PROŠECK

Peu de gens avaient entendu parler du Prošek croate avant que les producteurs italiens de Prosecco ne se déchaînent pour que le terme Prošeck soit banni de l’étiquetage de ce vin afin d’ éviter toute confusion avec le Prosecco. Ce qui semblait au départ s’apparenter à une querelle de clocher a pris des proportions  ubuesques  quand l’Union Européenne décida de bannir l’étiquetage Prošeck  quelques jours avant l’entrée de la Croatie dans l’Union Européenne au 1er Juillet 2013.
Pourtant, entre les deux vins, les différences ne peuvent pas être plus marquées. Alors que le Prošeck est un vin liquoreux fait en très petite quantité et peu exporté, le Prosecco est un vin massifié effervescent qui jouit depuis quelques années d’un engouement et d’un succès commercial difficiles à expliquer compte tenu de la qualité plutôt médiocre de la majorité de la production.
Dans de telles conditions, l’antériorité a tendance à prévaloir  et il semblerait bien que l’élaboration du  Prošeck a devancé celle du Proseco. La viticulture dalmate, la région de prédilection du Prošeck,  date du IVe siècle avant J.C. La première mention de ce vin dans la littérature apparaît en 1556 quand le poète croate Petar Hektorović dans son livre ‘Ribanje i Ribarsko Prigovaranj’e (Pêcher et Pêcheurs) le mentionne comme un incontournable à ajouter au panier des victuailles pour une partie de pêche de trois  jours en mer Adriatique. Les premières mentions du Prosecco dans la littérature arriveront  quelque 200 ans plus tard en 1754. 

PROŠECK AMBRA FROM BIBICh

ANDRO TOMIC  HEKTOROVIĆ PROŠECK

Le Prošeck est l’affaire de petits domaines familiaux. On en compte 27 en Dalmatie  et la production se cantonne à 15 000 litres par an soit 30 000 demi-bouteilles alors que la production de Prosecco se monte à 475 millions de bouteilles soit un tiers de  plus que la production de Champagne.  BIBICh en produit 5 000 demi-bouteilles et Andro Tomić 4 000 bouteilles.
Dans ces conditions, on se demande comment la production de Prošeck pourrait faire de l’ombre au Prosecco mais les décisions de l’Union Européenne, on le sait, sont parfois  éloignées du rationnel.
Le Prošeck est élaboré à partir de raisins récoltés à  100° Oechsle (23,5 Brix). Les variétés autorisées sont les variétés autochtones dans la Croatie côtière de raisins blancs ou rouges soit en monocépage mais en général en assemblage : bogdanuša, dubrovačka malvasija, grk, malvazija istarska, maraština, plavač  mali, prč (aka parč), pošip, tarpinka, trbljan, vugava et  žlahtina pour les cépages blancs et babić, lasina, plavina, et  plavač  mali pour les rouges.  
Les raisins  sont ensuite séchés sur des nattes en paille pendant 3-4 mois jusqu’à ce que les raisins se dessèchent  et atteignent une concentration de 120° Oechsle (28 Brix) soit l’équivalent allemand du ‘Beerenauslese’. Les raisins sont égrappés et éraflés puis macérés dans le jus pendant 2-5 jours et ensuite pressés et vinifiés avec des levures sélectionnées pour une fermentation qui peut durer jusqu’ à un an. Les vins sont ensuite élevés en bois neutre pendant  un minimum d’un an mais les meilleurs producteurs font des élevages beaucoup plus longs. Il faut en général 
​1 kilogramme de raisins secs pour produire une bouteille de 0,75 litre. L’alcool varie entre 70 et 150 g/l de sucre résiduel. C’est un vin couleur ambre, onctueux avec des arômes et des saveurs de figue, de noisette, de caramel, d’abricot, de miel, de vanille et d’épices.

ANDRO TOMIĆ