ROUSSETTE DE SAVOIE AOP

Source: Vin de Savoie

L’APPELLATION

L’appellation d’origine contrôlée « Roussette de Savoie » complétée ou non par une dénomination géographique complémentaire est réservée aux vins tranquilles blancs élaborés sur le territoire de certaines communes des départements de la Savoie et de l’Isère.

HISTOIRE

La présence du cépage altesse B est attestée en Savoie au XIVème siècle. Etabli tout d’abord sur les coteaux en terrasse, sur les communes de Jongieux et Lucey, le vin qui en est issu est alors réservé à la table des princes.
Le vignoble porte le nom de « Marestel » conséquence de l’anoblissement de Claude MARESTE, conseiller du duc EMMANUEL PHILIBERT DE SAVOIE en 1563.

Le vin est alors identifié sous le nom de « Roussette », en référence à la couleur rousse que prennent les baies à maturité.
Plusieurs auteurs décrivent alors le développement de vins de qualité produits sur des vignes seigneuriales et bourgeoises à côté des vignes paysannes jusqu’au XIXème siècle. Ainsi, A. COSTA de BEAUREGARD publie, en 1774, un essai sur l’agriculture dans lequel il évoque le cépage altesse B.

Le cépage altesse s’il présente une certaine fragilité notamment face aux champignons parasites, est néanmoins capable d’atteindre un niveau de maturité élevé lorsque les conditions du milieu permettent à cette période de se prolonger.
Si la zone géographique s’étend sur les deux départements savoyards, quatre sites présentant ces conditions particulièrement favorables à la culture du cépage altesse B sont identifiés par les consommateurs et reconnus par les dénominations géographiques complémentaires suivantes : « Frangy », « Marestel », « Monterminod », « Monthoux ».

Avec l’arrivée du chemin de fer et la fin de l’indépendance, la seconde moitié du XIXème siècle est marquée par la concurrence de vins français, notamment ceux provenant du Sud. Cette concurrence se traduit par une période de mévente, notamment au début du XXème siècle.
Au cours de l’Entre-deux-guerres, seules les petites exploitations survivent mais n’exploitent plus que la moitié du vignoble.

Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, les paysans-vignerons s’organisent afin de moderniser les méthodes de culture et de production. Ainsi les producteurs s’unissent en syndicats locaux et créent 4 caves- coopératives.

Depuis la reconnaissance en appellation d’origine contrôlée, en 1973, le vignoble a évolué tout en maintenant ses méthodes traditionnelles de culture.

Cette dynamique, au sein des dénominations géographiques complémentaires, a contribué à développer la notoriété de l’appellation d’origine contrôlée « Roussette de Savoie », élaboré à partir du seul cépage altesse B, tout en favorisant la reconquête de sites à haute valeur agricole et paysagère.
La structure même des exploitations plutôt familiales transmises sur plusieurs générations permet le maintien d’un tissu agricole rural.

Dans ce contexte, les vignerons ont eu tendance à développer la vente directe de leur produit.

CLIMAT ET SOLS

Le vignoble s’égrène en arc de cercle sur les contreforts du massif alpin, de Thonon-les-Bains, au nord, jusqu’à l’ouest d’Albertville au sud, en passant par Frangy, le Lac du Bourget, le sud de Chambéry pour remonter dans la Combe de Savoie.
Il est situé dans les départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et sur une frange au nord de l’Isère.

La zone géographique s’étend ainsi sur le territoire de 52 communes.

Le vignoble occupe plusieurs situations géologiques bien différentes :
– L’avant-pays savoyard, correspondant à la grande dépression péri-alpine, comblée par des molasses (dépôts marins issus de l’érosion des Alpes à l’ère tertiaire), souvent masquées par des alluvions récentes ou sur-creusées par les glaciers quaternaires, ce dont témoignent les lacs Léman ou du Bourget ;
– Des plis jurassiens ennoyés dans les molasses ; ils forment les reliefs les plus à l’ouest du massif (Dent du Chat, Chautagne), d’orientation générale nord-sud ;
– Les vallées et dépressions alpines dans leur traversée des Alpes externes calcaires (vallée de l’Arve, cluse de Chambéry et combe de Savoie).

Les différents sites viticoles occupent des formations géologiques généralement récentes, issues de l’érosion intense du massif alpin, toujours active de nos jours :
– les alluvions quaternaires sablo-graveleuses des rivières alpines torrentueuses, notamment en bordure du lac Léman ;

– les moraines glaciaires datant du quaternaire ancien, formant des placages en piémont ou à flanc de vallée ; – les éboulis post-glaciaires empâtant le pied des reliefs (Monterminod, Combe de Savoie) ;
– les molasses tertiaires (Frangy) ;
– Enfin, les substrats issus de l’écroulement du Mont-Granier, résultant d’un accident géologique récent (1248) et remaniant des marnes (calcaires argileux) et calcaires crétacés.

Affleurent aussi, localement, des roches plus anciennes, non recouvertes par les épandages récents, principalement des marnes et calcaires du Jurassique supérieur (Marestel, Monthoux).

Le climat présente des tendances océaniques, sous l’influence des vents d’ouest qui apportent humidité et variation de températures modérée. Il est cependant soumis à des influences continentales et méridionales. Les flux du nord apportent périodiquement des froids secs. Les flux du sud apportent la douceur. La topographie module ces influences.

L’humidité liée au climat est renforcée par la présence de réserves hydriques (lacs, neige et glace), à l’origine d’un important réseau hydrographique permanent.
L’ensoleillement est de l’ordre de 1 600 heures par an avec une arrière-saison chaude.

Les orientations des vignobles sont sud et sud-est, ou ouest. Ces éléments, relief, altitude, exposition au soleil, variation verticale des températures, déterminent de nombreuses variantes climatiques au sein desquelles le vignoble s’établit en îlots plus ou moins importants.

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

a) – La récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins ont lieu sur le territoire des communes suivantes, sur la base du code officiel géographique de l’année 2020 :

– dans le département de l’Isère : Chapareillan ;
– dans le département de la Savoie : Apremont, Arbin, Barby, Billième, Le Bourget-du-Lac, Brison-Saint- Innocent, Challes-les-Eaux, Chanaz, Chignin, Chindrieux, Cruet, Entrelacs (uniquement pour la partie correspondante au territoire de l’ancienne commune de Saint-Germain-la-Chambotte), Fréterive, Jongieux, Lucey, Montmélian, Motz, Myans, Porte-de-Savoie, Ruffieux, Saint-Alban-Leysse, Saint-Baldoph, Saint- Jean-de-Chevelu, Saint-Jean-de-la-Porte, Saint-Jeoire-Prieuré, Saint-Pierre-d’Albigny, Serrières-en- Chautagne et Yenne ;
– dans le département de Haute-Savoie : Ayse, Ballaison, Bassy, Bonneville, Challonges, Chaumont, Chessenaz, Clarafond-Arcine, Desingy, Douvaine, Franclens, Frangy, Loisin, Marignier, Marin, Massongy, Musièges, Publier, Sciez, Thonon-les-Bains, Usinens, Vanzy et Ville-la-Grand.

b) – Pour chacune des dénominations géographiques complémentaires, la récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins ont lieu sur le territoire des communes suivantes :

Source: https://www.savoie.fr/

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

PRINCIPAL CÉPAGE

altesse B.

RENDEMENTS MAXIMAUX

« Roussette de Savoie » : 70 (hectolitres par hectare)

Dénominations géographiques complémentaires «Frangy », « Marestel », « Monterminod »,  Monthoux » : 66 (hectolitres par hectare)

CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

.

L’utilisation de pressoirs continus est interdite.

Le chai de vinification est doté d’un dispositif de suivi des températures de vinification.

Outre les dispositions ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques œnologiques, les obligations figurant au niveau communautaire et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 5 000 pieds à l’hectare avec un écartement entre les rangs inférieur ou égal à 2,50 mètres et un écartement entre les pieds sur un même rang égal ou supérieur à 0,80 mètre.
Pour les vignes dont la densité à la plantation est égale ou supérieure à 6 000 pieds à l’hectare, l’écartement entre les pieds sur un même rang est au moins égal à 0,70 mètre.

Les vins proviennent des vignes taillées annuellement :
– soit en taille courte (conduite en gobelet, éventail, cordon de Royat) avec un maximum de 4 coursons par pied. Chaque courson porte un maximum de 2 yeux francs.
Lors du rajeunissement d’une parcelle de vigne conduite en cordon de Royat, le nombre d’yeux francs par pied est inférieur ou égal à 8.
– soit en taille longue (Guyot simple ou Guyot double), avec un maximum de 12 yeux francs par pied.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

DÉNOMINATIONS GÉOGRAPHIQUES COMPLÉMENTAIRES

Le nom de l’AOC peut être complété par les dénominations géographiques complémentaires suivantes, selon les dispositions fixées dans le cahier des charges :«Frangy », « Marestel », « Monterminod »,  Monthoux » 

a) – Toutes les indications facultatives sont inscrites, sur les étiquettes, en caractères dont les dimensions, aussi bien en hauteur qu’en largeur, ne sont pas supérieures au double de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

b) – L’indication du cépage est inscrite sur les étiquettes en caractères dont les dimensions, aussi bien en hauteur qu’en largeur, sont inférieures au deux tiers de celles des caractères du nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Dernière modification du cahier des charges : 31 août  2021