
VIN DE SURESNES
Le vignoble d’Ile-de-France existait déjà sous l’occupation romaine. Au IXème siècle, la vigne couvre l’ensemble des collines et des plateaux de la région parisienne impropres à la grande culture. Les villages de vignerons se tassent alors aux pieds des clochers des églises. Ce fut le cas à Suresnes autour de l’église de Saint-Leufroy.
En 918, l’Abbaye bénédictine de Saint-Germain-des-Prés reçoit le vignoble suresnois de la part de Charles III le Simple, l’Abbé devient ainsi le Seigneur de Suresnes.
Au lendemain de la Guerre de Cent ans, on retrouve une des premières traces de plantation faite par le Proviseur de l’Hôtel Dieu, Nicolas de Hacqueville, qui préférait le vin des vignes de Suresnes pour soigner les malades.
Très vite le vin de Suresnes acquiert une réellenotoriété et devient l’un desvins de soif préférés des Rois de France, en particulier François Ier et Henri IV. Jusqu’au XVIIèeme siècle, le vin de Suresnes sera considéré comme le meilleur cru d’Ile-de-France.
Au recensement de 1691, il existait à Suresnes soixante-quatre vignerons cultivant environ 20 hectares de vignes, et trente bourgeois qui possédaient 40 hectares, soit deux fois plus.
C’est au début du XVIIIème siècle, après le terrible hiver de 1709 qui détruisit la plupart des cépages, que semble avoir commencé la décadence de certains vins de Suresnes. Chose curieuse, c’est le même écrivain, Dancourt, habitué aux coteaux de Suresnes, qui est à l’origine des deux traditions : celle du vin « guinguet », et celle du vin « noble », qui bien travaillé pouvait soutenir la comparaison avec les meilleurs vins blancs de l’époque.
A Suresnes les cabaretiers n’étaient pas les seuls à désaltérer les Parisiens venus s’encanailler. Les vignerons pouvaient les dimanches et jours de fête, sans être astreints à la licence, vendre chez eux le vin qu’ils récoltaient. Le règlement des consommations se faisait parfois à l’heure !
Un autre problème vint à cette époque compliquer l’exploitation du vignoble. Il s’agit de la construction de la ligne de chemin de fer Paris-Versailles, qui devait traverser à mi-pente, du nord au sud, le territoire de Suresnes, creusant un fossé séparant les bonnes terres du coteau de celles du plateau, isolant ainsi ces dernières du village.
Enfin, pour couronner le tout, les attaques du mildiou et de l’oïdium durent être combattues sérieusement. Contrairement à d’autres régions viticoles, le phylloxéra fit peu de ravages à Suresnes.
Ces divers éléments, joints au développement de l’urbanisme, réduisirent progressivement les surfaces plantées, et conduisirent à une diminution importante de la production du vin de Suresnes. En 1950, la production n’était plus représentée que par un seul vigneron, dont le nom est connu des vieux suresnois : Robert Joyeux.
En 1926, Henri Sellier, Maire de Suresnes, fit acheter une ancienne carrière au lieu-dit « Le Pas Saint-Maurice », pour y planter une vigne municipale. Celle-ci, malheureusement, tomba à l’abandon faute de soins.
En 1965,Etienne Lafourcade, adjoint au Maire, fils d’un maître de chai du Sauternois, entreprit un réencépagement en cépages nobles. C’est ainsi que furent plantés sur 70 ares, des cépages blancs recommandés par les meilleurs oenologues.
A partir de 1983, la nouvelle municipalité, sous l’égide de Christian Dupuy, entreprit d’importants investissements pour l’aménagement de la vigne, et de la cave pour une meilleure vinification. La vigne de Suresnes est classée site protégé, la préservant définitivement.

Source: Suresnes Mag
Profitant du déplacement du stand de tir situé en contre-bas de l’ancienne vigne, une cave moderne a été construite sur le site même de la vigne, ce qui évite tout déplacement de la vendange. Les récipients, sortes de comportes, et non des « bachoues » comme c’était le cas à Suresnes, contenant le raisin sont vidés directement par une goulotte dans le pressoir horizontal. Le moût obtenu est ensuite acheminé pour la fermentation dans des cuves au nombre de 4, en inox et de 15 hectolitres chacune avec refroidissement par eau. L’élaboration du vin est placée sous le contrôle d’un laboratoire d’oenologie.
La récolte, bon an mal an, se situe entre 35 et 60 hectolitres. En 2010, la vigne a produit 5 000 bouteilles, ce qui fait du Clos du Pas Saint-Maurice le plus grand vignoble d’Ile-de-France.
La culture de la vigne et l’élaboration du vin sont assurés par un vigneron professionnel.
Aujourd’hui, la qualité du vin permet de réintégrer la vigne de Suresnes dans le vignoble français.
La ville de Suresnes a passé une convention avec l’Association du Clos du Pas Saint-Maurice, cette dernière étant chargée d’entretenir la vigne, d’élaborer le vin, et de le commercialiser.