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ARGENTINE

DESCRIPTION DU PAYS

Flag of Argentine
Source: https://en.wikipedia.org/

Les Argentins sont des gens qui parlent l’espagnol, s’habillent comme des Italiens, se conduisent comme des Français  et pensent qu’ils sont Anglais.

« Caminito » (« Petite route » « ou Petit chemin »), rue de La Boca, à Buenos Aires. SOURCE: https://en.wikipedia.org/wiki/Buenos_Aires#/media/File:Caminito_Buenos_Aires_Argentina.jpg

 

L’ARGENTINE  VUE D’AILLEURS

L’Argentine et les Argentins

                   On pourrait commencer par une vieille blague bien connue : « les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens descendent des Incas, les Argentins descendent du bateau ». Elle est vraie et fausse : il y avait des habitants dont les descendants sont aujourd’hui moins de 2% de la population, Guaranis, Atacamas, Mapuches, Patagons, Selk’nams … et 3,5 millions d’émigrants ( Italiens, Espagnols…) arrivèrent en un siècle.

                   L’Argentine est un pays très vaste, 2,7 millions de km², presque autant que l’Inde (3,2 M). Juste une différence entre ces deux pays : 44,7 millions d’habitants d’un côté, 1 296 millions de l’autre.

Territoire Immense, il est une mosaïque de milieux naturels très différents, du nord au sud (3 600 km), chaud, aride, océanique, climat de façade orientale ou chinois, désertique froid en Patagonie, et montagnard, celui de la haute barrière des Andes qui l’isole du Chili avec 10 sommets de plus de 6 000 mètres et de superbes glaciers.

Au XIX° siècle, les hommes durent briser avec des machines l’épais tapis des racines de la végétation séculaire des steppes pour rendre cultivable l’immense espace des vastes plaines et vallées qui s’étend sur 750 000 km², humide puis plus sèche vers le sud vers la Patagonie, c’est la Pampa. Céréales et élevage fournissent les exportations. Le soja règne dans le Chaco au nord.

             Au XX° siècle, le pays eut à sa tête un leader charismatique  Juan Perón, qui gouverna de 1946 à 1955 avec sa seconde femme l’influente Eva qui mourut jeune, il dut sa popularité à l’organisation d’un Etat-Providence ; chassé par les militaires, il revint au pouvoir en 1973 après dix-huit ans d’exil et mourut en 1974. Sa veuve Isabelita lui succéda, facilitant le coup d’Etat qui instaura une dictature militaire très dure entre 1976 et 1983 sous l’autorité du général Videla. On estime à 30 000 le nombre des « desaparecidos » ( les disparus), à 15 000 les fusillés, la torture fut institutionnalisée, environ 500 bébés furent volés à leurs mères jugées subversives et donnés à des familles de militaires en mal d’enfants ….

Les généraux pensant gagner et se concilier le peuple, décidèrent de s’approprier un petit archipel perdu à 460 km dans l’Océan Atlantique, doté de trois noms car occupé successivement par la France (Malouines), l’Espagne (Malvinas) puis par le Royaume-Uni (Falklands). La « dame de fer » et la supériorité technique de l’armée de la perfide Albion mirent fin à l’aventure militaire argentine entre avril et mi-juin 1982 par une guerre conventionnelle, maritime, aérienne, et terrestre. Bilan : 907 tués soit 649 militaires argentins, 255 militaires britanniques et trois insulaires. Les images du conflit furent soigneusement maîtrisées, les journalistes avaient fait le voyage de 15 000 km dans un navire de la Royal Navy et furent maintenus à l’écart des combats. A l’exception de la BBC, ils répercutèrent  «la victorieuse reconquête » des Malouines. Cette stratégie de communication deviendra la norme du traitement de l’information par les autorités militaires et politiques des conflits armés suivants (armées israélienne, américaine…).

La déroute argentine précipita la chute de la junte militaire, remplacée par un gouvernement démocratiquement élu. De son côté, le gouvernement de Margaret Thatcher sortit renforcé de cette victoire, le parti conservateur remporta les élections en 1983.

Loin de ces épisodes tragiques, chez nous les clichés sur l’Argentine fourmillent : la fière silhouette du gaucho sur l’horizon de la Pampa sans arbres, le succès universel du plus célèbre des chanteurs de tangos Carlos Gardel – né à Toulouse-, les grillades pantagruéliques, le football et ses supporters, la langue espagnole qu’ils ont quelque peu transformée.

Plus sérieusement, comme ses voisins, paraguayens et brésiliens, les Argentins cultivent à l’envi le soja OGM (19 % du soja mondial) qui nourrit nos cochons européens.

Pour finir, les Argentins, qui ont pourtant un pape, qui jouent au rugby seuls sur leur continent, souffrent d’un vrai complexe : à la différence d’autres pays latino-américains, Chili (2), Guatemala, Mexique, Colombie, Pérou, il n’ont jamais reçu le prix Nobel de littérature, alors que l’écrivain de Buenos Aires, J.L.Borges a aussi inventé un monde.

Mais ils font de grands films. Cinq, pas au hasard : Les neuf reines, Dans ses yeux, Carancho, El Chino, Citoyen d’honneur et un acteur Ricardo Darín.

Candidat à l’élection présidentielle de 2023, Javier Milei présente un « plan tronçonneuse » visant à diminuer massivement les dépenses publiques : son projet comprend la suppression de plusieurs ministères (Éducation, Santé, Travaux publics et Développement social, Femmes), la libéralisation du port d’armes pour les civils… et du commerce d’organes. D’inspiration libérale il se bat contre l’inflation qui fut longtemps ahurissante, contre la politique jugée assitancialiste, bref il y a dette et subsides et colères dans la rue.

Gaucho dans la Pampa. Source: winesofargentina.com 

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Le vignoble s’étend entre  les 22° et 46° de latitude sud sur une distance  d’environ 1 700 kilomètres du nord au sud et sur une superficie de 215 173 hectares  dont 198 224 hectares sont des variétés nobles (source : Wines of Argentina avril 2019) et produit  6175 millions d’hectolitres  par an (2018). Le pays compte 1 320 domaines viticoles dont 370 font des vins de qualité internationale. C’est le 8ème producteur mondial de vin et il exporte environ 60% de sa production de vin en bouteilles. Les rouges constituent 58% de la production, les blancs 18% et les rosés 24%. Les provinces de Mendoza et de San Juan représentent 87% de la production du vignoble argentin. La viticulture argentine est une viticulture d’altitude qui se fait dans les principales régions entre 600 et 2 300 mètres d’altitude sauf en Patagonie où les altitudes sont moins élevées. En novembre 2010 le vin fut déclaré comme la boisson nationale par décret exécutif ce qui en fait l’unique pays au monde à s’enorgueillir ou  à se désoler de ce statut et sa consommation par capita n’est que de 26 litres par an alors qu’elle était de 90 litres en 1977.

HISTOIRE

Comme partout en Amérique et en Amérique du Sud en particulier  la culture de la vigne Vitis Vinifera est une des  conséquences    de la colonisation de cette partie du monde au XVI° siècle par les conquistadores espagnols  accompagnés par des missionnaires. C’est en 1556 que les premières vignes furent plantées près des monastères pour produire le vin de messe par le père Juan Cedrón quand des boutures furent amenées dans la vallée Centrale du Chili, depuis  la région de San Juan et de Mendoza de l’autre côté des Andes en Argentine. Ces boutures furent  le précurseur du groupe de  variétés connues comme  Criolla Chica qui sera l’épine dorsale de l’industrie vinicole argentine pendant  300 ans. Alors que l’activité  vinicole argentine naissante  se centralisait dans la partie est du pays parce qu’elle avait besoin de l’altitude des Andes pour produire des raisins de cuve de bonne qualité, la colonisation du  pays se développait à l’est. Le transport du vin  d’ouest en est était long et  ce fut pendant longtemps  un frein à la croissance , elle ne se développa  pas avant l’achèvement le 25 mai  1885 de la  ligne de  chemin de chemin fer qui reliait la ville de Mendoza à Buenos Aires.

Don Tiburcio Benegas. Source: Domaine Public

Don Tiburcio Benegas, gouverneur de la province de Mendoza et propriétaire du domaine viticole El Trapiche, contribua au financement et à la réalisation de la construction, convaincu que, pour que l’industrie viticole argentine survive, il lui fallait un marché. Un peu avant l’achèvement  de la ligne ferroviaire  en 1881, de larges projets d’irrigation virent   le jour dans la région de Mendoza préparant ainsi  le terrain qui allait permettre  le développement intensif de la viticulture. Cette période coïncida avec l’arrivée de nombreux  immigrants qui  fuyaient le fléau du phylloxéra qui ravageait les vignobles de leurs pays  et ils apportaient avec eux leur expertise et leurs connaissances en matière de viticulture et de vinification.   En 1910, 70% des domaines et 83% de la production étaient dans les mains d’ immigrants venus d’Europe. Avec l’aide du botaniste Français Aimé Pouget, sous contrat avec le gouvernement argentin, les premières variétés françaises firent leur apparition en Argentine.  En 1920, les Argentins buvaient 62 litres de vin par capita par an dont 80% étaient consommés par les immigrants eux-mêmes.  La production et la consommation allaient croître de 2-4% par an durant les années 1950 jusqu’à ce qu’elle explose en 1972-1973, le vignoble s’étendait alors sur 350 000 hectares,  et la consommation par capita était de 90 litres en 1977 (97 litres à Buenos Aires).

Mais, en fin des années 1970 et au  début des années 1980, la situation économique de l’Argentine, alors sous la férule de la dictature militaire,  se détériora,  l’inflation galopante qui atteignit 5 000% mit l’économie à genoux. La consommation de vin chuta d’une manière drastique et de nombreux vignobles furent arrachés y compris des vieilles vignes de malbec;  les producteurs se concentrèrent sur les variétés  les plus prolifiques comme les criollas et la bonarda. La production des concentrés de raisins s’accrut si  bien que, dans les années 1980, 25% de la production viticole  leur était destinée. L’ancrage du peso avec le dollar américain  en 1992 sous le gouvernement de Menem parvint à stabiliser la situation,  les consommateurs purent voyager et  goûter aux vins d’autres pays. Ils ne pouvaient que constater le décalage immense qui existait entre les productions étrangères et la leur  ce qui les amenait à consommer plus de bière et de boissons non alcoolisées. Un changement de paradigme était devenu essentiel et c’est sous l’impulsion de Nicholás Catena, de Susana Balbo, Roberto de la Mota  et de Julio Viola  entre autres que ce changement allait  se mettre en marche. Les meilleurs terroirs furent sélectionnés, les rendements considérablement réduits et les techniques de vinification modernes introduites dans les chais. Parallèlement, l’industrie viticole argentine allait se doter d’infrastructures de marketing dignes d’un grand pays viticole. En début des années 1990, le renouveau était en marche et les investisseurs et les consultants accoururent. La nouvelle Argentine vitivinicole était née.

ROBERTO DE LA MOTA. SOURCE: terroirsdumondeeducation.com

CLIMAT ET SOLS

Le climat est semi-aride avec environ 250 mm de pluie par an, les amplitudes thermiques entre le jour et la nuit sont importantes et dans certaines parties de l’Argentine en altitude le climat  est continental avec des étés chauds et des hivers froids. Le climat est sec, donc il n’existe pas ou peu de maladies cryptogamiques. Les vignobles sont irrigués principalement souvent par gravité avec l’eau qui provient  de la fonte des neiges des glaciers des  Andes par un système de canaux qui s’inspire largement de celui établi par les Incas, il fournit   une eau de qualité, d’une grande pureté car les régions sont très faiblement industrialisées. ​

La viticulture se pratique principalement sur les entisols, qui sont largement répartis dans les zones arides et semi-arides, occupant une grande partie de la Patagonie et du nord-ouest du pays. Les entisols sont définis par l’absence ou la quasi-absence d’horizons (couches) qui reflètent clairement les processus de formation du sol. Ils se forment sur des surfaces d’origine géologique récente, sur des matériaux sous-jacents très résistants aux intempéries ou dans des conditions de sécheresse extrêmes. Les milieux géographiques typiques comprennent de pentes abruptes, les zones de substrat rocheux de quartzite ou de sable de quartz (c’est-à-dire les principales régions désertiques et dunaires). Malgré leur manque d’horizons distincts (une condition optimale pour les sols agricoles), les entisols sont généralement arables s’ils reçoivent un approvisionnement adéquat en éléments nutritifs pour les plantes et en eau. Leur basse fertilité les rend bien adaptés à la viticulture irriguée. On trouve aussi ce type de sol dans les zones humides et la plaine inondable sous forme de sol alluviaux où leur fertilité est plus importante. Ils sont aussi adaptés à la culture de la vigne mais, la vigueur de celle-ci doit être contrôlée.Une grande majorité des vignes  sont franches de pied mais l’Argentine n’est pas exempte de phylloxéra contrairement au Chili. L’irrigation par gravité semble un moyen de contenir le phylloxéra mais il est difficile de contrôler les rendements même si l’on utilise l’irrigation par sillons (furrow irrigation).  Dans les nouvelles régions viticoles, l’irrigation ne se fait aujourd’hui que par goutte-à-goutte.
​Les sols sont sont recouverts de substrats d’argile, de graviers et de calcaire. En Patagonie, dans la région de Neuquén et de Río Negro, ils contiennent une proportion importante de craie. La proximité des Andes leur confère souvent aussi une dimension colluviale importante.

Carte climatique

Source: https://www.ameriquedusud.org/

Climat actuel

Climat futur

Carte des sols

RÉGIONS  VITICOLES 

L’Argentine  est  divisée en 4 grandes régions viticoles: North( Nord), Cuyo, Atlantic (Atlantique) et Patagonia (Patagonie) qui  sont subdivisées en 12 sous-régions viticoles (Jujuy, Salta, Catamarca, Tucumán, La Rioja, San Juan, Mendoza, La Pampa, Neuquén, Río Negro, Chubut, Buenos-Aires  )  elles-mêmes découpées en 113 Geographical Indications (Gis) et 2 DOCs (juin 2024), dont aucune n’est reconnue  en Europe. 

PLUS PLUS DE DÉTAILS CLIQUEZ SUR LE LIEN SUIVANT: RÉGIONS VITICOLES ARGENTINE

 CÉPAGES 

Pendant longtemps l’Argentine a abreuvé son marché intérieur avec les variétés traditionnelles criolla et  cereza, deux variétés dont il est difficile d’évaluer la qualité tellement les rendements étaient excessifs et pendant une dizaine d’années, les grands producteurs durent faire des vins différents pour le marché intérieur et pour celui des  marchés internationaux pour habituer les consommateurs locaux aux nouveaux styles de vin.
Aujourd’hui, le grand cépage rouge de l’Argentine est le malbec, c’est ce cépage  qui a mis le pays sur la carte viticole du monde. Les assemblages bordelais sont aussi d’une très grande qualité et surpassent souvent les purs malbecs même s’ils n’ont pas les caractéristiques voluptueuses de ces derniers.
C’est encore le pedro-gimenez (diffèrent du pedro gimenez espagnol) qui domine l’encépagement pour les blancs  suivi de près par les variétés de torrontés.  La région nord de Salta  est l’épicentre de la production du torrontés, un   cépage autochtone de très bonne qualité   mais dont la  dimension aromatique intense peut surprendre les palais européens. De même pour la  bonarda, c’est un autre cépage aromatique rouge  de belle qualité surtout quand on dompte ses caractéristiques organoleptiques qui  peuvent s’apparenter à une bombe de fruit.

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LÉGISLATION ET RÈGLEMENTATION

La législation argentine est basée sur deux concepts. Celui des DOCs créée en 1956 mais qui ne s’est jamais développé car il n’existe que 2 DOCs dans le pays. Par contre, le système de « Geographical Indications » ou Indications Géographiques est bien implanté et l’Argentine en possède 110 (Novembre 2023). Mais contrairement aux appellations européennes, elles sont principalement basées sur des divisions administratives plutôt que des terroirs viticoles et elles ne sont pas reconnues par l’Union Européenne. Pour en savoir plus sur la législation argentine, cliquez sur le lien suivant :  LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION ARGENTINE

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