PINEAU DES CHARENTES AOP

Aire de production du Pinot des Charente et du Cognac. Source: Par Pinpin — https://commons.wikimedia.

L’APPELLATION

L’appellation Pineau des Charentes est réservée aux vins de liqueur blancs, rouges et rosés élaborés sur le territoire de certaines communes du département de la Charente-Maritime.  

HISTOIRE

La culture de la vigne dans la région remonte à l’époque romaine. D’abord implanté en Saintonge dès le IIIème siècle, le vignoble s’étend ensuite au sud et vers l’intérieur, en Aunis et dans l’Augoumois (XIIIème siècle). A cette époque la ville de Cognac et les ports implantés sur la Charente acquièrent une notoriété dans le commerce du vin, en particulier avec les pays de l’Europe du Nord.
La légende entourant l’origine du « Pineau des Charentes » veut qu’en 1589, alors qu’Henri IV accède au pouvoir, un vigneron maladroit verse du moût de raisin frais dans un fût contenant déjà de l’eau-de-vie de « Cognac ». Furieux de sa maladresse, il remise son fût dans le coin le plus sombre de son chai. Quelques années plus tard, voulant utiliser à nouveau le contenant mis à l’écart, il découvre un liquide limpide, doré, fruité et capiteux tout à fait original.
Si l’origine précise du « Pineau des Charentes » reste quelque peu incertaine, il est avéré que l’eau-de-vie de « Cognac » a traditionnellement été utilisée comme base de mutage des vins et des moûts de la région.
Les vins de liqueur doivent ainsi leur existence à celle de l’eau-de-vie de « Cognac », avec laquelle ils partagent leur histoire.
Les vins de liqueur restent longtemps un produit d’autoconsommation élaboré à partir du moût de raisins et de l’eau-de-vie de « Cognac » de la même exploitation. Cette tradition a fondé son identité puisque aujourd’hui encore, tous les raisins qui interviennent dans l’élaboration du « Pineau des Charentes » (que ce soit ceux qui produisent les moûts ou l’eau-de-vie de « Cognac ») doivent provenir d’une seule et même exploitation.
Réservé pendant près de trois siècles à la consommation familiale des vignerons, il s’est progressivement répandu dans sa région d’origine pour devenir l’apéritif emblématique du territoire. L’organisation de la production permet ensuite de passer d’une production parfois perçue comme accessoire vis-à-vis de l’eau-de- vie de « Cognac », à une véritable solution de diversification. Aujourd’hui les exploitations se spécialisent dans la production de « Pineau des Charentes » qui est devenue une production à part entière.
Au fil du temps, les vignerons ont progressivement développé leurs pratiques pour parfaire un savoir-faire original qui comprend : l’élaboration de l’eau-de-vie de « Cognac », la sélection des raisins les plus mûrs (dans un vignoble initialement destiné à l’élaboration de vins de distillation pour l’eau-de-vie de « Cognac »), le mutage, qui permet d’obtenir un produit stable et équilibré sur plan organoleptique, et l’art de l’assemblage entre lots et millésimes de « Pineau des Charentes » complémentaires.
Au cours des années 1920, la filière s’organise avec la création du « Syndicat des Producteurs de Pineau des Charentes », qui devient, en 1943, le « Syndicat des producteurs, de promotion et de propagande du Pineau des Charentes ».
Dès le 5 juillet 1935, le Président de la République, Albert LEBRUN, promulgue une loi visant à rendre applicable l’article 12 de la loi du 6 mai 1919 relative à la protection des appellations d’origine, aux vins de liqueur pouvant bénéficier du nom de « Pineau des Charentes ».
L’appellation d’origine contrôlée « Pineau des Charentes » est reconnue par décret du 12 octobre 1945. Le « Pineau des Charentes » figure ainsi parmi les tout premiers vins de liqueur à bénéficier de cette reconnaissance en France.
L’après Seconde Guerre Mondiale marque le véritable essor de l’appellation d’origine contrôlée « Pineau des Charentes » qui conforte sa commercialisation locale et estivale, avant de s’étendre à l’ensemble du territoire national.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique, identique à celle de l’appellation d’origine contrôlée « Cognac », correspond à la terminaison nord du bassin Aquitain. Elle est plus précisément bordée à l’ouest par l’océan Atlantique, des abords de l’estuaire de la Gironde au sud, aux îles de Ré et d’Oléron au nord, et à l’est vers Angoulême, par les premiers contreforts du Massif Central. Elle s’étend sur quatre départements dont la quasi-totalité du département de la Charente-Maritime, une grande partie du département de la Charente et quelques communes du département de la Dordogne et du département des Deux-Sèvres.
La zone géographique est constituée de grands ensembles sédimentaires, principalement datés du Jurassique supérieur (bancs calcaires issus d’une sédimentation marine), au nord d’une ligne Rochefort-Cognac, et du Crétacé (altération des calcaires jurassiques qui forment des argiles de décalcification et des dépôts d’argiles, sables et craies), au sud de cette même ligne. Ces dépôts successifs sont à l’origine d’un paysage caractérisé par une succession de plaines au relief peu marqué.
Le climat est de type océanique tempéré. La température moyenne annuelle est d’environ 13°C et l’ensoleillement, voisin de 210 0 heures par an, est important. Ce climat est homogène sur la zone géographique, à l’exception toutefois des régions côtières, plus ensoleillées et à la moindre amplitude thermique.
L’hiver est doux et humide avec un nombre de jours de gelée limité. Les risques de gelées de printemps sont rares mais peuvent persister jusqu’à la fin du mois de mai. L’été est chaud, mais sans excès, même s’il peut s’accompagner d’une période de sécheresse.
La quantité moyenne annuelle des précipitations est de de 800 mm à 1 000 mm est répartie sur 130 jours à 150 jours tout le long de l’année. Cette répartition des pluies sur un grand nombre de jours est due à la proximité de l’océan Atlantique.
Les sols les plus fréquemment rencontrés sont de nature argilo-calcaire sur calcaire, même si une grande variété de sols reste observable au sein de cette famille. Les sols rencontrés sur les secteurs côtiers, et plus particulièrement sur les îles de Ré et d’Oléron, présentent une texture à tendance sablonneuse. Les terrains en zones inondables ne peuvent pas bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée.

Source: https://www.nouvelle-aquitaine-tourisme.com/

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la production de moût, l’élaboration, l’élevage et le conditionnement des vins de liqueur sont assurés sur le territoire des communes suivantes :
département de la Charente-Maritime:

Arrondissement de Rochefort : toutes les communes Arrondissement de Saintes : toutes les communes Arrondissement de Saint-Jean-d’Angély : toutes les communes Arrondissement de Jonzac : toutes les communes Arrondissement de La Rochelle :

– Canton d’Ars-en-Ré : toutes les communes.
– Canton d’Aytré : les communes d’Angoulins et d’Aytré.
– Canton de La Jarrie : toutes les communes.
– Cantons de La Rochelle 1, 2, 3, 4, 6, 7 : la commune de La Rochelle.
– Canton de La Rochelle 5 : les communes de Esnandes, Marsilly, Puilboreau,

La Rochelle, Saint-Xandre.

– Canton de La Rochelle 8 : les communes de Dompierre-sur-Mer, Périgny, La Rochelle.

– Canton de La Rochelle 9 : les communes de L’Houmeau, Lagord, Nieul-sur- Mer, La Rochelle.

– Canton de Saint-Martin-de-Ré : toutes les communes.

– Canton de Courçon : les communes d’Angliers, Benon, Courçon, Cramchaban, Ferrières-d’Aunis, La Grève-sur-le-Mignon, Le Gué-d’Alleré, La Laigne, Nuaillé-d’Aunis, Saint-Cyr-du-Doret, Saint-Jean-de-Liversay, Saint- Sauveur-d’Aunis.

– Canton de Marans : les communes de Longèves, Saint-Ouen, Villedoux. Département de la Charente :
Arrondissement de Cognac : toutes les communes
Arrondissement d’Angoulême

– Canton d’Angoulême Est : toutes les communes.
– Canton d’Angoulême Nord : toutes les communes.
– Canton d’Angoulême Ouest : toutes les communes.
– Canton de Blanzac : toutes les communes.
– Canton de Hiersac : toutes les communes.
– Canton de Saint-Amant-de-Boixe : toutes les communes.
– Canton de Villebois-la-Valette : toutes les communes.
– Canton de La Rochefoucauld : les communes d’Agris, Brie, Bunzac,

Chazelles, Coulgens, Jauldes, Pranzac, Rancogne, Rivières, La Rochette, Saint- Projet-Saint-Constant.

– Canton de Montbron : les communes de Charras, Feuillade, Grassac, Mainzac, Marthon, Saint-Germain-de-Montbron, Souffrignac. Arrondissement de Confolens

– Canton d’Aigre : toutes les communes.
– Canton de Ruffec : les communes de Villegats et de Verteuil-sur-Charente. – Canton de Mansle : les communes d’Aunac, Bayers, Cellettes, Chenon,

Fontclaireau, Fontenille, Juillé, Lichères, Lonnes, Mansle, Mouton, Moutonneau, Puyréaux, Saint-Amand-de-Bonnieure, Saint-Angeau, Saint-Ciers-sur-Bonnieure, Saint-Front, Saint-Groux, Sainte-Colombe, Valence, Villognon.

– Canton de Villefagnan : les communes de Brettes, Courcôme, Longré, Raix, Salles de Villefagnan, Souvigné, Tuzie, Villefagnan.
Département de la Dordogne :
Arrondissement de Périgueux :

– Canton de Saint-Aulaye : les communes de Chenaud, Parcoul, Puymangou, La Roche-Chalais, Saint-Aulaye.
Département des Deux-Sèvres :
Arrondissement de Niort :

– Canton de Mauzé sur le Mignon : les communes de Le Bourdet, Prin- Deyrançon, Priaires, Mauzé-sur-le-Mignon, La Rochénard, Usseau.

– Canton de Beauvoir-sur-Niort : les communes de Beauvoir-sur-Niort, Belleville, La Foye-Montjault, Granzay-Gript, Prissé-La Charrière, Saint-Etienne-la- Cigogne, Boisserolles, Thorigny sur le Mignon.

– Canton de Brioux-sur-Boutonne : la commune de Le Vert.

AIRE DE PROXIMITÉ

Aucune

CÉPAGES PRINCIPAUX

cot N – malbec N,  cabernet franc N,  cabernet-Sauvignon N, colombard B, folle blanche B, jurançon blanc B, ugni blanc B, merlot blanc B, meslier Saint-François ,  montils B, sauvignon B, semillon B, merlot N

Les vins de liqueur blancs sont élaborés à partir de moûts issus des cépages suivants : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, colombard B, folle blanche B, jurançon blanc B, merlot blanc B, merlot noir N, meslier Saint-François B (ou gros meslier B), montils B, sauvignon B, sémillon B, trousseau gris G (ou chauché gris G) et ugni blanc B.

Le cépage trousseau gris G (ou chauché gris G) ne peut pas représenter plus de 10% de l’encépagement affecté au Pineau des Charentes.

Les vins de liqueur rosés et rouges sont élaborés à partir de moûts issus des cépages suivants : cabernet franc N, cabernet-sauvignon N, cot N (ou malbec N) et merlot noir N.

RENDEMENTS MAXIMAUX

Vin de liqueur : 45 hectolitres par hectare

Moût : 85 hectolitres par hectare

VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES

ÉLABORATION DES VINS

Les vins sont des vins de liqueur blancs, rouges et rosés élaborés par mutage de raisin par de l’eau-de-vie à appella­ tion d’origine «Cognac» rassise (eau de vie d’une campagne de distillation antérieure) issus de la même exploitation.

Les vins de liqueur blancs font l’objet d’un élevage minimum de 18 mois, dont 12 mois minimum dans des conte­ nants en bois de chêne. Les vins de liqueur rosés et rouges font respectivement l’objet d’un élevage minimum de respectivement 8 mois et 12 mois, dont 6 et 8 mois minimum dans des contenants en bois de chêne.

Les vins bénéficiant de la mention «vieux» font l’objet d’un élevage de 7 ans minimum dans des contenants en bois de chêne et les vins bénéficiant de la mention «très vieux» (ou son équivalent «extra vieux») font l’objet d’un élevage de 12 ans minimum dans des contenants en bois de chêne.

L’obligation de conditionnement dans l’aire géographique découle des usages de production et de consommation familiale initiale et vise à préserver les caractéristiques et la spécificité du «Pineau des Charentes».

L’élaboration de ce produit nécessite en effet un savoir-faire, d’une part, pour les assemblages, et d’autre part, dans l’élevage sous bois en milieu oxydatif. Il convient alors d’éviter tout transport du produit et de limiter toute manipu­lation à l’issue de l’élevage afin de ne pas compromettre les qualités obtenues au terme d’une méthode de produc­ tion techniquement maîtrisée. En outre, la limitation du conditionnement dans l’aire géographique, permet une meilleure traçabilité et facilite les opérations de contrôle du produit.

Les vins sont mis en marché à destination du consommateur en bouteille de verre, portant une capsule de garantie ou un timbre de garantie.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 2 200 pieds par hectare et un écartement entre rangs inférieur ou égal à 3 mètres.

Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes, avec un maximum de 50 000 yeux francs par hectare: — la taille Guyot simple ou double, le pied portant un ou deux longs bois et un ou deux coursons;
— la taille en cordon avec coursons taillés à trois yeux francs au maximum.
L’irrigation est interdite.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

—  L’indication d’un millésime est autorisée pour le vin de liqueur provenant à 100 % d’une même année d’élabora­tion du «Pineau des Charentes».

—  Le nom de l’appellation peut être complété par les mentions «vieux» et «très vieux» (ou son équivalent «extra vieux») pour les vins de liqueur répondant aux conditions de production fixées pour ces mentions dans le pré­ sent cahier des charges.

—  L’indication d’une mention d’âge est autorisée pour les Pineau des Charentes dont la durée de vieillissement sous bois est de 3 ans révolus. L’âge indiqué ne peut excéder la durée de vieillissement sous bois du produit consi­déré. Dans le cas d’un assemblage, la durée retenue est celle du lot ayant la durée de vieillissement sous bois la plus courte.

Dernière modification du cahier des charges : 24 juillet  2019