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MOLDAVIE (RÉPUBLIQUE DE MOLDAVIE)

DESCRIPTION DU PAYS

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SOURCE: Wikipedia.org
Arc de Triomphe de Chişinău, la capitale Par Tony Bowden from Tallinn, Estonia — Arc de Triomphe, Chişinău, https://commons.wikimedia.org/

LA RÉPUBLIQUE MOLDAVE VUE D’AILLEURS

 La Moldavie est-elle un pays ?  Le territoire de 33 842 km² (= la Belgique) est enclavé en Europe orientale entre Roumanie (Prut) et Ukraine (Dniestr), englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Il compte plus de 3 200 cours d’eau et possède un accès de quelques centaines de mètres au Danube. Le relief est un peu élevé dans le nord (culmine à 429 m), au centre le Codru est un plateau boisé.  Puis vers le sud s’étend une plaine vallonée, en pente du nord-ouest vers le sud-est au sol fertile. 65 % du territoire est cultivé. Sa capitale est Chișinău.
L’ouest du cours du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie ( soumise à l’Empire ottoman à partir de 1538), sera cédé à l’Empire russe qui   le colonisa par l’installation de nombreuses populations autres que les Moldaves. Devenue autonome lors de  la Révolution russe de 1917, la République Démocratique Moldave déclara son indépendance en 1918 puis s’unit au royaume de Roumanie.
En 1940, à la suite du pacte germano-soviétique, la Roumanie dut céder la Bessarabie à l’ URSS, qui en fit sa république socialiste soviétique moldave ( une des 15 répubiques qui composaient l’URSS) .
En août 1991, pendant la dislocation de l’URSS, la République de Moldavie déclara son indépendance. Depuis, elle développe le secteur des services tandis que la production agricole et industrielle diminue nettement. Aujourd’hui, c’est le pays le plus pauvre d’Europe en termes de PIB par habitant, il a l’indice de développement humain le plus bas du continent. Selon des chiffres officieux, environ 1/4 des actifs soit 8% de la population, a émigré. La population de la république est estimée à environ 3,3 millions d’ habitants ( et elle diminue). Par sa langue, son origine, sa religion, son histoire, elle est en soi une véritable mosaïque difficile à déchiffrer : aux côtés de la majorité autochtone roumanophone, des minorités très diverses : Ukrainiens, Russes blancs, Bulgares, Allemands, Gök-Oguz ou Gagaouzes turcophones, Grecs, Arméniens, Juifs ashkénazes. Au brassage des cultures et aux vagues migratoires se sont ajoutées au XX° siècle la déportation des  Roms et des juifs par le régime fasciste d’Antonescu et celle des Moldaves par l’URSS qui a, en revanche, intensifié la colonisation russe. Reflet des tensions, la langue officielle de l’Etat, romane, a deux noms: « Roumain » est utilisé par les pro-européens et aussi par le pays voisin la   Roumanie, et « Moldave » est utilisé par les minorités slavophones et les partis pro-russes socialiste et communiste. C’est la même langue, parlée en Moldavie et Roumanie par environ 24 millions de locuteurs. Deux-tiers de la population sont bilingues roumain–russe, le russe étant « langue de communication inter-ethnique » comme dans tous les États de la CEI ( qu’elle quitta en2023).
Mais deux morceaux du pays se sont déclarés indépendants vis-à-vis de la Moldavie lors de la dislocation de l’URSS. La Transnistrie, peuplée à 30 % de Russes l’a fait en 1990.  Elle occupe la rive gauche du Dniestr, ainsi que la ville de Bender/Tighina sur la rive droite. Sa capitale est Tiraspol. Aucun Etat des Nations Unies ne la reconnaît, sauf la Russie, elle n’a de relations diplomatiques qu’avec l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud-Alanie et le Haut-Karabagh, trois États non-membres de l’ONU  et l’Ukraine.

La république de Gagaouzie, qui était une région autonome de la Moldavie s’est elle aussi déclarée indépendante. Située dans le sud du pays, elle s’étend sur 1 830 km² répartis sur quatre territoires non contigus, en   trois districts : Comrat, Ceadîr-Lunga et Vulcănești. La capitale est la ville de Comrat. Ce pays n’est reconnu par aucun Etat et est très isolé. Les Gagaouzes (en turc : Gök-Oğuz « Oghouzes bleus/célestes ») sont turcophones, largement russifiés aux XIX° et XX° siècles, chrétiens orthodoxes, dont la langue est très proche du turc d’ Anatolie, avec des  mots bulgares et roumains. Depuis 1918, ils  passèrent à l’alphabet roumain, puis à l’alphabet Çakir latin, pour finalement repasser, après l’annexion de la région par l’URSS en 1940, à l’alphabet cyrillique (sous divers formes, russe ou moldave). Aujourd’hui, ils utilisent l’alphabet gagaouze moderne, proche de celui utilisé par le turc.

Le Parlement moldave a officiellement reconnu l’autonomie de la Gagaouzie en décembre 1994, et puis en  2003,  l’a  élargie. Les  dirigeants ont  accepté ce statut d’autonomie au sein de la Moldavie car le territoire ne dispose d’aucun atout industriel ou stratégique : ni centrale hydroélectrique, ni usines d’armement, ni contrôle des voies de communication vers Odessa. Son seul atout économique était l’exportation de tabac. Toutefois, ce compromis reste fragile car chaque tentative de la Moldavie de se rapprocher de l’Union Européenne suscite des réactions du Kremlin à travers les dirigeants transnistriens et gagaouzes qui déclarent alors vouloir se rattacher à la Russie ou s’en rapprocher.

Depuis, son développement économique en fait une région active en Moldavie, avec des cultures diversifiées et des échanges commerciaux internationaux intenses, grâce surtout aux capitaux turcs, via l’Organisation de coopération économique de la mer Noire. Toutes les élections  récentes donnaient une majorité de plus 90% aux partis pro-russes communistes et socialistes.
Un très grand architecte est né en 1873 en Moldavie : Alexeï Viktorovitch Chtchoussev. Auteur de nombreuses œuvres exceptionnelles, il restaura St Basile, conçut la cathédrale de la Trinité à Pochayiv Lavra, la cathédrale du couvent Marfo-Mariinsky à Moscou, une église commémorative à Kulikovo. Son projet le plus vaste, en 1913, est la gare de Kazan. « Ce design Art Nouveau a fusionné des éléments des tours du Kremlin et de l’architecture traditionnelle tatare dans l’un des designs revivalistes les plus imaginatifs jamais mis à exécution ».

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GARE DE KAZAN. SOURCE: ​Par A.Savin https://commons.wikimedia.org/

LA DIVISION ADMINSTRATIVE DE LA MOLDAVIE

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DIVISION ADMINSTRATIVE DE LA RÉPUBLIQUE MOLDAVE. SOURCE: Wikimedia Commons.

PRÉSENTATION DU PAYS VITICOLE

Avec 129 351  hectares en 2012, la République de Moldavie se classait au   13e rang mondial  et au cinquième rang en Europe.  Le pays est autosuffisant pour  la production de raisins (il produit 103,9 %  de ses besoins, respectivement 159,1%  pour les raisins de table et 98,4 % pour les raisins de cuve).
Avec une production de vin de plus de 143 000 tonnes,  elle représentait 0,54% de la production mondiale et 0,97% de la production de l’UE, et la République de Moldavie se classe au 20e rang mondial en matière de production. Cette apparente contradiction entre encépagement et production  est due aux rendements moyens par hectare, inférieurs (environ 5 300 kg par hectare) par rapport aux rendements mondiaux (7 173 kg par hectare dans l’UE et 9 605 kg par hectare  au niveau mondial).
La taille moyenne des exploitations est de 0,25 hectare, avec des différences significatives selon le statut juridique des exploitations. Elle est de 0,17 hectare pour les exploitations qui n’ont pas de  statut juridique et de 220  hectares par exploitation avec un statut juridique. On recensait 187 exploitations viticoles en 2018 dont 116 déclaraient une récolte, une anomalie difficilement explicable. 69% des exploitations viticoles possédaient des vignobles en 2018.
Sur les 19 millions  d’hectolitres de  vin produits en 2018 (source : ONVV), 55% sont des vins blancs tranquilles et effervescents, 35% des rouges, 8% des rosés et 2%  des  blancs, rosés et rouges aromatiques.
Les principales destinations des  exportations  sont en volume : la Pologne (14%),  la Roumanie, la République Tchèque (13%), la Russie 9,12%) et la Chine (10%); et en valeur : la Roumanie (15%), la  Chine (13%), la Pologne (12.5%),  la République Tchèque (+11.4%)  et la  Russie (11%).
La consommation intérieure par habitant est sujette à caution et variait de 5,50 litres en 2019 (source : Nationmaster) à 18 litres (ONVP)  en 2018. L’une  intègre sans doute la consommation des vins des particuliers et  l’autre se base sans doute sur les ventes.

HISTOIRE

La Moldavie, qui se situe sur la rive droite de la rivière  Dniestr, partage une longue histoire avec la Roumanie et ce n’est qu’en 1812 lorsque qu’elle fut cédée à l’Empire Russe qui en fit son « gouvernement de Bessarabie », dans lequel les Moldaves resteront majoritaires, que leur  histoire se sépare momentanément.  Car, après être devenu autonome en 1917, elle déclara son Indépendance en 1918  et elle s’unit de nouveau avec la Roumanie. Mais la Roumanie fut  contrainte de céder la République Moldave à l’Union Soviétique en 1944  à la suite du pacte germano-soviétique et elle  prit alors le nom de  République Socialiste Soviétique Moldave.
Lors de la dislocation du  bloc communiste, elle déclara son indépendance en 1991 et prit le nom de République Moldave. La constitution moldave  actuelle a été  adoptée en 1994  et  la Moldavie est une république parlementaire. Toutefois, la partie orientale du pays, située au-delà du Dniestr, n’a jamais rejoint la République de Moldavie et se trouve sous contrôle  du gouvernement séparatiste de Transnistrie.

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LE PACTE GERMANO-SOVIÉTIQUE EN IMAGE. SOURCE: Wikimedia Commons

Son histoire  viticole est le miroir de  celle de la Roumanie jusqu’en 1812. Un verset du vieux poème de l’Iliade (8ème siècle avant JC) raconte que: «les guerriers grecs sont allés en Thrace pour trouver du vin». Le vin était la richesse, la fierté et la principale marchandise d’échange. Le poète romain Ovide (43 avant JC-17 après JC), exilé dans ces lieux, parle de la méthode de l’élaboration  du vin par congélation, qui était utilisée par les habitants.  Les anciens  conservaient le vin le gardant à l’état solide pendant l’hiver et il fallait le découper à la hache. Au fil du temps, la culture du vin dans cette région s’est modernisée grâce aux colons grecs qui ont introduit de nouvelles traditions. Lorsque les Romains ont conquis ce pays (1er siècle   après JC), ils y ont découvert une viticulture florissante aux riches traditions  qu’ils ont continué à développer.
​Au Moyen Âge, les propriétaires de vignobles étaient les dirigeants du pays mais ce furent les monastères qui assuraient la viticulture et la vinification. La viticulture a atteint son sommet  au 15e siècle, sous le règne de Stefan le Grand, qui établit le poste de « préposé à la résidence du souverain ». Ce dernier était chargé de superviser les vignobles et les vignerons pour assurer la qualité de la production. De nouveaux cépages furent introduits, des variétés indigènes sélectionnées, des caves à vins construites et le processus de vinification fut  amélioré sur le plan technologique. Les monastères devenaient  des centres de vinification et le vin  devenait  une partie de la Sainte communion, un symbole religieux fort. La légende raconte que Stephan le Grand assiégé dans la forteresse de Soroca, sans nourriture ni eau avec  des soldats affaiblis fut sauvé par un troupeau de cigognes qui portaient des grappes de raisin dans leur bec. Les grains frais ainsi que ceux fermentés par le soleil furent  une source d’énergie qui les  aida à gagner le combat.

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RECONSTITUTION DU TRÔNE DE STEFAN LE GRAND AU MUSÉE D’HISTOIRE DE SUCEAVA. SOURCE: Par Oleh Petriv. https://commons.wikimedia.org/

Suite à l’annexion de la Bessarabie par l’Empire russe en 1812, des aristocrates et des généraux de l’armée russe  commencèrent à s’intéresser à la viticulture et aux vins. Les aristocrates russes firent venir des variétés sélectionnées par  des spécialistes bien connus de France.  La Russie encouragea le développement d’une industrie du vin en Bessarabie et invita des colonies  allemandes, polonaises, françaises et suisses à s’installer dans la région et les Suisses, en particulier contribuèrent notablement à la viticulture et la vinification. Chaque famille de  colons recevait 66 hectares de terre et elle était encouragée à planter de la vigne. Le début du 19e siècle vit la création de domaines et d’exploitations viticoles.
À cette époque, des régions vinicoles et des vins ont commencé à se distinguer: Purcari, Lapusna, Bulboaca, Romănești et Camenca. Le vin moldave était servi  à la cour des tsars mais  aussi dans les cours royales d’Europe. Lors de l’exposition internationale de 1878 à Paris, le vin «Negru de Purcari» obtint une médaille d’or, après quoi il fut  inclus dans la liste des achats pour la famille impériale russe et pour les autres  nobles en Europe.

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LE TROCADÉRO AU MOMENT DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS. SOURCE: Wikimedia Commons.

À cette époque,  le gouverneur de Bessarabie,  Constantin Mimi (1868-1935) était aussi vigneron. Il   étudia la viticulture et la vinification en France, à l’École supérieure d’agronomie de Montpellier. En 1901, il  créa une cave moderne à Bulboaca et il devint un exportateur important  de vins de variétés européennes à Moscou, Odessa et Vladivostok. En 1915, il cultivait  sur les 48 hectares de vignes des variétés telles que l’aligoté, le pinot gris, le traminer, le cabernet, etc. Sous le régime de la Russie soviétique, le terrain  du chai fut transformé en camp de concentration, tandis que sa cave et ses biens étaient spoliés. En 1952, la cave fut restaurée et reprit son activité. En 1998, elle  fut privatisée et elle continue à produire des vins selon les exigences de qualité imposées par Constantin Mimi.
En 1837, la Bessarabie produisait 10 millions de litres de vin par an, ce qui représentait la moitié du volume de vin produit dans l’Empire russe. À la fin du XIXe siècle, le vin était activement exporté vers l’Europe, qui à l’époque en manquait en raison de l’épidémie de phylloxéra. En Moldavie, des écoles secondaires de viticulture et de vinification furent  ouvertes, ainsi qu’un établissement d’enseignement supérieur, le Collège national de Stăuceni. Le phylloxéra arriva en Moldavie en 1877/1878 et en 1892, il avait détruit les trois quarts du vignoble moldave.

CONSTANTIN MINI. SOURCE: By Unknown author – http://cosinzene.ziarulstrazii.com/

Petru Ungurean (1894-1975) un scientifique, œnologue, a marqué la Moldavie viticole de son empreinte en fondant  l’École scientifique œnologique. Après avoir reçu une bonne éducation à Krasnodar (Russie), il s’est consacré au secteur vitivinicole moldave, apportant une énorme contribution à son développement: il a posé les bases de la production de vins effervescents selon la méthode traditionnelle, dans les caves de Cricova. Il étudia les variétés locales et caucasiennes et contribua à sauver  les vignobles après l’épidémie de phylloxéra. Il fit également  des études pour diviser le territoire moldave en microzones favorables à une viticulture qualitative. Pendant cette période, les surfaces plantées en  vignes  doublèrent, atteignant 150 000 hectares. Les recherches sur la fermentation du moût en flux continu, la sélection des levures et les études sur la préservation des arômes ont aidé l’industrie vinicole moldave à améliorer  la qualité. Après 10 ans de recherches approfondies sur les 4 régions viticoles, il créa des vins en assemblant les raisins de différentes variétés ou différents vins de base pour produire des effervescents, qui étaient la meilleure expression du terroir moldave: «Alb de Codru», «Floarea viei» et «Codru».
Mais le phylloxéra avait laissé des traces et lors du recensement de 1945 publié en 1947, l’encépagement des vignobles de Bessarabie  consistait en  91% d’hybrides. Sur les 9% restants, 84% étaient des variétés européennes et 16% des variétés autochtones.

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PETRU UNGUREAN. Domaine Public

L’après- guerre amena la collectivisation de l’économie et la création de kolkhozes (fermes collectives avec des employés payés par une partie de la production) et de sovkhozes (fermes d’État où les employés reçoivent un salaire). Ce fut une période difficile sous la férule de Staline avec la russification de la Moldavie; de nombreux Moldaves furent déportés dans des camps de travail ou dans  des prisons du  goulag. Dans une économie productiviste, la quantité prime sur la quantité et en 1983, la République Soviétique Socialiste Moldave était devenue le sixième pays producteur au monde, on y comptait 224 000 hectares de vignes qui produisaient 1,1 million de tonnes de raisins et  une bouteille sur deux consommées en URSS provenait de Moldavie. La campagne anti-alcool de Mikhail Gorbatchev dans les années 1980 pénalisa lourdement la viticulture moldave et environ 75 000 hectares furent arrachés.
La Moldavie n’a  commencé à se relancer et à se moderniser qu’après son indépendance en 1991.
En 1992, une loi autorisa les  membres des kolkhozes à quitter les fermes collectives ce qui permit aux travailleurs et aux  pensionnés de recevoir une partie des terres et contrairement à la Bulgarie et à la Roumanie, il n’y eut pas de retour à la propriété  d’avant la collectivisation. Il fallu attendre 1998 pour voir le démantèlement de la propriété collective. Mais, la réforme  fragmenta la propriété jusqu’à l’absurde, et les nouveaux propriétaires héritèrent d’environ 1,4 hectare sous forme  de parcelles que leurs propriétaires ne pouvaient ou ne voulaient pas cultiver.  Il ne restait plus aux entrepreneurs  qu’à racheter les parcelles à vil prix, une tache pas facile mais lucrative.
La superficie du vignoble continua de décliner durant la décennie 1990 pendant la période de privatisation. Mais, durant la décennie 2000, même si la superficie du vignoble avait continué à décliner jusqu’à 139 000 hectares, la production avait plus que doublé si bien que le vin était devenue le deuxième  revenu du pays. Mais,  la Moldavie avait mis tous ses œufs dans le même panier et 80% des exportations  étaient effectuées vers la Russie avec des vins doux et demi-doux.

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FEMMES AU TRAVAIL DANS UN KOLKHOZE. SOURCE:Wikipedia Commons

Et ce qui devait arriver arriva : en mars 2006, la Russie imposa un embargo complet sur les vins moldaves qui, pour elle, étaient contaminés par des pesticides. Étrangement, cet embargo coïncidait avec un conflit entre  la Russie et la Moldavie  sur le contrôle de la frontière entre la Transnistrie et l’Ukraine. Cet interdit allait amener la faillite de 27 domaines viticoles et la perte des nombreux emplois dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe. La production viticole chuta de 63% et causa la perte de 3 points de croissance économique.
À la décharge de la Russie, il convient de motionner que la qualité des vins moldaves  était particulièrement mauvaise et que les Russes se détournaient des vins demi-doux et doux au profit des vins secs. Ils envoyèrent des inspecteurs en Moldavie en 200,  ils approuvèrent 26 domaines dont les conditions sanitaires d’élaboration du vin étaient conformes à leurs normes mais ils surtaxèrent les vins demi-doux et doux.
La règlementation moldave était devenu une usine à gaz avec 150 000 pages de règlementation. Le changement de législation  en 2011 permit aux petits producteurs de mettre leurs vins en bouteille et de les commercialiser. 75 millions d’euros furent   injectés par des investissements dans la modernisation de l’outil de production.  Quatre  régions furent créées pour la production de vins classés Geographical Indication et un programme national de promotion générique,  «Vin de Moldavie», fut initié.
Les producteurs commencèrent à s’orienter vers l’élaboration des vins secs  de qualité et le nouvel embargo sur les vins moldaves par la Russie en 2013, alors que la Moldavie se rapprochait de l’Europe, eut moins d’impact. Les producteurs s’orientent toujours  essentiellement vers les exportations  car le marché intérieur est parasité par les productions familiales.
Le 24 juin 2014, la Moldavie a signé avec l’Union Européenne un Accord d’Association de réciprocité par lequel la Moldavie s’engage à respecter les AOPs européennes en échange de la reconnaissance de régions viticoles moldaves comme Geographical Indications.  Cet accord est entré en vigueur le 1er juillet 2016 et il élimine 99% des droits de douane entre l’Union et la République Moldave.  Le renouveau de la viticulture moldave a commencé mais la route est encore longue avant qu’elle  ne se  hisse au niveau des grands pays viticoles du monde.

CLIMAT

Le climat de la Moldavie est modérément continental et la proximité de la mer Noire tempère le climat: les étés sont chauds et longs, avec des températures moyennes d’environ 20°C (68°F); les hivers sont relativement doux et secs, avec des températures de janvier en moyenne de -4°C (25°F).
Les précipitations annuelles, qui varient d’environ 600 mm (24 pouces) dans le nord à 400 mm (16 pouces) dans le sud, peuvent varier considérablement; les longues périodes de sécheresse ne sont pas inhabituelles. Les pluies les plus abondantes se produisent au début de l’été et à nouveau en octobre; de fortes averses et des orages sont fréquents. Sur les pentes, les fortes pluies estivales provoquent souvent l’érosion et l’ensablement des rivières. La température la plus élevée jamais enregistrée: +41,5°C (106,7°F) le 21 juillet 2007 (Camenca). La température la plus basse jamais enregistrée: -35,5°C (-31,9°F) le 20 janvier 1963 (Brătuşeni).

Climat actuel

Climat futur

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VIGNOBLE EN TERRASSES DE LA RÉGION DE CAMENCA. SOURCE: winesofmoldavia.com

​La majeure partie du territoire de la Moldavie est un plateau moyennement vallonné et traversé par de nombreux ruisseaux et rivières. Géologiquement, le pays repose principalement sur un substrat de  roches sédimentaires profondes qui ne cèdent la place à des affleurements cristallins de roches-mère  plus durs qu’au nord. Les collines de la Moldavie font partie du plus grand plateau moldave. Environ 75% des sols de couverture de la Moldavie sont des sols appelés terre noire ou tchernozium. Dans les collines du nord, on trouve des sols plus argileux; au sud, le sol de terre rouge est prédominant. Le sol devient moins fertile vers le sud et il est bien adapté à la culture de la vigne. Les collines ont des sols boisés, tandis qu’une petite partie du sud de la Moldavie se trouve dans la zone de steppe. Les cours inférieurs des rivières Prut et Dniestr et les vallées fluviales du sud sont  des régions de marais à forte proportion de sel.

SOL DE TCHERNOZIOM DE MOLDAVIE. SOURCE: filer.com

RÉGIONS VITICOLES

La République de Moldavie est divisée en 3 régions viticoles: Sud,  Sud-Est et Centre. Elle est subdivisée en Zones viticoles (Zonele   vitivinicolă), Région viticoles (Regiunea vitivinicolă), Centres viticoles (Centrul vitivinicol) et Domaines (Plaiul vitivinicol). Pour consulter le détail et les cartes des régions viticoles moldave, cliquez sur le lien suivant:RÉGIONS VITICOLESMOLDAVIE

CÉPAGES

L’institut des vins moldaves indique que 10% de l’encépagement sont constitués par des cépages autochtones, 73% sont des cépages européens et 10% sont des cépages caucasiens. Les principaux cépages sont pour les blancs: l’aligoté, le rkatsiteli et le sauvignon blanc et pour les rouges, l’hybride Isabella, le merlot et le cabernet sauvignon.
​Pour consulter le détail des vins de la République Moldave, cliquez sur le line suivant:CÉPAGES MOLDAVIE

SOURCE: par  Ulysses Prentiss Hedrick – https://commons.wikimedia.org/

LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION

La République de Moldova s’est dotée d’une législation le 10 mars 2006 (no. 57-XVI). Cette loi établit les bases juridiques, économiques et sociales de l’industrie viticole moldave. Quelques aspects ont été harmonisés avec la législation de l’Union Européenne. Pour consulter le détail de la législation européenne, cliquez sur le lien suivant: LÉGISLATION ET RÉGLEMENTATION MOLDAVIE

Des changements considérables dans les exportations de vin de la Moldavie entre 2000 et 2023. Par exemple, et bien plus encore. moins de dépendance vis-à-vis de la Russie (de 81 % de la valeur des exportations en 2000 à 2,6 % aujourd’hui) plus de marchés desservis (de 26 pays à 68 aujourd’hui). moins de volume exporté mais à des prix plus élevés (les prix restent toutefois bas).