SAUSSIGNAC AOP

Corrèze AOP par Jacqueline Uztarroz (hors échelle)

L’APPELLATION

L’appellation Saussignac est réservée aux vins blancs tranquilles avec des sucres résiduels élaborés sur le territoire des communes suivantes du département de la Dordogne : Gageac-et-Rouillac, Monestier, Razac-de-Saussignac et Saussignac.

HISTOIRE

Le vignoble de « Saussignac » est d’origine monastique comme en témoigne la charte de donation à Saint-Sylvain qui fait état, dès le XIème siècle, de nombreuses vignes.
Le vignoble se développe au XIIème siècle sous l’impulsion des pèlerins, de plus en plus nombreux sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qu’il faut nourrir et héberger.
En 1520, les lettre patentes du Roi confirment que la ville de Bergerac et pays circonvoisins, Maurens, Mouleydier, Saint-Nexans, Labarre, Montcuq, Saussignac, La Force, Maduran, Le Fleix et Montréal ont le privilège de faire descendre leurs vins par la Dordogne jusqu’au port de Libourne.
Au XVIIIème siècle, la production de vins présentant des sucres fermentescibles se développe grâce à l’introduction du cépage muscadelle B, appelée localement « muscat fou ».
Le développement de la production des vins de « Monbazillac » et leur succès commercial incitent les producteurs des communes voisines, et notamment ceux de Gageac-Rouillac, à vendre leurs vins sous le nom de « Monbazillac ». Le jugement du tribunal civil de Bergerac du 16 mars 1934 règle définitivement le litige en définissant les limites de la zone géographique de « Monbazillac » et en excluant, en particulier, la commune de Gageac-Rouillac.

Le nom de « Saussignac » réapparaît en octobre 1956, avec la dénomination « Côtes de Saussignac » qui peut compléter le nom de l’appellation d’origine contrôlée « Côtes de Bergerac ».
L’appellation d’origine contrôlée « Saussignac » est enfin reconnue par le décret du 28 avril 1982 et se définit comme un vin blanc moelleux.

La vendange est obligatoirement réalisée par tries successives manuelles des raisins à surmaturité, laquelle est due, soit à l’action de botrytis cinerea, soit au passerillage naturel sur souches.
La production reste encore confidentielle, en 2009, d’environ 1 500 hectolitres produits par an par un groupe de producteurs passionnés constitué d’une trentaine de vignerons indépendants et d’adhérents à une cave-coopérative.

CLIMAT ET SOLS

La zone géographique est limitée naturellement au nord, par la vallée de la Dordogne, à l’ouest, par celle du Seignal, et à l’est, par celle de la Gardonnette et de son affluent le Brajaud qui la sépare de la zone géographique de l’appellation d’origine contrôlée « Monbazillac ».
Elle se caractérise par un ensemble de plateaux, aux versants parfois abrupts et soulignés par des haies et des taillis, dont les parties intermédiaires sont occupées essentiellement par le vignoble.
Le sommet des croupes porte souvent des boisements naturels, particulièrement visibles dans le paysage, et vestiges d’un vignoble pré-phylloxérique. Dans la vaste plaine alluviale de la Dordogne, le vignoble est implanté uniquement sur les colluvions de pied de coteau et la plaine est essentiellement céréalière, avec des vergers de pruniers.
La zone géographique, constituée par 4 communes, se situe dans la partie sud- ouest du département de la Dordogne, aux confins des départements de la Gironde et du Lot-et-Garonne.
Les formations affleurantes du substratum géologique appartiennent exclusivement aux dépôts fluvio-lacustres du Tertiaire. Ces formations sont issues soit de plaines deltaïques marécageuses dans lesquelles se sont déposées des molasses argileuses, soit de lacs dans lesquels se sont déposés des éléments carbonatés.
La structure des plateaux tertiaires est ainsi conditionnée par la présence de niveaux calcaires venus s’insérer dans les niveaux molassiques. Deux niveaux calcaires présentent un intérêt viticole important :
– le calcaire de Castillon, dur et blanchâtre, qui forme une falaise d’une dizaine de mètres de hauteur ; il affleure sous forme de replats pierreux qui s’étendent parfois sur plusieurs centaines de mètres de largeur, à partir de la falaise.
– le calcaire de Monbazillac, blanc, plus friable, de faible épaisseur (de 1 mètre à 4 mètre selon les endroits) et intercalé dans la puissante formation des molasses de « l’agenais » constituée d’argiles carbonatées.
Les sols développés sur versants molassiques sont des sols bruns argileux, épais. La présence d’argiles gonflantes, en limitant l’alimentation hydrique, réduit la vigueur qu’ils peuvent induire à la plante.
Les sols développés sur calcaire dur sont peu épais, chlorosants, capables d’assurer une alimentation hydrique limitée de la plante et induisant à celle-ci une faible vigueur.
Les sols molassiques de plateau sont des sols bruns plus ou moins lessivés. Ils peuvent être à l’origine de boulbènes battantes en sommet de croupes, lorsqu’ils sont recouverts par les limons éoliens. Cultivés en vigne avant le phylloxéra, ils portent aujourd’hui souvent des bois. Ces sols lessivés ont parfois une teneur élevée en fer, comme le soulignent certains noms de lieux-dits : « La Ferrière », « Rouillac », « Ferriol ».
La zone géographique recouvre un vaste plateau argilo-calcaire culminant à 152 mètres d’altitude et présentant un pendage général d’orientation nord, vers la vallée de la Dordogne. Le calcaire de Castillon forme une cuesta et les molasses, qui la surmontent, donnent des formes plus arrondies. De nombreuses vallées creusées par de petits ruisseaux ont largement ciselé le paysage.
Le climat est un climat océanique atténué, avec une pluviométrie plus faible, des températures plus élevées en été et plus froides en hiver, que sur la façade atlantique. Par rapport à la région bordelaise voisine, l’insolation est plus importante en été et la nébulosité plus élevée en été et en automne.

Source: Par paysbergerac — https://www.flickr.com/photos/paysbergerac/8427228104/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/

DÉLIMITATION DE L’APPELLATION

La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration, et l’élevage des vins sont assurés sur le territoire des communes suivantes du département de la Dordogne : Gageac-et-Rouillac, Monestier, Razac-de-Saussignac et Saussignac.

AIRE DE PROXIMITÉ

L’aire de proximité immédiate pour la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins est constituée par le territoire des communes suivantes du département de la Dordogne : Cunèges, Gardonne, Lamonzie-Saint-Martin, Mescoules, Pomport, Saint-Laurent-des-Vignes, Thénac.

CÉPAGES PRINCIPAUX

muscadelle B, semillon B, sauvignon gris G, sauvignon B

– cépages accessoires : chenin B, ondenc B, ugni blanc B.

La proportion de l’ensemble des cépages principaux est supérieure ou égale à 50 % dans l’assemblage.

RENDEMENTS MAXIMAUX

30 hectolitres par hectare

VINS ET CARACTÉRITIQUES ŒNOLOGIQUES

Toute pratique d’enrichissement, tout traitement thermique de la vendange faisant intervenir une température inférieure à -5°C ainsi que l’utilisation des copeaux de bois sont interdites.

CARACTÉRISTIQUES VITICOLES

Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 5 000 pieds à l’hectare par hectare. L’écartement entre les pieds sur le même rang est supérieur ou égal à 0,90 mètre. Chaque pied dispose d’une superficie maximale de 2 mètres carrés.
Les vignes sont taillées selon les techniques suivantes : taille Guyot, taille à coursons en cordon de Royat ou taille à cots.
Chaque pied porte au maximum 10 yeux francs.

L’irrigation est interdite.

Les vins sont issus de raisins récoltés à surmaturité et présentant une concentration par action de la pourriture noble ou par passerillage naturel.
Les parcelles doivent être vendangées manuellement par tries successives.

AUTRES CARACTÉRISTIQUES

L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée « Saussignac » peut préciser l’unité géographique plus grande « Sud-Ouest ».
Cette unité géographique plus grande peut également figurer sur les prospectus et récipients quelconques. Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Dernière modification du cahier des charges : 19 mai  2017