SAINT-JOSEPH AOP

Source: https://www.vins-rhone.com/

L’APPELLATION

L’appellation Saint-Joseph est réservée aux vins tranquilles blancs et rouges élaborés sur le  territoire de certaines  communes des départements de l’Ardèche  et de la Loire dans la vallée du Rhône.

HISTOIRE

Le vignoble, implanté autour de la commune de Tournon, constitue la partie occidentale du territoire des Allobroges. Le début de la culture de la vigne y remonte au moins à la période de l’occupation romaine, entre 124 avant Jésus- Christ et 61 avant Jésus-Christ.
A partir de cette date, les Allobroges deviennent Vienneses ou cité de Vienne. Le géographe STRABON évoque la culture de la vigne dans la Vallée du Rhône en 30 avant Jésus-Christ sans pour autant préciser sa limite septentrionale. En revanche, de nombreux auteurs anciens, dont le médecin CELSE, le naturaliste PLINE L’ANCIEN, l’historien PLUTARQUE, l’agronome COLUMELLE et le poète MARTIAL mentionnent l’Allobrogica vitis, un vin de Vienne produit dans les Allobroges.
L’Allobrogica désigne par ailleurs un cépage dont l’étude de l’ADN en fait un cousin éloigné du cépage syrah N, lui-même emblématique des appellations d’origine contrôlées dites des « Côtes du Rhône septentrionales » et des vins rouges de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Joseph » en particulier.
Ces appellations d’origine contrôlées, situées de part et d’autre de la vallée du Rhône entre Vienne et Valence, partagent avec « Saint-Joseph » une topographie de très fortes pentes et, de fait, une viticulture de coteaux parfois très escarpés nécessitant la mise en place et le maintien de terrasses étroites.
Ces versants abrupts ont pourtant failli être abandonnés lors des « Trente Glorieuses » lorsque la main d’œuvre nécessaire à leur entretien se raréfie. En effet, cette main d’oeuvre préfère se diriger vers l’industrie de la vallée du Rhône où les salaires sont plus rémunérateurs et plus réguliers que dans l’agriculture de l’époque.
Dans les 1980, le vignoble a déserté les coteaux, au profit des replats plus faciles à travailler mais au potentiel viticole de moindre qualité (gel, problèmes de maturité…). Les producteurs s’engagent alors, avec l’Institut national de l’origine et de la qualité, dans une importante révision de l’aire parcellaire délimitée, avec pour ambition de réhabiliter le vignoble des coteaux historiques. Cette révision, qui réduit de moitié l’ancienne aire parcellaire délimitée, passant alors de 6800 hectares à 3400 hectares et qui fut donc lourde de conséquences sociales pour les producteurs, met en évidence le rôle dynamique des producteurs dans la définition et la maîtrise des règles de production. Dès lors, le vignoble est restructuré et les coteaux qualitatifs reconquis.

En raison des différences de latitude et d’altitude, la notion de méso climats prend ici toute sa mesure. Les producteurs ont sélectionné les niches où ensoleillement et températures sont les plus favorables, grâce notamment au choix de sites sud/sud-est, protégés des vents du nord.

Les cépages syrah N, marsanne B et plus anecdotiquement roussanne B, sont les seuls autorisés sur ce territoire. Le cépage syrah N est ici surtout planté sur des parcelles dont les sols sont issus de roches éruptives ou métamorphiques, chauds, souvent friables (gore, micaschistes) et nécessitant l’aménagement de murets localement dénommés « Cheys ».

Son implantation est ainsi privilégiée sur des parcelles présentant des sols issus des granites porphyroïdes des communes de Glun et de Mauves, ou sur des parcelles présentant des sols issus des granites gneissiques situés au nord de Tournon, sur les communes de Lemps, Saint-Jean-de-Muzols ou Vion.

Les cépages blancs sont essentiellement implantés sur des parcelles présentant des sols plus calcaires près de Guilherand-Granges et à Châteaubourg et sur les loess.
Au Moyen-Âge, les vins de « Saint-Joseph » sont connus sous la dénomination « vins de l’Hermitage » et « vins de Mauves ».

En 1312, le comté de Lyon, situé sur la rive droite du fleuve (actuel département de l’Ardèche) est rattaché au Royaume de France, alors que la rive gauche (actuel département de la Drôme) reste à l’empire. Les vins de la commune de Tournon et de Mauves comme ceux des autres communes de la rive droite du Rhône se trouvent ainsi privés de débouchés vers le Dauphiné, alors terre étrangère, et les conditions d’accès difficiles ne leur permettent pas de développer d’éventuels réseaux commerciaux de substitution vers l’arrière-pays. Des dispositions hostiles des vignobles plus septentrionaux amplifient alors ce phénomène, et parmi elles, une ordonnance datée de 1446 des Ducs de Bourgogne faisant défense de venir à des vins « étrangers » du « bas pais » dont Tournon (Cépages et vignobles de France de P. GALET). De son côté, le vignoble de « l’Hermitage », situé à la même latitude mais sur l’autre rive du Rhône peut, a contrario, développer sa diffusion et sa réputation.
De ce fait, les vins de Tournon restent discrets sur les marchés, même si leur notoriété est établie, au moins dans l’entourage du Roi de France, puisque la cours de François 1er s’approvisionne en « vins de Tournon » et qu’en 1533, le cardinal de Tournon, en villégiature à Rome, demande qu’on lui envoie du « vin de Tournon » pour le faire connaître à ses amis (Histoire de la vigne et du vin de France de R. DION).
Un extrait du manuscrit de J. PELISSON (principal du collège de Tournon) écrit vers 1560 et repris dans « Multiers du Vivarais » de A MAZON, en 1888, atteste de la notoriété des « vins de Mauves » et de Tournon au XVIème siècle : « il ne se cueille point de vin si délicat ni friand qu’aux terroirs de Medves (Mauves) et de Tournon, ni qui soit plus renommé car il se porte à Rome et s’y vend presque autant qu’on veut… »

Par l’édit de 1776, qui institue la libre circulation des vins à l’intérieur du royaume, et par le développement des axes de communication, ces vins peuvent être, enfin, acheminés vers Paris et ainsi diffuser plus largement leur renommée, comme en témoigne une référence aux « vins de Mauves » dans « Les Misérables » de Victor HUGO, publiés en 1862.

Au nord de Mauves et Tournon, d’autres communes sont également très réputées pour la qualité de leur vin rouge. Ainsi, P. GALET affirme qu’au XIXème siècle et avant la crise phylloxérique, les vins rouges les meilleurs du canton de Pélussin sont produits sur les communes de Vérin, Saint-Michel, Chavanay et Saint-Pierre- de-Bœuf et vendus sous le nom de « vins du rivage » en raison de la proximité des coteaux du fleuve Rhône.

Enfin au XXème siècle, l’encyclopédie Roret de 1921 cite les vins des territoires de Mauves et de Saint-Jacques, mais aussi les vignobles de Limony, Sara (Sarras) et Vion de l’arrondissement de Tournon.
Le 19 novembre 1937, l’appellation d’origine contrôlée « Côtes du Rhône » est reconnue avec une zone géographique couvrant le territoire d’un grand nombre de communes viticoles de la vallée du Rhône, entre Ampuis et Avignon, dont l’ensemble des communes de la zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Joseph ».

D’après l’ « Atlas de la France Vinicole » de L. LARMAT (édition de 1943) ce vignoble est encore désigné sous l’appellation simple « Côtes du Rhône », et la légende cartographique précise « groupe septentrional » quand les autres appellations d’origine contrôlées de ce secteur sont déjà reconnues en « crus» des « Côtes du Rhône » : « Cornas » et « Hermitage » depuis 1938, « Côte Rôtie » et « Condrieu » depuis 1940.

Si, à cette époque, toutes les communes de la zone géographique de « Saint- Joseph » ne sont pas distinguées au sein de l’appellation d’origine contrôlée « Côtes du Rhône », certaines d’entre elles bénéficient, en revanche, d’une réputation qui autorise sur l’étiquetage des vins, l’adjonction du nom de la commune ou du lieu-dit comme par exemple : « Côtes du Rhône Mauves », « Côtes du Rhône Tournon », ou « Côtes du Rhône Saint-Joseph ». Cette disposition permet l’émergence de la réputation des vins de « Saint-Joseph », un quartier cadastré de la commune de Tournon.
Il faut attendre 1956 pour que les vins produits sur 6 communes autour de Tournon bénéficient de la reconnaissance en appellation d’origine contrôlée
« Saint-Joseph ». Le nom est choisi unanimement en raison de la réputation incontestable des vins de ce lieu-dit de la commune de Tournon, et parce qu’il est exploité en partie par des viticulteurs de la commune voisine de Mauves. Il avait d’ailleurs été choisi, dès le XVIIème siècle, par les Jésuites de Tournon pour désigner les vins issus des communes de Mauves et de Tournon.
En 1969, la zone géographique est étendue à 20 autres communes et vient ainsi jusqu’au territoire de l’appellation d’origine contrôlée « Condrieu », au nord.
Le vignoble compte, en 2009, environ 1 000 hectares plantés pour une production moyenne annuelle de 35000 hectolitres.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique est localisée sur la rive droite du Rhône et est enserrée entre les zones géographiques des appellations d’origine contrôlées « Saint- Péray », au sud, et « Condrieu », au nord.
Dans l’organisation des appellations d’origine contrôlées de la Vallée du Rhône, l’appellation d’origine contrôlée « Saint-Joseph » fait partie des « Crus des Côtes du Rhône ».
Le vignoble s’étend sur 60 kilomètres environ, selon un axe nord-sud surplombant le Rhône, en privilégiant les sites climatiques les plus favorables exposés sud/sud- est et nichés sur la bordure orientale du Massif Central.
La zone géographique est ainsi soigneusement délimitée sur le territoire de 23 communes du département de l’Ardèche et de 3 communes du département de la Loire.
Le substratum géologique est essentiellement d’âge primaire, avec la présence de quelques îlots d’âge secondaire localisés dans la partie méridionale de la zone géographique sur les communes de Châteaubourg et Guilherand-Granges. Sporadiquement, il existe des dépôts du Quaternaire issus, soit de l’alluvionnement du Rhône et de ses affluents, soit de l’érosion.
Sur ce substratum se sont surtout développés des arènes granitiques et des sols sablo-argileux, quelques sols issus de roches métamorphiques comme les gneiss et les micaschistes et très localement des sols calcaires d’éboulis ou des sols récents développés sur sables et cailloutis alluvionnaires, ou loess du Quaternaire. Le climat qualifié localement de « Lyonnais » est continental même s’il bénéficie des dernières influences méditerranéennes remontées par la vallée du Rhône. Le vent du nord localement dénommé « bise » est le plus fréquent. Froid et sec, il permet de sécher le feuillage et de limiter le développement des maladies cryptogamiques mais il génère aussi des conditions de températures théoriquement peu propices à la maturité. Ce contexte venté implique le choix de situations relativement abritées et ensoleillées. Plus rare, le vent du sud, chaud et humide, favorise une bonne maturité mais est souvent vecteur de pluies.

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DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification et l’élaboration des vins sont assurées sur le territoire des communes suivantes des départements suivants :
– département de l’Ardèche : Andance, Ardoix, Arras-sur-Rhône, Champagne, Charnas, Châteaubourg, Félines, Glun, Guilherand-Granges, Lemps, Limony, Mauves, Ozon, Peyraud, Saint-Désirat, Saint-Etienne-de-Valoux, Saint-Jean-de- Muzols, Sarras, Sécheras, Serrières, Talencieux, Tournon-sur-Rhône, Vion ;

– département de la Loire : Chavanay, Malleval, Saint-Pierre-de-Boeuf.

DÉROGATION SUR LA DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

L’aire de proximité immédiate définie par dérogation pour la vinification et l’élaboration des vins est constituée par le territoire des communes suivantes :
– département de l’Ardèche : Alboussière, Arlebosc, Boffres, Bogy, Champis, Charmes-sur-Rhône, Cheminas, Colombier-le-Cardinal, Cornas, Eclassan, Etables, Gilhac-et-Bruzac, Peaugres, Plats, Quintenas, Saint-Barthélemy-le-Plain, Saint-Cyr, Saint-Georges-les-Bains, Saint-Romain-d’Ay, Saint-Romain-de-Lerps, Saint-Péray, Soyons, Thorrenc, Toulaud, Vernosc-lès-Annonay, Vinzieux ;
– département de la Drôme : Albon, Andancette, Beaumont-Monteux, Beausemblant, Bourg-les-Valence, Chanos-Curson, Chantemerle-les-Blés, Châteauneuf-sur-Isère, Chavannes, Clérieux, Crozes-Hermitage, Erôme, Gervans, Granges-les-Beaumont, Larnage, Laveyron, Mercurol, La Motte-de-Galaure, Ponsas, Pont-de-l’Isère, La Roche-de-Glun, Saint-Barthélemy-de-Vals, Saint- Donat-sur-l’Herbasse, Saint-Rambert-d’Albon, Saint-Uze, Saint-Vallier, Serves- sur-Rhône, Tain-l’Hermitage, Triors, Valence, Veaunes ;
– département de l’Isère : Chonas-l’Amballan, Le Péage-de-Roussillon, Reventin- Vaugris, Les Roches-de-Condrieu, Sablons, Saint-Alban-du-Rhône, Saint-Clair-du- Rhône, Saint-Maurice-l’Exil, Salaise-sur-Sanne, Seyssuel, Vienne ;

– département de la Loire : Bessey, La Chapelle-Villars, Chuyer, Lupé, Maclas, Pélussin, Roisey, Saint Michel sur Rhône, Saint-Romain-en-Jarez, Vérin ;
– département du Rhône : Ampuis, Condrieu, Les Haies, Loire-sur-Rhône, Longes, Sainte-Colombe, Saint-Cyr-sur-le-Rhône, Saint-Romain-en-Gal, Tupin-et- Semons.

CÉPAGES PRINCIPAUX

roussanne B, syrah N et marsanne B.

a) – Les vins rouges sont issus des cépages suivants :

– cépage principal : syrah N ;
– cépages accessoires : marsanne B, roussanne B.

b) – Les vins blancs sont issus des cépages marsanne B et roussanne B.

Pour les vins rouges, la proportion du cépage syrah N est supérieure ou égale à 90 % de l’assemblage, et les vins élaborés à partir des cépages blancs et du cépage syrah N sont vinifiés par assemblage des raisins concernés respectant la même proportion.

RENDEMENTS MAXIMAUX

Le rendement est fixé à 40 hectolitres par hectare.
Le rendement butoir est fixé à 46 hectolitres par hectare.

VINS ET CARACTÉRISTIQUES ŒNOLOGIQUES

L’utilisation de copeaux de bois est interdite.
Outre la disposition ci-dessus, les vins doivent respecter, en matière de pratiques oenologiques, les obligations figurant au niveau communautaire (UE) et dans le code rural et de la pêche maritime.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

– Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4 500 pieds par hectare ;
– Chaque pied dispose d’une superficie maximale de 2,30 mètres carrés ; cette superficie est obtenue en multipliant les distances d’inter-rangs et d’espacement entre les pieds.

– Les vignes présentent un écartement entre les rangs inférieur ou égal à 2,50 mètres.

Les vignes sont taillées avec un maximum de 10 yeux francs par pied, selon les techniques suivantes :
– taille courte à courson (gobelet, cordon de Royat à un ou deux bras) ;
– ta La hauteur maximale du cordon est de 0,60 mètre. Cette hauteur est mesurée à partir du sol jusqu’à la partie inférieure des bras de charpente.
Les vins sont issus de raisins récoltés manuellement. Les grappes de raisin sont transportées entières jusqu’au lieu de vinification.

Taille en Guyot simple.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

a) – L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser le nom d’une unité géographique plus petite, sous réserve :
– qu’il s’agisse d’un lieu-dit cadastré;
– que celui-ci figure sur la déclaration de récolte.

b) – L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Cru des Côtes du Rhône » ou « Vignobles de la Vallée du Rhône ». Les conditions d’utilisation l’unité géographique plus grande « Vignobles de la Vallée du Rhône » sont précisées par la convention signée entre les différents organismes de défense et de gestion concernés.

Dernière modification du cahier des charges : 10 avril   2019