAGES PRINCIPAUX
cot N – malbec N, cabernet franc N, cabernet-Sauvignon N, colombard B, folle blanche B, jurançon blanc B, ugni blanc B, merlot blanc B, meslier Saint-François , montils B, sauvignon B, semillon B, merlot N
Les vins de liqueur blancs sont élaborés à partir de moûts issus des cépages suivants : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, colombard B, folle blanche B, jurançon blanc B, merlot blanc B, merlot noir N, meslier Saint-François B (ou gros meslier B), montils B, sauvignon B, sémillon B, trousseau gris G (ou chauché gris G) et ugni blanc B.
Le cépage trousseau gris G (ou chauché gris G) ne peut pas représenter plus de 10% de l’encépagement affecté au Pineau des Charentes.
Les vins de liqueur rosés et rouges sont élaborés à partir de moûts issus des cépages suivants : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, cot N (ou malbec N) et merlot noir N.
RENDEMENTS MAXIMAUX
Vin de liqueur : 45 hectolitres par hectare
Moût : 85 hectolitres par hectare
VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES
ÉLABORATION DES VINS
a) – Au cours de la phase d’élevage, des compléments de mutage sont autorisés avec de l’eau-de-vie à appellation d’origine contrôlée « Cognac » qui répond aux mêmes conditions d’origine que celles prévues au point 2° IX susvisé.
b) – Les vins de liqueur rosés font l’objet d’un élevage minimum jusqu’au 1er mars de l’année qui suit celle de la récolte. (Modifications du 18 novembre 2024)
c) – Les vins de liqueur rouges font l’objet d’un élevage minimum de douze mois, dont huit mois au moins dans des contenants en bois de chêne.
d) – Les vins de liqueur blancs font l’objet d’un élevage minimum de dix-huit mois, dont douze mois au moins dans des contenants en bois de chêne.
e) – Les vins de liqueur susceptibles de bénéficier de la mention « vieux » font l’objet d’un élevage de plus de 7 ans dans des contenants en bois de chêne.
L’assemblage de plusieurs vins de liqueur bénéficie de la mention « vieux », sous réserve que tous les vins de liqueur aient fait l’objet d’un élevage de plus de 7 ans dans des contenants en bois de chêne.
f) – Les vins de liqueur susceptibles de bénéficier de la mention « très vieux » ou son équivalent « extra vieux », font l’objet d’un élevage de plus de 12 ans dans des contenants en bois de chêne.
L’assemblage de plusieurs vins de liqueur bénéficie de la mention « très vieux » ou son équivalent « extra vieux », sous réserve que tous les vins de liqueur aient fait l’objet d’un élevage de plus de 12 ans dans des contenants en bois de chêne.
L’élevage est effectué dans des contenants en bois de chêne (Modifications du 18 novembre 2024)
L’obligation de conditionnement dans l’aire géographique découle des usages de production et de consommation familiale initiale et vise à préserver les caractéristiques et la spécificité du «Pineau des Charentes».
L’élaboration de ce produit nécessite en effet un savoir-faire, d’une part, pour les assemblages, et d’autre part, dans l’élevage sous bois en milieu oxydatif. Il convient alors d’éviter tout transport du produit et de limiter toute manipulation à l’issue de l’élevage afin de ne pas compromettre les qualités obtenues au terme d’une méthode de produc tion techniquement maîtrisée. En outre, la limitation du conditionnement dans l’aire géographique, permet une meilleure traçabilité et facilite les opérations de contrôle du produit.
Les vins sont mis en marché à destination du consommateur en bouteille de verre, portant une capsule de garantie ou un timbre de garantie.
CARACTÉRISTIQUES VITICOLES
Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 2 200 pieds par hectare et un écartement entre rangs inférieur ou égal à 3 mètres.
Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes, avec un maximum de 50 000 yeux francs par hectare: — la taille Guyot simple ou double, le pied portant un ou deux longs bois et un ou deux coursons;
— la taille en cordon avec coursons taillés à trois yeux francs au maximum.
L’irrigation est interdite.
AUTRES CARACTÉRISTIQUES
— L’indication d’un millésime est autorisée pour le vin de liqueur provenant à 100 % d’une même année d’élaboration du «Pineau des Charentes».
— Le nom de l’appellation peut être complété par les mentions «vieux» et «très vieux» (ou son équivalent «extra vieux») pour les vins de liqueur répondant aux conditions de production fixées pour ces mentions dans le pré sent cahier des charges.
— L’indication d’une mention d’âge est autorisée pour les Pineau des Charentes dont la durée de vieillissement sous bois est de 3 ans révolus. L’âge indiqué ne peut excéder la durée de vieillissement sous bois du produit considéré. Dans le cas d’un assemblage, la durée retenue est celle du lot ayant la durée de vieillissement sous bois la plus courte.
Dernière modification du cahier des charges : 18 novembre 2024