AUTORISATION DU CÉPAGE CRIOLLA CHICA EN ARGENTINE… UNE GOUTTE D’EAU DANS LA MARRE DES CRIOLLAS

Source : INV : Instituto Nacional de Vitivinicultura de Argentina et South American Wines

LA RECONNAISANCE DU CÉPAGE CRIOLLA CHICA EN ARGENTINE

L’Instituto Nacional de Vitivinicultura de Argentina vient d’autoriser le cépage criolla chica, plus connu sous le nom de listán prieto en Espagne, d’où il est originaire.

Jusqu’à présent le criolla chica ne faisait pas partie des 48 cépages autorisés pour la production de vin pouvant bénéficier d’une Indication de provenance ( Indication Géographique ou denominación de origen).

De plus, le cépage criolla chica était enregistré, comme un cépage rose et ne pouvait donc produire que des vins rosés alors que c’est un cépage rouge (noir). Les producteurs de criolla chica rouge devaient enregistrer les vins comme rosé.

LA FAMILLE DES CRIOLLAS S’AGRANDIT

Les criollas sont une large famille de cépages des descendants des cépages européens natifs des Amériques ou introduits par les colonisateurs sous forme de boutures ou de graines. Ils ont sans doute été introduits dès 1551 au Pérou, possiblement en provenance des îles canaries, une étape incontournable sur la route des Amériques du Sud. Ils se sont disséminés par la suite dans le nord du Chili, puis en Argentine en 1556. Aucun autre cépage du groupe des Crollias, n’a jamais été identifié comme Européen à part le le Listán pietro (criolla chica).

La majeure partie des Criollas sont issus des descendants des deux principaux cépages fondateurs du continent, le Moscatel de Alejandría et le Listán Prieto.

En novembre 2023, à l’Institut national de technologie agricole (INTA) de Mendoza, le chercheur argentin Jorge Prieto a révélé que l’arbre généalogique des variétés de Criolla était bien plus vaste qu’on l’avait imaginé ». En présentant le nouvel arbre généalogique, Prieto affirme avoir identifié 60 variétés différentes de Criolla, dont 36 sont de nouvelles découvertes.

Au Chili, l’Institut de recherche agronomique (INIA) s’est concentré sur l’identification des différentes variétés de Criolla, en menant des études principalement dans la Maule et dans le nord du Chili. Lors du même séminaire, Nilo Mejia de l’INIA La Platina a révélé avoir identifié 86 variétés différentes de Criolla au Chili. Parmi ces 86 variétés, 43 sont probablement des variétés entièrement nouvelles.

L’IMPORTANCE DES CRIOLLAS POUR LA VITICULTURE

Longtemps considérées comme des variétés de seconde zone, elles reviennent en odeur de sainteté depuis une vingtaine d’années.

En Argentine, les vins de Criolla Chica qui peuvent désormais être étiquetés sous l’indication géographique de Barreal et dans celle de Hilario (récemment approuvée) dans la vallée de Calingasta (Valle de Calingasta DO / GI) de la province de San Juan. Cela donne également plus de valeur à ce cépage qui a une histoire si importante en Argentine.

Elles abondent aussi dans la « Secano Interior », Une DO / GI du Chili pour les vignes de país (mission / criolla [1]) et de cinsaut, cultivée en sec dans les DO de certaines régions de Valle de Maule DO / GI de Nūble (Itata) DO / GI  et de Bío Bío DO / GI[2].

Vieille vigne de País d’Itata. Source: Santa Magdelena

Ces vignes sont en général très anciennes, parfois plus que centenaires et poussent à même le sol ou en gobelet. Elles constituent un patrimoine génétique de premier ordre, en particulier dans un contexte de réchauffement climatique.

Des vins sont élaborés avec les raisins de ces cépages et dans des mains de viticulteurs compétents, Ils donnent des résultats étonnants.

On verra sans doute des nouveaux cépages criollas autorisés pour des vins avec Indication Géographiques dans une avenir plus ou moins proche.


[1] Ce sont les synonymes officiels donnés par les autorités viticoles chiliennes.

[2] Plus précisément dans les DO / GI de Rauco, Romeral, Molina, Sagrada Familia, Talca, Pencahue, San Clemente, San Rafael, San Javier, Villa Alegre,
Parral, Linares, Cauquenes, Chillán, Quillón, Portezuelo, Coelemu ou Yumbel.